Le topic des profs ou futurs profs !

[Polynie]

@Flopidou Des pour toi. As-tu retrouvé le moral ? Ne culpabilise pas sur des cours mal construits ou chiants, tu débutes. Moi aujourd'hui, j'ai fait un cours tout sauf validé par les modes de l'ESPE. Avec les secondes on a corrigé un exercice à l'oral et j'ai expliqué magistralement la Reconquista et l'évangélisation de l'Europe de l'Est avant de dicter quelques lignes aux élèves (oui, là normalement, le formateur ESPE défaille quand il entend cela). C'était pas du strass- paillettes. L'exercice corrigé ne reposait pas sur les quelques consignes que @Naede donne plus haut (et que je rêve de mettre en œuvre, vraiment) mais sur une série de petites questions destinées à décortiquer le tympan d'une cathédrale : les élèves ont bien aimé cherché les personnages, décrire les scènes, le tout permettant de comprendre le rôle de ces sculptures sur ces lieux de cultes dans le contexte du XIIème siècle. Et je repars le reste de la semaine sur des exercices qui ne sont pas non plus à la mode : un gros corpus documentaire sur les Cathares avec des textes, un tableau à remplir et quelques questions. Il faut se donner le temps : j'ai décidé durant mon année de stage de faire des exercices avec lesquels j'étais à l'aise et pour lesquels j'avais une formation, ce qui a exclu finalement les grosses tâches complexes. Je me mets petit à petit à tester des choses : cette année par exemple les travaux de groupe. Là, aux secondes, j'ai donné une tâche complexe : construire un croquis à partir des documents d'une étude de cas (bon je leur avais donné les items de la légende, ils ont cherché et trouvé les figurés seuls. Pour le reste, ils doivent se débrouiller). Les tâches complexes je les fais en Terminale ES (en fait les épreuves du bac peuvent être considérées ainsi, en particulier l'étude critique de document). L'année prochaine, j'aimerais m'y mettre davantage mais j'aurai aussi des programmes de seconde et/ou de première à refaire.

 

[Clèves]

@Polynie Oui ça va mieux, merci Je relativise en me disant que je vais m'améliorer et que mes cours actuels même très imparfaits sont une base concrète sur laquelle construire quelque chose de mieux. Ma tutrice établissement est passée me voir le lendemain (elle n'avait pas pu rester pendant la reprise mais elle avait bien vu que la formatrice n'était pas satisfaite) et elle m'a aidée à prendre un peu de recul. Bon elle a pris fait et cause pour moi du coup j'ai pas pris pour argent comptant tout ce qu'elle m'a dit : elle avait l'air de dire que la formatrice espe avait tort sur toute la ligne alors que je sais bien que ses remarques étaient fondées. Donc j'ai pris le truc avec des pincettes parce que je veux pas qu'on me fasse croire que mon travail est irréprochable alors que c'est clairement pas le cas. Je retiens surtout qu'elle a foi en mes capacités.

Je te rejoins en tout cas sur le fossé parfois énorme entre tout ce qu'on nous demande de faire à l'espe et ce qui est réalisable concrètement avec les élèves. Je suis d'accord avec toi quant au fait qu'il faut surtout se sentir à l'aise et que ça sert à rien de s'astreindre à faire des trucs qu'on ne maîtrise pas : c'est le meilleur moyen de rater un cours. Alors ok les tableaux à remplir et tutti quanti ça leur plaît peut-être pas mais en attendant ça marche et les élèves ont des choses concrètes à noter dans leurs cahiers. C'est d'autant plus rageant que nombre de mes collègues titularisés depuis x années font régulièrement des choses que l'espe proscrirait totalement, et ce sans prise de tête. Ce qui ne les empêche pas d'être de très bons enseignants par ailleurs ! Mais on atteint cette situation ubuesque où il faut faire plus ou moins semblant d'acquiescer aux pratiques de l'espe pendant un an pour pouvoir s'en laver les mains ensuite (à raison) et faire comme on l'entend. Ma tutrice établissement par exemple m'a bien dit qu'elle n'était pas du tout d'accord avec ce qu'ils préconisaient. Personnellement, je pense qu'il y a beaucoup de choses fondées dans ce qu'ils nous apprennent mais je trouve qu'ils nous mettent beaucoup trop de responsabilités sur le dos (genre limite on va redresser à nous tous seuls le niveau de l'éducation nationale ) alors qu'on débute.

 

[Naede]

@Polynie @Flopidou ma tutrice m'avait donné un conseil très précieux pour mon année de stage et mes 1ères années: "faire des cours "simples" sans forcément d'innovation pédagogique (sauf si vraiment tu le sens)".
Les 1ères années on doit déjà penser à faire un certain nombre de gestes en classe qui après deviennent des automatismes (genre faire l'appel, penser à donner les leçons à la maison...), on doit apprendre à gérer un groupe classe ce qui prend beaucoup d'énergie mentale finalement. Une fois que ces gestes deviennent plus automatiques, qu'on est plus assuré dans sa gestion de classe, ça nous libère du temps et de l'énergie pour penser à faire cours de manière plus "innovante".

D'ailleurs même si j'aime bien modifier des trucs dans ma pratique après des lectures, je fais aussi pas mal de cours "basiques" dans ma matière avec "questionnaire sur document -> mise en commune -> trace écrite déjà préparée par moi". Il y a des collègues qui sont toujours dans le pédagogiquement pointu tant mieux pour eux mais de ce que j'ai vu une bonne partie de leur vie perso passe dans les préparations de cours. Parfois aussi innover pédagogiquement pour innover ça ne sert à rien. La pédagogie doit être au servie des connaissances et des compétences sinon c'est juste de la poudre aux yeux.

 

[Anfhidl°]

Alors, je ne sais pas pour vous, mais moi, ces réformes, ça me déprime complètement.
Ou ça me met en colère.
Je suis toute nouvelle dans le métier (PE). Ce n'est que ma quatrième année. Et c'était loiiiiin d'être une vocation ! Alors les lunettes roses sur le travail avec les enfants toussa, je ne les ai jamais eues (on va dire, c'set presque même maintenant que je les chausse ). Mais ce qui s'annonce me sape vraiment le moral. Pire, ça m'angoisse tout au fond de moi.
Je ne suis absolument pas d'accord. Cela va à l'encontre de ma conception de l'éducation, de comment travailler et s'épanouir. C'est radicalement opposé à ma vision de la vie, même.
J'ai mal au ventre des directions qui sont prises. J'ai mal au ventre de ce qui s'annonce pour les mômes (encore plus d'inégalités !). J'ai mal au ventre aussi de ce qui s'annonce pour nous, à travailler dans ces conditions.

L'éducation, même si c'était une deuxième voie, une voie de secours, d'autre plan, m'a montré qu'il y avait encore des secteurs qui échappaient au marchand, au capital, à la rentabilité, à l'efficacité. Pas totalement, bien sûr. Mais c'était déjà ça (pour ma part, pas de notes ou de classement dans mes classes).
Là, ça me rend clairement malade.
Tout le mépris avec lequel on nous traite. Sans nous demander notre avis, sans se fier à notre expertise. En continuant d'attiser les récriminations contre nous, nous faire passer pour des fainéants-pas-contents.
Je suis clairement dégoûtée de tout ce qui se passe en ce moment.

J'avais besoin d'évacuer un peu tout ça..

 

[Hipcherry]

On a convaincu environ 200 parents de participer à l'opération lycée mort demain.

 

[Polynie]

@Hipcherry Bravo ! De mon côté j'irai manifester demain et je vais essayer de prendre sur moi pour répondre aux collègues qui disent des bêtises sur les syndicats ("mais oui, les mutations sont truquées par les syndicats, c'est bien connu, et d'ailleurs ils ne servent que pour les gens qui ont des problèmes et de toute façon il faut s'en méfier hein..." J'ai peur de m'énerver devant tant d'ignorance...).

 

[Hipcherry]

Il nous reste 5 élèves au lycée. Personne dans mes deux classes de 2de.
Les parents réclament déjà une deuxième journée de lycée mort.

 

[Greenrainbow]

super contente de vous lire et de voir que ça bouge par chez vous !
Je suis aussi sur le forum Rockie, et ça fait deux fois que j'évoque les réformes, en demandant l'avis des gens, et j'ai silence radio en guise de réponse. Hallucinant.
J'essaie d'être pédagogue avec mes collègues, mais beaucoup ne croient pas/plus en une mobilisation, attendent que ça se passe, ne veulent pas se bouger sur les grèves nationales... j'essaie de garder le moral, mais c'est dur de tout porter.
Moi en ce moment, j'ai vraiment l'impression de faire de l'élevage en batterie.

 

[rock-poppy]

Lors de la dernière grève, nous étions quatre grévistes sur une trentaine de profs. La raison: ça ne sert à rien de toute façon. Alors qu'ils sont, pour la plupart, contre la réforme. Certains refusent d'en discuter, d'autres sont très pessimistes envisageant une reconversion.

Spoiler: pas citer

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[Hipcherry]

J'ai de la chance, dans mon bahut on commence à bien bouger, il y a un effet domino. On était presque deux tiers des profs à la manifestation d'hier !
Ce qui se passe est tellement déprimant et scandaleux que je suis bien contente d'être dans un lycée où la plupart des collègues comprend l'urgence de la situation. Je crois que je vivrais vraiment très mal d'être confronter à l'absence de réaction.

 

[Ephialtès.]

Je vois que je ne suis pas la seule à désespérer.

Spoiler

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[Greenrainbow]

@Ephialtès. , je comprends, tu es dans une situation compliquée. Peux-tu te rapprocher d'autres collègues dans d'autres écoles?
Nous on est en train de faire une coordination de tous les établissements de la ville ou j'enseigne, on se retrouve en AG toutes les semaines, entre motivés, et ça fait du bien ! On se répartit les tâches, et on est plus à même pour expliquer ce qu'on fait aux collègues non mobilisés, sans trop de rancoeur.

Spoiler: manif de samedi

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