La déréalisation et moi, entre rêve et cauchemar éveillé

[Loulam]

Ce n'est pourtant pas un délire... Vu qu'on en est conscient.

Ça m'arrive parfois d'avoir des périodes de crises (jusqu'à plusieurs minutes avec des signes comme la respiration qui s'accentue, le coeur bat plus vite... ) et c'est lié aux angoisses chez moi. Par exemple, dans une foule, je suis ochlophobe sur les bords (ça s'est un peu attenué depuis 2/3 ans en fait), et je peux glisser dans cet état. C'est souvent lié à la fatigue, le cerveau sature énormément d'informations et se met en off.
J'ai ça depuis que je suis gamine, c'est pas agréable, mais ça peut s'apprivoiser, et il y a des petites techniques pour s'en sortir. Je me rappelle avoir bien flippé quand même.
Bon, personnellement, je suis autiste asperger, donc familière du trop d'informations sensorielles et cognitives, ça reste assez logique. Et suivie par une psy TCC qui m'aide bien.

Pour les psys que j'ai vu, c'est lié à l'angoisse chez énormément de patients. Ça peut fortement s'apparenter aux crises d'angoisses finalement, voire s'y mêler. Le comportemental est pas mal pour y remédier et comprendre le mécanisme de ces crises.

 

[Lullabye]

La déréalisation et la dépersonnalisation ne sont pas propres à des maladies, ils peuvent se retrouver dans les psychoses car il s'agit de symptômes dissociatifs, et dans divers troubles de la personnalité.

M'enfin en fait, je vois que si on tape ça sur google, les premières pages, notamment Wikipédia, pondent la même chose que cet article en fait. Il n'y en a pas un seul qui met en garde qu'il faut quand même s'inquiéter un peu si ces symptômes apparaissent, et qu'ils sont fortement liés à des troubles psychotiques. Il y a rien, nada.

C'est un peu comme les hallucinations, c'est pas vraiment anodin. Ca peut n'être pas grave, n'être que la résultante d'une forte anxiété, mais ça reste que si ça arrive, surtout si ça devient chronique, c'est probablement pas si banal que ça.

Je crois que c'est cette banalisation que je trouve terrifiante. J'ai l'impression que le message qu'on transmet c'est "bah si vous avez ça, vous inquiétez pas, c'est courant, c'est 'normal'", alors que c'est pas forcément le cas.

 

[Membre supprimé 113873]

@Lullabye Je comprends ce que tu dis, mais je vis assez mal d'être prise pour une psychotique par certaines personnes. Je me suis inquiétée de mes troubles quand ils sont apparus et je suis allée voir un psychiatre. Je n'ai absolument aucune maladie. Je suis "juste" angoissée. Mais pendant des années, j'ai cru que j'étais bipolaire, dépressive, schizophrène... Ces troubles sont arrivés après une grosse crise d'angoisse qui a été très éprouvante pour moi et je n'ai jamais réussi à m'en défaire complètement depuis. Mon image de moi-même en a pris un gros coup, je m'en voulais de ne pas être "normale", je me suis prise pour une folle pendant longtemps et je culpabilise toujours beaucoup aujourd'hui lorsque mes angoisses reviennent, de ne pas être capable de les gérer.
Je suis persuadée que tu n'as pas voulu être méchante dans tes messages, mais je me suis sentie très mal en les lisant. Considérée comme pas normale, inadaptée... Ca me rappelle des mauvais souvenirs.
Bien sûr que lorsqu'on ressent cela, il faut se poser la question "qu'est-ce qui m'arrive ?". Je pense que l'auteure de l'article n'a pas voulu banaliser la déréalisation, elle a juste voulu rassurer les personnes à qui ça arrive, car souvent on n'ose pas en parler en public de peur d'être pris pour des psychotiques. Et ça arrive à beaucoup plus de personnes que ce qu'on croit. Plusieurs de mes amis vivent cela, et ça fait du bien de parler de ces sensations bizarres à des personnes qui les ont déjà vécues, car la déréalisation et la dépersonnalisation sont impossibles à expliquer à quelqu'un qui ne les ont jamais vécues...

 

[Melaoci]

Merci pour cet article !
Les descriptions (de la jeune femme de l'article mais aussi de celles qui ont écrit les commentaires précédents) me parlent beaucoup. L'impression de voir le monde d'en haut et que plus rien n'a d'importance, je la connais ; je ne savais pas qu'il y avait un terme pour ça par contre.
Mais en ce qui me concerne, cet état est très agréable et, surtout, j'ai l'impression de pouvoir facilement y mette fin : il suffit que je me reconnecte avec le monde réel, en parlant avec une amie par exemple, pour revenir sur terre. Entre temps, cela me fait tellement de bien d'être "ailleurs" !
Cela dit, je soutiens les mademoiselles chez qui cet état apparait sans crier gare et s'installe sans y être invité... Cela ne doit pas être facile à gérer au quotidien...

 

[Lullabye]

@Riina J'ai pas dit que si tu avais de tels symptômes, tu étais psychotique. Je dis juste que ce sont des symptômes qui se retrouvent dans les psychoses, parce que bah ce sont des symptômes de dissociation.
En fait, ce qui me gêne c'est que ce pan là, qui reste important, a complètement été passé à la trappe par l'autrice. Ce qui est vraiment mis en avant au final, c'est l'idée que c'est un symptôme commun qui ne doit pas inquiéter, qui n'est pas "grave". Alors que c'est pas toujours le cas.
Pour moi, t'as eu la réaction qu'il fallait justement, tu t'es inquiétée, et t'as consulté.

En fait, ouais ce qui me gêne c'est vraiment l'accent mis sur le "c'est pas grave", qui pour moi veut dire "vous inquiétez pas si ça vous arrive" . Parce que oui, ça peut être le cas. Mais ça peut aussi être un signe de quelque chose de plus grave, d'un trouble psy* type psychotique, voire d'un trouble neurologique. Ça peut être un signe révélateur. Je trouve que cet aspect aurait quand même dû être indiqué, au cas où, une histoire de prévention.

 

[Dj0]

Je suis contente de découvrir cet article. Ce type de "crise" m'est arrivé deux fois, chaque fois pendant une à deux semaines.
Ce ressenti/sensation/ impression est en effet assez difficile à décrire et, d'après vos commentaires, je vois qu'il peut varier d'une personne à l'autre. Pour l'expliquer, je reprendrais l'idée de voile devant les yeux et l'impression que la vie est comme un film, on y est présent mais essentiellement en tant que spectateur. Et pourtant pendant la dernière "crise" j'ai essayé de me concentrer, de reprendre toute ma lucidité, que je n'avais cependant pas perdue puisque je voyais bien que j'étais consciente et que mon corps obéissait à ma pensée. En tout cas l'impression d'être détachée de tout, que mes émotions étaient nettement atténuées, sans aucune intensité.
Au bout de quelques jours, j'ai commencé à m'inquiéter de cet état et en cherchant sur internet j'ai réussi à mettre un mot dessus : déréalisation. Ça existait ! Et d'autres personnes le connaissaient. Le lendemain, j'étais revenue dans mon état normal.
Je suis de nature anxieuse et la deuxième "crise" que j'ai eue s'est passé quelques mois après un déménagement, nouveau travail et surtout deux semaines après les attentats de Charlie Hebdo (mais je ne m'en suis rendue compte que des mois après). Je sais que cet état est le signe chez moi que le stress et l'anxiété sont trop importants et que je n'arrive plus à les gérer. Mon moi se protège comme il peut.
Je n'ai pas eu de "crise" depuis janvier 2014, parce que je travail sur mes angoisses et que j'apprends à me détendre, et honnêtement j'espère ne plus jamais ressentir cette sensation qui est tellement désagréable (à tel point que je me demandais quand est-ce que j'allais à nouveau "ressentir" comme un être humain).

 

[Man is white]

Wah c'est ouf, je savais pas que ces "moments d'absences" avaient un nom !
Moi, en général ça m'arrive aussi dans des moments où ça ne devrait pas arriver, genre en réunion ou quand tu es avec des potes dans un bar !
En fait, je sais pas vous, mais moi ça me fait comme quand on fixe un objet ou un truc quelconque et qu'on est ailleurs quelques minutes, mais fois mille !
J'ai cette sensation que je ne contrôle plus ma pensée, c'est comme si je me détachais de mon enveloppe corporelle en contemplant les gens d'en haut, et les mots qui résonnent autour n'ont plus vraiment de sens...
En général il me faut une bonne dose de re-concentration pour me remettre "dedans" , genre au début je me rends même pas compte que je suis "pas là" (super maintenant j'ai la musique en tête ).

 

[Emdie]

@Riina J'ai pas dit que si tu avais de tels symptômes, tu étais psychotique. Je dis juste que ce sont des symptômes qui se retrouvent dans les psychoses, parce que bah ce sont des symptômes de dissociation.
En fait, ce qui me gêne c'est que ce pan là, qui reste important, a complètement été passé à la trappe par l'autrice. Ce qui est vraiment mis en avant au final, c'est l'idée que c'est un symptôme commun qui ne doit pas inquiéter, qui n'est pas "grave". Alors que c'est pas toujours le cas.
Pour moi, t'as eu la réaction qu'il fallait justement, tu t'es inquiétée, et t'as consulté.

En fait, ouais ce qui me gêne c'est vraiment l'accent mis sur le "c'est pas grave", qui pour moi veut dire "vous inquiétez pas si ça vous arrive" . Parce que oui, ça peut être le cas. Mais ça peut aussi être un signe de quelque chose de plus grave, d'un trouble psy* type psychotique, voire d'un trouble neurologique. Ça peut être un signe révélateur. Je trouve que cet aspect aurait quand même dû être indiqué, au cas où, une histoire de prévention.

Je pense que tu as tout à fait raison, si cela arrive une fois il est peut être pas nécessaire d'y attacher une trop grand importance, mais à partir du moment où c'est récurrent et/ou que ça dure trop longtemps, il est important de consulter un spécialiste. Principalement d'ailleurs dans le cas de l'auteure de l'article qui dit qu'elle subit ça depuis l'enfance. Une crise peut être le résultat d'une grosse angoisse, d'une dépression. À partir du moment où c'est une situation récurrente, il y a sans aucun doute une raison plus grave tel un traumatisme.

 

[Membre supprimé 226135]

J'ai très bien connu cette sensation, suite à des épisodes d'anxiété majeure, précédents une dépression. La dépersonnalisation et derealisations donnent la sensation d'être fou. On n'a pas envie d'en parler et ça s'installe en cercles vicieux.

Je voyais ma main entrer dans le tableau vert, les couloirs devenaient mous et retrecissaient (je pensais m'enfoncer dans le sol tout en sachant cela impossible). Je voyais une chaise sans comprendre. Elle n'avait plus de sens. Comme si c'était un truc inconnu. Cerveau qui disjoncte. En cas de dépersonnalisation et derealisation prolongée, j'ai perdü plusieurs fois connaissance car j'étais lessivee (y a le fait d'avoir eu crise de spasmophilie sur crise... ).

Une des pires dépersonnalisation, pas dans le sentiment de fatigue mais dans le décalage avec le réel, ça a été une période où jë me vivais à côté de mon corps. Je me prenais les armoires, les encadrures... bref, tout ce qui était à quelques centimètres de moi. Qq séances avec une psy et de la relaxation ont permis de régler ça.

En tout cas c'est vraiment un indicateur du niveau de stress dangereusement atteint, c'est un signe sérieux à écouter. Il ne faut pas laisser ça devenir chronique, ça forme des idées suicidaires. Après c'est un symptôme qui peut se retrouver ds qq troubles psychiatriques, et régulièrement chez les surdoués qui ont une tendance au recul et à là suranalyse contreproductive qui supprime toute raison et réalité aux choses.

Édité : woops pardon pour les redites, j'avais pas vu certains posts.

 

[Nachdemregen]

Oh mon Dieu merci pour cet article et ces commentaires. C'est la première fois que je lis quelque chose là dessus et que je découvre qu'il existe des mots pour ce que j'ai pu vivre. Ce que je lis se rapproche de ce que j'ai ressenti quand je suis partie en année Erasmus. Pendant plusieurs mois j'ai vécu dans un état parallèle, une sensation que je ne savais pas expliquer, j'étais juste complètement à côté de la plaque, pas vraiment moi-même. J'avais l'impression de n'être jamais complètement à la maison dans ma tête, de vivre de manière automatique sans avoir encore une conscience de moi-même, des émotions etc. Comme cette situation me stressait je suis entrée dans un cercle vicieux et c'était de pire en pire, je commençais à faire de grosses crises d'angoisse puis à avoir des idées suicidaires puisque je n'aurais jamais pu continuer à vivre plus longtemps comme ça. Il me semble avoir ressenti une sensation de dépersonnalisation à plusieurs reprises, comme l'impression d'être complètement déconnectée de mon corps, d'être une entité distincte, ça me faisait hyper flipper. Moi c'est un traitement homéopathique et des séances de psy qui m'ont fait aller mieux. Et je suis sortie de cet état quand j'ai fini mon année à l'étranger. Je ne savais pas que je n'étais pas la seule à avoir vécu ce genre de trucs et que c'était un phénomène identifié! Mais j'avais bien compris que c'était mon cerveau qui déconnectait en cas de trop haut niveau de stress. Il m'arrive encore régulièrement d'avoir ces sensations quand l'anxiété est trop forte, mais dans une bien moindre mesure. En tout cas ces témoignages m'apportent un soulagement inouï. Bref désolée de répéter ce que beaucoup ont déjà dit, mais c'est la première fois que je peux en parler sans qu'on me regarde comme une folle haha Courage à toutes les madz qui vivent ce genre de trucs...

 

[pommenougat]

J'ai connu également des épisodes similaires depuis l'adolescence,jusqu'à ce qu'enfin je sois diagnostiquée épileptique à 30 ans passés.Hé oui,l'épilepsie a de multiples formes et ne se résume pas à des crises de convulsions avec perte d'urines,je grossis le trait volontairement mais c'est une maladie très répandue mais encore mal connue.
Pour ma part ça se manifestait par ce qui est appelé des "absences" perte de contact brutal avec la réalité,impossibilité de communiquer ou tenir une conversation,sensation de déjà vécu (et pas de déjà-vu,j'insiste bien),impression de rêve ou de flash back,si j'étais entourée de personnes à ce moment je pouvais avoir l'impression de ne pas les reconnaître ou qu'elles m'étaient malveillantes,idem si la télé était allumée.Le tout sur des périodes de quelques minutes,mais ça c'est parce que je le sais maintenant,c'est difficile à établir sur le moment.Ces épisodes étaient exacerbés par les périodes de stress ou de fatigue.
Ce n'est que mon témoignage,mais il peut être utile,j'ai mis longtemps à consulter,car je pensais que ça relevait de la psychiatrie et j'essayais d'occulter ou minimiser les faits.
Évidemment,le diagnostic de l'épilepsie,pas plus que la schizophrénie,ne peut pas s'appliquer à tous les cas évoqués,mais ça peut éviter de perdre des années entre honte et peur comme moi.
J'ai la chance de bénéficier maintenant d'un traitement qui a totalement éradiqué ces crises.Ca peut paraître ridicule,mais parfois elles me "manquent"un peu,j'avais l'impression d'avoir accès à une vérité parallèle,voire une sorte d'antichambre à une entité supérieure...
Bref,courage à toutes celles qui souffrent de ces maux,quels que soient leurs formes et origines!

 

[AlexaneR]

Waouh... Je viens de lire l'article et tous vos commentaires, et mon avis est très partagé entre le fait que je sois rassurée, et très inquiète à la fois.
Je me suis exactement reconnue dans l'article, et dans les commentaires des filles qui vivent cette situation. Je ne sais pas dire depuis combien de temps je vis ce genre d'épisodes (depuis l'adolescence je pense, j'ai 21 ans aujourd'hui). Ca m'arrive de temps en temps de vivre ce genre de scène où je me pose des questions métaphysiques, philosophiques, où je ne suis plus "moi-même" mais juste un genre "d'esprit qui voit la vie et essaie de l'interpréter". Je vois les mouvements autour, mais je n'y participe pas. Complétement déconnectée. Je me suis longtemps dit que je rentrais dans la catégorie des "rêveurs" mais c'est bien plus poussé que ça, je fais pas qu'être sur mon nuage parce que dans ces moments, j'ai la sensation de bizarrerie et d'étrangeté que vous décrivez. Et c'est vrai que ces situations, je les vis dans des états de stress, d'angoisse, et de déprime parfois importantes que j'arrive pourtant à surmonter (je veux dire par là que je ne suis pas en dépression profonde, mais en phase d'anxiété). Bref, si vous le vivez aussi, vous me comprenez.

Ce qui me pose soucis ici, c'est le "duel" entre celles qui disent que cela relève d'un trouble lié à une psychose et donc très important et à faire soigner ou suivre de façon sérieuse, et celles qui, le vivant ou non, pensent que c'est un simple mécanisme d'auto-défense de l'esprit et que ce n'est pas grave, au contraire c'est là pour nous aider.

Enfin, ça me fait un peu peur tous ces commentaires que j'ai lu prétendant qu'il faut impérativement consulter... :/