"Je ne veux pas d'enfant", la lettre ouverte pour le droit à la stérilisation

[Peutwishia]

Juste pour l'argument "cadeau de la Nature" j'aimerais qu'on évoque les dents de sagesse et l'appendicite qui sont deux preuves que non la nature n'est pas foncièrement bien faite...

C'est moi ou tu es extrêmement cynique ?

Je dois sûrement être naïve, c'est vrai que c'est trop oldschool de s'émerveiller face à la complexité et au mécanisme du corps humain vu qu'aujourd'hui on a soif de contrôle et qu'on pense pouvoir tout maîtriser

 

[Apo Lonie]

Mais pour un cas pareil, le médecin peut ne pas etre d'accord avec sa patiente et l'exprimer, mais je ne vois pas de quel droit il peut refuser de stériliser une patiente si elle le lui demande. Je vais réutiliser l'exemple de la chirurgie esthétique: si un patient se présentait chez un chirurgien pour se faire refaire le nez pour une raison x ou y, que se passerait-il si le médecin lui disait "non je refuse de faire ça, votre nez n'est pas si moche, vous devriez le garder, vous regretterez peut etre une fois qu'il sera modifié?"

Certains le font. Et puis, ton nez, tu peux toujours le faire refaire. La chirurgie esthétique est réversible. Comme les tatouages... les techniques ne sont pas super au point, mais avec un peu d'argent, tu peux les effacer.

En revanche, si à 34 ans, tu décides que tu veux un enfant, parce que tes hormones le réclament, parce que tout connement, personne ne peut le faire à ta place, parce que c'est assez particulier dans la vie d'une femme, qu'elle ne vive que par ça, ou que ce soit un passage plus ou moins obligatoire pour avoir un enfant, et que tu t'es faite stérilisé, tu n'as plus qu'à pleurer. Et ça, alors que si tu ne veux pas d'enfant, ce n'est pas comme quand tu n'aimes pas ton nez et que tu n'as pas le choix, là si tu n'en veux pas, tu as plein de moyens de contraception qui ne t'obligent en rien à en avoir.

 

[Miss Marple]

Je suis tombée récemment sur un rapport, pour le 10ème anniversaire de la loi sur la contraception définitive en France : http://www.lepetitsitesante.fr/Documents/Dossiers/110627_contraception_definitive.pdf

C'est assez long, mais très intéressant. Ils expliquent notamment que la France est très en retard par rapport aux autres pays, tant en nombre d'interventions qu'au niveau des mentalités.


L'article et vos réactions me parlent, je suis même choquée par la situation de certaines, qui mettent leur vie en danger parce que les médecins sont incapables de comprendre qu'on peut ne pas vouloir d'enfants, qu'on peut préférer s'abstenir de se reproduire.

Pour ma part, j'ai toujours pensé que j'aurais des enfants un jour. Et puis... et puis j'ai rencontré mon chéri, mon mari. Et après en avoir longuement discuté, on a pris la décision de ne pas avoir d'enfants : il refuse de leur refiler un handicap qui lui a pourri une bonne partie de son enfance, et qui continue à lui compliquer la vie encore aujourd'hui, à le limiter pour certaines choses...
Notre médecin généraliste s'occupe de ma contraception depuis un moment, et le jour où j'ai évoqué le désir de changer, parce que ma pilule ne me convenait pas (libido zéro, merci...), il a carrément évoqué la vasectomie pour Monsieur.

Je suis rentrée à la maison, on en a parlé, et quelques semaines après on était tous les deux dans son cabinet. Il nous a félicités de prendre notre contraception en main tous les deux. Et nous a dirigés vers un urologue.

On a donc pris RDV chez l'urologue. J'avoue qu'on en menait pas large (moi en tout cas !) quand on lui a expliqué pourquoi on était là. Il a commencé à nous poser des questions, genre Vous avez quel âge ? Vous avez des enfants ? Non ? ah...
*Et là, j'ai vu arriver le truc gros comment une maison, je me suis dit c'est bon on peut se rhabiller, il va pas vouloir...*

Mais non, il s'est contenté de dire "C'est rare, des couples sans enfants qui viennent pour une vasectomie".
Et c'est tout. Il nous a tout bien expliqué ce qu'on savait déjà puisque ça faisait un bon moment qu'on se renseignait, et on est repartis avec un RDV après délais de réflexion de 4 mois.

Je m'estime vraiment chanceuse, mais je me dis malgré tout que la situation médicale de mon mari nous a certainement "aidés".

Et j'en ai marre des commentaires des gens "aloooors, à quand les enfants ?", ma collègue qui ne peut pas s'empêcher de me dire "et toi, quand est-ce que tu nous en fais un comme ça ?" quand on voit passer un gnome en poussette, les amis, simples connaissances, qui mettent les pieds dans le plat et qui insistent lourdement quand on dit non, parce que "mais c'est génial des enfants", "vous dites ça maintenant mais plus tard vous en aurez", et autres conneries qui nous font bouillir... [coup de gueule du jour...]

 

[zoui]

Et bien j'en ai 29 et j'en suis à mon 6ème mois de grossesse.
Je n'ai pas pour autant perdu mes raisons de n'en pas vouloir. J'ai très peur de l'avenir. Je doute encore et toujours. J'ai du mal avec ce corps de femme enceinte, et je ne peux pas m'empêcher de soupirer profondément, voire de m'énerver, quand j'entends des nanas dans mon état qui ne se sentent épanouies qu'à travers la grossesse, qui passent leur temps à me dire que "j'ai trop de chance" et que c'est "trop génial". Non, perso, je ne trouve pas ça trop bien. C'est chiant. Je suis grosse, je dors mal, je suis crevée, j'ai de l'oedème... J'ai hâte que ça se termine.

N'empêche que j'aurais été atterrée de ne plus avoir eu le choix. Je me sais incapable d'aimer l'enfant d'une autre, d'adopter. Déjà que je ne sais pas si j'aimerai suffisamment la mienne...

Mais bon sang, mes hormones, mon coeur, et tout mon être me hurlait qu'il fallait que j'essaie. J'avais divorcé, j'avais rencontré non pas l'Homme de ma vie, mais celui que j'aime plus que je n'ai aimé avant, et avec qui je sais que si ça se termine un jour, il restera un bon père. J'attends les échos avec appréhension de peur qu'on m'annonce une maladie, mais putain, je m'en serais voulu à mort de m'être oté la chance de connaître ça.

Pardon, mille pardons, mais moi ça me choque ce que tu écris... Si j'ai bien compris, pendant des années et des années tu n'as pas voulu d'enfant et aujourd'hui tu es enceinte (félicitations)... Ce qui me dérange profondément ce n'est pas que tu aies changé d'avis mais plutot le fait que tu n'aies pas l'air heureuse... Pourquoi avoir changé d'avis et avoir décidé d'avoir un enfant si c'est pour que la grossesse soit une épreuve pour toi ? Si tu ne sais pas si tu aimeras suffisamment ton enfant ?
J'avoue que je ne comprends pas du tout... Es-tu heureuse ?

 

[October Rain]

C'est moi ou tu es extrêmement cynique ?

Je dois sûrement être naïve, c'est vrai que c'est trop oldschool de s'émerveiller face à la complexité et au mécanisme du corps humain vu qu'aujourd'hui on a soif de contrôle et qu'on pense pouvoir tout maîtriser

Je suis extrêmement cynique mais c'est dans mon caractère. J'ai tendance à pousser un argument jusqu'au bout lorsqu'il me paraît bancal. L'excuse que tu nous a servi sert à justifier les comportements assassins de certains parents qui refusent les transfusions sanguines. EDIT : et quand je dis les transfusions, il ne faut pas oublier que ça concerne aussi des greffes, des opérations etc.

Je suis tout à fait capable de m'émerveiller devant la complexité de la nature et de l'évolution. J'irai jusqu'à dire que j'adore le décortiquer autant biologiquement que socialement. Pour autant, je ne vois pas en quoi laisser des détails biologiques (car la reproduction est un détail à l'échelle individuelle) gouverner notre vie est plus sain que vouloir adapter la carcasse dans laquelle nous vivons. C'est un peu comme si tu décidais de ne pas changer des détails de ton appartement qui te gênent pour conserver l'intégrité de l'ensemble.

 

[Apo Lonie]

@ October rain : Justement, c'est une question de choix. Je suis pour qu'on fasse ce qu'on veut de son corps. Mais je n'arrive pas à être d'accord avec le fait de se faire stériliser à 20 ans. C'est un choix qui est particulièrement définitif. Ce n'est pas choisir entre purée ou spaghettis. C'est quelque chose d'unique, la grossesse. Je me trouve con à dire ça, mais c'est assez vrai. Je trouve dommage, au quart de sa vie, de prendre une décision aussi irrévocable qui engagera les 3 autres quarts. Sur un sujet important.

J'ai une amie de 36 ans avec 3 mômes, les médecins refusent de la stériliser. Là, je ne saisis pas. Elle sait ce que c'est, elle a eu le choix, elle décide en connaissance de cause.

En revanche, une demoiselle de 20 ou 25 ans, non pas qu'elle soit immature ou une gamine hein, pas du tout, mais en revanche, elle a encore trop de possibilités devant elle pour s'en priver alors qu'elle a à sa disposition tous les moyens de respecter son choix sans s'y obliger pour la vie.

 

[Apo Lonie]

Pardon, mille pardons, mais moi ça me choque ce que tu écris... Si j'ai bien compris, pendant des années et des années tu n'as pas voulu d'enfant et aujourd'hui tu es enceinte (félicitations)... Ce qui me dérange profondément ce n'est pas que tu aies changé d'avis mais plutot le fait que tu n'aies pas l'air heureuse... Pourquoi avoir changé d'avis et avoir décidé d'avoir un enfant si c'est pour que la grossesse soit une épreuve pour toi ? Si tu ne sais pas si tu aimeras suffisamment ton enfant ?
J'avoue que je ne comprends pas du tout... Es-tu heureuse ?

Je n'ai surement pas réussi à m'exprimer, et puis j'ai déjà écrit un pavé je ne voulais pas non plus faire un roman...

Si, je suis heureuse. J'ai voulu tomber enceinte, c'était pleinement réfléchi, je suis contente d'attendre un enfant. En revanche, par exemple, je m'épanouis plus dans mon boulot que dans ma grossesse ^^ Je veux ma fille, mais être enceinte, bof. Mais en même temps, comment dire... Je ne regrette pas du tout et je suis contente de le vivre, parce que voilà, je l'aurai vécu, je sais désormais ce que c'est, et que même si c'est plein de petits désagréments, je suis comme une môme quand je la sens bouger et que mon chéri la sent aussi. Parce que c'est chouette, même si j'ai des peurs que je pense toute femme ressent à un moment ou un autre. M'enfin, je te dis ça, je suis en ce moment (et pour encore 4 mois ) hormonalement perturbée. Non, ce n'est pas une légende urbaine, les hormones de grossesse, c'est vraiment un truc chelou.^^

 

[October Rain]

Apo Lonie → Je n'accorde pas d'importance à la grossesse. Elle n'influe pas sur ma vie ou ma mort. Elle influe sur des conditions de vie, des choix. Pour des raisons personnelles, j'ai déjà été amenée à faire des choix que certains qualifieraient de difficile. J'ai horreur qu'on me serve cet argument "et si". Je comprends que tu ne le conçoives pas comme infantilisant mais je le considère comme tel. Il a cette coloration méprisante, ce "tu es trop jeune pour comprendre, tu es trop jeune pour diriger ta vie". Je sais que ton argument n'a pas cette visée mais il y a un sous-entendu extrêmement fort de négation de l'identité et du parcours de ton interlocuteur.

 

[Gros-Câlin]

Mais vous ne pouvez pas comprendre que ce choix est intime et tellement propre à chacune ?

Personnellement, je ne suis pas concernée, je veux des enfants, et même si je n'en voulais pas, je n'aurai pas de raison de le faire (à part contraceptive mais je supporte bien les autres moyens) bref, mais c'est mon choix. Ca s'applique à moi.

Pourquoi toujours regarder les choses uniquement sous le prisme de soi ?
Y'a des tonnes de choses que je ne ferais pas personnellement pour X raisons personnelles, mais en quoi ai-je mon mot à dire sur le choix d'une personne, qui le ressent depuis des années?
Même si je ne suis pas concernée par l'absence de désir d'enfants, ça n'empêche pas de se dire qu'objectivement, ce n'est pas mon choix ce n'est pas ma vie, en quoi ça me regarde ? (Et puis qu'est ce que ça peut me faire franchement ? Ca fait de mal à qui ?)

Et si la personne regrette, j'ai envie de dire c'est le risque du choix. Je pense qu'une personne qui décide cela a vraiment été au bout de son raisonnement. Vous parlez de gens qui ont changé d'avis, ok, mais ce sont des gens qui n"ont pas fait l'opération, qui n'ont pas été au bout du raisonnement, donc quelque part elles n'étaient pas sures de leur choix.

Faut responsabiliser les gens, et là vous, vous refusez quelque chose pour quelqu'un,comme ça, un droit de veto.

Et ça ne vous choque pas qu'une loi soit prévue, l'autorise, et qu'elle ne soit pas appliquée parce qu'une personne décide à notre place d'un choix personnel, intime, propre à soi ?
(EDIT Stalowa Wola: oui, je comprends que ça prenne du temps à se généraliser, mais je m'interroge sur les raisons. Merci pour ta réponse )

Franchement je ne comprends pas. Je n'aurais jamais recours à cette opération, mais ce qui s'applique à moi ne s'applique pas à tout le monde et heureusement.

Bref, ce sujet est un non débat, on tourne en rond, je ne veux pas paraitre impolie mais je ressens pas d'échanges et d'écoute des arguments, donc bon, je trouve ça dommage.
Bonne soirée.

 

[zoui]

Je me demande si dans le fond ce choix ne serait pas affaire de caractère... Je vais peut-être m'avancer un peu trop mais en lisant toutes les réponses, j'ai l'impression que les filles capables de choisir la stérilisation ont un caractère fort et entier, qu'elles sont capables de trouver des solutions à leurs problèmes, même quand ces problèmes ne sont pas prévus. Et qu'elles ont une vision beaucoup plus précise de leur vie à l'avenir. Elles savent ce qu'elles veulent. Non ?
Moi c'est le sentiment que j'ai. Des filles un peu plus "raisonnables" (que passionnelles) se laissent plus de chance pour changer d'avis et voir leur vie évoluer de manière différente de ce qu'elles ont envie à l'instant T.
Elles sont plus timorées parce que plus terre à terre sans doute, oui, plus raisonnables (dans le sens de raison à l'opposé de passion).
Moi suis du genre passionnée, passionnelle, je n'ai pas peur des décisions définitives. Je n'ai pas peur de l'imprévu. Si je me fais stériliser et qu'un jour je veux un enfant, je saurai adapter ma vie et mes envies à ce qu'est mon corps.

Voilà, pardon pour le petit côté hors sujet.

 

[Peutwishia]

October Rain, désolée j'arrête là le débat avec toi, je trouve désagréable la façon dont tu détournes mes propos, c'est presque humiliant; je ne vois pas en quoi mes arguments ont à voir avec des dents de sagesse ou encore des parents assassins, c'est complètement hors contexte.

 

[Black Mamba]

Non mais je suis sûre que y'a pleins de gens qui font des enfants de façon biologique (bonjour je sais pas parler) et qui le font pour eux aussi...
D'ailleurs à mon sens , c'est très égoïste de donner la vie.

Pourquoi?
(Ceci est une vraie question )