Quand tu dis "
La mode, à mon sens en tout cas, est une activité créatrice et positive, fédératrice de talents. Soutenir les artisans textiles, c'est comme soutenir les musiciens ou les artistes graphiques." j'ai un peu envie de m'étouffer
La haute-couture, oui, c'est un véritable secteur artistique en lui-même. La mode telle que présentée aujourd'hui, à travers les marques telles que H&M, Zara et compagnie, non...
Je suis évidemment tout à fait d'accord avec toi (et je pense que tu as bien raison de militer en 2.0) mais j'apporterai une petite nuance à ce sujet
: au delà des marques de luxe et des marques de prêt-à-porter (qui sont deux domaines très critiquables), il y a les artisans-créateurs. Certains d'entre eux pour le coup font vraiment preuve de créativité et d'éthique et méritent d'être encouragés.
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Personnellement, j'aime beaucoup les fringues (j'ai même un master de design en vêtement, m'voyez
.) Si je ne travaille finalement pas dans ce milieu c'est parce-que j'ai été dégoûtée par l'aspect consumériste qui y règne: le film Le Diable s'habille en Prada n'est pas une caricature, pour être accepté par les autres IL FAUT être à la pointe de la mode et donc consommer encore et encore. Pour moi il en était hors de question. Je me suis suffisamment battu durant toutes mes années d'études contre ce diktat pour avoir envie de prolonger le combat en milieu professionnel.
MAIS cela ne m'empêche pas d'aimer les belles coupes, les belles matières et les belles finitions, de considérer le design (presque) comme un art, d'avoir envie d'élégance et de confort et de chercher encore le style parfait. D'une manière générale dans la vie j'essaie de m'entourer de "beau" et j'applique la même règle aux vêtements. Je tente de me constituer une garde-robe idéale tout en respectant mes convictions écologiques et mon petit budget. Et je crois bien que je m'en sors pas trop mal
.
Si cela peut aider certaines d'entre-vous, voici mes astuces pour avoir une belle garde-robe éthique tout en étant au RSA:
- la première chose à faire à mon avis est de trouver son style. Une fois que l'on sait exactement qu'elles sont les coupes, les matières et les couleurs qui nous mettent le plus en valeur, on est bien moins tenté d'acheter tout et n'importe quoi.
- les basics ne se démodent jamais. Il me semble assez malin de privilégier l'achat de basics que l'on pourra porter durant des années, quitte à pimper la tenue en y ajoutant une pièce ou un accessoire "tendance". Un exemple: en ce moment on voit partout des imprimés tropicaux; ces imprimés seront très probablement démodés d'ici quelques mois. Au lieu d'acheter toute une garde-robe "tropicale", pourquoi ne pas se contenter d'un foulard que l'on pourra porter avec une petite robe noire par exemple..?
- la mode est cyclique: on peut faire de vraies découvertes dans l'armoire de nos parents. Il y a deux ans, j'ai récupéré un débardeur au motif tropical dans la garde-robe de ma mère
. On peut tomber sur le même genre de trouvailles en friperie.
- privilégier la qualité à la quantité permet de prolonger la vie de ses vêtements. D'une manière générale, et surtout lorsqu'on a un petit budget, il vaut mieux mettre un peu plus cher à l'achat mais conserver son vêtement durant des années, plutôt que d'acheter pas cher des produits qui seront bons pour la poubelle au bout de quelques mois.
- en achetant moins mais mieux, on parvient à se dégager un budget permettant de se tourner vers des marques plus éthiques, des marques locales, bios ou à faire appel à des artisans ou à des jeunes créateurs locaux. Etsy et a little market notamment regorgent de talents.
- il peut être judicieux de prendre un ou deux cours de couture, de chercher des tutos pour se former ou des idées de DIY. On peut ainsi transformer ou réparer des vieux vêtements abîmés, démodés ou devenus trop larges/trop petits.
- lorsque j'ai un coup de cœur, je fais comme Juliette, j'attends plusieurs semaines avant d'acheter. Je pèse le pour et le contre, réfléchi à la manière dont je pourrai l'associer aux vêtements que je possède déjà, et me demande si j'en ai vraiment besoin et/ou envie. Si passé un certain délai j'y pense toujours, si il remplit tous mes critères et si j'en ai les moyens, alors je m'autorise ce plaisir.
- réfléchir à ce dont on a besoin et faire un premier repérage en ligne avant d'aller en magasin peut également réduire considérablement les achats compulsifs.
- et enfin, se renseigner sur la façon dont sont fabriqués les vêtements et prendre conscience des enjeux éthiques et écologiques qui se cachent derrière la petite veste que l'on est sur le point d'acheter aide beaucoup à ne pas craquer inutilement
.
Je rajoute, même si j'enfonce une porte ouverte, qu'au lieu de jeter les vêtements que l'on ne met plus, on peut les donner à des associations pour faire un.e heureux.se
Evidemment, il serait plus durable et plus solidaire de ne se fournir qu'en friperie et de n'acheter que des vêtements dont on a réellement besoin, mais appliquer les astuces que je viens de lister me semble être déjà un premier pas pour concilier vie en société de consommation et responsabilité.