Le toucher vaginal sur patientes anesthésiées — Témoignages des madmoiZelles en médecine

[noiram]

Je suis interne en médecine. Je souhaiterais juste apporter une précision. Il n existe pas de consentement implicite parce qu on est dans un CHU.
Il existe la charte du patient hospitalisé, affichee dans les services et normalement remise a tout.e patient.e entrant.e qui lui stipule ses droits.
Le consentement pour chaque acte ainsi que le droit de refuser d etre examiné.e par un étudiant y figurent.
Par contre, il est vrai que choisir de venir dans un CHU et refuser systematiquement d etre pris en charge par les étudiants c est pas très réglo (je parle bien sur uniquement des patients qui choisissent le CHU, pas ceux qui sont la par nécessité:urgence, pathologie très spécialisée....)

 

[Nonmercisansmoi]

Je voulais juste reporter cet extrait de la tribune adressée à Najat Vallaud-Belkacem, histoire d'apporter un point de vue différent:

"Pour l’étudiant-e en médecine, être contraint par ses formateurs à procéder à un acte contraire à ses valeurs constitue une grande violence. Le jeune est invité à banaliser un geste pour lequel il éprouve des appréhensions légitimes, non sur le plan technique mais sur le plan éthique. A défaut de consentement, la personne qu’il examine est réduite à un organe."

http://10lunes.com/2015/02/tribune-...-endormies-sans-consentement-prealable/#_edn2

 

[Melissa]

@Ghost wind Ohh merci

 

[lizouzou]

@noiram Merci! Je suis étudiante infirmière et j'ai failli m'énerver quand j'ai lu que le consentement était implicite. On DOIT prévenir son patient des actes qui vont être pratiqués sur lui et le laisser refuser s'il le veut.
Ce qui me choque aussi dans les témoignages c'est la notion de "on voit des gens à poil tous les jours". Moi aussi, et je fais même leur toilette, donc je ne fais pas que les voir mais aussi les toucher. Tout ça doit être fait dans le respect de l'autre, ce n'est pas parce que c'est notre quotidien que ça l'est aussi pour les patients. Le respect de la pudeur, de l'intimité doivent être respectés dans tous les cas. Je ne vais pas aller faire la petite toilette d'un-e patient-e sans le prévenir et en le laissant complètement nu.
Certaines personnes manquent cruellement d'empathie et ne se rendent pas compte du traumatisme que peuvent vivre certains patients.

 

[NanaCourtney]

Merci @noiram pour la précision ! Ca parait effectivement beaucoup plus réglo avec une charte qui précise explicitement le truc !
Mais comme je l'ai déjà écrit et comme l'a très bien dit @Miodvla, ça ne donne pas pour autant un consentement absolu sur tout et n'importe quoi, et le consentement pour ce genre de choses bien particulières devrait toujours être demandé avant l'anesthésie...

 

[Fanncy]

Bon.
Déjà, c'est sympa de préciser qu'en entrant dans un CHU on accepte "l’accord tacite selon lequel des étudiant•e•s s’occuperont de lui": un accord carrément concret au lieu de "tacite" ce serait pas mieux ? (si) Perso ça ne me dérange pas mais je pense pas que ce soit évident pour tout le monde, cet accord "tacite" (WTF, y'a un accord ou y'en a pas, ça veut rien dire un accord tacite dont les patients ne sont pas au courant), même si on sait bien que ce sont des établissements universitaires. On peut pas savoir que c'est forcément automatique, nous autres patients, on sait qu'il y aussi des médecins pas étudiants là dedans et on ne sait pas comment tout ça fonctionne !

Gros Bip-up !

Parler d'accord tacite, je trouve ça un peu fou

Personnellement, je pensais que le "universitaire" dans le CHU supposait que c'était des endroits où on faisait des recherches en parallèle des soins (genre plein de gens qui font une thèse sur un sujet de biologie et qui font des expériences dans un labo plus ou moins secret ).
Je ne savais pas que c'était parce que, contrairement aux cliniques, c'était là que les étudiants en médecine faisaient leur stage. Du coup j'me sens un peu bête maintenant, parce que j'avais pas réfléchi là dessus (mais j'avais pas de raison de le faire en même temps).
J'imaginais que la différence clinique/CHU c'était le financement (privé/public) et peut-être certains services spécialisés (et les expériences secrètes au sous-sol des CHU )

Ca change rien au fait que je suis favorable à ce que les étudiants se forment en condition réelle, mais avec un vrai consentement. Un consentement éclairé, écrit, avec une feuille signée et sur lequel le patient peut revenir à tout moment de son hospitalisation. (Et quand on parle de consentement, certains médecins oublient peut-être de le demander aussi et je trouve ça très problématique aussi). Je vois pas en quoi c'est compliqué, en plus ça protégerai l'hôpital et les médecins en questions en cas de problème judiciaire avec un patient mécontent. Enfin je vois peut-être le verre à moitié plein.

Je me doute bien que quand on est dans le milieu, on sait tout ça. Et je pense que, fatalement, on s'imagine que tout le monde le sait ... Mais c'est pas le cas Et je trouve ça très blessant de lire un peu partout sur le net (sous des articles sur le sujet en général, pas forcément ici), le mépris de certains soignant vis-à-vis des gens qui ne le savent pas. Parce que c'est mépriser certains de leurs patients et je comprends pas qu'on puisse cracher sur les gens qu'on veut soigner (et pour lequel on a fait un serment qui va en ce sens).

En tout cas, je trouve celles qui ont témoigné avoir pratiqué des TV sur des patientes endormies et sans consentement très courageuses. Ca doit pas être facile de l'admettre en pleine polémique

 

[MarinetteP]

A vrai dire, même les étudiantes qui nient la pratique l'admettent à demi-mots. Quand MC dit : "Il nous arrive souvent de faire des gestes en double : le médecin, puis l’étudiant•e pour apprendre, parfois au bloc, mais toujours dans le cadre de la prise en charge du patient.", ça ne veut rien dire d'autre... Cette phrase en elle-même est paradoxale : par définition, le deuxième examen "pour apprendre" ne relève plus de la prise en charge du patient !

 

[Ira-san]

@Ghost wind @Fanncy Merci les filles
@LN_Brunette Merci à toi d'avoir écouté ce que j'avais à dire et d'avoir partagé ce billet de 10lunes C'est vrai que j'ai vécu le fait d'être contrainte à faire ce geste comme une violence, même si elle ne se mesure en aucun cas à celle que ces femmes subissent.

 

[Calipo]

A vrai dire, même les étudiantes qui nient la pratique l'admettent à demi-mots. Quand MC dit : "Il nous arrive souvent de faire des gestes en double : le médecin, puis l’étudiant•e pour apprendre, parfois au bloc, mais toujours dans le cadre de la prise en charge du patient.", ça ne veut rien dire d'autre... Cette phrase en elle-même est paradoxale : par définition, le deuxième examen "pour apprendre" ne relève plus de la prise en charge du patient !

Oui mais là ça se comprend. Si le geste est nécessaire au médecin lors de l'opération, il est normal qu'il l’apprenne à l'étudiant qui aura sûrement à le reproduire dans les même conditions. On est pas ici dans le cadre "venez tous faire un TC à la comateuse", mais plutôt dans la situation ou un professionnel montre à un futur professionnel ce qu'il est censé voir/sentir sous ses doigts avant ou pendant une opération.
Si l'opération a été expliquée à la patiente, qu'on l'a informée de la nécessité d'effectuer un TC, ou de la forte probabilité que le médecin en charge ait besoin d'un faire un à un moment donné, et qu'on se trouve dans un hôpital universitaire (et que donc il y a des étudiants qui suivent les médecins), personnellement je trouve que ça suffit.

 

[Millenia]

J'ai un jour refusé un TV d'un médecin que j'allais voir...pour une gastro. C'était l'époque où je me lavais bien moins les mains qu'aujourd'hui, mangeais sans toujours faire attention. Quand il m'a dit "déshabillez-vous, blabla", j'ai refusé directement. Il a pris sa petite voix pincée, a noté sur le dossier "refuse le TV", mais je suis bien satisfaite de l'avoir fait, ça n'avait aucun intérêt....

 

[Gringo]

A vrai dire, même les étudiantes qui nient la pratique l'admettent à demi-mots. Quand MC dit : "Il nous arrive souvent de faire des gestes en double : le médecin, puis l’étudiant•e pour apprendre, parfois au bloc, mais toujours dans le cadre de la prise en charge du patient.", ça ne veut rien dire d'autre... Cette phrase en elle-même est paradoxale : par définition, le deuxième examen "pour apprendre" ne relève plus de la prise en charge du patient !

Ben alors tu vas m'expliquer comment on est sensé apprendre alors.

 

[Gringo]

Mais d'ailleurs, il n'y a que le gynéco ou un chirurgien en gynéco ou oncologie qui peut faire les TV ( enfin, je veux dire un spécialiste dédié , pardon si j'oublie une spécialité ) . Pourquoi un généraliste ferait un TV ? C'est comme si un podologue ou un dentiste le faisait. A ce compte-là, pourquoi pas mon garagiste

Ben un généraliste peut faire des suivis de grossesse, il peut poser des DIU, il peut dépister des tumeurs tout ça. Un généraliste c'est justement le carrefour de toutes les spécialités, c'est lui logiquement que l'on va voir avant d'aller voir un spécialiste. Donc si il peut faire des TV, TR, regarder au fond de ta bouche (qui est aussi une cavité) si l'acte est justifié.