Je suis une ninja au quotidien (à cause du harcèlement de rue)

[Stardust_Lee]

Le pire dans tout ça c'est qu'on ne va pas trop essayer de mettre en lumière les comportements des c*** qui font ça, alors que c'est clairement par là que doit se tourner tout le système de solution, non on continue à apprendre à se cacher/défendre/prévenir de ce genre de comportement... duquel nous ne sommes en rien responsables, ni par nos vêtements (quand bien même on se baladerait à poil dans la rue, je ne vois pas en quoi ça donne le droit à qui que ce soit de nous toucher...), ni par notre comportement (si c'est non, c'est non, ça veut pas dire "oh oui j'ai trop envie mais j'ose pas le dire"), ... Bref, on tartine de rafistolages au lieu de stopper le problème en soi.

Comme la mad qui a écrit l'article j'ai eu pas mal de chance.La première fois dont je me souviens j'avais 10 ans, j'étais seule dans un chemin de promenade, pneu du vélo troué donc je rentrais à pied. Note pour celles qui disent qu'elles vivent dans un coin paumé : c'était un coin paumé, genre village - canal - champs quoi... Le mec m'a stoppée, m'a demandé si je voulais l'embrasser, il m'a touchée et ça m'a fait l'effet d'une décharge-adrénaline-coup de sueur. J'ai laissé là mon vélo et j'ai continué à marcher, genre super sure de moi. Du coup, il a pas su quoi faire et m'a laissée partir...
J'ai toujours réagi à chaud comme ça, (jusqu'à gifler un mec une fois) et c'est peut-être aussi ça qui a chaque fois aidé à me dépêtrer, ça plus énormément de bol... (train arrivé à temps / amis qui débarquent / ...) bref, de la "chance" mais je suis pleinement consciente que ça ne tient qu'à ça...

 

[Taigha]

Alors je crois que tu peux posséder une bombe lacrymo légalement (pour les tasers je sais pas) tant qu'elle reste chez toi. Donc théoriquement c'est pas légal de te balader avec une bombe lacrymo dans le sac quand tu sors MAIS le gars de l'armurerie m'a dit que si t'es en danger et que tu t'en sers, ça peut être considéré comme de la légitime défense et que normalement la police ne devrait pas t'embêter.

Un pote m'a également donné ces conseils si tu es amenée à utiliser une bombe lacrymo:
- tu la paies en cash, et tu jettes le ticket de caisse
- jette la loin de là où tu l'as utilisée, efface tes empreintes dessus
- si jamais la police t'interroges tu peux dire que c'est quelqu'un qui est venu à ton secours et l'a utilisée, qu'elle est pas à toi

Mais après comme dit plus haut il faut faire attention à ce que la personne ne retourne pas la bombe contre nous

Merci beaucoup pour l'info ! Mais bon ... Vachement utile d'acheter ne bombe lacrymo sans pouvoir l'utiliser ... ^^'

Je trouve ca vraiment nul aussi de devoir se protéger de toutes possibles arrestations des flics pour s'être protéger de quelqu'un haha Et j'avais pas pensé au coup du retournement de situation ...

 

[Donoma]

Ca m'est jamais arrivé non plus, pourtant j'ai des comportements qui pourraient être considérés comme à risque. Quand je sors, je rentre toujours à pied ou à vélo entre minuit et 5h du mat et seule les 3/4 du temps, je m'habille normalement voir sexy, et parfois je suis completement bourrée. J'ai vécu dans 2 grandes villes du Sud et c'est un peu la même chose, même si l'une craint beaucoup plus que l'autre (quartiers à éviter, mais pour les filles comme les garçons !)

Je parle même pas de l'époque où avec mes copines on allait en boîte en cachette et on rentrait en stop (de 15 à 17 ans)... La seule précaution qu'on prenait c'était de demander à nous déposer une rue à côté de là où on habitait réellement, et si on connaissait la personne ni d'Eve ni d'Adam on restait toujours à 2 minimum.

Alors, je me fais souvent emmerder par des gros lourds, mais jamais ô grand jamais j'ai crains pour ma vie ou mon intégrité physique. Peut être parce que je me sens assez forte physiquement ? Peut être parce que j'ai grandis entourée de garçons (un grand frère et 2 grands cousins) avec qui je me battais sans cesse ? Quand je marche dans la rue, je suis généralement assez relax. En plus, c'est vraiment agréable de marcher la nuit : tout est plus beau, plus calme, et l'air est frais. En général j'écoute de la musique et capte pas trop ce qu'il se passe autour de moi. Encore une fois j'ai qu'une seule "précaution" : un couteau suisse toujours dans mon sac depuis des années, dont je pense que j'hésiterais pas à me servir au moins pour intimider l'autre. Et à la base c'est même pas pour me défendre mais parce que ça sert dans des milliers de situations ^^

Enfin, j'avoue que ça m'embêterait beaucoup de prendre toutes ces précautions ou d'avoir constamment l'esprit occupé par cela... Et non, c'est pas normal du tout Dès fois, les histoires que je lis à droite ou à gauche me font très peur, mais je suis trop amoureuse de ma liberté pour freiner n'importe laquelle de mes habitudes actuelles. Et j'espère bien que si un jour il m'arrive un truc, on me reprochera rien des """"risques"""" que je prends.

 

[Mailing63]

Choquée, je suis choquée...
J'habite dans un village et quand je vais en ville c'est pour le boulot ou les études, toujours en journée et dans un quartier tranquille. Je ne sors pas non plus durant la nuit, ou alors rarement pour des soirées resto entre potes (pas par paranoïa mais simplement parce que je suis du genre casanière et préfère rester chez moi). On m'a déjà dragué ou abordé dans la rue, mais pas de manière assez fréquente pour ne pas en être surprise (ça se compte en effet sur les doigts d'une main), et ce n'était ni lourd, ni insistant, ni menaçant ou même violent. Je n'ai jamais été agressée, harcelée ou même suivie, et quand je lis cet article ainsi que tous vos témoignages, je ne peux m'empêcher de penser avoir de la chance.
Si j'avais été à la place de la madmoizelle qui a écrit l'article, je n'aurais certainement pas eu tous ces réflexes défensifs ! (on peut dire qu'elle a de la ressource !)
Je suis aussi horrifiée et dégoûtée par ces comportements d'animaux en chasse qu'adopte certains mecs... Comment peut-on être humain et se comporter de cette manière ?! Pour eux, pour chaque "homme" ayant déjà eu ce genre de comportement, je ne peux m'empêcher de penser que soit ils n'en sont pas à leur coup d'essai, soit ils remettront ça avec une autre femme qui elle n'aura peut-être pas autant de chance, ou qui n'aura pas encore eu le temps,elle, de devenir une ninja.

 

[Luniiie]

Je trouve ça dingue, on est tellement imprégnées de ça, toutes...

Personnellement, je n'ai pas été souvent harcelée dans la rue ou dans le métro, plutôt par des SDF ou des mecs louches pas très polis, des jeunes qui me demandaient mon numéro sur un ton un peu agressif, mais je n'ai jamais été attrapée, touchée, poursuivie...

Et pourtant, quand je sors le soir, je vérifie ma tenue, je fais attention à mettre une paire de ballerines dans mon sac quand je porte des talons (pour changer de chaussures si je dois marcher et pouvoir courir), je tiens mon portable à la main frénétiquement et entame une conversation sms/téléphonique avec un ami en lui disant que si je ne réponds pas rapidement, c'est que j'ai un souci, etc. Quand je rentre seule chez moi tard, que je ne suis pas raccompagnée au métro, je fais attention au moindre pas, à la moindre rue que je prends, vérifier qu'il y a de la lumière, un couple qui a l'air plutôt net pas trop loin, un videur de bar qui pourra m'aider...

On devrait pas à penser à tout ça, à faire tout ça, et pourtant, même quand on est relativement "peu" agressée, on le fait, par automatisme, par peur que "et si cette fois c'était moi".

 

[RockAlma]

Je n'ai jamais eu de problèmes aussi violents que ça (se faire courser, demander de l'aide,...) mais j'ai quand même connu les remarques salaces, les insultes, les invitations douteuses ... Ma mère m'a toujours appris à garder la tête haute et me disait : "Surtout, ne montre pas que tu as peur, car c'est là qu'ils vont attaquer." On croirait qu'on parle de bêtes sauvages. En fait, c'est exactement à quoi certains mecs ressemblent quand ils sont en soirée (qu'ils soient bourrés ou pas). En y repensant, je trouve ça réellement triste de devoir se montrer aussi "forte qu'un homme" pour échapper à un homme. Être vigilante tout le temps pour tout, c'est fatiguant, pénible. On doit gérer notre vie, comme tout le monde, mais en plus on doit se débrouiller pour pas se faire embêter... Parce que c'est à nous de faire cet effort là..

 

[Elawan]

c'est devenu d'une banalité affolante ce genre de témoignage...
Le harcèlement de rue est un problème qui n'est pas pris au sérieux, malgré l'étude qui a été publiée récemment et malgré les nombreux témoignages des Madz, les histoires du projet Crocodiles ou du site Hollaback, les caméras cachées, etc. Malgré les témoignages de jeunes filles et femmes qui ne se sentent pas "safe dans la rue" (faut voir le hashtag sur Twitter) et qui deviennent des ninjas, y a des gens qui comprennent pas que c'est un poison!

Il y a une fois où un mec flippant a voulu me suivre jusqu'à chez moi mais j'ai pu lui échapper. C'est horrible de se sentir traquée comme une proie...

Et à côté de ça, on va encore nous dire que c'est de notre faute, qu'on n'avait qu'à pas s'habiller comme une "pute" (sachant que ça nous arrive quelque soit la tenue, j'ai l'intime conviction qu'on nous dit qu'il fallait pas être des femmes...), qu'on devrait se sentir flattée d'être sifflée...

 

[Farewell]

Oh la vache
Ce témoignage m'a mis la boule au ventre.
J'ai la rage de savoir que le harcèlement est quelque chose de banal, de quotidien et que les rues soient au moins aussi dangereuses qu'un champ de mines.

 

[NoirCobalt]

Je me reconnais tellement dans cet article... Perso j'en suis arrivée à un point où :
- je ne sors jamais en jupe/short/débardeur, sauf si je suis accompagnée par un individu de sexe homme (pour bien signifier que je suis la propriété d'un autre mâle imposant, m'voyez)
- je ne veux plus aller faire mes courses toute seule parce que je passe devant des bars où il y a toujours les mêmes mecs en terrasse qui m'ont traitée de connasse parce que je ne répondais pas à leurs bruits de bouche, et qui n'ont jamais voulu répéter devant moi (mais ils l'ont répété avec plein d'autres jolis mots quand je suis repartie)
- j'ai repéré que le foyer à côté de chez moi a du personnel a l'accueil jour et nuit et j'ai presque envie d'aller leur demander si je peux frapper chez eux si je me fais suivre (parce que ça m'est arrivé plusieurs fois)
- je pense à prendre des cours d'auto-défense
- je marche vite, furtivement, je descend du tram au dernier moment, je n’attire pas l'attention : j'ai adopté un tas de réflexes ninjas aussi...

J'ai vraiment honte de faire tout ça parce que quelque part c'est leur accorder beaucoup plus d'importance qu'ils ne le méritent, c'est une forme de soumission qui me débecte. Mais en fait même si c'est mon métier de gérer des situations conflictuelles avec des personnes pas toujours dans leur "état normal", que par conséquent je sais désamorcer les situations de tension assez facilement, et que globalement je n'ai -presque- jamais senti que mon intégrité physique était en danger, je ne supporte pas d'être constamment jugée physiquement et prise pour un bout de viande. Ça me met véritablement hors de moi que des types que je connais pas se permettent de me cracher au visage et de me sortir des insanités simplement parce que je suis une femme. Ça me met hors de moi aussi de pas pouvoir réagir la plupart du temps, parce qu'ils sont en meute et que je suis seule, parce qu'ils n'assument pas leurs propos, ou parce que je n'ai pas réussi à identifier l'auteur du commentaire qui m'a hérissé les poils.

 

[Paolaa]

J'aurais pu écrire cet article moi-même. C'est exactement ça: je suis une ninja.
Je ne me rappelle pas quand est ce que ça a commencé, donc j'étais probablement très jeune.. De jour comme de nuit, que je sois avec des ami(e)s ou seule, quelle que soit ma tenue, c'est recurrent voire quotidien. Aller chercher du pain ou acheter des cigarettes au coin de la rue est une véritable plaie! Et quand je raconte ce qui peut m'arriver (les mains aux fesses, les "compliments", les sifflements, les insultes, les regards et les pervers qui me suivent dans la rue; j'ai même dû menacer un type de lui casser une chaise sur la tête pour qu'il me laisse tranquille!) à des amis hommes ou des personnes plus âgées de ma famille qui sortent peu ou utilisent uniquement leur voiture, on me prend pour une folle et on dit que j'exagère. Ils ne comprennent pas que c'est la réalité, MA réalité et celle de beaucoup d'autres.
Pourtant c'est la vérité. C'est devenu une seconde nature de perpetuellement "scanner" mon environnement, me préparer à marcher vite/courir/frapper, à répérer les "sorties", les gens pas nets et ceux au contraire succpetibles de m'aider, à faire semblant d'écouter la musique pour en réalité répérer les potentiels bruits de pas qui me suivent lorsque je rentre seule tout en agrippant mes clefs en mode Wolverine, à changer de trottoir quand j'aperçois un groupe de plus de trois garçons, ou à regarder droit devant moi avec un air de tueuse sanguinaire, mes écouteurs bien enfoncés dans les oreilles pour ne pas entendre leurs immondices (et être tentée de leur en coller une, même si des fois je craque quand même). J'ai de la chance en quelque sorte, étant donné que je n'ai jamais été physiquement agressée; mais comme l'auteur j'ai ce goût amer d'être seulement passée "à travers les mailles du filet" (pour combien de temps?)..
Je savais que ce n'était pas normal, mais le moment où j'ai vraiment réalisé l'ampleur et la gravité du problème, c'est quand je suis arrivée en Angleterre. Les hommes ne me calculent jamais, les filles sont très peu vêtues et au vu de leur comportement, absolument pas aux aguets. Au début j'ai cru qu'elles étaient suicidaires ou au moins inconscientes et je m'estimais chanceuse de n'être apparement pas au goût des anglais. Puis j'ai remarqué le regard interloqué des autres passagers lorsque j'étais en mode "ninja" dans le métro. Et j'ai compris que j'étais l'anormale dans l'histoire. L'anormale parce que traumatisée, parce que conditionnée à être constamment en alerte et sur le qui-vive. J'envie ces anglaises, qui ne sont pas inconscientes mais juste libres.

La seule chose sur laquelle je ne cède pas c'est mes tenues, bien que ma famille insiste à ce sujet (je ne m'habille pas particulièrement provoc mais j'ai un faible pour les tunisiens décolletés, et puis de toute façon dès qu'ils voient un bout de peau quel qu'il soit ils ne savent plus où ils habitent donc tant qu'à faire..). Je leur donne déjà assez d'importance en étant sans arrêt sous pression, en reflechissant toujours trois coups en avance, je ne vais pas aussi leur donner la satisfaction de penser à eux même lorsque j'ouvre mon armoire le matin, ou en édulcorant mes tenues (qui sont en quelque sorte une expression de ma personne).

Bref, souhaitez-moi bonne chance pour mon retour à Marseille dans une semaine!

PS: Désolée pour le pavé mais j'avais besoin de vider mon sac!

Bisous les Madz!

 

[UnAnanas]

Pour ma part ce qui me fou vraiment la trouille c'est que le harcèlement de rue est vraiment devenu un truc banal!!! Mes parents ont du m'apprendre a faire attention dans la rue pour ne pas me retrouver face à une telle situation et on du acheter des bombes antiagression pour toutes les femmes de ma famille!!! Je pense qu'il faut absolument faire de la sensibilisation dans les établissements scolaires pour éradiquer tout ça et surtout apprendre aux gens quoi faire lorsque sont en présence de quelqu'un victime d harcèlement de rue parle que je trouve que ça devient vraiment invivable... --"

 

[lovelythebrave]

Une ninja du quotidien, le terme est (trop) bien choisit, c'est désolant de voir que ces histoires sont si communes, si répétitives, et après c'est nous qui exagérons ? Et n'en déplaise à Madame de Menthon, se faire siffler dans la rue, ce n'est pas plutôt sympa, c'est même plutôt dégradant.. Je me souviens d'une fois en particulier, une fois où j'ai vraiment eu peur. Pourtant c'était en plein après-midi en pleine rue piétonne. On marchait avec ma coloc et on est passées devant un vieux mec qui faisait tressauter des clefs dans sa mains, il nous a sifflées, on a pas répondu, et il commencé à nous suivre en nous appelant et en sifflant, comme des chiens. C'est le bruit infernal de ces clefs qui se rapprochait dangereusement qui nous a mis une décharge et on s'est mises à courir, et le bruit ne s'arrêtait pas, personne autour ne faisait quoique soit et on entendait toujours ce bruit de clefs, on a eu la chance de tomber sur une porte entrée du personnel d'un magasin et on s'est jetées sur le vigile affolées, qui nous a calmé, rassurées et nous a dit que ce n'était malheureusement pas la première fois que ce mec faisait ça. Et c'est la que l'injustice entre en jeu, pourquoi ce mec est-il toujours tranquille, pourquoi est ce qu'on a rien fait contre lui si on sait qu'il suit des filles dans la rue, leur courant après ? Ca me met dans une rage folle !