Culture du viol, consentement et « zone grise »

14 Décembre 2015
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Bonjour,
J'ai conscience que le sujet est sorti il y a longtemps, mais peut être reste-t-il quelque bonnes âmes pour me répondre. :)
Avant de poser ma question, je voudrais assurer de mon soutien tou.t.e.s les personnes ayant subi quelque chose qui les a blessé.e.s / traumatisé.e.s. J'espère que vous allez mieux, que vous avez eu des gens bien intentionné pour vous soutenir et vous aider à panser vos blessures.

Je m'intéresse énormément à la notion de consentement. Pour des raisons personnelles, mais aussi parce qu'au regard de petites expériences que j'ai conduit, si en théorie globalement tout le monde est d'accord sur la nécessite d'obtenir le consentement, personne n'est d'accord sur la manière, et sur la notion. Un peu comme la politique, tous le monde en fait mais pas la même. J'aimerais bien créer, ou rejoindre, un groupe de réflexion sur le consentement. Pour comprendre ce qui a mené au flou dans lequel la majeure partie du monde est. Peut être trouver des manières de se mettre d'accord (attention, il ne faut pas comprendre par là que je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'avoir un signe explicite de consentement dans le cadre d'un début de relation où l'on se connait pas assez pour se comprendre, au contraire, c'est juste que j'entends des discours plus ou moins différents, qui, s'ils m'agressent ou me blessent parfois, sont néanmoins l'expression d'un souci réel en face, souci qu'il me sied de m'y intéresser). Assez étrangement, mais j'y vois un bon signe, les personnes (dans la population 9gag, vous cernez le genre) qui ont plus spontanément répondu à ma proposition de réfléchir dessus, étaient des hommes. J'espère y voir une forme de prise de conscience de l'état de la communication entre les individus. Est ce que vous connaissez de tels groupes ? Êtes-vous intéressé.e.s ?
 
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Réactions : bubulle888
21 Août 2013
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Aix-en-Provence
Et le "bon j'ai pas vraiment envie, mais allez, c'est que 15 minutes et après basta", vous le situeriez où? (vraie question). Ou les situations, où une personne insiste beaucoup pour une pratique ou avoir une relation sexuelle, en vient à se moquer de l'autre (par exemple en disant qu'il/elle est coincé/e) jusqu'à ce que la personne accepte? Je connais certaines personnes à qui ce genre de situations est arrivée par le passé...
 
26 Septembre 2012
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Et le "bon j'ai pas vraiment envie, mais allez, c'est que 15 minutes et après basta", vous le situeriez où? (vraie question). Ou les situations, où une personne insiste beaucoup pour une pratique ou avoir une relation sexuelle, en vient à se moquer de l'autre (par exemple en disant qu'il/elle est coincé/e) jusqu'à ce que la personne accepte? Je connais certaines personnes à qui ce genre de situations est arrivée par le passé...
C'est de la pression sexuelle, le consentement est obtenu par pression, humiliation, etc, donc une forme de violence.
 
12 Octobre 2015
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Lyon
MERCI, merci, merci Madmoizelle pour cet article.
Depuis plusieurs années, je m'interroge sur mon passé, sur ma première fois, et sur cette fameuse zone grise... Et ça fait du bien, quatre ans après d'avoir des réponses claires.

Lorsque j'ai raconté ma première fois à mon compagnon actuel, il est rentré dans une colère phénoménale contre mon ex et utilisé le mot "viol".
Je l'ai regardé avec des grands yeux, dubitative et très surprise par la violence de sa réaction.

Oui, enfin, il m'a pas vraiment vraiment laissé le choix, ni demandé si j'en avais envie, c'est arrivé après plusieurs mois de chantage affectif ("nan mais, je veux bien que tu sois pas prête, mais si tu te décides pas vite, on va pas pouvoir rester ensemble") mais quand même, je ne lui ai pas dit non, je ne l'ai pas repoussé...
Ce jour-là, on s'est retrouvé chez moi, seuls, pendant que j'avais deux heures de pause. Il a arrêté la voiture, il a sorti un préservatif de la boîte à gants très ostentiblement, sans me regarder, et il est parti en direction de la maison. J'aurais dû partir, mais je ne pouvais pas retourner en cours sans sa voiture. Et puis, je me suis dit que je pourrais toujours dire non.
Après, je n'ai pas bien compris ce qu'il s'est passé. Il voulait essayer des choses, il m'a attaché au lit avec des menottes de fête forraine, alors que je ne voulais pas. Ca ne m'a vraiment pas fait rire. J'ai fini par me dépatouiller de ces trucs, en y laissant un bout de poignet au passage. Après, je me suis retrouvée nue et pénétrée sans bien comprendre ce qu'il s'était passé. Pas de préliminaires, une douleur telle que je n'en ai pas connu depuis. Du sang, beaucoup, beaucoup, de sang.

Il m'a ramenée au lycée. J'ai raconté à une amie que je l'avais fait. Elle m'a demandé comment c'était. Et j'ai eu honte de moi, de ce qui s'était passé. De ne pas avoir dit non, mais aussi de ne pas avoir dit oui. En fait, je me suis sentie complétement débile d'être resté dans cet entre-deux. Alors je l'ai regardé avec un grand sourire et je lui ai dit "c'était super!"

Aujourd'hui, j'ai une vestibulite et je ne peux pas faire l'amour avec l'homme que j'aime. Apparemment, c'est lié. On m'a auscultée récemment, et la gygy a découvert une cicatrice: il m'a déchiré quand il m'a pénétrée.
Il a dit à tous ses potes que j'étais "frigide" après ça et je n'ai plus eu de nouvelles pendant un mois -après quoi j'ai décidé de le larguer (enfin!).

Alors depuis, j'étais en débat avec moi-même pour essayer de mettre des mots sur ça... Donc merci encore Madmoizelle pour cet article qui met les choses au clair...

(désolée pour ce super pavé, je crois que j'en avais vraiment besoin)
 
2 Janvier 2012
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nantes
"Pour moi, le harcèlement, c’est quand il y a une volonté d’obliger. Quand la réponse est un non clair et définitif, il n’y a pas de doute : "Quand c’est non, c’est non." J’ai toujours eu le sentiment d’être respectueux. [...]" Denis Baupin, 2016

Encore un qui n'a pas compris que le consentement n'était pas l'absence de refus :mur:
 
12 Septembre 2016
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La culture du viol et cette fameuse zone grise, je crois que je suis tombée en plein dedans il y a quelques années...

Je tiens à dire que je ne cherche pas à faire accuser le garçon en question. Aujourd'hui il est marié, il a un gamin, je ne veux pas lui nuire. C’était un « gars bien », pas un violeur.

Désolée pour l'énorme pavé façon 3615mylife. Désolée aussi pour les détails, mais j'ai l'impression que je ne m'en sortirai jamais si je n'ose pas dire les choses concrètement. J'ai besoin d'en parler, même si c'est pour me prendre une claque et entendre que je l'ai bien mérité...

Je pense qu’on a tous les deux une part de responsabilité dans cette histoire. Sauf que les conséquences, je les assume seule. Et même si ça fait bientôt 10 ans, je m'en mords les doigts. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment ça a pu arriver. Et surtout, je n'arrive toujours pas à comprendre comment cela peut avoir des conséquences pareilles.

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Moi, je sais juste que je ressens une honte infinie. Je pense aux victimes de viol qui n'ont pas eu la chance de pouvoir se protéger. Moi, j'aurais pu. J'aurais pu dire non. Je pense qu'il aurait arrêté. Mais je ne l'ai pas fait. Je l'ai laissé me faire du mal, et je vais en subir les conséquences toute ma vie.
 
Dernière édition :
10 Août 2016
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Exprimer cette souffrance qui te ronge, c'est le premier pas sur le chemin de la guérison. Et tu n'as pas de honte à avoir. Ce n'est pas parce que tu n'as pas fait à ce moment là ce que tu penses aujourd'hui que tu aurais dû faire que tu dois te flageller pour cela. C'est toujours simple, après coup, de se dire "j'aurais dû". Mais dans le feu de l'action, ce n'est jamais évident.

Je suis sans doute pas la personne la plus qualifié pour t'apporter du soutien ou te conseiller (edit : et en effet, jorda l'a très bien fait juste au-dessus de moi.), alors je n'en dirais pas plus, je te souhaites seulement d'arriver à dépasser cette difficulté, même si cela peut prendre du temps. Mais tu peux le faire, ne laisse pas la fatalité gagner.

Je suis toujours simplement impressionné, tout comme sinae, de ce que la pression et les normes sociales sont capable de produire. Que ce soit côté fille ou côté garçon, d'ailleurs. Au final, on en reviens toujours à l'éducation.

Par rapport à ça, j'aimerais témoigner rapidement aussi. En tant que garçon, j'ai été élevé dans un environnement plutôt respectueux et positif, mais cet article (comme un paquet d'autres, notamment sur madmoizelle) m'ont permis de compléter ma vision sur toutes ces notions (et, rétrospectivement, de combler un gouffre béant, je trouve). Et m'a beaucoup aidé à être vraiment en accord avec mes principes dans mes relations sentimentales. Et même si des fois c'est compliqué, que les injonctions et normes sociales se glissent parfois insidieusement dans les paroles et les actes, même si il m'est arrivé (et m'arrive encore) de me trouver parfois dans cette fameuse zone grise (d'un côté ou de l'autre d'ailleurs), je suis plutôt content de ce que je suis aujourd'hui et c'est en partie grâce à de tels articles.

Témoignage bis, wombo combo : récemment, j'ai un ami assez âgé (bientôt 30 ans) qui était toujours vierge. Gros complexe pour lui (pression sociale, bonjour !), renforcé de façon plus ou moins fréquente par certains de ses amis. Et lors d'une soirée en ville, ses amis ont passé une bonne partie de la soirée à dire que le lendemain, il ne serait plus puceau car ils allaient lui payer une prostituée. Sortie en boite, alcool, toujours est-il qu'à la sortie, ils y sont allés. Je sais que mon ami doit être soulagé d'avoir enfin brisé ce tabou, mais en même temps je suis pas convaincu qu'il en aie réellement eu envie, réellement voulu que cela se passe comme ça. Ce genre de discussions étant encore plus dur à aborder entre mecs qu'entre filles, je n'ai pas pu en parler avec lui, mais je crois qu'on tombe en plein dans cette histoire de zone grise, de consentement et de pression sociale.
 
Dernière édition :
12 Octobre 2014
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@sinae en effet j'ai plusieurs fois entendu dire que les choses allaient mieux depuis la perte de virginité. Après je pense aussi que ça dépend surtout du type de relation. Le fait de plus être vierge, en soi, ça peut en effet confirmer qu'on peut être désirable sexuellement, mais après, c'est loin de tout remplir en termes de bien-être personnel (même si j'imagine que ça représente déjà beaucoup pour certaines personnes très complexées).
Pour moi par exemple, je ne suis plus vierge, mais je n'ai que très peu fait cette chose, et ça n'a pas arrangé grand chose chez moi, je considère toujours le sexe comme une chose extrêmement dangereuse et qui par conséquent ne doit surtout pas se faire avec n'importe qui, n'importe quand, n'importe comment (mais je suis hyper-vigilente avec tout ce qui concerne la sexualité, donc bon...).

Après il existe le phénomène de la virginité tardive aussi, qui concerne davantage de gens qu'on pourrait le penser.
Une étude statistique de 2013 de Catherine Solano (doctoresse) indique qu'à 25 ans, 6% des garçons et 13% des filles sont encore vierges (et ça c'est sans compter les cas de mensonge, j'imagine).
A 30 ans, il me semble qu'on estime qu'environ 2% de la population est encore vierge, filles et garçons confondus; et mine de rien, 2% c'est beaucoup rapporté à l'échelle nationale.
Donc je pense que c'est un phénomène sous-estimé caché par une société ultra-sexualisée qui met une pression gigantesque mine de rien sur ce plan.
Quand j'entends des garçons en effet se voir conseiller d'aller voir une courtisane plutôt que de rester vierge... c'est assez triste... (sans parler de mon empathie pour la courtisane qui fait ça par obligation dans l'écrasante majorité des cas...).
 
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Réactions : LovelyLexy
20 Janvier 2017
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Bonsoir, je me suis inscrite en urgence sur le forum après avoir lu l'article à l'origine de ce topic, et j'aurais vraiment besoin que quelqu'un me donne un avis sur une situation qui m'est arrivée cet été. S'il vous plait.
Je ne sais pas du tout comment nommer ce qui s'est passé, je n'en ai parlé à personne et le doute est en train de me dévorer peu à peu. Que la réponse soit rassurante ou non entendre un point de vue extérieur m'aiderait à y voir plus clair.

Alors voilà, pour situer le contexte, j'ai eu un accident de voiture plutôt grave à cause de la conduite irresponsable de mon copain (ex-copain désormais). Physiquement j'étais intacte, mais mentalement énormément affectée et encore traumatisée aujourd'hui. J'ai du cacher mon état à mes parents les jours qui ont suivi (j'ai 17 ans et mon copain 19, je n'avais pas le droit de monter avec lui donc j'avais peur de leur réaction et ils allaient lui coller un procès) mais lorsqu'ils étaient absents j'étais une véritable épave, une coquille vide, ma conscience avait déserté. Mon copain s'est pointé chez moi pour se faire pardonner alors que je lui avais dis que je ne voulais pas qu'il vienne. Il est resté et a essayé de me faire sortir de mon état. Il croit que tout se règle par le sexe. Il a commencé à avoir les mains baladeuses mais je l'ai repoussé à plusieurs reprises en lui disant que je n'avais pas envie et que je ne voulais pas qu'il me touche. Il a arrêté. J'ai quelques trous de mémoire à cause de mon état alors je ne sais pas comment s'est arrivé, je crois que je voulais aller me coucher, il m'a accompagné et je me suis retrouvée en plein acte sexuel, encore toute habillée, alors que j'avais clairement dis plus tôt que je ne voulais pas. Je n'ai rien fait, j'étais à peine consciente de ce que j'étais en train de faire alors je n'avais pas vraiment de réaction. Mais lui ça ne le dérangeait pas alors qu'il voyait bien que je n'étais pas dans mon état normal. Le problème c'est que mon corps a quand même aimé ça, chose que je ne comprends pas alors que j'étais dans les vapes. Et je me sens coupable sur ce point là parce que je regrette ce qui s'est passé. Je précise aussi que la veille de l'accident alors qu'il était alcoolisé il m'avait touché contre mon gré et voulait qu'on couche ensemble alors que je ne voulais pas.

Est-ce que la situation est un viol? Est-ce que ça fait partie de la zone grise? Est-ce que c'est rien du tout? Je n'arrive pas à définir. Cette scène était sortie de ma mémoire et elle a ressurgit depuis quelques semaines je n'arrête pas d'y penser. Qu'en dîtes-vous?
 
20 Janvier 2017
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Merci à vous @Shadowsofthenight et @Penny Winkeul d'avoir prit le temps de répondre à mon post, (et merci pour le lien du site sur les traumatismes je pense que ça peut m'aider)

J'imagine que ça arrive comme réaction : j'ai beau savoir désormais que c'est un viol je suis incapable de l'accepter.
Et je ne sais pas comment je suis censée réagir face à ça, je me sais incapable d'en parler à mes parents ça les détruiraient.

Le pire, c'est que pour une personne mauvaise comme lui, il n'a même pas conscience que ce qu'il fait est mal. Il s'en est vraiment voulu quand je lui ai dis qu'il m'avait agressé sexuellement lorsqu'il avait bû. Mais il ne sait même pas qu'il m'a violé. Pour lui tout est normal je me rappelle que pendant qu'il faisait ça il était même en train de dire qu'il m'aimait, comme si il était pas du tout en train d'abuser de mon état. En fait c'est vraiment ça, il pense qu'il peut tout obtenir et être indifférent aux refus. Heureusement je me suis entièrement coupée de lui.
Je sais bien que je ne suis pas censée me sentir coupable. Mais j'ai cette culpabilité que moi, la féministe qui défend avec ferveur les gens qui se retrouvent dans ces situations, qui me suis toujours dis que si je me retrouvais dans une situation comme ça je me battrais et lui ferait regretter toute sa vie ; je me sois faite avoir comme ça, sans rien voir venir puisqu'il n'y avait aucune violence et que j'étais trop dans les vapes pour savoir si j'étais pour ou contre. Et je ne peux même pas prouver les faits en plus.
 

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