Cyril Hanouna et le consentement : et si on crevait l’abcès ?

23 Décembre 2012
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20anspasses.wordpress.com
En tant que féministe, cette histoire me pousse vraiment à réfléchir aux campagnes féministes de "soutien" de victimes qui n'ont jamais réclamé un soutien. En fait, j'ai l'impression que la souffrance et la dépression de la jeune femme ne proviennent pas uniquement de l'agression mais aussi beaucoup de la publicité donnée à cette affaire, publicité principalement provoquée par des gens avec de super intentions voulant défendre la victime de Maire.

Et sa situation me rappelle beaucoup les propos de Samantha Geimer, la victime de Polanski. (TW viol pour la suite). Celle-ci dit que si on lui demandait de revivre le viol qu'elle a subi ou le procès et l'emballement médiatique, elle choisirait le viol sans hésiter une seconde. Ces propos m'ont extrêmement marqué parce qu'ils illustrent la violence de ce type de médiatisation, même lorsqu'elle est en partie orchestrée par des gens "avec de bonnes intentions".
Aujourd'hui, Geimer veut que les charges soient abandonnées contre Polanski et elle refuse de soutenir les campagnes féministes contre lui. Elle a dit plusieurs fois qu'elle avait l'impression que son viol était instrumentalisé à des fins politiques, qu'on lui volait sa parole.
Et c'est vrai que c'est assez perturbant de voir que la victime d'un viol ne veut plus qu'on parle de son viol mais qu'en tant que féministes, on ne l'écoute pas parce qu'on estime que ça la dépasse elle-même, voire on va interpréter ses déclarations ("elle dit ça parce qu'elle sait qu'elle n'obtiendra pas justice" -> non, elle dit ça parce qu'elle veut arrêter d'être associée à Polanski). On pourrait demander justice pour l'attitude de l'agresseur de Polanski en essayant de ne pas perpétuellement impliquer sa victime dans les débats, et de faire comme si on parlait en son nom, mais c'est malheureusement presque toujours ce qui est fait.

Dans le cas de Touche pas à mon poste, la jeune femme n'a jamais demandé cet emballement médiatique. A vrai dire, elle était très gênée et mal à l'aise au début. Alors peut-être que c'était juste par pitié pour Maire qu'elle éprouvait ce malaise de départ, mais il est aussi fort possible qu'elle était inquiète de voir que son agression devenait un enjeu de politique des médias sans qu'on lui ait demandé son avis avant de le présenter comme tel.

Je crois aussi que le statut de victime d'agression sexuelle est associé à tant de stigmates et de stéréotypes, que c'est un statut qui peut demander du temps à être accepté, qu'on doit laisser à chaque victime la possibilité de se l'approprier à son rythme. Pour certaines personnes, être décrite comme victime peut paraitre extrêmement violent si elles n'ont pas encore eu le temps de prendre du recul sur leurs émotions et ce qu'elles ont vécu. On devrait avoir le droit de mettre un an à dire "oui, je suis une victime" avant qu'on nous l'impose.
Or, dans le cas de Touche pas à mon poste, le statut de "victime d'agression sexuelle" a été largement imposé à cette jeune femme. Elle le refusait au début mais le discours féministe disait "peu importe, elle n'est pas consciente de ce qu'elle a vécu mais c'est bien une victime". Et je pense que ça n'aide pas à surmonter une agression que de se voir imposer un rôle et un statut, même bienveillant d'apparence, par des milliers de gens inconnus.

Moi, j'ai l'impression que comme Geimer, cette jeune femme a vu sa parole se faire confisquer par toutes les parties : ceux qui soutenaient Maire mais aussi les féministes. Elle n'a pas eu le choix entre s'indigner publiquement ou gérer cette situation dans l'intimité, elle n'a pas eu le choix de l'identité de victime dans laquelle elle se reconnaissait, elle n'a pas eu le temps de réfléchir à ce qu'elle ressentait : on lui a tout imposé. Et je pense que se faire voler son histoire, sa parole, ses ressentis, son intimité de cette manière, ça n'aide franchement pas à surmonter rapidement une agression sexuelle, voire ça peut empirer le traumatisme d'une telle situation.

En tout cas, c'est évident qu'en tant que féministes, on doit dénoncer les comportements des agresseurs. Mais peut-être que parfois, créer une grande campagne médiatique où tout est mis en lumière et disséqué nuit plus à la victime que ça ne l'aide. Et même si le combat a une visée politique générale, il ne faut pas oublier les victimes individuelles qu'on utilise comme porte-drapeau de la lutte sans attendre leur avis.
Ce n'est pas un hasard si la victime de Steubenville n'a pas signé sa lettre ouverte pourtant très médiatisée, et ce n'est pas juste pour éviter les menaces de mort : elle voulait avoir le droit de se construire une vie sans qu'on la ramène pour l'éternité à son viol, contrairement à ce qui est arrivé à Samantha Geimer.

La jeune femme de Touche pas à mon poste voulait percer dans le show-biz, mais maintenant il y a fort à parier que toutes ses apparitions seront associées à un rappel de l'agression qu'elle a vécu dans les articles de journaux et sur Internet : est-ce que c'est vraiment ce qu'on pouvait lui souhaiter en tant que féministes? Bien sûr, que ce n'est pas nous qui créons ces stigmates mais on doit prendre conscience de leur réalité et adapter nos campagnes en conséquence.

Bref, tout ceci me laisse pensive sur nos responsabilités "bienveillantes".
 

Kettricken

Hate is always foolish. Love is always wise
13 Avril 2011
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Mais est-ce qu'on doit réellement s'attendre à se faire agresser sexuellement ?
De toute évidence, oui...
.

:oo: Sérieux ? Pour toi, à ce stade-là de l'émission, il était évident qu'elle avait plus de chances de se faire aggresser que de ne pas se faire agresser en allant sur le plateau ?
C'est un peu hallucinant quand même. Comme je le disais, tout le monde ne s'y fait pas agresser, loin de là. Sinon, on aurait une affaire de ce type par jour.
Donc qu'est-ce qui te fait penser qu'il était évident qu'elle était à gros risques ?

Sinon, tant mieux si tu penses aussi qu'elle n'est pas responsable de son agression
 
11 Mai 2017
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@Jeannedarkh @Renly @skippy01

https://www.huffingtonpost.fr/2017/...les-discriminations-son-lapsus-mo_a_21656482/

https://www.20minutes.fr/people/199...re-toutes-discriminations-katy-perry-blorange

http://www.brain-magazine.fr/articl...Hanouna-defendra-toujours-les-discriminations

C'est a priori vrai et... en fait on dirait qu'il a confondu le mot "discrimination" et... je sais pas "vivre ensemble" ??? Bref, y a du boulot.
Il a twitté aussi que TPMP est "interdit aux cons". TANT DE SARCASME POSSIBLE OMG :frotte:
 
21 Septembre 2015
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Bref, tout ceci me laisse pensive sur nos responsabilités "bienveillantes".

Je suis d'accord avec certaines parties de ton post et surtout nos responsabilités "bienveillantes", mais je pense que tu oublies de mentionner le but des condamnations pénales et de manière générale de mouvements médiatiques de condamnation.

Le but de la condamnation pénale n'est pas de protéger la victime. Son but c'est d'ostraciser un comportement, ici le viol et de manière plus générale les agressions sexuelles.

Le fait que la victime ne souhaite pas poursuivre ne rentre à raison pas en ligne de compte. Ce qui est choquant, c'est qu'un homme qui a commis un viol (si c'est ce qu'a fait Polanski, je me suis jamais intéressée à cette histoire sordide) sur une adolescente ne subisse pas de condamnation, quoiqu'en pense, quoiqu'en considère sa victime. Car sinon le message qu'on laisse passer à la société c'est que ce n'est pas si grave.

De manière générale en droit pénal la victime ne peut pas arrêter les poursuites, même si évidemment ça les complique. C'est normal et heureux, ne serait-ce que parce que sinon c'est un peu trop facile d'acheter le silence de quelqu'un, on le voit avec les accords de confidentialités de #metoo. Ce qui est fait est fait, l'intérêt désormais pour la société c'est de limiter les comportements condamnés futurs, par l'accusé.e ou un.e autre, en les qualifiant d'inacceptables.

C'est la même chose pour TPMP. Très franchement oui on aurait pas du faire tout un foin autour de cette femme car qu'elle soit consentante ou non c'était pas la question : le problème c'est qu'elle n'avait pas l'air consentante et que la télé a donc diffusé une image d'une agression (qu'elle soit réelle ou non), en la présentant comme normale, notamment à des enfants. Le but des féministes à ce sujet n'était à mon sens pas de parler à la place de la femme, de la définir comme victime car son statut réel importe peu en fait (sauf pour la justice, mais cela reste un fait divers) face au but véritable qui est de critiquer la présentation télévisuelle de ces pratiques comme normales.

Edit : cependant je suis d'accord que considérer qqn comme une victime contre son gré peut mener à de graves dérives et voir des crimes là où il n'y en a pas. Mais là pour moi c'était pas une dérive (ni pour Polanski).
 
Dernière édition :
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On parle de photo ou de fantasme? On ne peut pas empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent. On peut simplement les punir pour leur action si besoin s'en fait.

J'ai reçu des dick pics non-sollicitées. J'ai pas trop apprécié alors j'ai exprimé le fond de ma pensée et j'ai bloqué/supprimé les cuistres en question. Même si je sais que certains mecs ne cherchent pas forcément à choquer/insulter/humilier les gens. Généralement, ces idiots cherchent une ouverture. Les bloquer à al source me parait être une bonne façon de montrer que c'est pas le cas. On m'a déjà posé des questions trop intimes et quand je n'étais pas prête à donner de réponse, je l'ai dit et j'ai expliqué pourquoi. Maintenant, il est arrivé qu'on me fasse des confidences que j'aurais préféré ignorer mais je pars du principe que si on me le dit, c'est pas forcément pour m'embêter. Alors, peut-être que je suis moins pudique et moins sur la défensive.

Je suis d'accord avec toi, dans l'idéal, on devrait tous adhérer à ces principes. Mais très peu de personnes pensent comme nous. Tout ce qu'on peut faire, c'est conscientiser et ne pas détester tous ces gens qui ne font/pensent pas comme nous.

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Je suis d'accord avec certaines parties de ton post et surtout nos responsabilités "bienveillantes", mais je pense que tu oublies de mentionner le but des condamnations pénales et de manière générale de mouvements médiatiques de condamnation.

Le but de la condamnation pénale n'est pas de protéger la victime. Son but c'est d'ostraciser un comportement, ici le viol et de manière plus générale les agressions sexuelles.

Le fait que la victime ne souhaite pas poursuivre ne rentre à raison pas en ligne de compte. Ce qui est choquant, c'est qu'un homme qui a commis un viol (si c'est ce qu'a fait Polanski, je me suis jamais intéressée à cette histoire sordide) sur une adolescente ne subisse pas de condamnation, quoiqu'en pense, quoiqu'en considère sa victime. Car sinon le message qu'on laisse passer à la société c'est que ce n'est pas si grave.

De manière générale en droit pénal la victime ne peut pas arrêter les poursuites, même si évidemment ça les complique. C'est normal et heureux, ne serait-ce que parce que sinon c'est un peu trop facile d'acheter le silence de quelqu'un, on le voit avec les accords de confidentialités de #metoo. Ce qui est fait est fait, l'intérêt désormais pour la société c'est de limiter les comportements condamnés futurs, par l'accusé.e ou un.e autre, en les qualifiant d'inacceptables.

C'est la même chose pour TPMP. Très franchement oui on aurait pas du faire tout un foin autour de cette femme car qu'elle soit consentante ou non c'était pas la question : le problème c'est qu'elle n'avait pas l'air consentante et que la télé a donc diffusé une image d'une agression (qu'elle soit réelle ou non), en la présentant comme normale, notamment à des enfants. Le but des féministes à ce sujet n'était à mon sens pas de parler à la place de la femme, de la définir comme victime car son statut réel importe peu en fait (sauf pour la justice, mais cela reste un fait divers) face au but véritable qui est de critiquer la présentation télévisuelle de ces pratiques comme normales.

Edit : cependant je suis d'accord que considérer qqn comme une victime contre son gré peut mener à de graves dérives et voir des crimes là où il n'y en a pas. Mais là pour moi c'était pas une dérive (ni pour Polanski).
Je n'ai jamais dit qu'il ne devait pas y avoir de poursuites pénales ou d'actions militantes, ou qu'on devrait passer l'éponge dès que la victime dit "stop" :dunno: A titre d'exemple, j'ai toujours dit que je trouvais normal de poursuivre Polanski mais pas qu'on ramène toujours ça à sa victime, en prêtant d'ailleurs très souvent à cette dernières des pensées et une expérience qu'elle rejette.

Ce que je critique c'est simplement de balancer sous les feux des projecteurs des victimes qui n'ont rien demandé, comme c'est le cas de la jeune femme ici.
Porter plainte pour agression sexuelle ou viol est un choix difficile, parce que dans notre société ça va souvent avec son lot d'ostracisations, de menaces etc. On ne devrait jamais imposer ça à une victime, et c'est un peu ce qui a été fait pour celle de TPMP. On a décidé à sa place que le bien commun était supérieur à sa tranquilité d'esprit et que les menaces, manifestations de haine, réputation sordide qu'elle allait probablement récolter n'était qu'un dommage collatéral. Moi j'ai l'impression que cette jeune femme n'a pas franchement eu le choix, la plainte est devenu indispensable : puisqu'elle subit déjà les conséquences négatives d'un procès au final, autant se faire reconnaitre comme victime!
En fait, on n'est pas forcément obligé de tout ramener à la victime quand on vut dénoncer un comportement, mais c'est trop souvent la narration autour des agressions sexuelles, pour de bonnes raisons mais parfois un peu aveuglément, et dans le cas de TPMP tout était loin de se focaliser sur Hanouna et le CSA!

Ce que je critique c'est qu'on tient un peu un discours à double standard finalement. La parole de la victime est méééééga-importante donc on l'interroge sur comment elle a vécu les choses. Mais quand elle dit "non mais moi je pense que c'est pas la peine d'en faire tout ce battage médiatique parce que je le vis pas si mal au final", ben on déclare "ouais mais non, elle est en mode syndrome de Stockholm donc on va pas du tout écouter ce qu'elle raconte et continuer notre campagne". Et c'est ce qui a été fait ici. On a demandé son avis à la jeune femme, à l'époque elle disait "moi je trouve pas ça grave", et on a décidé à sa place que sa parole n'avait finalement pas tant de valeur ou qu'elle n'avait pas encore réalisé etc., bref on lui a volé son histoire. Pourquoi lui avoir donné la parole à la base, du coup?

Rien que le fait de mettre des photos d'elle et des extaits vidéos de l'agression pour illustrer l'affaire, on l'a placée sous les projecteurs de l'agression sans qu'elle ait rien demandé! Et on voit bien qu'on a souvent l'impression de se "battre pour la victime" et non "pour la société" dans ce genre de cas : même sur ce topic, une partie des débats, notamment dans les derniers messages, porte sur le ressenti qu'on attribue à la victime, son expérience, comment elle aurait dû/n'a pas pu réagir etc., et non sur la diffusion des images, la culture du viol et le CSA (et c'est pas une critique, c'est une philosophie très louable de placer la victime au centre) ! Donc si on veut parler pour défendre les droits de la victime, il faut aussi prendre son intérêt en compte lors des actions militantes... ou reconnaitre clairement que la victime n'est qu'un numéro au sein d'une lutte beaucoup plus importante qu'elle.

Il y a une interview très intéressante (en anglais) de Samantha Geimer (victime de Polanski) qui parle un peu de cette question des victimes qu'on utilise sans réellement se préoccuper d'elles. Je ne suis pas d'accord avec certaines de ses positions qui peuvent même un poil déranger (son soutien à la lettre ouverte des femmes françaises anti-balance ton porc par exemple) mais je trouve néanmoins sa réflexion extrêmement enrichissante, ne serait-ce que parce qu'elle donne un point de vue assez peu entendu et qu'elle a l'air d'avoir l'esprit très clair :
http://quillette.com/2018/01/31/nobodys-victim-interview-samantha-geimer/

En gros, je ne dis pas qu'on ne doit pas poursuivre des gens identifiés comme des agresseurs mais qu'on doit réfléchir à la manière dont on utilise leur crime pour servir une cause, à la manière dont on présente l'affaire, au type de campagne qu'on mène et à l'impact que tout ça aura sur les victimes.
 
J

JAK-STAT

Guest
@MorganeGirly je suis d'accord avec toi. Qu'on poursuive le coupable oui, mais qu'on médiatise pas la victime si elle ne veut pas. Qu'on ne lui vole pas son histoire et son futur.
 
  • Big up !
Réactions : Polaire et Manea
6 Octobre 2012
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@EverGreenHood : est-ce que tu pourrais me déciter s'il te plait ? Si je met en spoiler c'est que c'est personnel et éventuellement voué à être effacé ;)

Sinon je n'ai rien déformé, je parle de mots et non de dick-pics ou autres photos, en l'occurence de types qui me mettaient en scène dans leurs fantasmes qu'ils me décrivaient ("et je te fais ça et ça") sans s'assurer de mon consentement ou envie à connaître ces fantasmes et/ou en faire partie.
Et non, ça n'est pas réservé aux "emmerdeurs de service", c'est plutôt réservé aux types qui sont tellement persuadés d'être dans leur bon droit en permanence et d'avoir tous les droits sur les femmes, surtout en matière de sexe.
Je n'en veux pas aux gens qui "pensent la chose différemment" de moi, je pense qu'on peut avoir un système de pensée tout à fait opposé au mien et toujours respecter son prochain et ne pas lui imposer désirs et envies sans s'assurer de son consentement. Et ceux qui se foutent du respect et du consentement, je ne vois pas pourquoi je devrais avoir le moindre égard pour eux, quelle que soit la raison.
 
S

Sadala

Guest
Je n'ai jamais dit qu'il ne devait pas y avoir de poursuites pénales ou d'actions militantes, ou qu'on devrait passer l'éponge dès que la victime dit "stop" :dunno: A titre d'exemple, j'ai toujours dit que je trouvais normal de poursuivre Polanski mais pas qu'on ramène toujours ça à sa victime, en prêtant d'ailleurs très souvent à cette dernières des pensées et une expérience qu'elle rejette.

Ce que je critique c'est simplement de balancer sous les feux des projecteurs des victimes qui n'ont rien demandé, comme c'est le cas de la jeune femme ici.
Porter plainte pour agression sexuelle ou viol est un choix difficile, parce que dans notre société ça va souvent avec son lot d'ostracisations, de menaces etc. On ne devrait jamais imposer ça à une victime, et c'est un peu ce qui a été fait pour celle de TPMP. On a décidé à sa place que le bien commun était supérieur à sa tranquilité d'esprit et que les menaces, manifestations de haine, réputation sordide qu'elle allait probablement récolter n'était qu'un dommage collatéral. Moi j'ai l'impression que cette jeune femme n'a pas franchement eu le choix, la plainte est devenu indispensable : puisqu'elle subit déjà les conséquences négatives d'un procès au final, autant se faire reconnaitre comme victime!
En fait, on n'est pas forcément obligé de tout ramener à la victime quand on vut dénoncer un comportement, mais c'est trop souvent la narration autour des agressions sexuelles, pour de bonnes raisons mais parfois un peu aveuglément, et dans le cas de TPMP tout était loin de se focaliser sur Hanouna et le CSA!

Ce que je critique c'est qu'on tient un peu un discours à double standard finalement. La parole de la victime est méééééga-importante donc on l'interroge sur comment elle a vécu les choses. Mais quand elle dit "non mais moi je pense que c'est pas la peine d'en faire tout ce battage médiatique parce que je le vis pas si mal au final", ben on déclare "ouais mais non, elle est en mode syndrome de Stockholm donc on va pas du tout écouter ce qu'elle raconte et continuer notre campagne". Et c'est ce qui a été fait ici. On a demandé son avis à la jeune femme, à l'époque elle disait "moi je trouve pas ça grave", et on a décidé à sa place que sa parole n'avait finalement pas tant de valeur ou qu'elle n'avait pas encore réalisé etc., bref on lui a volé son histoire. Pourquoi lui avoir donné la parole à la base, du coup?

Rien que le fait de mettre des photos d'elle et des extaits vidéos de l'agression pour illustrer l'affaire, on l'a placée sous les projecteurs de l'agression sans qu'elle ait rien demandé! Et on voit bien qu'on a souvent l'impression de se "battre pour la victime" et non "pour la société" dans ce genre de cas : même sur ce topic, une partie des débats, notamment dans les derniers messages, porte sur le ressenti qu'on attribue à la victime, son expérience, comment elle aurait dû/n'a pas pu réagir etc., et non sur la diffusion des images, la culture du viol et le CSA (et c'est pas une critique, c'est une philosophie très louable de placer la victime au centre) ! Donc si on veut parler pour défendre les droits de la victime, il faut aussi prendre son intérêt en compte lors des actions militantes... ou reconnaitre clairement que la victime n'est qu'un numéro au sein d'une lutte beaucoup plus importante qu'elle.

Il y a une interview très intéressante (en anglais) de Samantha Geimer (victime de Polanski) qui parle un peu de cette question des victimes qu'on utilise sans réellement se préoccuper d'elles. Je ne suis pas d'accord avec certaines de ses positions qui peuvent même un poil déranger (son soutien à la lettre ouverte des femmes françaises anti-balance ton porc par exemple) mais je trouve néanmoins sa réflexion extrêmement enrichissante, ne serait-ce que parce qu'elle donne un point de vue assez peu entendu et qu'elle a l'air d'avoir l'esprit très clair :
http://quillette.com/2018/01/31/nobodys-victim-interview-samantha-geimer/

En gros, je ne dis pas qu'on ne doit pas poursuivre des gens identifiés comme des agresseurs mais qu'on doit réfléchir à la manière dont on utilise leur crime pour servir une cause, à la manière dont on présente l'affaire, au type de campagne qu'on mène et à l'impact que tout ça aura sur les victimes.

Oui enfin concernant Soraya Riffy, Elle a quand même été agressée en public, dans une émission qui à une grande part d'audience. Donc étant donné le nombre de témoins, c'était inévitable. Elle a été médiatisée de facto par celui qui l'a agressé.

D'ailleurs si lis ses déclarations :
https://www.public.fr/News/TPMP-Sor...inte-si-tard-contre-Jean-Michel-Maire-1465179

Elle raconte qu'elle s'est fâchée avec des membres de sa famille quant à "l'image qu'elle renvoie", elle a reçu des insultes et des menaces à connotation sexuelle de la part d'inconnu... Et que c'est pour ça qu'elle a porté plainte. Donc heureusement que des voix se sont élevées pour dire que ce qu'elle avait vécu n'était pas normal, qu'elle n'avait rien à se reprocher...
 

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