Comment une rupture d'anévrisme a failli me tuer à 24 ans

[Aribeth]

On est peu de choses...
Je trouve que tu fais bien de témoigner, car finalement c'est assez fréquent. Sans vouloir faire paniquer, on connaît tous quelqu'un qui a fait une rupture d'anévrisme. Moi c'est un ami de mon frère, à 16 ans pendant un match de hand. Les pompiers sont arrivés mais c'était déjà trop tard. Je me suis dit ce jour là qu'on était là nous avec nos petits problèmes... ça nous a tous bien calmés. Puis il a eu d'autres décès dans mon entourage plus ou moins proche, c'est hélas mathématique, plus on vit plus on connaît de morts :/
Par contre quand il y a un besoin de prise en charge urgent le reflexe à avoir c'est d'appeler le samu (15).

Bonne deuxième vie à toi, j'espère que tu sauras l'apprécier mieux que si tu n'en avais eu qu'une.

 

[Anandryne]

Témoignage impressionnant et surtout bon rétablissement à la Madz !
Néanmoins quelques phrases m'ont un peu dérangées... Etant étudiante en soins infirmiers, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de critique et de generalisation envers les services de soins/secours (dans le témoignage ou dans les commentaires). Est ce pertinent de répéter que les pompiers se sont trompés d'adresse et de le mettre en gras ? Evidemment c'est très embêtant pour la personne, mais le numéro le plus efficace sur ce genre d'intervention c'est le 15, et ils peuvent prendre directement en charge en cas de problème de santé.
Non les infirmières ne croient pas que tous les jeunes sont bourrés et inconscient. Oui c'est une faute grave de la part de l'IDE de faire un jugement tel que celui ci, mais elle ne peut pas forcément reconnaître une rupture d’anévrisme si elle ne l'a jamais vu. Et malheureusement cette phrase " une voix masculine, rassurante, expérimentée"... Les infirmiers aussi sont expérimentés pour la prise en charge, pas pour le diagnostic. Le soin d'un patient ne se résume pas au médecin qui pratique l'opération, loin de là.
Bref je prêche pour ma paroisse, et je ne veux en aucun cas juger ce témoignage, je veux juste éviter de mettre tout le monde dans le même panier.

Oui enfin c'est le ressenti d'une personne confuse en train de mourir, quand même, que tu critiques. Elle était pas en mesure de se dire "ah non merde c'est le 15" ou "ah oui mais y'a pas que cet homme qui est expérimenté"... C'est le principe d'un récit "comme si on y était".

 

[Fentanyl]

Pour celles qui se posent la question, un AVC est un Accident Vasculaire Cérébral. Ca se passe dans le cerveau. Il en existe deux types :
- Ischémique, c'est à dire qu'une artère se bouche. Du coup les zones qu'elle irriguait ne reçoivent plus de sang et nécrosent rapidement si l'obstacle n'est pas levé (elles meurent).
- Hémorragique. Le sang se déverse en dehors de l'artère, du coup non seulement le cerveau n'est pas irrigué mais en plus il y a un risque de compression du cerveau à cause de l'accumulation de sang dans la boite crânienne.
Les séquelles varient en fonction des zones touchées.

L'anévrisme, c'est une dilatation des parois d'un vaisseau. Ça faut un genre de "poche" fragile qui risque à tout moment de se rompre. D'où la rupture d'anévrisme. Ça peut avoir lieu dans différentes parties du corps. Si c'est dans le cerveau, alors la rupture d'anévrisme pourra être qualifiée d'AVC.
Voilà, j'espère que c'est clair et que ça vous a un peu aidé.

Je souhaite bien du courage aux Madz, je sais à quel point la rééducation est longue et difficile. Je n'aurais jamais le courage de travailler en neurologie. J'ai surtout eu des patients en phase critique post AVC en réa, c'est dur.

Et ça a déjà été dit, mais effectivement, ça serait pas mal de rajouter quelques lignes sur les numéro d'urgence en fin d’article. Le 15, c'est le SAMU.

 

[Mad-Kad]

Etant étudiante en soins infirmiers, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de critique et de generalisation envers les services de soins/secours (dans le témoignage ou dans les commentaires). Est ce pertinent de répéter que les pompiers se sont trompés d'adresse et de le mettre en gras ? Bref je prêche pour ma paroisse, et je ne veux en aucun cas juger ce témoignage, je veux juste éviter de mettre tout le monde dans le même panier.

Hello,
Il s'agit de mon histoire, je vais donc te répondre. Déjà, en tant que prof, les critiques visant un corps de métier... je connais. C'est désagréable, souvent injuste, violent, mais également parfois justifié. Donc la remise en question est collective, même si la plupart sont appliqués et compétents.
Ce soir là, absolument tous les services d'urgence ont été défaillants: le standardiste du 17, les pompiers et les infirmières.
En ce qui concerne les pompiers, il y a quelque chose que je n'ai pas précisé dans l'article, justement pour ne pas les accabler. J'explique donc que je me parle à haute voix, que je répète de façon ordonnée toutes les informations pour que ma prise en charge se fasse le plus rapidement et le plus efficacement possible. Le but étant de leur faciliter le travail et d'augmenter mes chances d'arriver en vie à l'hôpital.
Donc, je donne mon adresse, j'explique calmement et clairement au standardiste qu'il faudra défoncer deux portes (celle de l'entrée et la mienne) et que j'habite au dernier étage de l'immeuble. Trois quarts d'heure plus tard, je reçois un appel, ils veulent défoncer la baie vitrée du cabinet d'avocat. J'avais du mal à attraper le téléphone, j'ai expliqué patiemment qu'ils se sont trompés de porte. Cinq à dix minutes passent, ils me rappellent: ils sont au grenier et me demandent si je suis certaine d'être au dernier étage. Je bouillonne et commence sérieusement à perdre espoir pour la suite.
Ce qu'il faut comprendre c'est que je ne dois ma survie qu'à la chance, non pas à la réactivité des services d'urgence. Si j'avais voulu accabler les secours, voilà ce que j'aurais dit dans l'article.
Enfin, après avoir été jugée et insultée pendant que j'étais en souffrance (j'entendais les infirmières raconter des potins à mon sujet et elles m'ont laissé dans une chambre, lumière allumée alors qu'elles savaient que j'étais photosensible), tu n'imagines pas le soulagement que j'ai ressenti lorsque j'ai entendu cette voix expérimentée venue mettre fin à mon calvaire. Certainement une majorité d'infirmiers et soignants sont compatissants, fins techniciens et expérimentés mais ce 22 novembre, ils n'étaient pas là.

Je te remercie tout de même de t'être exprimée, je suis certaine que ta sensibilité fera de toi une soignante de qualité.

Kady

 

[Miss294]

@Anandryne ; Je n'ai jamais critiqué son ressenti, je ne peux absolument pas comprendre ce qu'elle à vécue. Je pointe seulement de faire attention à l’interprétation que l'on peut faire de certaines phrases sur le corps médical, c'est tout. Bien sur que le texte c'est pour comprendre vraiment ce que la personne a ressenti, mais il n'a pas été écrit le jour de l'accident.

@Mad-Kad : Je pense que j'ai été un peu trop susceptible en répondant à ton récit hier soir. J'avais un manque de détails dans ce cas, et effectivement tout le monde faire des erreurs plus ou moins gravissime malheureusement... Je ne veux pas créer de débat sur ce sujet puisque le plus important c'est ce que tu as vécu, et le fait que tu sois rétablie. Disons que plus les mois passent et plus je fais attention aux termes employés sur mon futur métier (au risque d'en faire trop ?). Bref, bon courage pour toi !

 

[Mad-Kad]

J'ai été assez choqué par le passage sur le message à son ex, le délire du il aura ma mort sur la conscience ...pour avoir connu ce genre de délire sadique de la part de gens, je trouve ça assez degueulasse d'assumer vouloir donner mauvaise conscience à un type (qui n'y peux rien si elle a failli mourir).

"Dégueulasse" ?! "Délire sadique" ?!
Je ne me reconnais pas du tout dans ce que tu viens de dire et je te trouve très impertinente.
Attention à bien lire, je n'ai pas dit qu'il aurait ma mort, mais bien mon dernier message sur la conscience. J'avais besoin de lui, il n'a pas répondu. Au moment où je l'ai appelé, je ne savais pas si on allait se reparler un jour, j'étais quasi certaine de mourir. D'autant plus que sur sa messagerie, je ne l'ai pas accablé "sache que je t'aime"... Je n'ai pas cherché à le faire culpabiliser, il a réalisé de lui même la gravité de la situation et s'en est énormément voulu. Comme je le dis à la fin du post, il m'a énormément soutenue et continue de le faire. Je l'aime, l'estime et le respecte.

Si tu as connu des gens qui ont exercé leur "délire sadique" sur ta personne, j'en suis navrée mais merci de ne pas associer ton vécu au mien. C'est très déplacé.

 

[Mad-Kad]

@Mad-Kad
Pour les pompiers, pour ton cas et celle qui a fait le témoignage, c'est une mauvaise transmission des informations.
Quand tu appele le 18, tu tombe sur le SDIS de ton département (Donc les standardistes des pompiers) donc après c'est à lui/elle de contacter la caserne la plus proche de chez toi et de donner toutes les informations qui te concerne. Enfin voilà pour la mauvaise coordination, c'est des précieuses minutes qui sont perdues.

Et pour le 17, c'est abusé. Quand on appelle on tombe sur le poste de police ou brigade de gendarmerie le plus proche, iels peuvent transférer les appels dans une autre brigade/poste alors appeler les pompiers, je pense que c'était possible. Enfin vive le non assistance en personne en danger.

Enfin c'est fou ce non professionnalisme de la part de certaines personnes dans vos récits. (Surtout qui plus est quand il s'agit d'aider et de secourir la population)

C'est moi qui ait fait le témoignage, on est une seule et même personne
On m'a dit que le 15 était plus approprié, qu'il y avait moins d'intermédiaires mais très sincèrement à ce moment là je n'y ai pas pensé. Le policier, je l'ai supplié. Je n'insiste pas sur ce point dans l'article mais je lui ai dit que je n'avais plus de motricité et que j'avais besoin qu'il contacte le 18 pour moi, quitte à le faire de son portable. En tant qu'être humain quoi. Mais non, inlassablement il me débitait sa réplique apprise par coeur: "Composez le 18, nous n'avons pas de service médical, je ne peux rien faire pour vous"

M'enfin, l'essentiel c'est de pouvoir être là pour en parler !

 

[Mad-Kad]

Merci les Madz pour vos réactions, vos messages de soutien surtout, ça me touche énormément.

En général, je parle assez peu de cet événement. C'est pas du tout un sujet tabou, on en rigole parfois "elle a voulu faire une soustraction et son cerveau a disjoncté" aussi "arrête avec tes goûts musicaux bidons tu vas nous refaire une rupture d'anévrisme". On le prend avec beaucoup d'humour mais ça reste un souvenir douloureux et à l'approche de cet étrange anniversaire j'ai ressenti le besoin de le partager avec un plus grand nombre.

 

[Mad-Kad]

À toutes les Madz qui vivent ça, beaucoup de courage surtout.

Je vais raconter l'histoire de ma sœur, qui a fait un AVC (ou une fissure d'anévrisme) fin décembre 2015. Du coup je fais plutôt parti du côté éprouvant que la famille peut vivre.

Je ne sais pas si quelqu'un aura le courage de lire ce que j'ai écrit mais, à toutes les Madz qui l'ont vécu, beaucoup beaucoup de courage, aux Madz qui soutiennent, pleins de courage aussi. Ca m'a rassuré de voir que la personne qui l'a vécu s'en sort, même si ça prend du temps, il y a une lumière au fond du tunnel. J'ai tellement peur du pire (et j'ai aussi vu que cela pouvait arriver, et ça, ça m'a beaucoup moins rassuré x) ) mais j'espère que ma sœur s'en sortira...

Big up à toutes !

Hello !
Kady, la Madz de l'article, enchantée.
Nouvelle sur le forum, je me familiarise tout juste avec l'interface, je viens à peine de voir ton message donc excuse moi pour le temps de réponse (je ne voyais passer que les plus récents). Merci du fond du coeur pour ton témoignage.
Je suis très étonnée du temps de prise en charge pour ta soeur. Une fissure est certes moins sérieuse qu'une rupture d'anévrisme mais le risque est à prendre en compte dans tous les cas.. Ces rendez vous à répétition et allers-retours de services en services ont dû l'épuiser physiquement et nerveusement, je compatis tellement.

L'envie de travailler, je l'ai aussi ressentie. Très vite. Les neurologues m'avaient demandé d'arrêter pendant 5 à 6 mois, j'ai repris au bout de 3 mois, en Mars... ça a été chaotique. Mes séquelles (mineures certes mais séquelles quand même) m'empêchaient de pouvoir travailler aussi rapidement et efficacement qu'avant. Résultat, j'ai enchainé les petits arrêts maladie de Mars à Juin et ça m'a aussi beaucoup attaqué le moral. J'avais l'impression de ne pas pouvoir en sortir: si je ne travaille pas, je déprime parce que je m'ennuie. Si je travaille, je déprime parce que c'est trop dur.

Le sentiment de dépression que j'ai ressenti, et parfois encore, c'était pas vraiment de la tristesse mais plus une impression de vide. L'impression d'être un peu morte, de ne pas mériter ma place chez les vivants. Et puis, je me sentais diminuée mine de rien. La fatigue, les maux de tête... à quoi ça sert de s'en être sortie pour avoir une vie aussi pourrie? Presque un an après, ça va mieux. Parfois je replonge, mais globalement. Comme je le dis dans l'article, depuis que j'ai arrêté de me poser des questions, que j'essaie juste de vivre, ça va.

A ton niveau il n'y a pas grand chose à faire à par continuer à être la super petite soeur que tu es déjà: présente, compatissante et à l'écoute. Ne minimise pas ses sentiments par un "ça va aller" on a pas besoin d'entendre ça parce qu'on y croit pas. Ca va si on décide que ça va. En attendant, juste, sois là.

Je te remercie encore pour ton témoignage et t'adresse toutes mes ondes les plus positives, à transmettre à ta soeur.

Courage à vous,

La vie c'est du bonus.

Kady

 

[Mad-Kad]

@Mad-Kad D'accord
Enfin même si tu as l'air remise, je te souhaite bon courage.

Merci, j'en ai bien besoin

 

[Mad-Kad]

Je voudrais rebondir sur le fait que les infirmières aient pensé qu'elle était "juste" alcoolisée. Résultat des courses, commotion avec début d'hémorragie! Il a eu de la chance d'avoir ses amis avec lui et que ses parents étaient a côté, tout le monde n'a pas forcément autant de chance et les consequences peuvent être graves!

Quelle horreur... Il va bien aujourd'hui j'espère?

 

[Mad-Kad]

Témoignage très impressionnant !

Première chose que je souhaite mentionner et qui pourrait être ajouté à l'article, peut-être (@Melissa ?), c'est que le n° à composer pour une urgence santé c'est le 15. C'est le n° du SAMU, et il y a des médecins au bout. Ils reconnaissent les symptômes, envoient une ambulance ou les pompiers (en zone rurale) et donnent des conseils en les attendant.
Le n° d'urgence pour les personnes sourdes ou ayant des difficultés à s'exprimer est le 114 (et ce que ce soit pour joindre les pompiers, la police ou le SAMU).
En Union Européenne, quand on ne connait pas les n° d'urgence du pays, il faut composer le 112.

Je travaille beaucoup avec des personnes ayant eu un AVC, et la madz a eu beaucoup de chance de s'en sortir sans grosses séquelles ! Il n'a pas dû être évident d'aborder sereinement le quotidien après ça l'imagine (anxiété face à la fatigue ou aux maux de tête ?)
Je trouve difficile le début de prise en charge, avec ces infirmières qui ne reconnaissent pas des signes d'un accident vasculaire cérébral... Le chef de service a bien repéré l'origine du malaise, mais idéalement il faut que toute son équipe soit apte à le faire aussi
Je lui souhaite une bonne continuation en tout cas, et un super poste dans un lycée au top !

Merci beaucoup, très utile. Je n'avais jamais entendu parler du 114.
Enormément de chance, en effet. La suite à été un enchaînement d'ascenseurs émotionnels. L'euphorie d'être en vie, le doute, l'impression de ne pas mériter sa place chez les vivants, la dépression, puis un retour vers des émotions plus stables, ponctués de quelques épisodes dépressifs. Mais en général, ça va.
Je suis actuellement en collège, assez difficile à gérer (notamment avec la réforme) mais je commence à m'habituer. J'ai tout de même hâte de retourner dans mon usine à bac. Je m'ennuie un peu ici et c'est pas forcément plus reposant !