J'ai une sexualité « classique » et ça me va très bien ! — Témoignages

[Gabelote]

Oui ces articles mis côte à côte avec ce mauvais bouquin donnent des images fausses et des injonctions qui n'ont pas lieu d'être.

On est bien d'accord !
Mais du coup faire un appel à témoin sur le ton de "tu baises classico missionnaire/hétéro/cis/blanc/ni trop ni trop peu ? viens raconter" je trouve que ça participe de ce schéma. Il y a une normalisation qui est induite : ce qui est classique est dans la norme, ce qui n'est pas classique est anormal.
Après le coup du racisme m'a posé problème parce que je ne vois pas du tout les deux choses sur un même plan. Y'a une oppression systémique d'un côté. A la limite, on pourrait dire que le sexisme (qui est une oppression systémique) induit cette pression sur la vie sexuelle, mais on ne peut pas directement comparer les deux choses.

@Anouk Perry : sur le manque de témoignage de diversité, voir mon 3)
Mais sinon, y'a une grande part du malentendu qui vient du choix des termes (classique, folle... ), qui ne sont pas définis, donc qui prêtent à confusion et interprétation, et qui, malgré toi/vous/la rédac, laissent penser qu'il peut y avoir une part de jugement. Donc peut-être qu'un travail sur le langage employé serait pas mal également ?
Je me souviens de ton appel à témoin (en vrai je ne lis (pas) que les articles en rapport avec le sexe). J'avais eu plutôt l'impression d'un retour positif de l'article de témoignage "Portrait cul" (à part les viles accusations de copitage sur les "Vies de baise" de rue89 ), faudrait que je me refasse les commentaires pour comprendre où était le problème, j'avais plutôt l'impression d'un retour positif. Après, l'appel à témoin m'avait rebuté sur le format audio justement (comme quoi !). parce qu'écrire un mail en répondant à un questionnaire proustien sur ma vie sexuelle, pourquoi pas, mais le faire au micro... bof (et puis j'ai pas de micro, j'ai pas de PC, j'ai pas le temps, j'habite pas Paris...)

Le très grand point positif c'est que dans les commentaires, tout le monde est d'accord là-dessus : l'important c'est de faire ce qu'on veut et qui nous plait, sans se demander si on correspond bien à une petite case pour sondage de magasine féminin !

edit : après relecture des commentaires du Portrait cul, il en ressort un peu toujours les mêmes choses :
- des maladresses de vocabulaire (coincée, déviante, jugement sur le physique... )
- beaucoup de retours positifs
- des critiques sur le manque de témoignage sur le ressenti, l'émotionnel, les sentiments
Et j'ai pas lu les commentaires FB mais ça a l'air d'un tout autre acabit, sur le forum, l'accueil est plutôt positif.
Tu avais évoqué la possibilité de le faire sous forme de questionnaire, qu'est-ce qui a fait pencher la balance vers un format audio ?
Les commentaires de Pyl m'ont semblé très pertinent : plus une personne est pudique, moins elle sera tentée de témoigner de sa vie sexuelle, et plus cela l'invisibilisera dans ce panel des sexualités. Insoluble ?

 

[Gabelote]

@Nyxi j'ai édité après relecture des commentaires du portrait cul. Même avec les critiques sur le vocabulaire employé (qui sont les même aujourd'hui, en gros personne n'a rien contre le concept, mais c'est le vocabulaire employé qui créé la polémique), l'ensemble des commentaires est plutôt positif.
Sur le parallèle avec Vie de baise, quand on a lu les deux, on ne peut pas s'empêcher de le faire, mais à la limite, y'a pas forcément de lien, c'est pas non plus un concept hyper original et inédit.
Et je te rejoins sur le format audio, qui m'a beaucoup rebutée. D'ailleurs, je n'écouterais pas des témoignages audio alors que je lis les articles mais après ça reste très personnel comme sentiment.

 

[Pinceau_]

Bah moi je trouve ça cool de parler de sexualités effectivement plus "classiques", après bon le mot est peut-être mal choisi mais je n'ai pas vu beaucoup d'autres propositions pour....
...Eh bien pour ma sexualité par exemple : rapports peu fréquents (bien loin du traditionnel "3 fois par semaine"), positions peu variées (celles souvent citées ici), avec un partenaire et toujours le même.
Or, partout on lit que "la sodomie c'est génial" (ou moult guides pour bien s'y prendre), que les plans Q c'est la vie, que le BDSM c'est le truc à faire absolument, qu'un plan à 3 c'est formidable, que "avez-vous déjà fait une éjaculation féminine", et autres "orgasmes à répétition" etc. etc.
J'ai ressenti (maintenant ça va un peu mieux ) souvent beaucoup de pression par rapport à ça, pression inconsciente de moi-même sur moi-même, de la société en général, de "est-ce que je suis suffisante pour satisfaire mon conjoint" (qui d'ailleurs ne se plaint pas...), de remise en question de moi-même dans mon couple et notre sexualité alors que manifestement, y'a pas de souci en fait.
En fait, j'en suis venue à me demander si je suis normale en fait. Je suis mal à l'aise face à certaines pratiques "tendance", pas par rapport aux autres hein (je juge pas ), mais par rapport à moi encore une fois : pourquoi est-ce que j'ai pas envie de ça alors qu'on dirait que tout le monde a envie de ça ?

'Fin bref, je comprends bien les questionnements que ça pose tout ça, mais je trouve ça cool quand même qu'il y ait une volonté que cette rubrique sexe ne soit pas que dédiée à des pratiques qui "sortent de l'ordinaire" (oui donc quel ordinaire ? tout ça tout ça ). Après c'est vrai aussi que les gens qui ont une sexualité un peu """banale""" (bon, faut qu'on se mette d'accord sur un terme alors vous croyez pas ? ) ne vont pas nécessairement en parler... On écrit rarement un article pour ne rien dire de "spécial".

Et puis, c'est facile de dire que "eh les gens faut pas vous mettre la pression tout seuls hein, soyez vous-mêmes et kiffez la vie ! " quand décidément, non mes pratiques ne sont jamais "vantées" dans les médias, et guère citées que pour montrer à quel point c'est "naze" (typiquement, quand on lit ou entend "le missionnaire du samedi soir" (généralement de façon péjorative) : bah écoutez, si ça me fait kiffer de savoir que c'est le samedi que je vais niquer dans une position confortable et pas trop fatigante pour moi, j'aimerais bien aussi qu'on le respecte ). Idem pour la fréquence des rapports aussi : ce serait rassurant pour moi de savoir que je suis pas la seule à avoir une libido fofolle en début de relation, mais qu'après quelques années bah... c'est plus pareil quoi !..

Peut-être aussi, c'est une piste de réflexion, peut-être aussi qu'on en fait un peu trop sur toute cette histoire de sexualité : peut-être que ça peut aussi n'être qu'un détail dans une relation de couple, et qu'on ne devrait pas se sentir jugé.e par rapport à ça (big-up aux asexuels qui doivent quand même sacrément en prendre dans la figure au quotidien...). Et qu'on peut s'éclater avec sa.sa partenaire sans que la sexualité soit une composante essentielle.
Perso on m'a beaucoup dit que "le sexe, c'est 60% de la relation d'un couple." Bon. Bah. Franchement, je crois que j'aurais aimé qu'on me dise que c'est des conneries.

 

[Gia_Juliet]

Je ne sais pas où et ne veux pas me situer moi, je m'en tape.

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Voilà .

 

[MelPop21]

@Shay'n Mais c'est tellement ça ! Je me classe par défaut dans la sexualité débridée parce que je fais des trucs débridés (ouch le jugement de valeur), mais j'aime AUSSI la tendresse et avoir des rapports sans éléments tirés du monde BDSM. Alors je suis quoi ?! Et au fond, est-ce que c'est important de mettre une étiquette sur sa sexualité ? Est-ce que ca ne fait pas plus de mal qu'autre chose ?
Je pense que le thème de l'article est mal façonné en fait. Il ne faut pas nous dire ce qu'est une sexualité classique, qui s'oppose à plein de pratiques qui peuvent aussi être vues comme classiques d'un côté, mais plutôt de nous dire de cesser de juger la sexualité des autres. Il n'y a pas "une" sexualités mais DES sexualités car il y a autant d'êtres humains sur cette terre que de sexualités.

Spoiler

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Je crois qu'on se met trop la pression en fait. Et la pression c'est mal, confère ma règle N°1 (la règle sur la routine ayant été abrogée, la règle N°2 prend la place de la règle N°1) (me jugez pas)

 

[Gia_Juliet]

Perso on m'a beaucoup dit que "le sexe, c'est 60% de la relation d'un couple." Bon. Bah. Franchement, je crois que j'aurais aimé qu'on me dise que c'est des conneries.

C'EST DES CONNERIES!! Imagine qu'il faille en faire de même avec soi-même pour s'épanouir, ce serait vite usant. ^^

 

[No'Groxhaton]

Or, partout on lit que (...) "avez-vous déjà fait une éjaculation féminine", et autres "orgasmes à répétition" etc. etc.

Cela me fait penser à deux remarques :
1/ L'orgasme / éjaculation (féminine comme masculine d'ailleurs) peut très bien survenir avec des positions "classiques" et sans extravagances (cf moi qui peut avoir plusieurs orgasmes avec un missionnaire ^^) !
2/ Si on imagine une définition à une sexualité classique (bon là je vais un peu taper dans la grooosse controverse de cet article sur "on peut pas définir une sexualité classique ou débridée" - ce avec quoi je suis par ailleurs tout à fait d'accord - mais tant pis), en réfléchissant à cette question on pense spontanément à des positions, des objets, le BDSM, le couple monogame ou pas, l'hétéro/homo/autre (je ne m'y connais pas assez pour citer toute la multitude possible, sorry ), mais quid des réactions physiques ? Est-ce qu'avoir un orgasme à chaque rapport c'est "classique / normal" ou pas ? (bon encore une fois ne me frappez pas, évidemment il n'y a rien de "normal" ou "anormal" dans le sexe (sauf si votre vulve devient bleue, là c'est pas normal, mais bref)) Enfin bref voilà juste une autre piste de réflexion - et qui amène une autre touche de diversité dans les sexualités selon la sensibilité physique de chacun...

 

[Moucheronne]

Moi je suis assez inquiète de la violence banalisée dans la pornographie. A vrai dire, je ne regarde jamais de porno, pas parce que j'ai honte, mais parce que je n'y pense pas et ça ne m'intéresse pas, j'ai d'autre source de fantasme. Un jour j'ai couché avec un garçon que je venais de rencontrer, il était un peu "fougueux" pour une 1ere fois, mais je me suis dit "pourquoi pas". C'est quand il a essayé de m'étrangler que je n'ai pas compris, j'ai paniqué, je pensais qu'il m'agressait. Je ne savais pas que ça se pratiquait. Je n'aime la violence ni au quotidien ni dans ma sexualité. Je suis partie de chez lui traumatisée, pensant être tombée sur un malade. J'en ai parlé à des amis qui m'ont expliqué que c'était une pratique courante dans le porno.

 

[Weena88]

@Moucheronne @ElectraHeart
Hum ... là, d'un seul coup, je me sens très vieille, plus du tout à la page ... et très inquiète pour le future de mes enfants
La pornographie est déjà interdite aux mineurs, non? Et ... euh ... c'est quoi le X mainstream?

 

[rikangou]

@ElectraHeart @Weena88

le documentaire d'Ovidie Pornocratie est très bien fait en effet et montre une grande part de cette industrie sous un angle peu reluisant : argent, business, blanchiment d'argent, rentabilité et survie des studios.
en revanche, si les lois étaient appliquées (bannière demandant l'age de la majorité avant l'accès au site) le problème ne serait plus. car le soucis n'est pas tant qu'un ado puisse voir un contenu sexuel (avant internet,les BD, magasines et autres cassettes vidéos existaient déjà) mais bien qu'un enfant / ado ait accès à ce contenu sans l'avoir recherché. la fameuse fessée érotique faisait déjà rougir de plaisir honteux Rousseau! ce n'est pas le porno bdsm qui l'a inventée / mise au gout du jour
de plus, tout le porno n'est pas à jeter d'un bloc car dangereux, abrutissant et dégradant. quid des films d'Ovidie justement? de Erika Lust pour ne citer que elles deux? elles proposent un porno qui est loin de l'industrie mainstream et qui est pour le plaisir adulte tout en respectant ses salariés.

 

[Weena88]

@ElectraHeart
C'est vrai que maintenant que tu le dit ... dans mes jeunes années (mon dieu, mais ça ne fait que 10 ans que je suis majeure!), ils demandaient la date de naissance ... facile à biaisé, mais pour le principe ...
Maintenant, tu cherches un tutoriel pour installer un miroir au plafond en tout bien, tout honneur ... et ... hum ... disons que on ne trouve pas les résultats escomptés ...

 

[Phyllie]

J'aimerais retourner la question : si on s'interroge sur ce qu'est une sexualité «classique», qu'appelle-t-on «être libéré(e) sexuellement» ? J'ai parfois l'impression que pas mal de gens associent «être libéré(e)» à «expérimenter plein de choses à tout prix». Mais pour moi ça revient tout simplement à dire «être à l'aise et faire ce qui nous plaît». J'y vois juste le contraire d'«enfermement»/«contraignant» en fait. Je trouve donc ça un peu contradictoire de dire «mais tu n'es pas obligé d'avoir une sexualité débridée/libérée» puisqu'à mon sens c'est ce qu'on recherche, personne n'a envie d'une «sexualité-prison»...
À la base «libéré(e)» c'est un terme positif, donc à force de l'attribuer uniquement à certaines pratiques, bah ce n'est pas étonnant que beaucoup de gens complexent !

Chacun met des sens différents derrière ce genre de mots. «Libérée», «classique», «débridée»... Selon les gens, classique = normal, classique = tranquille, classique = ennuyeux, ou alors... classique = à la mode (et c'est là qu'on a un certain paradoxe parce que parfois, la mode implique d'être «original» à une certaine dose). On ne peut pas toujours se contenter de dire «il suffit de faire comme tu veux c'est ton corps, ta sexualité, faut pas complexer » lorsqu'on utilise ce genre d'adjectifs, c'est important de tenir compte des différentes connotations que ça peut revêtir car ça conditionnera forcément notre rapport à la sexualité, même si la «norme» n'existe pas vraiment dans l'absolu

Et si ces termes ont beau être subjectifs, je pense que l'article n'est pas impertinent pour autant. Pour ma part je l'ai plutôt compris dans le sens «la sexualité classique c'est subjectif mais quand bien même tu percevrais la tienne comme telle, ne te prends pas la tête». Et j'ai trouvé ça agréable à lire, en attendant je préfère ça que me retrouver face à des pressions de tout bords, plus ou moins identifiables, en me disant vaguement «mais enfin ça n'existe pas la sexualité classique»...

Ensuite, je voulais réagir sur l'aspect «pression sociale». Je pense qu'elle est parfois plus indirecte et insidieuse qu'on ne le pense : lorsqu'on enchaîne les valorisations sur des pratiques/fréquences et que tout le monde semble aimer ça, il peut y avoir une sorte d'«effet de masse» qui se crée, on cherche un référentiel mais on ne se retrouve nulle part, et on se demande pourquoi on n'a pas envie, on se sent anormal, etc. On peut parfois dire que c'est une «pression» qu'on se crée nous-même en un sens, mais je trouve que c'est quand même une bonne initiative de faire un article dédié à d'autres points de vue. La diversité ça aide beaucoup

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Spoiler: Les jugements des autres

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Tout ça pour dire que nous interprétons différemment certains mots, et qu'il est important d'y prêter attention, de bien clarifier ce qu'on met derrière afin d'éviter les sentiments de malaise. Après ce n'est que mon humble avis !
En tout cas je prends beaucoup de plaisir à lire vos commentaires