Être une fille, c\'est quoi ?

[Aribeth]

Je ne me sentais pas non plus concernée par ce combat, j'avais comme l'impression que c'était dépassé... jusqu'à ce que je commence à travailler.
pendant toute mes études, on m'avait menti.

 

[duendecita]

Perso, je pensais aussi que le combat du féminisme avait quasiment abouti, qu'on arrivait peu à peu à une égalité totale... Et hier soir, j'ai rencontré une femme (pour qui j'étais baby-sitter, donc totalement par hasard) qui est directrice de la Maison de Femmes à Montreuil. Et j'ai halluciné: en ce moment même, à Paris, 4 centres IVG sont en train de fermer. Grâce aux plaintes, aux pétitions, au travail de cette Maison des Femmes, "seulement" 3 seront fermés au final... Mais tout de même! C'est là que je me rends compte que beaucoup reste à faire.
Un autre fait, de l'ordre peut-être du détail, mais qui m'a interpellée: pourquoi subsiste aujourd'hui la différence "madame"/"mademoiselle"? Pourquoi une femme devrait préciser si oui ou non elle est engagée, mariée, et l'homme non? En quoi cette distinction est-elle pertinente sur les documents administratifs? (Sachant qu'il y a une loi l'interdisant).
Voilà des petites choses, certes, parce que je n'ai pas envie d'envahir le forum de chiffres et de stats dont elle m'a parlés, mais honnêtement, aujourd'hui, en France, on est pas si avancés qu'on le crie haut et fort. :errf:

 

[AnonymousUser]

Le débat est très intéressant !

Artefact., je suis d'accord avec beaucoup de choses de ton discours (pas tout, pour la question de la lutte et de l'évolution naturelle j'ai fait un bond sur ma chaise), mais... je trouve que tu as été dure ou que tu as mal interprété le message de megann, que j'ai trouvé très bon.
Je suis d'accord quant à la récupération du féminisme, et au processus que tu as (très bien) décrit ! Je crois que la chose la plus choquante à laquelle j'ai assisté dernièrement, c'est cette récupération du « féminisme » pour faire passer la loi contre la burqa (que je trouve moi-même abjecte).

 

[AnonymousUser]

Le débat est très intéressant !

Artefact., je suis d'accord avec une partie de ton discours (pas tout, pour la question de la lutte et de l'évolution naturelle j'ai fait un bond sur ma chaise !), par contre je trouve que tu as été dure ou que tu as mal interprété le message de megann, que j'ai trouvé très bon.
Je suis d'accord quant à la récupération du féminisme, et au processus que tu as (très bien) décrit ! Je crois que la chose la plus choquante à laquelle j'ai assisté dernièrement, c'est cette récupération du « féminisme » pour faire passer la loi contre la burqa (que je trouve moi-même abjecte).

 

[Aribeth]

Un autre fait, de l'ordre peut-être du détail, mais qui m'a interpellée: pourquoi subsiste aujourd'hui la différence "madame"/"mademoiselle"? Pourquoi une femme devrait préciser si oui ou non elle est engagée, mariée, et l'homme non? En quoi cette distinction est-elle pertinente sur les documents administratifs? (Sachant qu'il y a une loi l'interdisant).

Mais OUI!
C'est un vestige d'avant dont j'estime qu'il faudrait se débarasser.
Une femme naît sous l'identité de son père : le chef de la famille bien sûr.
Plus tard elle se rattachera à un homme dont elle prendra le nom et avec qui elle fondera une famille etc..
La femme a l'identité des hommes de sa vie : d'abord son père, puis son mari.

En hollande, une femme garde son nom même pour l'usage. Quand elle se marie elle s'appelle "truque épouse machin" et le mari?? "machin épouse truc".

On va dire que je chipote pour un rien, mais ces "mme" et "mlle" sont des vestiges de l'ancien état de la femme dont on devrait se débarasser une bonne fois pour toute!

Mon homme, qui veut se marier (et pas moi), rêve que nous portions le même nom, "monsieur et madame" quoi. Quand je lui ai suggéré mon nom, il a fait genre "j'hallucine". Ah tu ne veux pas perdre ton identité, ton nom que tu traines depuis que tu es né? Eh bien moi non plus.

 

[AnonymousUser]

Mais OUI!
C'est un vestige d'avant dont j'estime qu'il faudrait se débarasser.
Une femme naît sous l'identité de son père : le chef de la famille bien sûr.
Plus tard elle se rattachera à un homme dont elle prendra le nom et avec qui elle fondera une famille etc..
La femme a l'identité des hommes de sa vie : d'abord son père, puis son mari.

En hollande, une femme garde son nom même pour l'usage. Quand elle se marie elle s'appelle "truque épouse machin" et le mari?? "machin épouse truc".

On va dire que je chipote pour un rien, mais ces "mme" et "mlle" sont des vestiges de l'ancien état de la femme dont on devrait se débarasser une bonne fois pour toute!

Mon homme, qui veut se marier (et pas moi), rêve que nous portions le même nom, "monsieur et madame" quoi. Quand je lui ai suggéré mon nom, il a fait genre "j'hallucine". Ah tu ne veux pas perdre ton identité, ton nom que tu traines depuis que tu es né? Eh bien moi non plus.

Pour le madame/mademoiselle, je suis d'accord.
Mais nuançons quand même : à l'heure actuelle, on peut choisir de garder son nom ou pas lorsqu'on se marie, tout comme on peut donner le nom de la mère à son enfant si on le souhaite.
(après, choisir le nom de son mari/ou de conserver le sien, je ne sais pas trop si c'est du féminisme.. ?)

 

[Aribeth]

Pour le madame/mademoiselle, je suis d'accord.
Mais nuançons quand même : à l'heure actuelle, on peut choisir de garder son nom ou pas lorsqu'on se marie, tout comme on peut donner le nom de la mère à son enfant si on le souhaite.
(après, choisir le nom de son mari/ou de conserver le sien, je ne sais pas trop si c'est du féminisme.. ?)

Oui, mais ce que je veux dire, c'est que ce qui se fait "usuellement" encore est quand même un vestige de ça..
les gens que je suis amenée à rencontrer quand je bosse me demande "mme" ou "mlle"? Le plombier m'appelle "Madame Nomdemonmec" etc.. Tiens ce matin à un client qui me dis "samedi je marrie ma fille" je lui ai répondu "ah bon elle se marie pas toute seule?" gnin hin hin.

Sinon oui aujourd'hui l'homme peut même prendre le nom de sa femme.

 

[Skabriole]

Débat très très intéressant qui prouve au moins, par son existence même, que c'est loin d'être réglé tout ça. Juste un truc qui me chiffonne, ce sondage :

"Selon vous, celles qui cherchent à mincir le font...

- Parce qu'elles se sentent obligées d'être minces par rapport au regard des autres et de la société - 58 %
- Par choix personnel, pour se sentir belle - 49 %
- Pour pouvoir suivre la mode - 23 %
- Pour des raisons de santé - 17 %
- Pour plaire à leur conjoint - 15 %"
(Etude Ifop)

Pourquoi ça fait un total de 162% ? ...

Je suis trop trop fatiguée pour me lancer dans un truc philosociologique mais jusqu'au jour où les magasines à proprement dit féminins n'existeront plus, pour moi ça n'avance pas. Je combats les catégories quelles qu'elles soient, et quand les nanas elles-mêmes arrêteront de passer pour des neuneus en pondant 15pages sur le dernier sac à la mode ou sur ze coupe de cheveux, là je serai un peu soulagée.
J'ai dans ma famille des figures du féminisme et de ses premiers combats et je suis donc marquée depuis toujours par ces questions (non je ne frime pas, merci), y'a encore du boulot. Les jeunes filles d'aujourd'hui pensent que tout est acquis, alors qu'il faut toujours se battre pour continuer d'avancer. Quand je vois certains gamins qui trouvent anormal que leur copine ne hurle pas quand ils font l'amour... Bref, j'ai besoin de sommeil

 

[madmoizelle N]

Je suis trop trop fatiguée pour me lancer dans un truc philosociologique mais jusqu'au jour où les magasines à proprement dit féminins n'existeront plus, pour moi ça n'avance pas. Je combats les catégories quelles qu'elles soient, et quand les nanas elles-mêmes arrêteront de passer pour des neuneus en pondant 15pages sur le dernier sac à la mode ou sur ze coupe de cheveux, là je serai un peu soulagée.
J'ai dans ma famille des figures du féminisme et de ses premiers combats et je suis donc marquée depuis toujours par ces questions (non je ne frime pas, merci), y'a encore du boulot. Les jeunes filles d'aujourd'hui pensent que tout est acquis, alors qu'il faut toujours se battre pour continuer d'avancer. Quand je vois certains gamins qui trouvent anormal que leur copine ne hurle pas quand ils font l'amour... Bref, j'ai besoin de sommeil

Juste que je ne comprends pas ce raisonnement. Je suis la pro des magazines féminins. J'en achète des tonnes et j'adore ça. Ca ne veut pas dire que je prends tout ce qu'ils disent au pied de la lettre, que je n'ai pas l'esprit critique et que je pense que faire du 34 c'est le Saint Graal. On va pas supprimer la presse féminine (qui joue aussi un certain rôle dans l'émancipation de la femme même si l'hypocrisie obligatoire liée à l'argent, au marketing fait qu'ils doivent tenir un certain discours) sous pretexte que certains ne sont pas capable de réfléchir par eux mêmes.
Et puis cette histoire de sac à la mode ou de coupe de cheveux c'est exactement ce qui me donne envie de hurler "je ne suis pas féministe". Est ce qu'il faut avoir des poils sous les bras et ne pas se maquiller pour être une vraie féministe ? Si certaines nanas pensent que tu ne peux pas aimer faire du shopping, parler mode pendant des heures ET être intelligente, ne font elles pas plus de mal aux femmes que les bons vieux machos ?
Honnêtement jusqu'où la stigmatisation de l'homme par certaines féministes (ou en tout cas qui s'auto proclament féministes) fait du bien à la "cause des femmes" ??
Non les filles d'aujourd'hui ne pensent pas que tout est acquis. Malheureusement, on l'apprend à nos dépens quand on cherche du boulot ou même un centre IVG. Selon moi le féminisme ne peut pas exister en lui même, il doit faire partie d'un combat global, humaniste.

 

[AnonymousUser]

Je suis trop trop fatiguée pour me lancer dans un truc philosociologique mais jusqu'au jour où les magasines à proprement dit féminins n'existeront plus, pour moi ça n'avance pas. Je combats les catégories quelles qu'elles soient, et quand les nanas elles-mêmes arrêteront de passer pour des neuneus en pondant 15pages sur le dernier sac à la mode ou sur ze coupe de cheveux, là je serai un peu soulagée.
J'ai dans ma famille des figures du féminisme et de ses premiers combats et je suis donc marquée depuis toujours par ces questions (non je ne frime pas, merci), y'a encore du boulot. Les jeunes filles d'aujourd'hui pensent que tout est acquis, alors qu'il faut toujours se battre pour continuer d'avancer. Quand je vois certains gamins qui trouvent anormal que leur copine ne hurle pas quand ils font l'amour... Bref, j'ai besoin de sommeil

Dire ça revient à rejoindre les hommes qui froncent le nez en disant à la première fille revendiquant des idées féministes en disant d'un air dédaigneux "laisse toi pousser les poils sous les bras, tant que tu y es" !

Tu dis ne pas vouloir faire de catégories, tu viens d'en faire une.

Je suis la première à monter au créneau quand je constate une injustice faite aux femmes, et pourtant.. Je suis aussi la première à acheter Cosmo chaque mois. Avec un minimum de sens critique, on peut parfaitement faire les deux.

 

[KittyKiller]

Je ne pense pas que souhaiter la disparition des magazines féminins tels qu'ils sont revient à caricaturer une certaine forme de féminisme obsolète. Il ne s'agit pas forcément d'abandonner des comportements, mais la manière dont ils sont encouragés, présentés comme norme imposée et intégrés à un engrenage consumériste (l'enjeu n'est donc plus social exclusivement mais également économique). Je ne pense pas que ce soient le fait d'acheter un sac ou de se maquiller qui sont remis en cause, mais l'érection de ces actes en définition d'une condition liée à un sexe. A notre époque, la construction de l'identité me semble se baser beaucoup sur des artéfacts communautaires et générationnels, véhiculés notamment le plus directement par des médias de masse. Qu'on l'accepte comme norme (je suis les tendances mode et beauté parce que je suis une fille et que cela m'est présenté comme inhérent à cette identité) ou qu'on la refuse (je me laisse pousser les poils sous les bras pour démontrer l'absurdité de cette définition), on valide son existence, on se positionne par rapport à elle, on la prend comme repère. L'archétype de la fille girly est très puissant, quasi omniprésent, et perdure depuis un moment sans profonde évolution j'ai l'impression. Sa segmentation, qui me semble aller de pair avec la segmentation de l'identité très contemporaine, propose certes un nouveau type de comportement socialement validé, mais ce faisant valide encore une fois son existence comme norme, comme repère. Existence entretenue notamment par le contenu des magazines féminins (par en tant que contenu, mais par le biais de leur autorité). Cette norme n'est plus exclusive, unique et toute puissante, certes, d'où l'illusion de l'obsolescence de sa remise en question (la pression qu'elle exerce n'est plus la même); mais a-t-elle encore un bien fondé, une place réelle, ou n'est-elle qu'un relent d'archétype conservé pour entretenir des comportements?
Je n'ai pas d'avis sur la question de leur disparition, l'archétype sur lequel il se base est trop intégré à mon univers intérieur pour que je sois impartiale. Par ailleurs, je n'ai pas envie de penser aux implications économiques qui s'ensuivraient.

 

[Dies Irae]

Débat très très intéressant qui prouve au moins, par son existence même, que c'est loin d'être réglé tout ça. Juste un truc qui me chiffonne, ce sondage :

"Selon vous, celles qui cherchent à mincir le font...

- Parce qu'elles se sentent obligées d'être minces par rapport au regard des autres et de la société - 58 %
- Par choix personnel, pour se sentir belle - 49 %
- Pour pouvoir suivre la mode - 23 %
- Pour des raisons de santé - 17 %
- Pour plaire à leur conjoint - 15 %"
(Etude Ifop)

Pourquoi ça fait un total de 162% ? ...

Je suis trop trop fatiguée pour me lancer dans un truc philosociologique mais jusqu'au jour où les magasines à proprement dit féminins n'existeront plus, pour moi ça n'avance pas. Je combats les catégories quelles qu'elles soient, et quand les nanas elles-mêmes arrêteront de passer pour des neuneus en pondant 15pages sur le dernier sac à la mode ou sur ze coupe de cheveux, là je serai un peu soulagée.
J'ai dans ma famille des figures du féminisme et de ses premiers combats et je suis donc marquée depuis toujours par ces questions (non je ne frime pas, merci), y'a encore du boulot. Les jeunes filles d'aujourd'hui pensent que tout est acquis, alors qu'il faut toujours se battre pour continuer d'avancer. Quand je vois certains gamins qui trouvent anormal que leur copine ne hurle pas quand ils font l'amour... Bref, j'ai besoin de sommeil

C'est un sondage auquel on pouvait donner plusieurs réponses. Les personnes interrogées ont pu vouloir mincir pour elles-mêmes et pour pouvoir suivre la mode, ou tout autre chose.

Pour la suite de ton message, Madmoizelle N, Deetez et Lilou ont répondu pour moi !