Le sexisme ordinaire dans la cour de récré — Témoignage

[Nimedhel]

Woh, je suis sidérée. Par la violence et le défaitisme d'un tel "jeu".

Ça me semble tellement incroyable que tu ai été la seule à tenter de gagner. La seule à réagir de façon cohérente et normale.

Dans mon école, il y a eu aussi, une fois, une phase de "jeu global", filles contre garçons.

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J'ai donc échappé à ce schéma, mais ton article me fait me demander, dans combien d'écoles ce genre de "jeu" a t'il eu lieu... et combien de petites filles ont réussi à s'en défaire ?   Et combien en ont souffert...

Héhé, J'aime bien ta façon de penser.

Sinon, j'ai jamais eu un jeu aussi sexiste dans ma cour de récré. Et de toute façon, ça n'aurait pas été aussi stéréotypé. Vu que je m'amusais à me battre contre les garçons quand j'étais en primaire, et que j'étais vraiment un "garçon manqué", ainsi que d'autres filles de ma classe, ça ne se serait pas passé comme ça.
Je me souviens - mais c'était il y a loooongtemps - des quelques jeux qu'on faisait avec les garçons dans la cour, mais aussi en gym, et les seuls où il y avait une vraie séparation, c'était en gym, et encore.
Dans la cour, chacun jouait à un jeu s'il en avait envie. Et les filles se battaient (et quand je dis se battaient, c'était avec des coups de pieds, et tout, hein! Pas les bêtes petits crêpages de chignons complètement nunuche qu'on voit les filles faire dans les films... la guerre, quoi!).

Mais sérieux, cette situation que tu décris dans cet article, mais c'est dingue quoi! Je ne peux même pas m'imaginer une chose pareille. Que la défaite devienne "naturelle" pour les filles, parce que soi-disant les garçons sont les plus forts. Non. Non, je refuse. Tu as bien raison d'avoir lutté jusqu'au bout, et aussi d'avoir refusé la défaite, et je comprends ta frustration. Des choses pareilles, ça ne va pas, ce n'est pas normal.

 

[Peroxysome]

Punaise, c'était pareil dans mon école, des que le maître ou la maîtresse annonçait le début de la récré on (les filles) sortait en courant pour ne pas se faire attraper par les garçons.
Les règles étaient "automatiques", on savait qu'on allait jouer à trap-trap et que les garçons allaient attraper les filles.
Aujourd'hui je trouve ça bizarre que les règles se soient définies automatiquement, comme ça, mais à l'époque je ne me suis jamais posé de question.

En revanche, il n'a jamais été établie que les garçons devaient battre les filles.
D'ailleurs nous gagnions assez souvent car Manon et moi étions plus rapide que tous les garçons, sauf Cédric qui était plus rapide que tout le monde.
Et ça ne genait personne.

C'est horrible de voir que dans leur tete, tes copines de l'école primaire étaient des "perdantes par nature"...

 

[Panpan]

Wahou alors là!
Je savais que le sexisme était très présent dans notre société mais pour entendre ce genre de chose dès le plus jeune âge c'est... affligeant!
Personnellement je me souviens très bien avoir joué à des jeux un peu de la sorte et je ne sais pas si c'est du fait de mon établissement ou autre mais il n'y avait pas ce genre "d'étiquette", fille=proie garçon=chasseur, on alternait tous le temps.
Ensuite on s'en ai lassé et avec des ami(e)s ont a crée un nouveau jeu (je l'avais appelé le Tibet si vous voulez tout savoir ^^) où les équipes était complétement mixte!
La plupart de nos activités été mixte (c'était d'ailleurs celles où on s'amusait le plus)
En fait je n'ai jamais compris cette manie qu'ont les gens de dire "oui mais les petites filles trouvent que les garçons sont nuls" et idem pour les garçons!
Ce témoignage nous montre que les stéréotypes de genre sont décidément tenaces...

 

[Zgu]

Cet article m'a fait réaliser que dans mon école aussi on jouait à ce jeu (nous c'était la "Déli", de délivrance) et que les équipes étaient aussi prédéfinies par sexe. Mais je pense que c'était par simplicité, histoire qu'on se mette direct à jouer sans se prendre la tête à savoir qui est avec qui...
Et pareil, j'ai pas souvenir que c'était déjà couru d'avance que ce soit les garçons qui gagnent. A vrai dire, je crois même que peu importait qui gagnait, ce qu'on aimait à cet âge c'était surtout se courir après... Prémices de parades nuptiales  .
Mais comme j'étais un peu brutasse, je me souviens avoir fait mal plusieurs fois à des garçons, pour esquiver ou en rentrant dans le tas carrément... Donc autant dire que l'idée du sexe fort n'était pas vraiment de la partie.
Et pourtant dans mon école les filles et les garçons étaient déjà différenciés par les blouses : bleu clair pour les filles et bleu marine pour les garçons.

 

[KBi]

Mo non plus je me souviens pas d'avoir eu autant de distinction filles/garçon. J'ai toujours été dans des jeux mixtes et je me souviens pas avoir entendu que je ne pouvais pas gagner parce que j'étais une fille. Peut-être parce que je l'écoutais pas et que j'ai toujours été intiment convaincu que je valais autant que quiconque.

Je me souviens par contre de la rage lorsque les autres ne jouent pas pour des raisons stupides ou ne m'écoute pas parce que j'avais pas assez confiance en moi pour m'imposer. Je me suis toujours sentie plus ou moins une outsider pour ça, à toujours jouer à fond et à vouloir en démordre contre le "défaitisme".

Après l'autodévaluation des filles ça a du se faire car quand j'y repense, je me souviens d'une colo où pour impressionner un mec que j'aimais bien, j'ai voulu lui montrer que j'étais une badasse en kayak (colo eaux vives), du coup j'y allais tout le temps, le maximum possible même quand il n'y allait pas. Bref, je me suis éclaté, j'ai eu un superbe tshirt à la fin de la colo pour me gratifier de ma motivation, mais quand j'y réfléchi, j'étais la seule fille à avoir un comportement de la sorte, à vouloir être à fond dans le sport plutôt que les activités plus classiques...
C'est en truc que j'ai toujours retrouvé en sport, des filles qui jouent et font du sport à fond et qui veulent se surpasser il y en a peu alors que chez les mecs c'est plus répandu... Les cours d'EPS sont un exemple magistrale de ça.

Je suis choqué par cet article et le fait que le même jeu ait perduré des jours et des jours d'affilé au point que jes filles ne jouaient même plus et se laissent enfermer.

 

[Azeban]

J'ai envie de hurler en lisant vos histoires, et j'y vais de la mienne.

Au collège, en sport, je me rappelle que pendant quelques semaines la classe avait été séparé : les garçons, foot, et les filles devaient faire un truc genre danse-choré sur une musique (par groupe).
Or il se trouve que moi j'aime le foot. Du coup j'avais protesté pour aller au foot, et tenté d'obtenir du soutien, au moins sur le principe, d'autres élèves de la classe : je n'ai eu que des moqueries
Finalement, j'ai QUAND MÊME été faire foot, et j'ai eu un -2 sur ma moyenne du trimestre pour ça !

(après coup, je me dis que j'aurais du en causer à mes parents)

 

[Kwack]

pas de tels souvenirs de mon enfance. Bien au contraire. Je trainais avec les garçons 80% du temps et j'étais parfaitement intégrée. C'était même moi la chef de la "bande à Bono" de la primaire constituée de moi-même et d'une dizaine de mecs. J'étais officiellement la personne qui courrait le plus vite de la classe 

Et mon premier amoureux au CM2 m'avait dit qu'il m'aimait juste après qu'on ait fait l'une ou l'autre bêtise ensemble par ce qu'il aimait "les filles comme toi qui savent rigoler".

Ca m'émeut presque tous ces bons souvenir …

 

[Erinnern]

j'ai été très impressionnée par l'article, l'auteur montre vraiment bien la construction des comportements, et le style retranscrit bien la violence de l'anecdote.

Heureusement que toutes les Madz n'ont pas vécu ce sexisme ordinaire, mais c'est frappant à quel point pour beaucoup d'autres le souvenir d'une injustice reste vif des années après...

Pour ma part je me souviens surtout combien l'entrée en 6ème m'avait perturbée. Passer d'une classe de CM2 ou filles et garçons étaient soudés et jouaient ensemble, à une répartition de l'espace et des rôles très rigide : les garçons se défoulent sur les terrains de sport, les filles restent en groupe assises sur les bancs ou les marches. C'était dur de se plier aux nouveaux codes, d'autant que ça m'a manqué de ne plus courir et jouer...
A partir de la 4ème ma meilleure amie et moi on a intégré une bande de garçons, et j'en garde des souvenirs sympa.

 

[Patatasfritas]

J'avais le même jeu de "les garçons attrapent les filles". Mais en plus les garçons sélectionnaient les filles qui avaient le droit d'y participer... On était alignées contre le grillage et les garçons disaient "toi oui, toi oui, toi non". Je vous laisse imaginer la cruauté de la situation...
Si seulement je pouvais retourner dans le passé dire à la mini-moi de partir avec les exclues au lieu de se faire courser bêtement par des minis-machos.

 

[Altaïr.]

Ouah, c'est super, juste après la lecture de cet article (très bien écrit) qui m'a à la fois faite bouillir et terrifiée, je tombe sur une pub sur ma page d'accueil Facebook qui vend des t-shirts au slogan disant "bande de salopes".

Des fois, le monde m'énerve, m'énerve, m'énerve.

 

[Pix_Elle]

Moi aussi dans ma cours il y avait des jeux "sexistes"
Alors désolé pour les filles qui ont été marquées par ces jeux
Mais pour moi quand on est gamin on ne comprend pas forcément ce que ça implique de faire une équipe de filles et de garçons, dans l'imaginaires des gosses les filles sont des princesses et les garçons des pirates, un stéréotype.... c'est pas pour ça que les petits garçons sont des futurs macho ou les filles des futurs victimes
J'ai jamais acceptée d'être cataloguée comme ça, et je préférait pas jouer que d'être une "victime", comme à Noel ou je voulais un garage micromachine ou des tortues ninja plutot que Barbie et cie...
Et même au collège je ne suis pas laisser faire, je me suis même retrouver dans le groupe "garçon" parceque mes "copines" ne comprenais pas et se laissaient faire, elles ont fini par me détester (car à la période des 1ères amourettes, au final c'est moi qui était la plus "proche" des mecs)
Alors je comprend que cela peut énerver certaines en y repensant et vouloir revenir en arrière pour se rebeller
mais quand on est mioche ont à tendance à rentrer dans le rang

Maintenant c'est à vous de faire que ça n'arrive pas à vos enfants

 

[Armo Nelga]

Je n'ai jamais eu de phase de jeu global comme ça. La plupart du temps j'étais fourrée avec ma meilleure amie et nous jouions souvent que toutes les deux, ou avec une ou deux autres copines selon les périodes. Des fois, dans les périodes Pogs ou billes, on jouait tous les un contre les autres, donc aussi avec les garçons.

MAIS il y a un moment, je ne sais plus si c'était en CM1 ou CM2 où il y a eu une phase bizarre. Deux garçons s'amusaient à nous courser et nous attraper tout le temps. Leur but c'était de nous faire prisonnière (moi et ma meilleure amie). Ils nous couraient après, et nous attrapaient, et nous serraient forts dans leurs bras pour nous immobiliser. Je ne sais pas comment ce "jeu" a commencé. Ce que je me rappelle, c'est qu'il ne me plaisait pas du tout. Il me foutait la rage. Mon amie, je ne sais pas. Mais moi je me débattais à mort pour me dégager, donc le garçon me serait plus fort encore et me faisait mal. Je crois que la haine que je ressentais était proche de l'envie de meurtre, vraiment. Mais je n'arrivais jamais a avoir le dessus.

Sinon un autre truc qui m'a choqué en seconde, au cours de sport, dans la différenciation "filles/garçons" venant de la part de LA prof de sport :
Elle semblait vraiment considérer les filles comme nulles en sport de nature et leur donnait de fait des objectifs moindres que les garçons. Exemple : la garçons devaient monter toute la corde. Les filles avait la même note si elles arrivaient qu'au troisième nœud. Je trouvais ça humiliant. Il y avait des filles très capables de monter toute la corde, ou d'apprendre à le faire, et des garçons pas sportifs pour qui arriver à la moitié était déjà un exploit ! Mais du coup, les filles ne se foulaient pas la rate si elles arrivaient à leur objectif. Donc elles apprenaient à ce contenter de moins et à pas se dépasser pour arriver au bout. Il y avait le même genre de distinction d'objectif avec la course (les garçons devaient faire un temps moindre que les filles, donc plus dur...). Je me rappelle que la prof avait sortit un jour une remarque hyper sexiste (sans utiliser le mot à l'époque) j'avais été choqué qu'UNE FEMME de surcroît prof de sport sorte un truc si méprisant concernant les autres filles. J'avais dès lors classé la prof dans la catégorie "grosse conne". 

'fin bref, désolée pour le roman...