Le harcèlement scolaire... et ses conséquences

  • Initiateur de la discussion elween
  • Date de début
3 Septembre 2010
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midnightjacket.tumblr.com
lulilule;4088692 a dit :
selfi;4088341 a dit :
En tout cas je suis à l'IUFM maintenant et je peux te dire que nous avons des cours spécialisés de préventions et que l'éducation nationale prend toutes ces choses vraiment au sérieux maintenant dans la formation des CPE, copsy et enseignants. J'ai pu voir des exemples de harcèlement scolaire être pris en charge rapidement et étouffé dans l’œuf pendant mes stages. Je ne dis pas que tout va aller mieux, mais on y travaille, et je pense que la nouvelle génération de professeur/cpe etc ne laissera pas passer ce que nous avons vécu.
Pédagogiquement ça se gère comment pour de vrai ?
J'ai un peu du mal à voir comment on peut gérer ce genre de chose sans pénaliser celui qui se fait harceler en fait.


Et bien déjà dès qu'un élève vient nous le dire, on l'écoute et on lui assure que c'est INACCEPTABLE  quel que soit son problème de harcèlement (moqueries, insultes, surnom) ne sont pas pris à la légère et qu'ils n'ont pas à subir ça en aucune façon. Il est important de rassurer et de montrer que l'on est présent et qu'on ne prend pas ça par dessus la jambe. Il est important d'expliquer que l'élève a bien fait d'en parler et qu'il faut toujours le faire, (qu'il n'est pas une "balance" ou quoi que ce soit), et expliquer en quoi ces comportements sont inacceptables : nous avons à notre disposition plusieurs textes de lois, (ils existent plusieurs lois anti discriminations que ce soit discrimination par rapport au sexe, à la couleur de la peau, à l'origine, à l'orientation sexuelle, aux physiques etc..) notamment le premier: le règlement de l'établissement.
Ensuite on peut orienter l'enfant vers la CPE ou le COPSY si on est enseignant, si l'élève souhaite leur parler, ils seront de toutes façons mis au courant et prendront des mesures: la convocation des élèves harceleurs est immédiate dès l'alerte. La cpe/prof va également leur parler et leur rappeler que nul n'est sensés ignorer la loi et que leurs agissements peuvent avoir des conséquences très grave (l'élève ou l'établissement peut porter plainte et tout ce qui s'en suit). Si la médiation est dissuasive, on en reste là. Si cela continue (il y a un suivi), des sanctions (par le cpe ou le proviseur) seront prises de plus en plus forte: du recopiage du règlement intérieur, contact des parents, au conseil de discipline et à l'exclusion temporaire puis permanente. (on rigole pas du tout du tout avec ça, non mais sans blague comme si on allait garder des élèves pareils et obliger le harcelé à changer d'établissement et puis quoi encore on sait très bien qu'ils vont vite trouver une nouvelle victime, ça ne résous rien ). Voilà. Après évidemment il faut que le cpe et le dirlo ne soient pas des "cas"...ça existe encore des gens qui s'en foutent... Je tiens d'ailleurs à rappeler qu'ils existent souvent des cas de violence scolaire et de harcèlement perpétré par le personnel de l'établissement lui-même. Et oui. Et les sanctions sont les même pour ces adultes! (on convoque par leur parent hein)
 
13 Juillet 2011
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babbittylapina.tumblr.com
@Gnonp.
Tout pareil, je suis aussi surveillante, et c'est difficile parfois de détecter ce genre de chose. Je vois bien que certains élèves ne sont pas heureux, j'essaie à mon échelon de les aider, de leur offrir ma confiance et mon aide, mais la plupart restent dans leur bulle et ne veulent pas parler (ce qui peut se comprendre). Je pense à une sixième qui se rends malade à chaque fois qu'elle vient au collège, au début on avait pour consigne de la renvoyer en classe mais depuis quelques semaines, elle peut rentrer chez elle dès qu'elle se sent mal. Je ne sais pas si c'est vraiment une solution.
Après, chaque cas de harcèlement est différent.
 
22 Août 2012
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@[font='Helvetica Neue', Helvetica, Arial, sans-serif]Archibrald[/font] Je vais te répondre, parce que je trouve que ton cas est super intéressant, et parce que je m'y retrouve un peu, je dois dire. Ça n'a jamais été aussi loin dans la méchanceté - enfin, tu vas comprendre par la suite. Ma première réaction en te lisant a été de me dire que tu me fais plus de peine qu'autre chose, j'ai pas envie de t'envoyer des cailloux dans la gueule, juste de me dire que c'est la tentative de prendre le dessus de la part d'une meuf qui a été trop souvent celle à qui on fait bouffer le sol. Comme je l'ai dit dans mon commentaire en première page, j'ai longtemps été celle qu'on moquait, qu'on rabaissait pour se sentir mieux - parce que c'est tout le propre de l'humain, se comparer aux autres, afin de savoir s'il est mieux ou moins bien qu'eux, et se valoriser tant que c'est possible. A mon arrivée au lycée, les choses se sont un peu inversées, puis totalement. Je suis devenue une meuf qu'on respectait parce que j'ai toujours fait partie de ceux qui, malgré leurs bonnes notes, ne sont pas des lèches cul pour autant, j'avais développé un répondant, plus par nécessité que parce que c'était mon véritable caractère, même si ça l'est devenu aujourd'hui. Par défaut. J'étais un tank, en fait, j'écrasais avant qu'on ne m'écrase, c'était devenu mon seul moyen de me défendre, parce que j'avais tellement peur, au fond, que si je sentais que je pouvais, ne serait-ce qu'un tout petit instant, devenir aux yeux des autres, une victime, je sortais l'artillerie lourde et m'appliquait à bien faire comprendre que je n'étais pas de ceux à qui on s'attaque sans le regretter lourdement. En revanche, je ne m'en suis jamais prise aux plus faibles que moi, moi qui était devenue "forte", du moins en apparence. Cependant, ils me répugnaient, me révulsaient, me donnaient envie de les secouer comme des pruniers, de les cogner, juste pour qu'ils comprennent que tant qu'ils baisseraient les yeux, laisseraient trembler leur menton et se défendraient tant bien que mal, tant qu'ils continueraient à être minables, ils ne pourraient PAS se défaire de l'image qu'ils avaient de moins que rien. Je ne les détestais pas vraiment eux, je détestais voir chez eux ce qu'on avait vu en moi à une époque. Est-ce que les victimes font exprès ? Je ne crois pas, non, et lire cette phrase me fout dans une colère monstre, même si je continue à être en colère après la victime que j'étais. On ne choisit pas d'être une victime. Mais quand on est harcelé, jour après jour, quand on est traité comme la dernière des merdes, dont même un chien ne voudrait pas, alors on commence à devenir peu à peu ce que les autres voient en nous, on se renferme sur nous, et on adopte le profil bas dont on pense qu'il va nous protéger, alors que c'est tout l'inverse. Ce sont comme ces études sur le racisme, le traitement en défaveur des étudiants noirs dans les universités américaines il y a de ça quelques années : ces étudiants étaient tellement traités comme s'il était impossible qu'ils soient du niveau des blancs, que même si à la base ils étaient effectivement du niveau des blancs, ils se conformaient à ce que l'on attendait d'eux et perdaient toute la force et la motivation nécessaire pour montrer qu'ils n'étaient pas des merdes. Ca s'appelle le contrôle social, et c'est meurtrier.
Donc, voilà. Je te comprends. Je sais ce que c'est. Je continue encore aujourd'hui à regarder de travers les gens dont je pense qu'ils peuvent me voir comme des victimes. Quand on me témoigne un tant soit peu d'intérêt, ma première pensée sera plus de croire que c'est pour se moquer de moi ensuite -je vais jusqu'à imaginer des scénari dans lesquels ils ont tout prévu, et comptent m'humilier au moment où je serais bien attachée - plutôt que parce que je peux réellement être intéressante aux yeux de quelqu'un. Mais nous ne sommes pas des victimes. Certains individus en jettent plus que d'autres, savent se montrer confiants quand bien même ils ne le sont pas. D'autres non. C'est la vie, mais je souhaite à tous ceux qui ont eu, un jour, l'impression d'être des victimes, des merdes, des ramassis d'ordures et des raclures immondes, de s'en sortir, de rencontrer des gens capables de leur montrer leur véritable valeur. Parce que ça n'est pas une vie que de regarder sans cesse par dessus son épaule et d'interpréter tous les rires comme des moqueries plutôt que comme de simples amusements entre amis. C'est pas une vie que d'être le centre de l'attention parce qu'on se fout de vous, et de rêver de plonger six pieds sous terre pour être oubliés.
 
21 Septembre 2009
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Hé ben, on est plein... J'ai été harcelée aussi, du CE1 au CM2 par deux filles, et de la sixième à la quatrième par... Ben... Toute ma classe quasiment. J'étais le cliché de la première de la classe à lunettes, pas très féminine, donc c'était pour moi. Tout ce qui a été fait a été cité par d'autres Madz, à croire que dans les brimades, y'a des classiques indémodables. J'avais quelques copines, mais on était un peu comme des naufragées sur un radeau. Si un yacht passe et propose à l'une une chance de venir s'y réfugier, elle nous laisse derrière sans regret. C'a été le cas pendant toutes ces années, si jamais sur un coup de tête une des "stars" de l'école se prenait d'intérêt pour l'une de nous (souvent parce qu'on avait une piscine, un nouveau CD, ce genre de choses), on n'hésitait pas longtemps avant de rejoindre le groupe des bullies. Ca m'est arrivé l'une ou l'autre fois, et j'en ai honte. C'est vraiment la loi de la jungle.

L'arrivée au lycée a vraiment changé les choses, j'ai transformé mes réflexes farouches en cynisme et me suis fait beaucoup d'amis qui trouvaient que mon indépendance était une qualité. A mesure des années, j'ai appris à me lâcher et à leur faire confiance, et j'en suis revenue à la jeune fille qui craque son slip et rit sans se soucier d'un coup de couteau dans le dos. Je reste encore méfiante des gens "trop cools", je leur préfère amplement les marginaux, avec qui je me sens plus à l'aise. D'ailleurs je suis tombée des nues quand j'ai mieux connu mes amis d'études supérieures, dans un domaine qui demande une grande sensibilité : ils étaient très majoritairement des anciens enfants harcelés. Avoir été "la fille qu'on jette dans les poubelles" était presque un signe d'appartenance au groupe, paradoxalement ce que je n'avais jamais pu avoir avant. Ca m'a fait un bien fou de connaître des gens qui avaient subi les mêmes choses et qui malgré ça étaient restés profondément humanistes.

Vingt ans plus tard tout le monde me trouve très sociable, le fait d'être appréciée me tient beaucoup à coeur, sans vouloir être adorée pour autant. Même si j'ai encore un peu de mal à m'attacher plus profondément aux gens. Mais au moins je sais d'où ça vient, et je me dis que maintenant, personne ne risque de me jeter dans une poubelle par pure méchanceté, donc j'essaie de décrisper au maximum.
 
24 Mai 2006
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sand
Je crois que c'est la 1ère fois que je vais en parler...
En CM2 nouvelle classe, beaucoup de mal à m'intégrer mais ça allait, puis arrive la 6ème, même collège... Toujours du mal à trouver ma place, et là tout a commencé... Je ne saurais plus dire comment ni "pourquoi" mais je me rappelle des moqueries, de la violence... Je crois que personne n'a jamais compris mes appels au secours...
 
24 Janvier 2013
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Très beau témoignage, ça me rappelle aussi un peu mon école primaire, mais c'était à une moindre échelle
Je n'avais pas beaucoup d'amis (en fait j'avais juste une bonne amie qui ne m'a jamais lâchée mais qui se retrouvait parfois entre deux front) mais j'essayais de me lier au gens "cool" qui eu ne voulaient pas de moi. Du coup je me sentais seule et nulle. Je dépendais tellement du regard des autres. Pour finir j'ai réussi à m'en foutre, à avoir mon avis, mon style, sans me soucier des autres, mais j'ai aussi encore quelques "séquelles", quand je vois des personnes regarder un peu dans ma direction et rigoler, je pense toujours qu'ils rigolent de moi, j'évite aussi les gens trop "populaire". Aussi c'est vrai que je préfère être avec des gars qui sont souvent moins à problème que certaines filles (mais bon c'est avec des gros guillemets ça c'est un peu une généralité) j'ai appris à voir quelle seront les personnes qui risque de m'attirer des ennuis.
 
19 Juin 2011
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severac le chateau
J'ai trouvé cet article très inintéressant car il montre l'empleur de ce problème. Depuis quelque temps j'ai impression que les médias en parlent plus , j'espere que ca peut permettre aux  adultes encadrents de prendre conscience du problème et d'être plus vigilants ! Et quand je vois tous ces commentaires on dirait que le harcèlement scolaire touche beaucoup des enfants!
J'aimerai savoir si vous connaissez des associations pour pouvoir aider les victimes même à petite échelle ?
 
17 Octobre 2012
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J'avais déjà commenté un précédent article sur le harcèlement scolaire (je suis tellement contente de voir que les gens en parlent, ça me touche vraiment), mais je veux apporter mon soutiens à Elwenn, parce que même si tu n'es pas encore tirée d'affaire, je peux t'assurer que tu es plus forte que tu ne le crois.
J'ai aussi subit le harcèlement scolaire, surtout au collège... Je ne vais pas de nouveau rentrer dans les détails, mais j'ai aussi beaucoup de mal à m'en remettre, il y aura des toujours des grosses cicatrices, même si on apprend à vivre avec.
Mais quoi qu'il arrive, même si tu doutes de toi, sache que tu as été plus fort qu'eux. Ils ont voulu te détruire, ils t'ont peut-être amoché, mais tu es toujours là et c'est l'essentiel. Il ne faut jamais arrêter de se battre contre les séquelles de cette époque, parce que tu mérites ce qu'il y a de mieux. Je ne te connais pas personnellement, mais je connais beaucoup de gens qui ont vécu la même chose que nous et il faut savoir que tu n'es pas seule et que bientôt (j'espère), le harcèlement scolaire va ENFIN être reconnu et combattu comme il se doit.

Merci pour ce témoignage et bon courage pour la suite :hugs:
 
S

sparkle-teacher

Guest
Je voudrais remercier les madz pour ces témoignages bouleversants parce qu'elles permettent, même si c'est à une petite échelle, de pouvoir aider et soutenir ces élèves en souffrance.
Je suis prof, je vois que des élèves souffrent de moqueries, je suis intransigeante face à la politesse et au respect. Je tente toujours de désamorcer les conflits, je discute avec eux, c'est des fois très dur parce qu'on ne sait pas si on adopte la bonne attitude au bon moment. Mais je préfère "merder" mon coup plutôt que faire celle qui ne voit rien.
Il y a trois semaines, une élève de la classe dont je suis professeur principale, est venue me voir parce qu'elle subissait des moqueries répétées de la part des autres élèves. Je lui ai promis de régler le problème avant la fin de la journée et je n'ai malheureusement pas pu. Du coup, j'ai appelé chez elle, on a discuté de ce qu'elle subissait, elle était même contente que passé 19h, je m'occupe encore d'elle et j'ai ensuite appelé les parents de tous les gamins qui l'embêtaient. J'ai passé la quasi intégralité de ma soirée au téléphone mais tous se sont excusés, mon élève embêtée m'a envoyée tous les sms d'excuse qu'elle avait reçue.
La semaine suivante, en heure de vie de classe, on a désamorcé le problème tous ensemble. Elle m'a avouée vendredi dernier qu'elle allait beaucoup mieux.

Merci vraiment de témoigner sur ce que vous avez vécu, ça peut permettre à des gens tels que moi d'essayer d'assurer au mieux et de comprendre beaucoup plus facilement ce qu'ils ressentent.
 
  • Big up !
Réactions : littlesoutherly
T

telcontar

Guest
J'avais les larmes aux yeux à la fin de ce témoignage, et la gorge serrée lors de ma lecture des commentaires (que j'ai du faire en plusieurs fois). Merci et courage à toutes!:test

(Je vous préviens, la suite va être longue, mais j'ai envie de dire tout ce que j'ai sur le cœur.)
J'ai aussi été victime de harcèlement scolaire. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai été mise à l'écart. En primaire, la situation était un peu ambivalente. J'ai des bons souvenirs, des rigolades, des copains, mais je me rappelle aussi avoir été mise à l'écart, brimée et humiliée. On me disait souvent "Oh, mais c'est pas méchant!" ou bien "Défends-toi un peu, tu te laisses faire aussi..." Des choses que beaucoup d'entre vous ont entendues, je suppose, avec un grand sentiment de frustration et d'injustice comme ça l'a été pour moi. Me défendre? Je suis d'un caractère doux, et je n'ai jamais su comment répondre -quand j'essayais, c'était toujours un échec complet- et je n'ai jamais frappé (par la suite, j'ai essayé... ça n'a pas marché, au fond de moi, je ne voulais pas). Je me souviens cependant d'une récréation, où une fille m'embêtait. Je ne sais plus si j'étais allée voir l'instit qui surveillait la cour ou si elle a vu que je n'allais pas bien, mais elle a puni cette fille, en la remettant à sa place de façon très sèche, puis m'a soutenue, en me disant que j'étais très sensible, et qu'il ne fallait pas que j'y voie une tare, mais que les autres profitaient de mon caractère.
Au collège, j'avais un vague espoir que cela changerait, mais pas du tout. J'étais dans un établissement privé, dans une ville voisine, avec pas mal de nouvelles têtes. En sixième, j'ai rencontré ma meilleure amie, qui a eu un parcours similaire au mien, et encore maintenant, on parle pendant de longues heures de nos calvaires respectifs... C'est aussi en sixième que j'ai rencontré deux tortionnaires. Chacune différente dans leur genre. La première connaissait ma meilleure amie depuis le primaire, elles étaient encore assez proches à ce moment-là, mais m'a prise en grippe, et faisait continuellement des remarques à mon propos. Nous faisions toutes les deux partie de l'orchestre du collège, mais j'y étais mieux intégrée qu'elle, maintenant que j'y repense. Cependant, elle a continué à me mépriser et à faire courir des rumeurs sur moi jusqu'en quatrième. C'est à cette époque qu'elle est venue me voir, en me disant "Ma mère exige une lettre d'excuses." Je lui demande pourquoi, elle me dit "Mais parce que tu l'as insultée!" Elle avait en fait raconté à sa mère que je l'avais insultée, alors que je ne l'avais croisée qu'une seule fois... J'ai pu en parler à mes parents et à des profs, qui ont fait la lumière sur cette histoire. Et après la quatrième, je n'ai plus aucun souvenir de cette fille. Cet épisode peut paraître un peu inconséquent, et il est moindre que ce qui a pu m'arriver par la suite, et ce que vous avez raconté, mais cette fille a posé les bases de mon manque de confiance en moi, déjà bien ébranlé par la primaire, et elle a aussi contribué à ma grande solitude pendant tout le collège. Je dois dire que je fuyais souvent les gens, me cachant pour lire dans les escaliers, au CDI, dans les couloirs, même, alors que je n'avais pas le droit d'y être... mais je préférais risquer la punition plutôt que d'être confrontée aux autres élèves. A cette époque, je mangeais à la cantine, et pas ma meilleure amie, ce qui me faisait de très longues heures, seule et angoissée à la pause de midi. Je redoutais aussi les cours de sport, mauvaise, j'étais toujours choisie dans les derniers, comme ma meilleure amie, et les autres élèves profitaient pas mal de ces cours pour me harceler... trente élèves dans une grande cours, avec un seul prof pour les surveiller... c'était du pain bénit! Surtout que les profs d'EPS n'ont jamais été trop conciliants avec moi. Pas très sportive, détestant les sports collectifs, sans réelle volonté de m'intégrer, je n'avais pas grand-chose pour leur plaire, et certains m'ont refait le coup du "Mais tu te laisses faire". J'ajouterai aussi le souvenir d'un voyage scolaire en Allemagne, avec une classe d'un autre collège... Une fille de la classe au-dessus m'avait insultée et frappée pendant tout le voyage (le retour en car vers la France fut particulièrement éprouvant...), et l'une des filles qui partageaient ma chambre, aussi d'un autre établissement, se moquait tout le temps de moi. Elle m'avait enfermée dehors, elle avait éparpillé le contenu de toute ma valise dans la chambre (elle se moquait de mes soutiens-gorges, aussi, j'avais la poitrine plus développée que la majorité jeunes filles de 13 ans que je connaissais), et, quand je me plaignais, faisait son bel air innocent. Une fois, j'appelais mes parents, et, m'étant rendue compte qu'elle m'avait enfermée dehors et qu'elle me fuyait quand je lui demandais le clés, j'ai fondu en larmes, à tel point que mon père était prêt à conduire toute la nuit pour me ramener en France...
J'en viens à ma deuxième tortionnaire. Nous avons été dans la même classe pendant presque tout le collège, et elle aussi m'a immédiatement prise en grippe. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi, mais en réfléchissant, bien après, je pense que c'était un moyen pour elle de se défendre : frapper avant d'être frappée, elle manquait de confiance en elle, avait à la maison un petit frère choyé, et était enrobée, ce qui lui faisait redouter les moqueries. Je ne lui cherche pas d'excuses, seulement à comprendre. Bref, j'ai essayé, en sixième, de me rapprocher d'elle, de lui faire comprendre que je ne lui voulais pas de mal... j'y ai presque réussi une fois. Elle avait eu (ô miracle) une attitude normale envers moi, et je lui ai dit "Tu vois, ce n'est pas difficile de me parler. On pourrait s'entendre, tu ne crois pas?" Ce à quoi elle m'a répondu oui. Le lendemain, je vais pour la saluer... elle reprend son attitude méprisante, qui ne l'a jamais lâchée, jusqu'à la terminale... Elle n'a jamais été dans la confrontation directe, mais toujours dans les remarques insidieuses, dites directement, ou juste à portée de voix... mais toujours avec un groupe derrière elle, qui reprenait ses insultes. J'ai souffert de ces remarques, reprises par un grand nombre de personnes, pendant tout le collège.
J'avais cependant, en classe, ma meilleure amie pour me soutenir. Mais en troisième, le drame. Nous avons été séparées, toutes deux dans une classe où nous avons souffert le martyre. Les gens de sa classe allaient me raconter qu'elle était folle, séchait les cours et s'enfermait dans les placards, alors que c'est eux qui l'y enfermaient... elle a pu changer de classe en cours d'année, pour rejoindre une autre de nos amies. Quant à moi, je n'ai rien fait. Une troisième tortionnaire était dans ma classe de troisième, tout comme la deuxième (combo! et avec plein de suiveurs en plus), et c'est elle qui m'a fait le plus souffrir. Elle aussi était dans les remarques insidieuses, l'effet de groupe, et même la violence physique. La prof de français avait remarqué mon isolement, avait donné à ma mère l'adresse d'une psychologue... à laquelle je racontais que tout allait bien, pour ne pas inquiéter ma mère (oui, c'était très intelligent de ma part). Elle m'a quand même diagnostiqué une dépression, je me doute bien que je ne trompais pas grand-monde. Ma mère m'avait inscrite à un cours d'aïkido, espérant que la pratique d'un art martial m'aiderait à me défendre/à prendre sur moi. J'ignore si ç'a été efficace, mais ce fut bénéfique. Ma mère s'inquiétait beaucoup pour moi, et, si mes résultats ne baissaient pas, elle m'entendait souvent pleurer, essayait de me faire parler... je ne me suis ouverte que vers la fin de l'année, quand la troisième tortionnaire m'a agressée avec un extincteur. J'ai craqué à ce moment-là, je suis allée voir la vie scolaire... Au final, cette fille n'a eu qu'une remontrance, pas de retenue, ni rien! "Oui, mais elle s'en va l'année prochaine, et c'est la fin de l'année, alors bon..." Alors que ma meilleure amie était passée en conseil de discipline à cause de calomnies!
L'année de troisième est celle que j'ai le plus mal vécu, j'étais isolée, au plus mal, avec des idées suicidaires...
Les choses se sont un peu arrangées au lycée, alors que je n'ai pas changé d'établissement. Ma parents m'ont offert un scooter pour mes quinze ans, et j'ai enfin pu rentrer chez moi le midi, et je pense que ça été un grand soulagement. J'étais dans une classe totalement renouvelée en seconde, et je suis entrée dans une phase "Je traîne dans mon coin et je me fous de m'intégrer ou non", et on m'a plutôt foutu la paix. Plutôt, car je subissais des échos de mon collège, jusqu'à la terminale... Le reste du lycée, pas mal de gens ont été sympas avec moi, sans que l'on devienne amis, car je ne cherchais pas du tout à m'intégrer et à me fondre dans le moule.

J'ai quitté le secondaire avec joie, pour entrer dans le supérieur, où je me suis épanouie. J'ai d'abord intégré une école avec test d'entrée, et je savais que je ne rencontrerais que des nouvelles personnes. Je me suis construit un cercle de très bons amis, et j'ai rencontré des tas de personnes formidables. Cette année, j'ai également intégré une fac, pour commencer, en parallèle de mes études de muséo, une licence d'arabe. J'avais une énorme appréhension, retrouver quelqu'un qui était avec moi au collège.
Depuis le début de mes études supérieures, je repense à tout ce qui m'est arrivé, et j'ai encore des crises d'angoisse, des rechutes quant à ma confiance en moi... même si j'essaie de me convaincre que je suis une guerrière*, que je fais les études que j'ai toujours voulues, il reste des choses enfouies. J'ai croisé plusieurs fois ma deuxième tortionnaire dans les transports. En première année, mais je ne me suis aperçue de sa présence qu'en descendant à ma station, en deuxième année, mais elle était avec sa mère, que je ne voulais pas mêler à nos histoires, et... au mois de mars. Pendant tout ce temps, je voulais lui faire savoir combien elle m'avait fait souffrir, et l'occasion se présentait à moi. Elle était à quelques sièges de moi dans le RER qui m'emmenait à Paris. J'avais la tête qui tournait, le cœur qui battait à tout rompre. J'ai prié pour qu'elle descende au terminus, comme moi, et, miracle, ce fut le cas. Nous sommes descendues en même temps sur le quai, je l'ai abordée, en lui demandant si elle se souvenait de moi. Elle m'a souri, a voulu m'embrasser en me demandant comment j'allais. Je lui ai tout de suite dit, de façon calme et posée, qu'elle avait pendant toutes ces années fait de ma vie un enfer, et que je voulais qu'elle le sache, et qu'elle vive avec ça. Qu'elle fasse de cette information ce qui lui plaise. Elle a eu l'air interloqué et gêné, et m'a souhaité bonne continuation, en balbutiant. Je suis sortie de la gare le pas léger, en pleurant presque de joie.
Malheureusement, tout a des revers. Je l'ai aperçue à la fin mars, dans les couloirs de ma fac. Les résultats des examens étaient encore affichés, et je suis allée vérifier si son nom était sur les listes : c'était bien elle. J'ai passé deux jours absolument terribles, à raser les murs, redoutant de tomber à nouveau sur elle, pleurant, totalement angoissée. J'ai eu la présence d'esprit d'en parler à mes amis proches, et à des élèves de mes cours de fac, qui m'ont soutenue et se sont révélés très attentifs. Je me suis ressaisie, mais les souvenirs sont remontés très vivement à la surface, et j'ai été un peu sonnée. Je ne sais pas trop quoi en penser après coup... Un ami me disait que c'était une épreuve qui m'était envoyée, je me disais plutôt que c'était un hasard nécessaire. J'ai finalement choisi de voir cet hasard comme une épreuve qu'il me fallait surmonter, et je l'ai fait. Je peux au moins dire qu'elle m'a apporté de ne plus avoir peur du passé, même s'il fait encore très mal.

Courage à toutes. Vous êtes merveilleuses.

*en plus, je monte à cheval et sais à peu près manier une épée et un bâton de combat
 
K

katnissvsw

Guest
Bon j'ai déjà raconté mon histoire sur un autre topic mais je voulais juste revenir sur 2-3 choses:
Dans mon cas, les profs sont souvent intervenus en ma faveur et ça n'a fait qu'empirer la situation car j'étais devenue la "chouchoute" des profs (avec des parents profs, ça n'aide pas) ce qui a fait que j'ai failli 2 fois être déléguée de classe sans mettre présenter (ils devaient penser que je les avais dans ma botte).
Ensuite, franchement, pour ce qui est de l'exclusion définitive,je ne crois pas que ce soit la meilleure solution car il(ou elle) pourrait recommencer ailleurs sans complexe donc on déplace le problème au fond
Enfin,pourquoi a-t-on eu besoin de faire des formations pour les profs alors que ça devrait être automatique (et certains le faisaient déjà avant)?
D'ailleurs, il serait intéressant d'avoir un témoignage d'un prof(ou surveillants, CPE) dans la situation où un de ses élèves se fait harceler.
 

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