Je veux comprendre... la culture du viol

10 Mai 2008
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Au sujet du dernier Tomb Raider, et on en avait beaucoup parlé ici, le sujet c'est pas juste que la scène très clairement suggérée soit incomprise (ou plutôt niée : dans la réponse de Joystick, le journaliste dit "je rappelle qu'il n'y a ni scène de viol, ni d'agression sexuelle" (or pour l'agression c'est plus que suggéré), le problème c'est aussi l'érotisation.
L'érotisation des violences, du viol, et des femmes en général. Le fait que les femmes soient érotisées ne me gène pas mais le fait qu'elles le soient SYSTÉMATIQUEMENT, si. C'est souvent qu'un héros de série qui s'est fait tabasser revienne la gueule cassée, une femme en revanche, c'est plus rare qu'on lui fasse des boursoufflures et des yeux tout gonflés, parce qu'une femme doit TOUJOURS être séduisante.
Et selon moi ça aussi ça entretient l'idée que la femme a pu s'être faite violer parce qu'elle a séduit.

D'ailleurs, dans les séries type les experts les nanas qui se font violer sont souvent séduisantes ou séductrices (bon je vous l'accorde tout le monde est séduisant dans ces séries) mais bon souvent ce sont des étudiantes, des strip-teaseuses, etc, mais finalement on entretient toujours cette IDÉE FAUSSE que le violeur a trouvé sa victime séduisante (parce qu'elle avait une jupe), alors que les victimes sont de tout âge et surtout, tout statut social.


Enfin au sujet du fantasme du viol, je pense qu'il existe, j'en suis même sure, et ça n'a rien à voir avec la réalité et une relation sexuelle nonconsentie, mais aujourd'hui ça devient carrément dangereux d'en parler et je comprends que des femmes hésitent à en parler quand on entend les conneries que sont capables de sortir des politiciens bac+12 sur le point d'accéder à des postes importants (non seulement ils minimisent les violences faites aux femmes, mais en plus ils disent que les violeurs n'en sont pas).
 
18 Décembre 2010
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Paris
Antigone.;3561707 a dit :
Donc, nous serions aujourd'hui considérées comme égales des hommes dans tous les autres domaines ?

(ou j'ai mal compris ?)

Considérées pas vraiment. Mais en effet quand il s'agit d'inégalités des salaires, des responsabilités, etc. (je n'ai pas d'exemples concrets, je dirais simplement "le quotidien") je suis d'avis que les femmes ont tout de même beaucoup de marge de manœuvre pour ne pas s'enfermer dans leur rôle de femme. Alors que l'infériorité des femmes en ce qui concerne la sexualité est profondément et largement ancrée dans les mentalités, et quand je pense féminisme de nos jours c'est à mon sens ce sujet là qu'il faut défendre absolument.
 
5 Septembre 2012
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marine-illus.blogspot.fr
Antisexisme;3561746 a dit :
Aussi ce matin, j'ai écouté une émission vraiment très très intéressante, avec Muriel Salmona, psychiatre traumatologue, et qui en sait beaucoup sur les violences sexuelles. Je trouve que cette émission donne un nouveau éclairage sur la culture du viol.
Voici un lien vers cette emission (dépêchez-vous de l'écouter, car je ne suis pas certtaine qu'elle va rester en ligne pour l'éternité ;)) : Ecoutez ! - Maybe Elle ? :)

Je suis en train d'écouter l'émission et je me dis que, décidément, tout le monde devrait avoir à écouter ça! ce serait carrément d'utilité publique!
 
21 Février 2011
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Paris
Merci pour cet article intéressant et documenté.

J'ai beaucoup apprécié le bas de l'article parce que pendant toute ma lecture je me disais "oui , oui et re-oui mais comment faire évoluer les choses"... C'est un sujet auquel j'ai pas mal réfléchi et dont on a discuté avec mon copain et des collègues, après la vidéo de l'étudiante belge notamment ; et je me rend compte que, dans le grand public, le discours féministe "classique" n'est pas forcément audible, car soit il parait extrémiste (je sais que c'est con mais c'est pourtant ce qu'en pensent une grande partie des gens, hommes et femme) ; soit il ne s'adresse qu'aux femmes.
Et là, bingo, excellente idée je trouve que ces campagnes destinées aux hommes, faire enfin comprendre que non, le viol n'est pas qu'un problème de femmes.

Et juste pour apporter mon grain de sel sur la discussion un peu plus haut, je suis assez d'accord avec @Polly Maggoo sur le fait que la sexualité soit le dernier bastion sur lequel il nous reste une énorme masse de travail !
Non pas que toutes les inégalités aient disparu partout, mais TECHNIQUEMENT la femme a les mêmes droits et opportunités qu'un homme, professionnellement, administrativement. Le plafond de verre existe encore, certes, mais une femme qui fait le pari de privilégier sa carrière (= sans rentrer chez elle à 18h quand ses collègues masculins restent jusqu'à 21h) est aujourd'hui beaucoup moins empêchée qu'avant d'y parvenir voire a les mêmes chances d'y parvenir (je parle ici des 3 entreprises que j'ai fréquenté, je sais bien que tout n'est pas aussi positif partout)... Tandis que, sur le plan de la sexualité, sur toute cette culture du viol, bin on est encore trèèèèèèèèèèès loin du compte, et surtout nous n'avons que peu de pouvoir sur l'agresseur qui pense qu'une jupe est une invitation au viol.
 
18 Décembre 2010
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Paris
Antigone.;3561900 a dit :
Et le plafond de verre, par exemple ? Et la discrimination à l'embauche ? L'éviction des postes à responsabilité pour cause de possibilité de grossesses ? La grande précarité des femmes au travail ? Le droit à l'avortement sans cesse menacé ? Le sexisme ordinaire ?

(et l'immensité du reste ?)

Le droit à l'avortement fait partie des sujets que je lie à toutes ces problématiques de sexualité (ça fait donc partie des sujets qui me révoltent pas mal...)

Pour les autres points cités, je ne les nie pas, mais je considère qu'il y a un monde entre ces problèmes qui à mon sens sont largement surmontables comparés à des sujets tels que le viol, l'avortement, le droit d'avoir une sexualité normale quand on est une femme...

Je fais la différence entre ce que la société a accepté ou non :
On tombe encore et bien malheureusement sur des personnes qui vont dévaloriser notre travail parce qu'on est une femme ou estimer que si on a des enfants on doit forcément faire passer le travail en second plan, etc. Mais ces cas sont isolés car la société, de manière générale donc, a compris qu'il s'agissait d'injustices et qu'il fallait les sanctionner.
Alors que la société n'a toujours pas accepté le fait que les femmes ont une sexualité et que celle-ci doit être respectée...

@Feeling-Good a assez bien exprimé ce que je pensais en tout cas :)
 
8 Juillet 2011
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tours
Antisexisme;3561746 a dit :
Aussi ce matin, j'ai écouté une émission vraiment très très intéressante, avec Muriel Salmona, psychiatre traumatologue, et qui en sait beaucoup sur les violences sexuelles. Je trouve que cette émission donne un nouveau éclairage sur la culture du viol.
Voici un lien vers cette emission (dépêchez-vous de l'écouter, car je ne suis pas certtaine qu'elle va rester en ligne pour l'éternité ;)) : Ecoutez ! - Maybe Elle ?
Je suis en train d'écouter l'émission. Elle vaut vraiment le coup, tout ce qui est expliqué est clairement posé avec les termes qu'il faut et ça fait réfléchir : notamment sur le fait que la société nous pousse à confondre le désir sexuel et l’excitation dû au stress, sur le fait que la première réaction face à de la pornographie est souvent la peur et qu'ensuite on s'habitue, et sur la perte d'empathie causée par l'anesthésie. Je me suis particulièrement reconnue dans cette phrase :
J'ai eu souvent l'impression d'avoir des fantasmes qui ne m'appartenaient pas
J'en suis au moment où une des intervenante conclut tout un échange par :
Dans une société normale, personne n'aurait le fantasme ni de soumettre ni d'être soumis
et je ne sais pas trop quoi penser. J'ai tout de même l'impression que des rapports ponctuels de domination peuvent exister et satisfaire tout le monde mais plutôt sur le mode "ce soir c'est moi qui contrôle, et c'est moi qui te fais plaisir" que simulation de viol.
 
T

the-wrongness

Guest
J'ai énormément apprécié l'article et les sources citées. C'est un sujet très sensible qui soulève de nombreuses questions . Je suis moi même concernée par cette thématique, et ça fait plusieurs mois que je lance ce sujet , pour écouter les réactions de mes amis et connaissances.
J'ai l'impression de me battre contre le vent quand certains de mes amis mâles me répondent que au final, si un jeune puceau trop moche pour draguer et conclure ( l'un va l'autre selon eux) rencontre une fille à une soirée et que cette dernière se montre "trop souriante, sympathique et "chaude"" il ne faut pas s'étonner si le mec passe à l'action en la forçant...bref. Le pire du pire c'est les nanas qui renforcent leurs idées en disant que au final, si tu veux pas te faire violer, il ne faut le chercher...une de mes amies m'a carrément sortie, en parlant d'une connaissance que nous avions, qui avait été victime d'un viol, qu'elle ne l'a croyait pas, car elle n'aurait pas réagit de la même manière...comme si le dictionnaire des réactions était en vente à la Fnac...effectivement porter plainte devient un acte de courage alors qu'il est plus que légitime...le pire c'est l’instruction judiciaire...quand on demande à la fille pourquoi elle n'a pas porté plainte plutôt et pourquoi elle a couché avec tant de garçons après cet "incident fâcheux...". Dans ma ville, il y a eu un procès contre des violeurs qui avaient drogué une fille puis qui l'avaient enfermés dans une cave, j'ai assisté à la sortie des Assises et j'ai vu les petites copines des agresseurs crier à la fille qui venait de s'évanouir " salope tu as kiffé avoue, avec la drogue qui t’ont donné t'as pris ton pied, grosse salope..." J'ai été longtemps hanté par cette image de femmes jugeant l'une des leurs...

Le problème avec le porno, c'est l'intelligence avec laquelle on le regarde...j'ai longtemps regardé énormément de porno, tout en sachant que ce qui se passait à l'écran restait de l'ordre de la mise en scène et était encadré...mais bon je sais que mis dans les mains d'une personne n'ayant pas les mêmes références culturelles, ni la même éducation et tout ce que l'on doit prendre en compte pour "comprendre" comment les autres perçoivent le porno , il y a un souvent un gouffre. J'avais été choqué par la réaction de certaines personnes qui avaient décendue Clara Morgan, actrice de films X, quand elle avait participé à une campagne anti viol il y a quelques années. Son avertissement n'était pas légitime car elle travaillait dans le domaine X, donc bon forcément, elle n'avait rien à dire...ben si justement , si cette nana adulée par des centaines de mecs, pouvait être entendue par ces derniers sur ce sujet, elle pourrait peut être changer la mentalité des partisans du "NON c'est OUI et OUI c'est SODOMIE " ( slogan créée par des étudiants américains corporatiste pour qui ont osé défiler dans leur fac pour justifier de nombreuses agressions ...)

Bref, comment faire ? J'essaie d'agir au quotidien, mon copain me dit que mon militantisme permanent va me rendre folle. Vous dealez comment avec vos amis ou potes qui du jour au lendemain vous annoncent que pour eux, y a pas matière à s'alerter ?
 
A

Ancien membre

Guest
Je trouve que l'article est très intéressant et je trouve choquant que des films pornos ou des jeux vidéos mettent en scène des viols car il y en a qui,même adultes, ne savent pas faire la différence entre la fiction et le réel.
 
10 Janvier 2012
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Montpellier
Je suis en train d'écouter l'émission et je me dis que, décidément, tout le monde devrait avoir à écouter ça! ce serait carrément d'utilité publique!
Je pense aussi :)

skaperla;3562050 a dit :
et je ne sais pas trop quoi penser. J'ai tout de même l'impression que des rapports ponctuels de domination peuvent exister et satisfaire tout le monde mais plutôt sur le mode "ce soir c'est moi qui contrôle, et c'est moi qui te fais plaisir" que simulation de viol.
Je suppose que tu parles du BDSM ?
Très honnêtement je ne connais pas très bien le BDSM... Mais tout ce que je sais, c'est qu'on est conditionné par le patriarcat dans pleins de domaines : nos goûts, nos habitudes, nos activités, notre comportement. Je pense pas que les fantasmes ou ce qui nous plait sexuellement en échappe....
Je crois que l'on peut questionner nos fantasmes :) et le fait que beaucoup de femmes fantasment sur des rapports sexuels violents n'est à mon avis pas anodin (bizarrement, les femmes fantasment beaucoup moins sur le fait de forcer un homme, et les hommes beaucoup moins d'être forcés par des femmes).

C'est quoi une "société normale" ? Je suis peut-être bête à vouloir jouer sur les mots mais une société, à défaut d'être "normale", est toujours "normée" et tant qu'il y a des normes il y a des fantasmes (la plupart des fantasmes sont créés par la norme, non?)
Je pense qu'en effet, elles se sont exprimées maladroitement. A l'oral, il est plus difficile de bien choisir ses termes. Je pense qu'il faut remplacer "normale" par "non patriarcale".
 
8 Juillet 2011
494
329
4 804
tours
Antisexisme;3562235 a dit :
Je crois que l'on peut questionner nos fantasmes :) et le fait que beaucoup de femmes fantasment sur des rapports sexuels violents n'est à mon avis pas anodin (bizarrement, les femmes fantasment beaucoup moins sur le fait de forcer un homme, et les hommes beaucoup moins d'être forcés par des femmes).

Justement je parlais plutôt du fantasme inverse, du fantasme "c'est moi qui contrôle ton plaisir et toi tu n'as le droit de rien faire !" quand on est une nana, qui est bien un rapport de domination, et qui n'est pas si rare (enfin je pense :shifty: je me base pas sur grand chose)


Unravel : J'ai de plus en plus l'impression que quand on trouve l'adjectif "normal" dans une phrase c'est qu'elle est boiteuse (Hollande si tu m'entends...^^)
 
14 Février 2007
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Romilly sur Seine
Ellay31;3562179 a dit :
Je trouve que l'article est très intéressant et je trouve choquant que des films pornos ou des jeux vidéos mettent en scène des viols car il y en a qui,même adultes, ne savent pas faire la différence entre la fiction et le réel.

Et donc, devrait-on interdire toute représentation violente (viol, meurtre, violences diverses, drogue, porno, etc..) parce que "certains ne savent pas faire la différence"?
Il me semble que ce serait passer dans une société liberticide où les gens sont constamment traités comme des mineurs, ce qui serait fort déplaisant...

(Je suis très égoïste, mais j'ai adoré L.A. Noire par exemple, et ça m'aurait piqué les fesses qu'on l'interdise parce qu'il montre de "mauvaises images" qui peuvent influencer ceux qui ne font pas la différence entre virtuel et réel...)
 

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