J'ai bien lu les commentaires précédents... mais je n'y trouve pas l'argument qui ferait que je puisse être pour une stérilisation même voulue.
Peut-être est-ce lié à ma propre histoire. Je ne voulais pas d'enfant. Et ce n'était pas un caprice du tout. C'était très réfléchi. Je l'ai dit dès mes 12 ans. Je ne voulais pas subir une grossesse, tout d'abord. J'ai un rapport à mon corps un peu particulier, je déteste le contact physique étranger, je ne supporte pas ne pas contrôler ce qu'il se passe. Je ne voulais pas avoir un "corps étranger" en moi, sur lequel je n'aurais aucun moyen de pression. Sans compter toutes les restrictions : j'adore boire, je n'ai aucune envie d'arrêter de fumer, si j'ai envie de sauter trois repas avant de m'enfiler 2 kg de pates au beurre, c'est mon souci.
Ensuite, il y avait des raisons médicales : ma soeur a une maladie génétique, dont on ne sait pas si elle est héréditaire puisque mon papa a été adopté. Donc au final des risques de mettre au monde un enfant atteint du même mal. Sans compter mes problèmes de circulation sanguine (et donc risque de varice) et mes calculs rénaux (enceinte, pas de médication ni d'opération possible)
Enfin, il y avait tout l'aspect psy. Je suis malheureuse, au sens limite clinique du terme, et j'ai longtemps souffert de dépression à cause de mon incapacité à accepter la société dans laquelle je vis, l'égoisme qui meut la plupart des gens, le refus de l'Autre et l'inégalité crasse qui règne sur notre planète. Je ne me voyais pas imposer ça à une nouvelle personne.
De plus, je suis moi-même, afin de me protéger du point précédent, d'un égoisme et d'un égocentrisme forcené. Afin de ne pas me laisser submerger par un éventuel rejet des gens, je ne m'y attache pas et me prépare toujours au pire. Je ne pense donc pas pouvoir aimer quelqu'un, alors que je ne m'aime pas. Si je suis amoureuse, je suis quelque part toujours préparée à la fin. Or avec un enfant il n'y a pas de fin possible. Et si je ne l'aimais pas ? Et si je n'étais pas capable de me "transcender" pour finalement que ce soit l'enfant qui prime et pas mon intérêt propre ?
Pour toutes ces raisons, et pendant plus de 15 ans, j'ai affirmé et répété que je n'aurai pas d'enfant. J'ai pris la pilule en continu, j'ai porté deux implants, j'ai avorté quand j'avais 20 ans. Je me suis mariée à 25 ans en précisant bien à mon mari que je ne porterai pas sa descendance.
A 20 piges, ou même 25, on m'aurait proposé la stérilisation, j'aurais peut-être envisagé cette solution. Plus de règle, plus de risque, plus de contrainte.
Et bien j'en ai 29 et j'en suis à mon 6ème mois de grossesse.
Je n'ai pas pour autant perdu mes raisons de n'en pas vouloir. J'ai très peur de l'avenir. Je doute encore et toujours. J'ai du mal avec ce corps de femme enceinte, et je ne peux pas m'empêcher de soupirer profondément, voire de m'énerver, quand j'entends des nanas dans mon état qui ne se sentent épanouies qu'à travers la grossesse, qui passent leur temps à me dire que "j'ai trop de chance" et que c'est "trop génial". Non, perso, je ne trouve pas ça trop bien. C'est chiant. Je suis grosse, je dors mal, je suis crevée, j'ai de l'oedème... J'ai hâte que ça se termine.
N'empêche que j'aurais été atterrée de ne plus avoir eu le choix. Je me sais incapable d'aimer l'enfant d'une autre, d'adopter. Déjà que je ne sais pas si j'aimerai suffisamment la mienne...
Mais bon sang, mes hormones, mon coeur, et tout mon être me hurlait qu'il fallait que j'essaie. J'avais divorcé, j'avais rencontré non pas l'Homme de ma vie, mais celui que j'aime plus que je n'ai aimé avant, et avec qui je sais que si ça se termine un jour, il restera un bon père. J'attends les échos avec appréhension de peur qu'on m'annonce une maladie, mais putain, je m'en serais voulu à mort de m'être oté la chance de connaître ça.
Je repense à une phrase qui a bercé notre adolescence, de celles qu'on collait sans nul doute sur nos agendas de collège. Mieux vaut des remords que des regrets. Et du coup je me dis qu'il existe aujourd'hui suffisamment de moyens de contraception pour éviter de tomber enceinte quand on ne veut pas d'enfant, voire l'avortement si jamais ils échouent, pour éviter de prendre une décision pareille trop tôt. Si encore c'était l'un ou l'autre, mais là il est possible de ne pas avoir d'enfant sans pour autant se priver de cette possibilité. On ne sait pas de quoi demain sera fait.
Et en PS, j'ajouterais pour la mad' qui disait qu'elle ne pouvait pas mettre de stérilet parce qu'elle n'avait pas eu d'enfant que ça, c'est faux. Perso on me l'avait proposé plutot que l'implant, jusqu'à ce que j'avoue des règles douloureuses, et donc l'implant devenait la meilleure solution. Donc on peut mettre un stérilet même en étant nullipare.