Il y a une cinquantaine d'années, vivre une journée de princesse aurait été un des grands moments de mon enfance. Je rêvais aussi de porter des robes et des jupes comme les petites filles de mon âge. Mais à cette époque tout le monde, mes parents en premier, m'aurait considéré comme un malade mental. Maintenant que j'ai dépassé la soixantaine - et que j'ai en outre la chance d'être "bien conservé" - je m'habille souvent en femme. J'assume mon vrai genre, pas celui que la société a choisi pour moi. Néanmoins je le fais par intermittence parce que j'ai peur de tout chambouler autour de moi. Je suis donc ce qu'on appelle un travesti. À la maison, mon épouse s'est habituée à me voir porter des vêtements féminins. J'ai trouvé une certaine forme de compromis entre les contraintes sociales et mes aspirations profondes. Ce n'est pas l'idéal mais c'est déjà ça... J'espère que Noah pourra choisir le genre qui lui convient sans en souffrir ni en faire souffrir son entourage. Très rares sont encore les petits garçons qui ont le droit d'être des "filles manquées" au même titre que l'on laisse des petites filles être des "garçons manqués".