Ma première fois, c'était un viol — Témoignage

[Scylla_]

J'aurai pu écrire cet article aussi... même si ce n'est pas pour ma première fois mais ma deuxième (avec le le même mec - d'un an mon aîné), parce que ma première fois, je m'en souviens absolument pas (à part que c'était après un mois de "mais allez on est au lycée faut qu'on le fasse", que c'était dans son lit et que je n'avais rien ressenti).
Car ma deuxième fois a été un viol dans un cimetière, à 14 ans et des brouettes, et mon copain de l'époque me faisait boire pour que je sois plus favorable à caresser son ridicule entrejambe. Du coup, comme c'est mon premier souvenir de sexe, je me dis que ma première fois au final, c'est un viol.
Le pire c'est que j'étais "gothique" à l'époque, et du coup je me vantais presque de l'avoir fait dans un cimetière... et c'est quand je l'ai quitté que je me suis rendue compte de la connerie et du manque de respect total que c'était. Mais ce n'est qu'à mes 17-18 ans que je me suis rendue compte que c'était un viol. Et qu'il a réitéré juste après, qui plus est.

Qu'est-ce qu'on attend pour enseigner le consentement aux jeunes de 14/15 ans. -_-

 

[zyliae]

C'est triste quand même de se dire qu'on est autant a avoir vécu la "même" première fois...
J'avais 16 ans, lui 19. Il voulait absolument qu'on prévoit de le faire pour le soir du nouvel an. J'ai essayé de louvoyer en lui disant que j'aimais pas l'idée de prévoir une date, que ça enlevait toute spontanéité. Il a compris que j'essayer de trouver des excuses, résultat : je me suis retrouvée 10 min plus tard à observer le plafond (moi aussi) pendant que monsieur prenait du plaisir. Et je me souviens encore regarder ce plafond en me disant "tiens, c'est ça l'effet que ça fait de plus être vierge...?"
Plusieurs fois ensuite il m'est arrivé de lui dire non, mais il insistait et j'y passais quand même.
Puis un jour, malgré le fait que je me débatte et que je dise non, il a quand même réussi son coup. Ca a été la dernière fois qu'on couchait ensemble ce jour là. Après je me suis débrouillée pour ne plus être toute seule avec lui. Et 3 semaines plus tard, le matin de mon bac de maths, j'ai fait un test qui s'est avéré positif.
J'ai pas hésité 2 secondes : j'ai avorté, et j'ai enfin trouvé le courage de quitter le mec. Qui pleurait comme un bébé et qui comprenait pas que je veuille plus de lui...
Même pas un mois plus tard, je rencontrais un garçon qui avait 4 ans de plus que moi, beau comme un dieu et qui me faisait me sentir belle comme jamais. J'avais envie de lui et pourtant, il a pris son temps et attendu. Il partait en Angleterre pour sa 3ème année de licence, on a attendu de se revoir 2 mois plus tard quand je suis allée le rejoindre là-bas pour enfin faire l'amour. Il a été ma bouffée d'oxygène, mon rayon de soleil, celui qui m'a empêchée de couler quand j'ai réalisé que j'avais subit non pas un viol, mais plusieurs viols de mon premier petit ami.

9 ans plus tard, on est marié et on vient d'avoir un bébé. Je ne sais franchement pas ce que j'aurais fait sans lui.

Et s'il y a bien une chose que je veux me promettre à moi même, c'est apprendre à mon fils le respect de la femme. Et qu'un non, veut dire non.

 

[Wiederum]

J'ai partagé l'article avec 3 amis garçons à moi, je suis affligé, de la réaction de l'un de l'un d'entre eux pour lui la mademoizelle de l'article est en tord car elle ne s'est pas débattu et donc ce ne serait pas un non franc ! Je suis sidéré et écoeuré que des hommes puissent penser cela, il a 21 ans quand même !

 

[Julicoeurne]

Plein de câlins...
On en revient encore une fois à l'importance cruciale de parler de consentement avec les filles et avec les garçons dès l'enfance et l'adolescence. Que ce soit les parents, l'entourage, l'école, mais il faut absolument trouver des espaces pour le faire. Dire aux enfants et aux jeunes que c'est absolument crucial d'avoir envie, qu'on a le droit de dire non n'importe quand, de changer d'avis, et qu'il faut être aussi sûr que l'autre a envie, le demander... Parce que si ce dialogue autour du consentement n'a pas lieu, la société risque de faire passer le message inverse (à grand renfort de films, télé, et discussions "entre pairs peu éclairés") : "que les filles disent non mais en fait elles veulent bien si on les force un peu" NON! merde à la fin!
.

Je dirais même que ça doit se passer dès le plus jeune âge, dans le respect du corps de l'enfant.
Apprendre à un enfant qu'il a le droit de refuser qu'on le prenne dans les bras, qu'il a le droit de refuser qu'on l'embrasse et de faire la bise à quelqu'un, qu'il a le droit de ne pas apprécier les chatouilles, les caresses... Qu'il a le droit aussi d'apprécier les câlins avec quelqu'un, et de ne pas les apprécier avec une autre personne.

 

[Duckie]

Vos témoignages m'ont beaucoup touchée ! Vous êtes très courageuse malgré ce que certains peuvent dire, et j'ai vraiment envie de vous faire un gros calin

Spoiler: Calin ♥

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Et sachez que vous êtes plus forte, et plus grande que tous ces connards ! (s'ils font ça, c'est parce qu'ils en ont pas dans le slip, et qu'ils pourront jamais satisfaire une femme )
Je rejoins la proposition de beaucoup de madz, pour mettre en avant ce thème du consentement lors des cours d'éducation sexuelle ! Autant les garçons que les filles doivent se rendre compte, car je remarque à travers vos témoignages, qu'on n'ose pas mettre le mot alors que surement ça impacterait notre façon de voir les choses !

 

[Kat V.]

Tout d'abord, bravo pour ton courageux témoignage!

Puis, je vais répéter ce que beaucoup ont déjà dit: J'aurais pu écrire cet article.
Pour moi, le moment reste flou. Ca s'est passé il y a presque 5 ans et en fait, je n'en ai presque aucun souvenir. Je nous vois sur son lit. Je ne sais pas trop comment, tout s'est enchaîné et j'ai juste précisé que j'étais vierge. Malgré tout, il s'est servi (je ne peux pas appeler ça autrement) sans aucune "préparation" ou douceur particulière. J'ai eu mal comme si on me cassait en deux. Puis, plus rien jusqu'au moment où il s'est relevé et où je crois que j'ai pensé: "Enfin, c'est fini". Puis, je sais qu'il m'a dit: Tu peux aller prendre une douche" et "Ah au fait, on l'a fait sans capote, faudra que t'achètes la pilule du lendemain".

Je crois que je me plaignais d'avoir mal mais qu'à aucun moment, je lui ai demandé d'arrêter. Le problème, c'est que je n'ai que quelques souvenirs très flous de ce qui s'est passé cet après-midi-là. Je ne revois pas la scène en entier, juste des petits "flashs" éparpillés. C'est étrange, je ne sais pas vraiment l'expliquer. Je ne me souviens même pas d'avoir pris le bus pour rentrer chez moi. Je n'avais pourtant rien pris qui aurait pu causer cela.

Je crois que mon cerveau a occulté ce moment. Pendant longtemps, je ne me suis posée aucune question, j'ai fait ma vie, j'ai eu plusieurs histoires en laissant ma première fois totalement de côté. Mais aujourd'hui que je suis dans une relation stable et sérieuse, ça refait surface. Je me rends compte que je suis incapable de raconter ma première fois. Je ne m'en souviens tout simplement pas. Du coup, plus j'y pense, plus je me dis qu'il y a un problème. Ce n'est pas normal d'oublier un événement de cette façon.

 

[Neverland90]

Ça me rappel lors d'une conversation avec deux gars de 28 ans qui me disaient qu'ils préféraient les femmes plus jeunes car elles sont "moins capricieuses", moins ambitieuses et plus " aimantes" que les femmes de leurs âges et aussi "plus facile à vivre.

Sur le coup ça m'a laissé indifférente et je me suis dit: chacun ses goûts, mais maintenant après voir lu les témoignages, j'ai repensé à cette conversation et ça me fait un peu froid dans le dos même si je sais que lorsqu'ils parlaient de " femmes plus jeunes" ils pensaient début de la vingtaine.

Mais ça m'étonnerait pas que certains gars préfèrent des jeunes partenaires, débutant leur vie sexuelle car moins "informées".

Apres, j'ai parfaitement conscience que le viol peut avoir lieu dans un couple peu importe l'écart ou non écart d'âge.

Mais effectivement, la différence d'âge entre la victime et l'agresseur l'interpelle: je pense que cet homme a parfaitement conscience de ce qu'il a fait: il a trouver une jeune fille très inexpérimentée et il en a profiter. Plusieurs signes:
- En commençant par les compliments, il a 23 ans, c'est une idée assez étrange de complimenter physiquement une jeune fille de 14 ans. C'était un début de manipulation, il a testé l'influence qu'il pouvait avoir sur elle en tant qu'adulte.
- Ensuite l'omniprésence de contact physique et cela depuis le premier baiser. Il a imposé ses besoins, car il savait qu'ent qu'adulte, la victime ne remettrait pas en cause ses gestes et il se servait de ses sentiments pour obtenir ce qu'il voulait, d'ailleurs : Je n’aimais pas trop cette omniprésence du contact physique, mais ça fait partie du truc, non ?
La dernière partie de cette phrase démontre l'ignorance totale de l'auteure lorsqu'elle avait 14 ans. Non dans une relation amoureuse la présence constante de contact physique n'est pas indispensable surtout si ça met mal à l'aise un des partenaires.

Évidemment quand on vit dans un monde entouré de magasines feminins, de series TV, de films, d'émission... prônant les relations sexuelles, la fellation, la sodomie comme ciment du couple, c'est très difficile à 14 ans d'y voir clair alors elle s'est conformait finalement à ce que la société attendait et à étouffé ses ressentis:

- j’ai repoussé gentiment sa main, car je n’étais pas vraiment prête
- Je n’aimais pas trop cette omniprésence du contact physique,
- mais je ne me sentais pas encore de « le faire »,

Contrairement à ce que disent les commentaires facebook( ), l'auteure de ce témoignage était loin d'être bête, elle avait des signaux d'alarme, mais ce genre de ressenti est étouffé par la société, tous ce qui nous entoure. Parce que dans ses situations où non seulement l'agresseur a ramener la victime, il l'a placé dans un environnement isolé, qui lui appartenait. Et dans ce cas, le raisonnement suivit pour les victimes c'est: " je n'avais pas à venir chez lui parce que ça signifie que je dois coucher avec lui, c'est chez lui... Je suis seule..."

Et j'ai la sérieuse impression que cet homme avait prémédité. Pour moi, il n'ignorait rien.

Je conseille le film Trust de David Schwimmer qui a la base met en garde sur les mauvaises rencontres d'Internet. Mais il explique très bien les mécanismes du viol et le déni de la victime. La fin est absolument glaçante car le film montre qu'un violeur peut-être "monsieur tous le monde". J'encourage vraiment les madz même les plus jeunes à regarder ce film. Évidemment gros TW, ce film est psychologiquement très dur.

Synopsis:
Chez eux, en banlieue, Will et Lynn Cameron se sentent en sécurité. Dans leur maison, la nuit, ils dorment avec le sentiment que leurs trois beaux enfants sont parfaitement protégés. Lorsque Annie, leur fille de 14 ans, se fait un nouvel ami sur Internet – Charlie, un garçon de 16 ans rencontré sur un forum – Will et Lynn ne s’inquiètent pas. Ils se disent qu’il est normal que des adolescents échangent grâce aux nouvelles technologies.
Après plusieurs semaines de conversations en ligne, Annie se sent de plus en plus attirée par Charlie. Même si peu à peu, elle réalise qu’il n’est pas ce qu’il prétend être, elle continue à être fascinée par lui. Le masque finira par tomber et cela va déclencher un engrenage que personne n’aurait pu imaginer, mais qui changera définitivement la vie de toute la famille…

 

[naelia]

J'ai partagé l'article avec 3 amis garçons à moi, je suis affligé, de la réaction de l'un de l'un d'entre eux pour lui la mademoizelle de l'article est en tord car elle ne s'est pas débattu et donc ce ne serait pas un non franc ! Je suis sidéré et écoeuré que des hommes puissent penser cela, il a 21 ans quand même !

Je comprends que tu sois fâchée contre ton ami, mais quelque part c'était attendu. Il n'est pas le seul et je connais bcp de gens qui réagiraient de la même manière. Les discussions sur le consentement en sont à leurs balbutiements. Sur Madmoizelle on va loin dans la réflexion, on touche aux limites fines de la problématique.
Quelqu'un dans les commentaires a employé le terme "consenti sans être désiré" je trouvais ça pas mal dit et ça peut mieux parler à ton pote. Il faut développer des trésors de pédagogie sur ces questions et tâcher de pas s'énerver sur eux. Si tu lui dit directement que tu es écoeurée de son attitude, il y a peu de chances qu'il écoute vraiment ton propos, il va juste dire que t'abuse.
Une bonne manière est de rester casual et de poser des questions genre "Ah ouai nan je comprends, c'est limite.. Mais toi t'aurais réagis comment à sa place?" "ça m'aurait pas du tout plu une telle première fois" "ta première fois idéale ça aurait été quoi, t'aurais aimé être un peu "obligé" de le faire?" (si tu peux le permettre: "un tel témoignage venant de ta soeur/ta fille, tu le prendrais comment?" "Comment éduquer pour éviter ça?" etc.

Faire germer la réflexion, faire pousser une petite graine dans un cerveau.

PS: tu écris au masculin dans ton message.

 

[B_elette]

"En France, une plainte pour viol toutes les 40min", j'ai halluciné en entendant ce chiffre il y a quelques jours, ça me paraissait tellement énorme. A la lecture de cet article et de tous les commentaires, je n'en doute plus. Et ça me glace. Quand va-t-on expliquer l'importance du consentement dans les collèges et lycées, il y a vraiment urgence! Un gros câlin à toutes les Madz victimes de viol et d'abus, et à la courageuse auteure de cet article.

 

[Scylla_]

Choisis ta première fois de manière à ce que tu ne la regrette pas.

Sauf qu'en vérité on est beaucoup, femmes et hommes, à regretter notre première fois car on a pas tellement d'éléments de comparaison, sur le coup.
De même, à 14 ans, c'est un âge où on est très naïf, on croit facilement les "plus vieux", on a les désinformations qui circulent au lycée, on croit que les relations sexuelles c'est obligé dans un couple, qu'une nana doit faire une fellation à son copain pour montrer qu'elle est attachée à lui etc.
Et puis à 14 ans on pense être amoureux. On peut l'être hein, mais c'est rare et au final, avec le recul, on se rend compte qu'on ne l'était pas vraiment.

Et puis ce "choisis bien" ça fait très moralisateur envers la victime. Comme si c'est elle qui avait choisi de subir un viol... -_-

 

[Bullle]

Ouch. J'ai l'impression de me lire ou que j'aurai pu écrire cet article. Ça m'a remuée je l'avoue... Je tiens à féliciter la demoiselle qui a écrit cet article car quel courage je trouve... Les mots utilisés sont justes et poignants. C'est courageux et beau décrire ce genre d'article, ça permet de faire comprendre à quel point le viol est incidieux, et qu'il s'installe souvent à notre insu. " j'aime " lire ce genre d'article car ça fou un bon coup de poing à cette culture du viol aberrante.

 

[Alkadara]

@naelia
Je trouve ton commentaire très, très limite. D'une part, dans cet article, il n'y pas de "consenti sans être désiré". L'auteure a dit "Je ne ferai pas l'amour avec toi aujourd'hui", donc elle ne consentait pas. De plus, elle n'était pas majeure sexuellement, alors que son partenaire avec 23 ans. D'un point de vue légal, elle ne pouvait même pas être consentante. C'est un viol, point.

Et j'en ai vraiment assez de cette idée de rester toujours calme avec sympa avec des mecs qui refusent purement et simplement d'accepter la notion de consentement. Je comprends que @Wiederum soit fâchée contre son pote, je le serais aussi ! Je n'ai pas envie de rester calme et "casual" face à des gens qui font purement et simplement du victime-shaming. Ils ne prennent pas de pincettes avec les victimes ? Alors je ne vois pas pourquoi j'en prendrais avec eux.