Je suis autiste — Témoignage

[BananaQueen]

Merci pour ce témoignage, il m'a beaucoup intéressée. J'ai beaucoup aimé le passage sur comment adapter ton poste de travail à ton autisme. Je travaille dans les ressources humaines et c'est très difficile de faire comprendre à certains managers comment travailler avec certains de leurs collègues neuroatypiques (quelle que soit la forme). Ils préfèrent parfois conserver leurs préjugés ("cette personne ne fait aucun effort") plutôt qu'essayer de comprendre. Je trouve que ce n'est pas une façon appropriée de procéder.

 

[Bibi Tricotin]

Plus je lis des articles sur l'autisme et plus je me pose des questions.
Comme j'ai des problèmes de santé depuis mon enfance qui n'ont été diagnostiqués qu'à l'âge adulte,parfois je me dis que c'est sans doute ce qui a forgé ma personnalité.
Mais,en même temps, j'ai toujours eu des difficultés au niveau social.
Enfant, souvent aux récréations j'étais seule et je dessinais ou écrivais (ce qui avait amené ma mère à m'envoyer chez un psychologue plutôt nul) et ado,c'était pareil, je préférais largement ma solitude. En même temps,on m'invitait rarement et j'avais de quoi m'occuper,je dessinais tout le temps ...tellement que chaque année je devais jeter une grosse partie de ce que j'avais fait.
Sans compter que la plupart des gens m'ennuient...ça peut paraître prétentieux mais c'est juste que je ne trouve pas intéressant ce qu'ils me racontent,je me dis que pendant ce temps, je pourrai faire plein de trucs comme tricoter ahah (ma grande lubie du moment,depuis septembre,j'ai réalisé 1manteau,1pull, 2 turbans et j'ai 2pulls à finir). Alors, j'observe beaucoup comme si je regardais un documentaire animalier,voir les comportements des gens, comment ils interagissent.
Du coup, je suis toujours en décalage et on me prend au pire pour quelqu'un de froid, hautain, ou pas très futée...au mieux pour une originale un peu dans son monde.

(plus les trucs que je déteste genre "bonjour,au revoir,merci" et les gens qui sont très tactiles...ce qui a toujours peiné mes parents qui disent qu'on dirait qu'ils me dégoûtent (ce qui est pas si loin de la vérité))

 

[PuceS]

Merci de ton témoignage... Il m'a émut. Je suis toujours atterrée de cette volonté qu'à la société de faire rentrer tout le monde dans un moule identique, alors que la richesse du Monde réside dans tout ce qu'il y a de différent chez les gens...

 

[Lerena]

Bonjour tout le monde !

Encore merci de vos réponses et de vos réactions, je suis très touchée à l'idée que mon article ait pu être lu de la sorte.

J'apporte quelques petites nouvelles : j'ai malheureusement échoué à mon concours. Je suis sur liste complémentaire, mais impossible de savoir si je ferais partie des "appelés" ou "pas". Ca peut très bien arriver comme ça peut tout aussi bien ne pas se faire. Bref, là, j'essaie d'encaisser le choc tant bien que mal et d'assurer au travail, mais c'est vraiment compliqué. Je ne suis pas sûre d'arriver à prononcer plus qu'un ou deux mots pour le reste de la journée...

L'entretien oral a dû poser un souci, je suppose, mais je ne sais pas quelles notes j'ai eu exactement et quelles erreurs j'ai pu faire. Bref, le flou total...

Je voulais encore vous remercier de votre attention et pour vos messages. J'espère avoir de meilleures nouvelles à apporter une prochaine fois. Courage à tout le monde, quelle que soit votre situation, et prenez soin de vous ^^.

 

[TyCitron]

Bonjour,
Comme beaucoup de gens avant moi, je te remercie pour ce merveilleux témoignage, qui prône la tolérance et l'acceptation. Je remercie aussi le commentaire de IsalieNox, qui m'a beaucoup touchée.

Je ne suis pas du tout habituée aux forums, je n'en suis même pas fan du tout pour tout vous dire, donc désolée si je n'ai pas les conventions habituelles. :$

Pour me présenter : j'ai 25 ans et je suis psychologue. Je travaille auprès d'enfants et d'adolescents autistes. D'abord avec des méthodes comportementales type ABA, puis depuis trois ans avec une méthode développementale qui s'appelle les 3i (association AEVE). Mais surtout, je me suis auto-diagnostiquée à mes 20-21 ans. Au vue de mon travail de psychologue dans ce domaine bien précis, il me faut un diagnostic officiel, réalisé en hôpital et qui est actuellement en cours.

Je me suis beaucoup reconnue dans ce témoignage et en même temps je suis impressionnée de lire à quel point tu parviens à t'auto-analyser, à percevoir ces différences et à comprendre d'où cela vient. Ce n'est vraiment pas évident pour moi, encore aujourd'hui, de me dire que tout le monde ne voit pas, n'entend pas, ne touche pas... comme moi. Mes particularités constituent tellement ma normalité que je ne me sens vraiment bien qu'avec quelques personnes de mon entourage ou avec les enfants auprès desquels je travaille.

La méthode que je pratique consiste justement à les rejoindre dans leurs "obsessions" et à prendre du plaisir à être vraiment soi-même avec eux pour leur donner envie de nous rejoindre à leur tour. Les progrès sont fulgurants, à condition que l'entourage soit patient, tolérants et à l'écoute de leur enfant. Comme tu l'as aussi mentionné, l'amour inconditionnel et l'acceptation des différences sont indispensables.
Leur besoin de routine et de régularité, me permet à mon tour d'avoir un planning très réglé qui empêche au maximum les imprévus, que je supporte très mal.

Durant ma plus tendre enfance, ma mère a tout fait pour moi et elle "soudoyait" tout le monde pour que personne ne relève mes stéréotypies et autres bizarreries. A tel point, que je n'ai jamais vraiment eu l'impression d'être différente des autres avant le collège !
Puis, pendant plusieurs années, j'ai eu, comme toi, l'impression d'être un robot qui devait s'adapter aux autres, sans jamais pouvoir être vraiment moi-même. Depuis quatre ans maintenant, j'ai progressivement travaillé à lâcher ce masque, mais je ne peux toujours pas le faire dans certains milieux.

Cela me ferait très plaisir de pouvoir échanger avec toi, si tu es d'accord, à travers d'autres supports. Les troubles autistiques font évidemment partie de mes centres d'intérêt, ce qui est un atout pour mon travail ! Mais pas forcément pour les mangas, animés, séries et films d'animation dont Disney en fait grandement partie. Mes amis me disent régulièrement que je les saoule à parler toujours des mêmes choses et heureusement que j'ai une grande capacité d'écoute, car sinon je les aurai probablement déjà fait fuir ^^

PS : tout le monde traverse des épreuves et je suis sûre que ta "résilience" (pour parler en vocabulaire psy) va te permettre de traverser ce petit échec pour repartir de plus belle !

PS 2 : Merci pour toutes les petites images et références bien sympathiques durant la lecture !

J'espère à bientôt et merci encore pour l'ouverture d'esprit que tu apportes aux neuro-typiques et pour les éventuelles prises de consciences pour toutes les autres personnes

 

[Ambre022]

Bonjour je suis également autiste.
En ce qui concerne l'auto-diagnostique je tiens à dire que ce n'est pas si compliqué de se diagnostiquer autiste avec beaucoup de recherches. Et je dirais même que c'est mieux de se diriger vers d'autres autistes, que vers des psys.
Dans mon cas, une seule personne en avait émis l'idée et au final après avoir été au SUSA (j'habite en Belgique) le dossier qu'ils ont fait comportait de nombreuses erreurs.
Une de mes psys s'évertuait à dire que j'avais une phobie social, alors que j'ai compris plus tard qu'elle confondait avec certains des symptômes d'autisme que je présente.

J'ai du mal à commencer ou à continuer une conversation qui ne traite pas d'un de mes intérêts spéciaux, les interactions social me demande beaucoup d'énergie et souvent je juge que ça n'en vaut pas la peine (encore une fois sauf intérêts spéciaux) , je n'ai parfois plus assez d'énergie pour parler, il y a également les problèmes sensoriel par exemple il n'y a pas beaucoup d'aliments que je peux manger et encore d'autres.

 

[Poptarts]

Je reviens sur le forum avec cette vidéo vraiment chouette qui complète bien ce que dit l'auteure de l'article.
Une interview de Chaning Tatum par une jeune fille autiste vraiment géniale et pleine d'humour !

 

[Klémouss]

Bravo pour ce témoignage! La conclusion est parfaite

 

[Oguchi]

Bonjour Mélissa, je vous ai écris un mp concernant cet article. J'espère que la réponse à ma demande sera favorable
J'aimerai réellement mieux comprendre mon beau frère autiste lui aussi.
Merci encore.

 

[Bloody Pi]

Je ne sais pas si ce message sera lu, mais f*ck quoi! Je travaille à domicile avec des enfants diagnostiqués Tsa et certains des commentaires sur l'aba (méthode utilisée à domicile) me font bondir de ma chaise.
Franchement, vous avez déjà passé ne serait-ce qu'une heure dans la peau de parents d'autistes???? Un des bambins avec qui je travaille pleurait et hurlait h24. En travaillant avec lui grâce à l'aba, il n'y a plus de crises. Pourquoi? Parce qu'on lui a appris comment demander de l'aide ou avoir accès à quelque chose. Et il est vachement mieux.
Alors ok, parfois on empêche l'enfant de stéréotyper quand ce n'est pas adapté, ok, on demande à l'enfant de regarder dans les yeux quand c'est nécessaire. Mais le jour où les gens et les institutions françaises seront prêts à accepter la différence et à faire avec, on en reparlera. Car même si légalement un enfant a le droit d'aller à l'école, j'en ai déjà vu plus d'un se faire gentiment renvoyer à la maison pour incompatibilité d'humeur... Alors malheureusement pour lui, pour l'instant, un enfant tsa doit savoir s'adapter à son environnement et pas l'inverse (si un jour l'inverse arrive, je fais la teuf pendant une semaine non stop). Et il doit aussi se taper des journées en IME ou en structures, où il n'apprend rien, n'évolue que très peu voire régresse, mais bon il est avec ses semblables donc c'est pas grave. Allez voir du côté de la psychanalyse et du packing ou des mères frigidaires, c'est vachement mignon tout ça.
Certes, ça ne convient pas à tous les autistes (surtout les aspergers), mais ça a le mérite de faire évoluer les choses. Et aucun professionnel n'est obligé d'en appliquer les fondements à la règle. Moi je fais un aba souple, respecteux de l'enfant. Et à maximum 6h par semaine.
Voilà, ça fait du bien

 

[Lerena]

Bonsoir et merci de votre dernier commentaire. Je pense que l'ABA que vous évoquez est une forme alternative de thérapie et pas l'ABA auquel ont pu être soumis bon nombre de personnes autistes que j'ai fréquenté (adapté de "thérapies" destinées à annihiler l'homosexualité et inspiré de méthodes de dressage pour chiens). Beaucoup de thérapistes appellent leur thérapie "ABA" de façon à être assurés (du moins, aux Etats-Unis), sans pour autant que ce ne soit véritablement de l'ABA.

Voici l'ABA que ces personnes ont subies et l'ABA contre lequel nous luttons :

Nous ne rejetons pas la thérapie, bien au contraire. Mais nous cherchons une thérapie à destination du bien-être des personnes autistes elles-mêmes et pas des personnes qui l'entourent. Je ne dis pas qu'un soutien pour ces dernières n'est pas nécessaire, mais qu'il faut apprendre à considérer la personne autiste et pas simplement lui apprendre, par de l'abus, à imiter les neurotypiques. L'idée n'est pas de normaliser la personne autiste, mais de mener à l'acceptation et à l'estime de soi pour chaque personne autiste.

 

[Lunafey]

@Bloody Pi @Lerena T'as répondu, je rajoute que ton incompréhension est courante : il existe un terme (ABA) pour désigner deux choses : la thérapie originelle qui est la cause de bon nombre de troubles du stress post trauma tant elle était violente pour les enfants autistes, et la thérapie modernisée que tu semble pratiquer.
Quand quelqu'un parle de l'ABA avec des termes très durs et dénonçant plein de dérive, c'est qu'il est question de la thérapie d'origine, parfois encore utilisée. Donc ne le prend pas contre toi, si tu ne reconnais pas ta thérapie dans ces témoignages c'est qu'on ne parle pas de la tienne.
Mais je pense que pour éviter ces malentendus il faudrait toujours préciser de quel ABA on parle, ça serait plus simple