J'ai un peu de mal avec l'article, pour des raisons qui ont été évoquées plus haut (principalement le fait que je l'ai trouvé peu clair), mais il a le mérite de rappeler que ça peut arriver à n'importe qui, n'importe quand.
Je n'ai jamais eu d'accident de la route grave.
Récemment une sortie de route, de nuit, avec mon copain. Il arrivait un peu trop vite au vue des conditions climatiques à l'entrée du virage (70 par temps de pluie), il a glissé, on a fini la course dans le fossé. Heureusement, un panneau de signalisation nous a ralenti, et des buissons très denses nous ont arrêté. Nous roulions dans un vieux van très costaud, donc la voiture à rien eu, et nous non plus. Mais comme disait le garagiste, on aurait été dans une petite bagnole, le panneau traversait le capot. On a eu beaucoup de chance de glisser sur ce virage en particulier : le suivant était suivi d'un ravin de plusieurs mètres sans rien pour stopper, nous ne nous en serions pas sorti aussi bien...
Plus jeune, en scoot, j'ai eu un accident encore une fois pas grave du tout (je dois avoir une bonne étoile) mais qui aurait pu être très lourd de conséquence. J'arrivais dans une sortie de virage, et j'ai vu un camion arrivé en contre sens. Sur la voie de gauche (par rapport à moi), une bagnole qui roulait vraiment lentement, conduit par une personne âgée. J'avais donc la bagnole à gauche, le camion en face, un fossé (d'une cinquantaine de centimètre de profondeur) à ma droite. Bon, mon instinct de survie à choisi le fossé pour moi. C'est passé prêt, je suis passé à une toute petite poignée de centimètre du camion, qui a certes pété un pile en me voyant, mais qui a continué sa route en me laissant dans mon fossé. La petite vieille dans sa bagnole aussi d'ailleurs. Je me suis donc retrouvée dans ce fossé, le scoot renversé sur moi (et bon sang ce qu'il était lourd pour le poids plume de quatorze pige que j'étais !), à moitié sonné (ma tête avait tapé un rocher). J'ai attendu bien dix minutes dans ce fichu fossé, en espérant qu'une voiture s'arrête. Une voiture est passée. Elle s'est pas arrêtée. J'ai réussi à rassembler mes forces pour me dégager de ce fichu scooter qui me bloquait une cheville, j'ai contrôlé l'état du scoot (il n'avait que quelques "bosses"), et je me suis posée sur le rocher, tremblante. J'ai voulu appeler ma mère, j'avais plus de batterie sur mon téléphone. J'ai attendu de me sentir mieux, j'ai mangé un twix (pourquoi on se souvient aussi bien de ce genre de détails ??) et j'ai repris ma route. Quand je suis arrivée chez moi, j'étais encore très blanche parait-il. J'ai tout raconté à ma mère qui a eu très peur à rétrospection. Finalement, je n'avais qu'une cheville foulée. Mais à quelques secondes près, si j'avais roulé à peine plus vite, si je n'avais pas eu de réflexe ou si je n'avais pas eu mon casque (j'ai cogné bien fort le rocher), je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui. Parce qu'un chauffard en camion a décidé de doubler juste avant un virage avec aucune visibilité. Là où je lui en veut le plus, c'est de ne même pas s'être arrêté. Ca tient du délit de fuite, et de la non-assistance à personne en danger pour les deux bagnoles.
Et le dernier, j'étais simplement témoin. Avec ma mère nous suivions une bagnole qui retraçait la route, roulait sur la voie d'en face... Bref, le mec était manifestement pété comme un coin. Ma mère a klaxonné plusieurs fois, le mec a pas réagi du tout... A un moment, il était sur la voie de droite, une bagnole arrivait en face, ma mère a klaxonné, le mec en face a pu l'éviter... Quelques kilomètres plus loin, rebelote. Sauf que c'était dans un virage. Les deux voitures se sont un peu percuté, mais le mec a réussi a bifurquer sur le bas côté juste à temps. A trois secondes près, la glissière de sécurité l'en empêchait et il se prenait la bagnole de plein fouet. Ma mère n'a rien eu le temps de faire, elle a juste freiné et s'est bien déporté sur la droite. Elle n'a même pas pensé à klaxonner, dans sa tête il s'est passé un truc du genre "celle là il l'évitera pas, faut que je sauve ma fille". On a évité le sur-accident, et heureusement, il n'y a eu aucun blessé grave. Le conducteur de la voiture était très en colère, et son épouse en état de choc. Elle a vraiment vu sa mort arriver la pauvre. Finalement, nous avons klaxonné le mec jusqu'à ce qu'il s'arrête quelques centaines de mètres après le lieu de l'accident. Il était vraiment saoul, mais alors complètement. C'était un vieux paysan Cantalou, qui a pas été fichu de nous sortir les papiers pour le constat. Un jeune qui avait vu la scène (il arrivait derrière nous) s'est arrêté aussi, et on s'y est mis à quatre pour expliquer au mec qu'il était hors de question qu'il reprenne le volant, et qu'il fallait qu'il trouve son assurance et son permis pour le constat. Tout ce que le pauvre bougre trouvait à dire c'était "Je suis assuré, je suis assuré, je suis pas un brigand moi, je vais pas m'enfuir. Mais faut que je rentre chez moi, je dois nourrir mon chat." D'après ce que j'ai compris, il nous a raconté que depuis le décès de sa femme il picolait, mais qu'il était prudent sur la route. Et qu'il était parti acheter des croquettes, et qu'avant de repartir, il avait bu son petit verre au bistrot. Il empestait l'alcool, était complètement incohérent. Le mec qui essayait de le raisonner avec nous commençait à s'énerver, j'ai expliqué calmement au mec que nous ne le laisserions pas repartir dans cet état parce que nous serions responsable aux yeux de la loi s'il causait un autre accident, et que s'il tuait un gamin au prochain virage, aucun de nous ne voulions avoir ça sur la conscience. Finalement, un autre automobiliste a prévenu les flics, et nous sommes partis après avoir expliqué la situation à ces derniers (et offert une clope à la passagère de la bagnole percutée). Ca m'a travaillé un moment. Et ça me fait de la peine pour ce pauvre vieux. Parce qu'il était complètement ivre et totalement irresponsable, mais clairement pas méchant. Et qu'il a du se faire retirer son permis (et c'est normal, il aurait pu tuer ces gens !). Et que ce pauvre vieux, englué dans sa solitude, je ne vois pas bien ce qu'il va faire maintenant. Dans les petits villages cantalou, sans bagnole, tu peux même pas aller faire tes courses. Il va à tous les coups rouler sans permis, ou mourir seul chez lui. Je trouve ça infiniment triste, même s'il a eu un comportement irresponsable et qui aurait pu couter très cher. Parce qu'il est quand même un peu victime ce papy. Et que le connard de patron de bar qui l'a laissé repartir dans cet état là, et qui l'a servi jusqu'à ce qu'il ne sache même plus comment il s'appelle (et on est dans le Cantal, les tauliers connaissent leurs clients, il savait bien qu'il allait prendre le volant), il est au moins aussi responsable que ce petit vieux alcoolique qui a prit sa bagnole pour aller acheter les croquettes de son chat et se bourrer la gueule au bistrot du coin.
Et a part ça, mon père, complètement sobre, s'est planté en moto cet été. Apparemment il a perdu le contrôle de sa machine et a percuté une voiture. Il a passé plusieurs semaine dans le coma et est aujourd'hui déclaré déficient mental. Il ne retrouvera jamais ses capacités et son autonomie. Cloué dans un lit d'hp, aveugle, en partie paralysé et capable seulement de pleurer qu'il veut sa maman, pour avoir voulu faire le kéké avec une grosse moto qu'il ne savait pas conduire. C'est malheureux comme tout.
Bref. Désolée d'avoir raconté ma vie, mais ça fait du bien d'en parler quand même. Et ça fait quand même bien se rappeler qu'il ne faut jamais, jamais prendre le volant quand on a picolé, pris une drogue quelconque ou qu'on est fatigué. Et que même lorsqu'on est parfaitement en état de conduire, celui qui arrive en face ne l'est pas forcément. Ou est juste un très gros con, comme dans le cas du camion que j'ai "croisé".
Ce qui me fait le plus peur, c'est la fatigue. Ma maman prend régulièrement le volant alors qu'elle est crevée, et elle reste prudente dans le sens où quand elle sent que ça tient plus, elle s'arrête direct. Mais j'ai quand même peur pour elle.