@Fancy.Lama
J'ai l'impression qu'il y a plusieurs choses dans ce que tu écris.
Déjà, je vais faire un long préalable.
Que ton amoureux cherche un moyen d'éviter ou parer tes colères et tes reproches, je trouve ça plutôt normal. Rares sont les gens qui aiment se faire crier dessus ou se voir faire des reproches. C'est blessant pour l'ego de se dire "quelqu'un que j'aime me juge négativement" ou, "j'ai raté ceci ou cela", ou encore "je suis un incapable, j'ai voulu faire quelque chose mais rien de ce que je fais n'est assez bien".
La critique constructive n'est pas un reproche.
Tu l'as identifié, pour ton amoureux, la manière de se protéger des reproches, c'est la surenchère. Pour d'autres personnes, ce sera de montrer à l'autre que les reproches sont blessants (par des pleurs par exemple). Pour d'autres, ce sera la fuite (le fameux, "dis-ce que tu veux, je vais sortir prendre l'air"). Pour d'autres encore ce sera le "cause toujours" (je fais style d'entendre et de prendre en compte des reproches, mais au fond de moi je continuerai à faire comme j'ai toujours fait).
La morale de tout ça : si l'énervement et les reproches sont parfois nécessaires (parce qu'ils participent à l'expression d'une situation de mal être et impliquent une nécessité de changement de cette situation), ils sont rarement efficaces pour changer la situation.
Pour faire une analogie foireuse : quand on se casse un os, la douleur nous fait hurler. La douleur n'est pas agréable, elle n'est pas facile à gérer et on préfère généralement l'éviter. Mais elle est un signal nécessaire que quelque chose ne va pas. Ce qui va guérir la fracture, ce n'est pas le fait que la douleur diminue mais les soins qui vont être pratiqués.
Voilà. Donc, l'idéal ce n'est pas de trouver un truc qui va faire que ton amoureux courbera l'échine en disant "oui chérie" à chacune de tes colères : sa manière de gérer l'attaque extérieure est violente mais elle ne le rend pas moins apte à accepter un changement dans vos manières de faire.
Tu donnes le cas particulier des tâches domestiques. Quelque part, tu as déjà commencé à identifier le terrain sur lequel vous devez travailler. Il y en a peut-être d'autres mais c'est l'exemple que tu as choisi de donner, donc celui qui te semble le plus évident, peut-être parce que le plus récurrent ??
Bref.
Identification de la source des reproches = check.
Viens ensuite l'
expression de cette source, notamment en exprimant le désagrément que cela représente dans ta vie. Tu dis que tu ne sais pas comment aborder la conversation, c'est bien qu'il faut une conversation, donc un dialogue. Difficile de nourrir un dialogue avec des reproches. Idéalement, commencer par exprimer ta souffrance (fatigue, stress, surmenage) et exposer les raisons de cette souffrance de manière neutre (l'identifier comme coupable/responsable de ta souffrance, c'est retourner dans la boucle reproches/riposte).
Parvenir à un consensus. Peut-être l'étape la plus compliquée : parvenir à un consensus sur ce que vous attendez. Dans le cas précis : quelles sont les tâches domestiques relatives à la propreté qui doivent être faites, sur quelle fréquence, et surtout, comment en partager l'initiative ? S'il connaît et comprend le concept de charge mentale, c'est déjà un bon début : il comprendra qu'être à l'initiative de la tâche est déjà en soi une tâche qui demande des ressources.
Concevoir l'application pratique de ce consensus.
La manière de partager la charge mentale va beaucoup dépendre de vos personnalités respectives et de vos manières d'appréhender l'entretien. Est-ce que faire un agenda des tâches hebdomadaires à faire en alternant une semaine l'un, une semaine l'autre peut vous convenir ? Est-ce que vous répartir les tâches par catégories peut vous aider ? Est-ce qu'une représentation graphique (une petite affiche punaisée au mur devant la porte d'entrée par exemple, avec des couleurs pour chacun-e, ou des cases à griser à mesure que les tâches sont faites) peut vous convenir ? Est-ce qu'une alerte chaque semaine/tous les 15 jours/chaque mois sur le smartphone de monsieur peut convenir pour le rappeler à ses devoirs ?
Un apparté sur cette phrase qui m'a interpellée.
Parfois, j'ai l'impression que c'est lui qui a un bullet journal avec "les reproches que je peux lui faire au cas ou elle m'attaque" :'(
Très clairement pour ton amoureux, je ne sais pas. Mais moi j'ai effectivement des "contre exemples" en tête pour faire face à ce type de situation. Ce n'est pas tant de la surenchère de reproches mais plutôt pour signifier à mon conjoint que, malgré mon manquement, notre relation n'est pas en sa défaveur en termes de tâches ménagères.
Mon mode de fonctionnement c'est celui-ci :
- ma moitié exprime sa frustration par rapport à ce qui lui semble être un rapport inégalitaire "tu as laissé la vaisselle sale dans l'évier". Sous-entendu : j'ai fait peser sur lui la charge de la vaisselle sale alors que c'était ma vaisselle.
- le reproche me blesse, il met à mal mon image dans yeux d'une personne que j'aime. Or j’attends de cette personne plus de bienveillance que de reproches.
- contre exemple à disposition "l'autre jour quand tu es rentré avec tes chaussures dégueulasses j'ai nettoyé l'entrée alors que c'était uniquement de ton fait". Sous-entendu : j'arrive à tolérer de toi des cas où c'est toi qui fait peser sur moi des charges qui te revenaient. Je le tolère sans te faire de reproches, j'attends donc de toi la même capacité à être bienveillant.
Depuis le temps, on a réussi à verbaliser ce type de fonctionnement, la partie sous-entendue est connue de chacun de nous, ça n'empêche pas que nous ayons encore des prise de bec, mais on sait les remettre à leur juste place : des manifestations ponctuelles d'humeur, et non des moyens de régler un problème organisationnel plus important.