Première fois que je réagis à un article sur Mad mais je me suis sentie obligée tant j'ai eu mal au coeur en lisant ce témoignage...
J'en ai eu des frissons, les larmes aux yeux.
Déjà j'admire le courage dont tu as dû faire preuve pour, malgré la fatigue, la peur et l'ivresse réussir à profiter d'un court moment pour te dégager et t'enfuir.
Ensuite j'ai été, comme de nombreuses Madz profondément choquée par l'attitude de l'ami de cet enfoiré. Comment peut-il oser fermer les yeux sur une situation aussi grave ?! Je ne sais pas ce qui m'as le plus choqué, l'attitude du violeur ou celui du lâche qui s'en va... Les deux sont tellement dénués de toute humanité.
Je suis heureuse que tu ai réussi à t'en sortir même si tu doit être traumatisée et perdue.
Je me doute que t'inciter comme les autres Madz à porter plainte ne servira pas à grand chose, puisqu'on ne peut pas se mettre à ta place, imaginer ce que tu vit et décider à ta place. Cette décision doit venir de toi et tu doit la faire en comprenant les effets que celle-ci pourrait avoir sur ta vie, bons comme mauvais. Mais ce qui est sûr c'est que porter plainte changera des choses. Ne te précipite pas à prendre cette décision, il n'y a pas de "date limite" pour déposer plainte comme le dit une certaine Madz visiblement égarée... Tu doit bien y réfléchir, c'est important.
Pour ma part je me reconnais dans ton récit, qui as remonté de vieux souvenirs que j'ai tenté tant bien que mal d'enfouir pour pouvoir continuer à vivre normalement, comme si de rien n'était. C'est sans doute pour ça que ton histoire m'as tant retournée.
J'ai vécu deux tentatives de viol, avec deux hommes différents, à plusieurs années d'écart entre ces deux faits.
Deux tentatives qui en sont restés à des attouchements puisque comme toi j'ai réussi à me débattre et m'enfuir, en ayant l'impression que le ciel s'écroule sur notre tête et que l'on va s'évanouir tant notre coeur bat la chamade...
Je n'ai pas porté plainte pour ces deux faits. La première fois parce que j'étais terrorisée par mon agresseur et j'avais peur qu'il me le fasse payer.
La deuxième parce que j'étais en couple depuis de nombreux mois avec mon agresseur et que j'ai minimisé son geste avant de me rendre compte de ce qu'il m'avait fait.
Je ne regrette pas aujourd'hui de ne pas avoir porté plainte parce que je ne pourrais jamais savoir si ça aurait changé quelque chose ou non. Mais si je devais revenir en arrière, j'y réflechirais sans doute plus sérieusement.
Comme toi, je me suis sentie sale, coupable, honteuse.
Comme toi, pendant des mois je n'ai plus eu l'envie de sortir, l'envie de séduire, l'envie d'être avec quelqu'un à nouveau. J'étais terrorisée à l'idée de vivre ça à nouveau.
Tout cela m'as passé au bout de plusieurs mois, j'ai réappris à vivre, à accepter l'idée d'un rapprochement avec quelqu'un. Essayant de ne pas tous les mettre dans le même lot. J'ai bien fais puisqu'aujourd'hui je suis en couple avec un homme merveilleux, doux et cela fait 3 ans qu'il me rend heureuse.
Je ne lui ai jamais parlé de ces histoires, le garder pour moi est ma façon de le gérer.
Aujourd'hui je n'ai plus honte, je ne me sens plus coupable, je me dis juste que je suis mal tombée.
J'ai toujours de la haine pour mes agresseurs, evidemment. Je doute que cela me passera un jour.
La seule trace qu'il reste aujourd'hui de ces évenements est une "légère" paranoïa.
Je ne sors plus le soir, à moins d'être accompagnée de mon copain et dans des quartiers que je connais par coeur. Et lorsque mes études m'obligent à rentrer tard j'analyse chaque homme que je croise. Me préparant à n'importe quelle éventualité.
Bref, tout ce récit pour te dire que je comprend l'état dans lequel tu doit être, cette envie impossible d'effacer ça de ta mémoire. Et j'avais envie de te "prouver" que cette résurrection dont tu parles est possible. Avec du temps, beaucoup de temps et l'amour de tes proches.
J'espère que mon témoignage t'auras au moins permis de te rendre compte que tu n'as pas à culpabiliser, tu n'y es pour rien.
Pleins de gros bisous et d'énergie positive !
