Harcèlement à l'école : pas le problème des profs ?

[melowyn]

Mon témoignage ne fait que faire la suite à une longue liste de plussoiement, mais le sujet me touche tellement ...

Le harcèlement au collègue, j'ai connu aussi. En cinquième, la moitié de la classe s'est ligué contre moi et m'est tombé dessus. De bonne élève, je suis devenu médiocre. De petite fille confiante en elle, je suis devenue ultra timide et renfermée.

Ce qui n'a alerté personne dans mon bahut.

En quatrième, ça a été pire. Ce sont celle qui se disait mes amies qui m'ont harcelé psychologiquement entrainant toute la classe à se moquer de moi dans mon dos, puis à visage découvert le jour où j'ai compris la supercherie.

J'ai bien conscience que ce que j'ai vécu est sans doute moins violent que d'autres personnes qui ont pu être agressées plus physiquement, mais la violence psychologique laisse aussi pas mal de trace, peut-être plus.

Ce qui fait que je me sens concerné. Ce qui fait que je pense que les profs DOIVENT se sentir concerné.

Pas spécialement parce qu'ils sont profs, mais parce qu'ils sont humains. Et qu'en tant qu'humain on ne DOIT pas fermer les yeux devant la souffrance d?autrui.

Quand à cette vieille idée selon laquelle s'est censé "forgée notre caractère", j'ai envie de dire que non absolument pas, ça fait juste très mal. Encore une fois on met en avant les gens fort en gueule, mais merde il n'y a pas de honte à être des gens discrets voire réservés. ça ne fait pas de nous des êtres inférieurs.

Bref, ce genre de réactions m'atterre.

 

[DestyNova_]

@Pandore, c'est bien ce que je pensais, et comme je le disais sans l'intervention de l'état, les professeurs ne peuvent rien faire.
C'est évident que donner quelques heures de colle (quand c'est possible) ne va pas arrêter un élève violent.

Je n'imagine pas l’État mêler la police à ça, bien qu'en fait il s'agit d'actes criminels. Mais comme il s'agit d'enfants entre eux on a tendance à ne pas prendre ça au sérieux. Alors qu'à entendre les témoignages, le schéma est pourtant le même : brimades > insultes > humiliations > violences physiques ( > mort - ou plutôt "meurtre").

Peut-être qu'il y aurait besoin d'une autorité supérieure, extérieure et neutre comme dans le monde du travail.


Mais l'autre soucis comme tu le dis si bien, c'est que le harcèlement c'est quelque chose de silencieux (et un seul élève peut entrainer tous les autres, soit comme complices, soit comme témoins silencieux) et d'insidieux. C'est très dur à prouver, même en dehors de l'école d'ailleurs. Ce que tu dis au sujet de ton élève violent, c'est valable aussi en dehors de l'école. J'ai une copine qui a été victime de harcèlement, mais tant qu'il n'y a pas de traces physiques en gros, ça n'existe pas légalement.

 

[BruiseViolet]

Personnellement, mes professeurs de collège ont commencés à faire attention à ce que les autres élèves me faisaient après que j'ai tenté de me suicidé pendant un voyage scolaire, et encore, à ce moment là il y avait ceux qui m'aidaient, et ceux qui pensaient juste que j'étais une droguée et qui rejetaient la faute sur mes parents. Et pourtant je n'ai jamais subit tout ce qui est décrit dans l'article, j'avais juste droit aux moqueries, aux coups dans le dos ou la tête et aux affaires cachées/dans une poubelle, mais ca, entre autre choses, m'a poussé à essayer de me tuer à 14 ans, parce que je ne supportais pas de passer 24h/24 avec les autres gens de mon collège. Et maintenant j'ai souvent peur de m'intégrer dans un groupe, de recontrer de nouvelles personnes, même si j'ai des amis, je déteste aller en cour et je fais parfois des crises d'angoisses quand il y a trop de monde. Alors oui, c'était pas grand chose, et certainement pas bien méchant, mais ca m'a bien pourri la vie.

 

[Clemence Bodoc]

Tout d'abord, respect Jack Parker pour t'en être sortie malgré ce que tu as vécu... Je viens d'un collège ZEP 'de campagne', donc le harcèlement était plutôt soft - donc facile à combattre.

Je suis super étonnée des spots de l'éducation nationale, je les trouve hyper réalistes et très pertinents. La com' officielle des ministère ne m'avait pas habituée à ce niveau de qualité.

Il était temps que ce sujet crève le tabou... Je ne compte plus autour de moi les 'éclopés du harcèlement', devenus 'jeunes adultes chancelants' à cause des violences psychologiques qu'ils ont subies à l'adolescence...

Concrètement, qu'est ce que l'éducation nationale propose comme action (une fois la campagne de sensibilisation passée ?) J'irais bien faire du tutorat en collège à mes heures perdues... C'est vrai que c'est beaucoup demander aux jeunes profs sans formation psycho/pédagogique de gérer des situations qui peuvent aller jusqu'à la détresse profonde... Tandis que des intervenants extérieurs (des pros, mais aussi des 'vieux jeunes') peuvent peut être avoir plus d'impact.
Ceci étant dit, rien n'excuse les propos de la prof citée dans l'article. Oui c'est beaucoup demander, mais c'est bien parce que c'est grave qu'il faut tout de même l'exiger. Sa réaction est symptomatique du syndrôme de l'autruche.

 

[Ito]

Les profs essayent de se donner bonne conscience en disant que c'est du boulot du psy. Simplement ils oublient qu'ils ne font pas classe à des robots, qu'ils sont eux aussi dans le social! Faire cours et ne pas prendre conscience de ce qu'il y a autour ça s'appelle faire l'autruche madame. Pas franchement un bon exemple pour le coup.
Les psys (bien peu nombreux dans les écoles) sont là pour écouter une personne sur ces problèmes. La prof est là comme médiatrice entre les élèves. Et si la prof ça suffit pas c'est au proviseur voir au dirlo de se bouger! Prof, proviseur et dirlo même combat!

Je n'ai pas autant été maltraitée (oui c'est de la maltraitance et de la part des profs aussi!! C'est comme dans les hôpitaux quand on parle de maltraitance morale du personnel sur les malades!!) au collège ou au lycée. Dans mon école primaire par contre pas mal, j'étais le bouc émissaire, quand la leader voulait me faire la gueule tout le monde le faisait,etc... . Et au collège j'ai eu droit à des attouchements sexuels. Heureusement pour moi au collègue le proviseur et le directeur étaient juste géniaux et une fois que j'ai réussi à en parler tout s'est terminé.

Ah et j'ajouterais que les psys sont sûrement importants pour des enfants maltraités mais aussi beaucoup pour ceux qui maltraitent! Et ça pour savoir qui fait quoi ben il faut les profs!

 

[Anouk-Nouk]

Je suis totalement choquée par les propos de cette prof. Ma mère est professeur d'anglais dans un collège, et la plupart des élèves sont plutôt difficiles (pas mal de conseils de discipline dans l'année sur des sujets relativement houleux). Quand je vois ce qu'elle me raconte, je me rends compte que les choses n'ont absolument pas changé depuis que j'ai quitté le collège (même si ce n'était qu'il n'y six ans), où j'ai pu voir et connaître des personnes se faire marthyriser par d'autres élèves.
Je sais que ma mère suit de près ses élèves, en tant que professeur, mais aussi en tant que personne. Car parfois, il est bon pour un élève d'avoir une personne autre que ses parents pour en parler. Les professeurs sont ceux qu'on voit le plus souvent lors de notre scolarité, et même si, à la base, ce n'est pas leur rôle, ils sont forcément impliqués dans notre vie, et la suivent au quotidien pour nous côtoyer dans l'établissement.

Ce sont des personnes qui nous connaissent au quotidien, et doivent être aptes à réagir. Au collège, j'ai eu une professeur de français remarquable avec qui j'avais beaucoup discuté lorsque j'avais des problèmes personnels. Elle avait vu en cours mon malaise, et avait réagit. Elle a fait de même avec ma soeur, qui était raillée par ses soi-disantes "amies", et refusait d'en parler à mes parents. Cette prof a réagit, discuté avec ma soeur, et appelé mes parents pour faire médiation. Et je l'en remercie pour ça, car ça l'a "libérée", en quelque sorte.

Je ne dis pas que les profs se doivent être psychologues. Mais ils sont présents pour l'enseignement, et c'est forcément lié à l'humain : on ne peut pas rester de marbre, voire se moquer, comme ce que j'ai pu lire dans le témoignage de Jack et de certaines MadmoiZelles, mais on se doit de réagir, non ?

J'ai lu la plupart des témoignages de profs dans le forum, ils étaient passionnants. Je ne connaissais exactement le système de loi, et je vois qu'il y a effectivement un gros problème là-dessous aussi...

 

[John-Lennon-my-father?]

Je me destine à devenir professeur, et si j'atteins mon but, je me suis toujours promis , d'être à l'écoute des élèves peu importe le genre d'embêtement qu'ils peuvent avoir, car les profs qui s'en foutent des élèves genre "je fais mon cours et ça s'arrête là", c'est un truc qui m'a toujours énervée.

Par contre comme cela à déjà été dit, le harcèlement envers les professeurs est quelque chose qui malheureusement existe aussi..

 

[Luz*]

Là où je ris c'est quand elle parle de psychologue et infirmière Faudra qu'elle me dise où elle a vu ça. Parce que l'infirmière qui tourne sur 5 collège ou plus, c'est pas elle en une journée qui va gérer le truc.

 

[Gandalf]

Je me demande ceux que sont devenus les harceleurs. Sont-ils sadiques, méchants, humiliants, violents comme ils l'étaient des années plus tôt ?

Perso, je pense que la plupart deviennent des gens tout ce qu'il y a de plus normal, une fois sortis du cadre de collège / lycée. Et qu'ils oublient leurs victimes-boulets.

 

[Gandalf]

Personnellement, mes professeurs de collège ont commencés à faire attention à ce que les autres élèves me faisaient après que j'ai tenté de me suicidé pendant un voyage scolaire, et encore, à ce moment là il y avait ceux qui m'aidaient, et ceux qui pensaient juste que j'étais une droguée et qui rejetaient la faute sur mes parents. Et pourtant je n'ai jamais subit tout ce qui est décrit dans l'article, j'avais juste droit aux moqueries, aux coups dans le dos ou la tête et aux affaires cachées/dans une poubelle, mais ca, entre autre choses, m'a poussé à essayer de me tuer à 14 ans, parce que je ne supportais pas de passer 24h/24 avec les autres gens de mon collège. Et maintenant j'ai souvent peur de m'intégrer dans un groupe, de recontrer de nouvelles personnes, même si j'ai des amis, je déteste aller en cour et je fais parfois des crises d'angoisses quand il y a trop de monde. Alors oui, c'était pas grand chose, et certainement pas bien méchant, mais ca m'a bien pourri la vie.

Tiens, un délégué de classe de 2de me l'a faite une fois, cette réflexion : "Tu sais, faut pas leur en vouloir, ils ne pensent pas à mal, c'est pas méchant."

... ouais mais en attendant, ta vie c'est légèrement l'Enfer Sur Terre (-__-)

 

[Aysechoupinette]

Je pense que c'est avant tout un problème de fond que le gouvernement essaie de traiter, c'est à dire non pas juste trouver des solutions concrètes, mais plutôt pour sensibiliser tout le monde (et surtout le personnel éducatif : profs, CPE, et compagnie) et leur faire comprendre qu'il faut arrêter de fermer les yeux et de minimiser les affaires de harcèlement à l'école. J'espère honnêtement que ça va faire changer quelques mentalités, parce que pour moi ça touche vraiment au plus profond de l'être humain : comment, quand on est adulte, peut-on envoyer chier un élève en détresse qui vit de pareilles humiliations gratuites au quotidien (Jack Parker, ton histoire m'a vraiment assommée) ?! Enfin pour moi, c'est presque inhumain de se conduire comme ça, sans même essayer de faire le moindre geste, de comprendre, de compatir ... Surtout chez les profs, ça m'a vraiment choquée.

 

[Hurry]

Eh ben voilà.... Tout est dit je crois!
C'est pour ça que Luc Chatel et ses potes me font gerber. Leurs campagnes et pseudo réformes ne sont que de la poudre aux yeux, à chaque fois.

Luc décide de s'attaquer au harcèlement à l'école? Vu de l'extérieur évidemment on ne peut qu'applaudir!
Sauf que comme Pandore l'a si bien expliqué, concrètement, on ne peut... quasiment rien faire.
Ca ne vaut pas dire qu'en tant que prof on doit fermer les yeux, cautionner, ne rien dire.... Evidemment il faut discuter avec l'élève harcelé, faire la morale aux autres.... Mais s'ils décident de continuer, quel recours a-t'on? Quasiment aucun!
Alors effectivement je comprends très bien les profs qui n'ont pas envie de se lancer dans une longue croisade dans laquelle ils auront le rôle du méchant...

Que propose ce bon vieux Luc concrètement? Quels dispositifs propose-t'il aux profs?

............

A méditer...

Ma question est peut-être bête mais, en tant que prof vous n'avez pas le droit de sortir les élèves quand vous le décidez? Dans mon école, les profs sortaient les élèves pour bien moins que ça...