Bonsoir, je viens faire l'avocat du diable
Alors, voilà, j'ai intégralement lu le billet de Madame Déjantée, et je dois dire que certains points de sa démonstration m'ont semblé assez poussifs. Je veux bien qu'on soit globalement méfiant quant aux idées qui sont véhiculées par ce dico et par les éditions Fleurus en général, mais ça n'est pas une raison pour être de mauvaise foi. Je vais donc reprendre les points qui m'ont gênée:
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"On attribue aux filles une intelligence concrète, aux garçons une plus grande capacité à l’abstraction. On parle d’intuition et de finesse pour les filles, de clarté et de concision pour les garçons. Les femmes auraient un don pour l’analyse, les hommes une capacité de synthèse."
Ce sont typiquement ce genre de clichés qui font (entre autres) que les filles se croient naturellement peu douées pour les maths, mais plutôt pour les arts ou la littérature… ce qui est à la base d’une auto-limitation inconsciente bien préjudiciable pour elle et pour la société tout entière.
- > Pour moi il est clair que cet article du dico n'affirme pas que les filles ont une intelligence concrète ou que les garçons sont plus doués pour l'abstraction, on écrit que c'est en général les qualités qu'on leur attribue. On peut même noter l'emploi du conditionnel "les femmes auraient un don pour l'analyse". Il aurait pu être intéressant que l'article explique ensuite pourquoi c'est faux ou en quoi les cerveaux des hommes et des femmes sont en fait parfaitement semblables, mais pour moi il ne faut pas faire dire au dico ce qu'il ne dit pas.
- "Par respect pour le médecin et pour vous même, une toilette intime particulièrement soigneuse et du linge propre sont de rigueur ce jour-là [ndlr: le jour du rendez vous chez le gynécologue]… plus encore que les autres jours!" p.249
- > Madame Déjantée reproche à cet article là de véhiculer l'idée que le corps de la femme est sale. Je ne le vois pas de cette façon et je trouve que cet argument est de mauvaise foi. Si un garçons devait aller voir un urologue, on lui conseillerait aussi de penser à passer sous la douche avant. A titre personnel je passe toujours sous la douche avant un rdv chez le gynéco. Ca n'a rien d'extraordinaire. Je ne me sens pas sale pour autant. C'est juste normal, comme se brosser les dents avant d'aller chez le dentiste. Madame Déjantée ajoute qu'il est préférable de ne pas trop se récurer au risque de fausser les résultats des examens gynécologiques. Ca aurait pu être précisé dans le bouquin, c'est vrai.
- "Dans certains pays, on fait une fête à cette occasion [ndlr: les premières règles] pour introduire la jeune fille dans le groupe des femmes: on lui met des habits nouveaux, on lui donne même parfois un nouveau nom. Chez nous, on est beaucoup plus discret, souvent on n’en parle pas, et surtout pas à ses frères ou à son père." p.392
-> Pour Madame Déjantée, ce paragraphe insinue que le corps de la femme, et en particulier les règles, agresse les hommes. C'est une interprétation, mais là encore j'ai l'impression qu'elle a vraiment voulu interprêter le texte de la pire façon possible (j'ai moi même eu une édition de ce dico donc je connais l'intégralité de l'article sur les règles qui n'est pas du tout culpabilisant). Pour moi cet article fait juste référence aux usages autour des règles. C'est vrai que souvent, on en parle pas aux hommes de la famille. C'est certes idiot (à mon sens) mais ici j'ai surtout l'impression que l'information est présentée comme un fait plutot que comme une interdiction.
- "On peut avoir envie de caresses sans forcément vouloir aller plus loin. L’important, c’est de le savoir et de le dire, mais aussi de ne pas laisser le garçon s’embarquer trop loin dans le désir pour dire "stop" au dernier moment. Un garçon ne fonctionne pas comme une fille et il ne comprendra pas forcément que vous passiez des heures à vous laisser cajoler sur un lit si ce n’est pas pour avoir une relation sexuelle." p.134
-> Madame Déjantée reproche à ce paragraphe d'alimenter la culture du viol. Personnellement je n'aurais pas dit que les garçons ne fonctionnement pas comme les filles, puisque ça induit une différence par essence, mais clairement à notre époque les garçons et les filles ne sont pas élevés (hélas) de la même façon et une fille qui aurait ce genre de comportement se verrait traitée d'allumeuse et risquerait de se faire violer. C'est une conséquence de la culture du viol et c'est révoltant mais il faut peut être expliquer aux adolescentes qu'elles peuvent être confrontées à ce genre de réactions. Dans ce cas il est utile de préciser que ça n'est pas normal, même si c'est comme ça aujourd'hui.
En fait je dirais que tous les articles cités mériteraient un complément, un contrepoint qui vienne donner un point de vue féministe (enfin, non sexiste) pour compléter ce que je lis à titre personnel comme des faits. Mais ce qui est dit n'est pas forcément choquant en soi.
Edit : Bon après je cautionne évidemment pas la ligne éditoriale globale hein.