Le redoublement à l'école en question

[Moteur]

Il y a tellement de conditions et de profils différents, qu'il est, je trouve, très difficile de conditionner de la même manière chaque doublement.

Entre les cancres, les je-m'en-foutistes, les immatures, les désorientés ... j'en passe et des meilleurs... chaque profil scolaire est unique et chaque problème doit se traiter (si l'établissement le permet) singulièrement.

Je pense qu'il vaut mieux pointer du doigt la non-compétence des établissements en matière d'orientation, plutôt que de toucher au doublement. Si on pouvait faire prendre conscience, aux jeunes, les enjeux liés à l'éducation, pour leurs futurs... tout prendrait sens.

Après je ne veux peut pas avoir une position de juge, car les générations changent, et ce qui était valable il y a 10 ans quand je suis rentrée au lycée, ne l'est peut-être plus aujourd'hui. Pour comprendre les problèmes des jeunes d'aujourd'hui, il serait peut-être nécessaire, que NVBK et ses copains face un tour dans les établissements... et au sens large, ratisser des ZEP aux établissements huppés.

J'ai doublé 2 fois, car immature-je-m'en-foutiste et désorientée, en bref, j'avais beau avoir des cours de soutiens... je m'en tamponnais pas mal le coquillard de mon bac s.

Les doublements m'ont été bénéfique, dans le sens, où ils m'ont permis d'y voir plus clair sur ce que je voulais faire, et gagner en maturité car je suis rentrée dans la vie étudiante à 19 ans. (parcours étudiant brillant et sans aucun échec - par la suite).


Donc TOUCHE PAS À MON DOUBLEMENT

 

[KtyKonéko]

J'ai redoublé ma sixième, cela n'a servi à rien car le vrai problème était le harcèlement dont je faisais l'objet, et qui m'a pourri ma scolarité jusqu'en première...
Mon fils a redoublé une classe en primaire, et cela n'a pas servi à grand chose. Cela lui a fait une année de repos, mais il n'a en rien rattrapé son retard.
Le problème est là. Pourquoi ne s'occupe-t-on pas des soucis pendant l'année scolaire, au lieu d'attendre le dernier trimestre et poser la sanction du redoublement ?
Et quand il y a un problème, c'est la galère pour savoir où et comment trouver de l'aide...

 

[Leinea]

Je suis contre la suppression du redoublement.

Le fait de faire passer les élèves de classe en classe en les encadrant mieux n'évitera pas l'accumulation des lacunes. Imaginons qu'un élève ait des difficultés en 5e, à la fin de l'année, on le fait passer en 4e mais avec un meilleur encadrement (des cours particuliers par exemple). Non seulement l'élève devra rattraper ses lacunes de 5e mais aussi apprendre le programme de 4e ! Ça demande beaucoup à l'élève je trouve.

Mon frère a redoublé sa 6e et sa 3e. Au final, ça n'a servi à rien, parce qu'il ne comprenait pas plus les leçons des profs. Là, ce qui serait intéressant, ça serait de faire redoubler l'élève et de lui attribuer des profs particuliers pour l'aider à assimiler ses leçons. Ça se voit assez rapidement quand un élève est en difficulté. Là, ça permettrait à l'élève de rattraper ses lacunes sans avoir un nouveau programme à apprendre.

 

[bat-momo]

Ma sœur a redoublé son CM1, et ça a fait pire que mieux, elle a complètement arrêté de travailler. De toute façon, je ne trouve pas ça normal, en primaire, que certains soient en retard au point de redoubler. C'est pas la fac, ni le lycée, hein, j'ai du mal à imaginer que des élèves de primaire n'arrivent pas à lire pour des causes de fainéantise... Si ma soeur a dû redoubler, c'est parce qu'elle était dyslexique non-diagnostiquée, et elle n'arrivait donc pas à lire et écrire en classe. Plutôt que d'alerter mes parents, l'institutrice a préféré la mettre complètement de côté, et ne s'est pas occupée d'elle jusqu'à ce qu'on le remarque... C'est un cas parmi tant d'autre, mais ce que je veux dire, c'est qu'en primaire, si l'enfant ne comprend pas, cela n'est pas forcément sa faute... Il faudrait peut-être de nouvelles méthodes d'enseignement (si l'élève n'a pas compris une matière pendant un an, ce n'est pas en refaisant la même chose l'année suivante qu'il va enfin comprendre!)
En bref, je trouve que la primaire, c'est très mal fait, à quand un système comme l'école Freinet généralisée? et j'aime pas le redoublement.

 

[- Lilou -]

"Une expérimentation a lieu depuis deux ans au collège Louise Michel, dans le 10ème arrondissement de Paris : zéro redoublement en 6ème, 5ème et 4ème ont amené à une augmentation de 12,5% de réussite au brevet."

@Fab - Si c'est depuis deux ans, je ne vois pas comment on peut en tirer des conclusions quant à l'efficacité de la pratique en 6ème et en 5ème... 

 

[Pollok]

Au delà du redoublement, c'est toute l'école qu'il faudrait revoir.  J'ai toujours trouvé mes classes très nombreuses depuis le collège mais là, c'est le pompon. Actuellement en terminale (ES), je suis dans une classe de 35 élèves dont 5 redoublants ayant raté leur bac. Mais, au vu du nombre d'élèves dans la classe, cela ne m'étonne même pas. Et, à côté, une petite classe de 20 élèves. Personnellement, je trouve cela totalement injuste: suivre dans une grande classe est dix fois plus dur, les profs hurlent tout le temps, l'ambiance est extrêmement tendue: cela ne fonctionne pas dans le cadre du lycée (la classe est remplie à ras-bord, il n'y a aucune chaise libre). On nous dit que dans un an on sera dans des amphis de + de 300 élèves comme si c'était une raison pour ne plus se plaindre sauf que les amphis sont adaptés et que l'organisation des cours est totalement différente. On ne peut pas être attentiste en cours au lycée.
35 élèves dans une même classe, je trouve cela vraiment énorme. Je sais très bien que les raisons sont économiques mais cela reste bcp trop pour le secondaire. Et même, je n'imagine même pas ce que cela doit être pour les profs. Enfin, heureusement que nous avons les profs les plus intransigeants du lycée quant au bordel dans les matières importantes.
Après, pour le redoublement, je pense que cela dépend foncièrement de l'élève. Il y en a pour lesquels cela ne sert vraiment à rien: ils ne veulent pas travailler, c'est tout. Dans les glandeurs ayant redoublé que j'ai rencontré, cela n'a rien changé. Par contre, pour ceux qui sont motivés mais qui ont du mal à suivre, je pense que le redoublement peut-être utile. Une de mes amies a redoublé la troisième et c'est ce qui lui a permis de rebondir, ils pensaient l'orienter en CAP mais finalement elle s'est battue, a changé de collège, a commencé à travailler et désormais elle est en L. Le redoublement lui a permis de reprendre confiance en elle et en ses capacités. Je pense que cela ne se serait pas passé ainsi si elle n'avait pas redoublé, au contraire.
Le redoublement ce n'est pas une question d'âge ou de niveau, c'est surtout une question de personnalité et d'ambition. Parfois cela fonctionne, parfois pas.

 

[Paprika24]

Personnellement je me pose plutôt la question en ces termes: que se passe t-il si... on fait passer un élève qui n'a pas le niveau dans la classe supérieure?
Je vois plutôt le redoublement comme une chance qui est offerte. Certes tous les profils ne correspondent peut-être pas, certes c'est une décision qui a un certain coût, mais c'est un investissement à long terme s'il est bien pris en charge. Pour moi la problématique n'est donc pas faut -il supprimer le redoublement, mais plutôt comment accompagner au mieux les élèves, déjà pendant leur première année, mais aussi pendant l'année de doublement. Le redoublement en lui-même est déjà déconsidéré par les élèves et les professeurs, il est  perçu comme synonyme d'échec alors qu'au contraire, c'est une opportunité pour s'améliorer. Le supprimer reviendrait à dire: il n'y a pas de niveaux disparates, il n'y a pas d'élèves en difficulté. Renoncer au redoublement c'est renoncer à ses élèves-là.

 

[ilém]

Comment faire passer un élève de CP qui ne sait pas lire, ne serait-ce qu'un minimum, en classe supérieure? Comment va-t-il en CE1 rattraper son retard et suivre en plus les nouveaux apprentissages s'il est déjà en difficultés en début d'année?
Comment fera-t-il pour comprendre ne serait-ce que les consignes, quand l'enseignant commencera à aborder les premières notions de grammaire alors que cet enfant ne sait même pas ce qu'est un mot?

En tant qu'instit, je suis aujourd'hui maître supplémentaire dans un groupement scolaire en REP et j'interviens dans les classes de la maternelle au CM2. Et nous avons des doublants dans certaines classes. Notamment un en grande section qui n'est pas passé en CP l'année dernière, pas assez mature. Et il est ravi! Un mois après la rentrée, il est en réussite, complètement investi dans la classe. Alors, il a an de "retard" sur les autres mais il a eu besoin de cette année supplémentaire pour grandir, gagner en maturité, être capable de suivre.
En maternelle, dans un niveau, on a souvent des enfants nés entre janvier et décembre de la même année civil. Alors autant vous dire qu'avoir des enfants de tout juste 3 ans et d'autres de quasi 4 ans dans la même classe, c'est énorme. Certains n'ont pas la maturité nécessaire pour parler, pour être attentif, pour faire preuve d'abstraction, pour tenir un crayon... il leur faudra un an de plus. Et ce n'est pas un échec, juste une question de physiologie et de développement de l'enfant.

A contrario, j'ai eu une élève en CM2 l'année dernière en échec. Les parents le savaient depuis plusieurs années, ils ont voulu la faire doubler. Mais ça n'aurait pas été profitable. Elle se fichait éperdument de l'école, elle était déjà entrée dans sa phase d'ado depuis un bon moment, elle paraissait plus vieille que son âge et la faire redoubler n'aurait fait qu'augmenter son décalage avec les autres élèves. Elle est donc passer avec un dossier de demande de prise en charge pour un accompagnement personnalisé.

Et puis il y a ceux qui même en redoublant 5 fois n'y arriveront pas. Parce qu'ils ont besoin d'un enseignement spécialisé, parce qu'ils ont une déficience plus ou moins prononcée. Mais comme il n'y a pas de place dans le circuit spécialisé (clis, segpa, ime, ulis...), ils se retrouvent en classe ordinaire, et ils décrochent avant même d'être rentrer en classe. Quand je repense à mon élève de CM2, qui a 12 ans, qui ne peut plus redoublé (parce qu'on ne peut doubler qu'une fois en primaire, eh oui!), qui est dyslexique et dysorthographique sévère (même écrire son prénom de 4 lettres, il ne sait pas), et qui s'est retrouvé en CM2 ordinaire... Mais voilà, pas de place pour lui en Clis, on ne va pas le renvoyer chez lui! Donc il est là, noyé dans la masse. Je fais ce que je peux avec lui: on réapprend les lettres, on travaille l'écriture, on apprend l'addition... Mais j'en ai 24 autres qui m'attendent pour parler de la proposition subordonnée relative et des fractions décimales. Ce pauvre gamin ne s'en sortira pas, tout le monde le sait, mais personne n'a de solution (à part le ministère s'il se décidait à développer l'enseignement spécialisé). En attendant, on fait avec...

 

[Shield]

En fait, le redoublement est remis en question depuis quelques temps, étant donné qu'on a remarqué que dans les pays où le redoublement ne se pratique pas, ça ne pose pas de problème pour autant. Après, c'est difficile de comparer les systèmes éducatifs de différents pays, même européens.

Mais je pense aussi que le problème de la réussite scolaire est avant tout structurel. On dit qu'il faut se tourner vers les parcours individuels des élèves, et je suis d'accord. Mais quand on a 35 élèves à gérer sur une heure (en comptant au moins 15 minutes de discipline...), comment s'assurer que tout le monde travaille (ou permet au moins aux autres de travailler)? Même en tournant dans la classe, même en se penchant un peu vers chaque élève. On parle d'enseignement différencié (pour prendre en compte les différences de niveau), et ça me paraît évident qu'il faut s'adapter et qu'il faudrait pouvoir le mettre en place. Mais en même temps, comment donner de la cohérence dans son cours si on doit proposer des exercices simples à un tiers de la classe, des exercices du niveau attendu pour la classe à un autre tiers, et des exercices plus exigeants à un dernier tiers? Il faut bien proposer le même cours et donner à tout le monde les mêmes outils pour se préparer à l'évaluation finale, et les classes ne sont pas découpées par "niveaux" (quelques (rares?) établissement pratiquent ceci dit les groupes de compétences). Bon, voilà, ce sont des questions que je me pose en tant que prof stagiaire dans ma pratique de l'enseignement vu que je découvre le truc. Mais je suspecte très franchement que je n'aurai jamais de réponse claire et univoque. Ce n'est pas possible de donner un cours performant (SURTOUT en langue vu l'importance de l'oral et vu qu'il s'agit de communiquer, mais aussi dans les autres matières) quand on doit gérer 35 élèves de 15/16 ans. Je mentionne l'âge, parce que je me suis rendu compte à quel point ces élèves ont un gros besoin d'attention et cherchent continuellement à rappeler leur existence aux autres - comment les valoriser individuellement tout en avançant sur un cours qui demande aussi de savoir respecter l'existence des autres, savoir écouter, etc.? Et je ne parle même pas des milieux sociaux et de la représentation que les élèves (et leurs parents) se font de l'école.

Bref, pour le redoublement, il y a des arguments pour et contre, et c'est un débat intéressant, mais je doute que ça puisse révolutionner l'école.

 

[Lady Butterfly]

J'avoue être partagée sur cette question. D'après les témoignages, certaines ont en vraiment tirer profit, mais pour ma part, ça n'a pas été le cas, aussi bien sur le plan scolaire que social...
On m'a fait redoubler la troisième, sans me laisser vraiment le choix, avec l'argument que je commencerais ainsi le lycée sur de meilleures bases, parce que j'avais un "gros potentiel". C'est également ce qu'on a dit aux deux autres filles à qui ont a proposé le redoublement dans ma classe : on nous donnait une seconde chance pour améliorer nos résultats (contrairement à beaucoup d'autres dans notre classe qui avaient des notes bien inférieures aux nôtres). Dans mon cas, j'avais surtout des difficultés en maths et j'ai par ailleurs obtenu mon brevet sans problème dès ma première troisième.
Dès la rentrée, j'ai eu l'impression d'avoir été étiquetée "fille en échec" par les autres élèves et certains profs, à cause de mon statut de "redoublante". Je l'ai vécu comme une injustice, car à part en maths, je n'avais jamais eu l'impression d'être une mauvaise élève, j'étais même considérée comme "l'intello", la fille studieuse, toujours plongée dans les livres. J'étais timide, mais j'avais quelques amis, que j'ai perdu en redoublant. Et j'ai eu du mal à m'en faire des nouveaux.
Au final, je n'ai pas tellement progressé, mes notes en maths sont restées en dessous de la moyenne malgré mes efforts (j'en faisais déjà avant, donc je ne pense pas que mes problèmes venaient d'un manque de motivation).
Avec le recul, je pense que l'objectif des profs était alors de me permettre d'intégrer la filière scientifique au lycée, qui était bien mieux considérée que la filière littéraire, qui semblait être vue comme la filière "par défaut" (je me souviens d'ailleurs d'un prof de physique qui nous l'avait carrément dit, nous n'étions pas en littéraire parce que nous étions doués en français et en langues, mais parce qu'on était mauvais dans les matières scientifiques). Mais c'est un autre débat...
Ma sœur a vécu presque la même chose, on lui a fait redoubler sa seconde, afin d'améliorer ses notes dans les matières scientifiques. Elle a effectivement bien progressé, on lui a donc dit qu'elle pourrait aller dans la filière de son choix et elle a choisi de faire une première scientifique. Mais là, ça été une catastrophe ! Et du coup, elle a dû redoubler une seconde fois, pour pouvoir changer de filière, ce qui lui a complètement sapé le moral...

 

[Calipo]

Comme beaucoup de madz, je me demande ce que les profs sont censés faire des élèves qui n'ont pas le niveau pour passer dans la classe supérieure si le redoublement disparaît...

A part plomber des classes déjà surchargées avec des élèves qui de toute façon n'y arriveront pas et feront chuter le niveau global, j'ai un peu de mal à voir le positif là-dedans.

Après quid des initiatives mise en place dans le privé? parfois ils ont de bonnes idées...

Spoiler car petit racontage de vie :

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[TemoriTiger]

Comme beaucoup de madz, je me demande ce que les profs sont censés faire des élèves qui n'ont pas le niveau pour passer dans la classe supérieure si le redoublement disparaît...

A part plomber des classes déjà surchargées avec des élèves qui de toute façon n'y arriveront pas et feront chuter le niveau global, j'ai un peu de mal à voir le positif là-dedans.

Après quid des initiatives mise en place dans le privé? parfois ils ont de bonnes idées...

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Mon collège (privé) proposait ça aussi entre la 4ème et la 3ème je crois