Mouahaha !
J'ai lu leur article sur les régimes. Leur conclusion, vendre un rein ou recommencer à manger sainement. Si toutes celles (et ceux) qui ont tenté de maigrir ont fait des régimes, ils ont forcément tenté de manger sain avant ou pendant. Et si ça marchait uniquement en mangeant sainement et surtout en aimant ca, ça se saurait. On parle pas de la "fausse grosse" qui culpabilise pour un dessert alors qu'elle a deux fichus kilos à perdre. Elles sont bien mignonnes.
J'aime bien leur idée de base, à savoir montrer la phase sooombre de l'être humain qui sommeil en nous et qui n'affiche qu'au prix de sacrifices énormes l'image d'une poupée de magazine, mais tomber dans l'excès inverse ne peut être qu'insultant.
En tant que grosse non dépressive mais parfois deprimée comme tout un chacun, j'aime l'idée d'un magazine féminin qui ne parlerait pas de régime ou si peu, qui pronnerait l'amour d'une bonne tartiflette entre amis de temps en temps, mais là, j'ai ressenti du dégoût en regardant leur page fb. Cette accumulation de nourriture, ne reliant finalement la grosse qu'au gras/sucre comme on pourrait relier la mince au régime (sous entendant une femme qui ne se "laisse pas aller"), ça m'a écoeurée. Une façon de relier gras, mou, molesse d'esprit autant que de corps, entérinant le cliché qu'une grosse n'est par nature pas dynamique.
Et pourtant j'adore "bouffer" comme elles disent. Parce que les grosses ne mangent pas, elles bouffent au râtelier comme les porcs et se reservent systématique deux fois à la cantine, c'est bien connu (en vérité, beaucoup ont déjà du mal à assumer manger une glace en public). Voilà une approche clairement humiliante. Si les magazines féminins traditionnels imposent d'être mince et de faire régime sur régime, on a presque l'impression que celui-ci impose réellement et sous couvert d'humour d'être grosse et de se forcer à manger pour le rester car c'est la leur nature profonde.
Néanmoins, La grosse n'est pas toujours boulimique et le centre de son univers n'est pas frigo-centré, étonnant non ?
Alors je suis pour une dédramatisation sur la grosseur, mais de manière intelligente. Je pense avoir cerné leur intention première, et le titre ne m'a pas choquée car je l'ai pris comme un pied de nez "ah, je devrais toujours être mince et souriante ? Et bah non, je suis grosse et dépressive et je t'emmerde !", et ça me plaît. Après le reste ne suit pas, et c'est dommage. Ça vire beaucoup trop premier degré (devenant involontairement méprisant) pour ne pas envisager que le titre l'était aussi...
Edit : en tant que magazine féminin et féministe il eut été intelligent de mettre en exergue d'autres travers que les mag. Traditionnels ont, ça aurait mis sur le même pied d'égalité les rebus de l'humanité et de la féminité que sont les grosses, les femmes petites, les homosexuelles/bi/pans/asexuelles/polyamoureuses (et tout le spectre alternatif à une sexualité normée) dont on n' entend jamais parler car dans les articles il ne s'agit que de "Jules" et de la manière dont il faut le satisfaire, tout comme dans les tests qui n'offrent guère la possibilité de s'y projeter. Ça aurait pu éviter le côté attaque ciblée sur les grosses et permettre à toutes les autres d'être enfin représentées comme normales et bien comme elles sont.