J'ai bossé ce printemps sur un texte destiné à un public jeunesse, sous forme de conte moderne. Bien sûr l'intrigue, qui me ressemble, fait jouer des personnages hyper ambigus, androgynes, Queer, LGBT, à l'identité duale bref tout ce que l'on veut. C'était un travail qui m'a permis de bosser sur moi. Je partais d'une idée, puis d'un coup les personnages m'emmenaient ailleurs, ils avaient leur vie propre, c'était très intéressant, ils me surprenaient ! Je suis donc arrivée à une conclusion à laquelle je ne voulais pas aboutir, mais ma foi, qui s'est imposée d'elle-même. C'était très intéressant d'un point de vue personnel, d'un point de vue du processus de création : j'ai dû dépasser des blocages, avancer quand même malgré mon perfectionnisme et mon insatisfation chronique. Je voulais écrire pour publier, j'avais même contacté les éditions de l'école des loisirs, mais je crois que c'est trop tôt, je n'ai pas encore les capacités pour. Du coup ça reste un travail qui fait germer chez moi des choses, et c'est tout aussi important : quand j'ai écrit ce court conte (parce que oui, je l'ai fini, et ce fut une de mes premières victoires !) et que mes personnages dépassaient les blocages auxquels j'étais confrontée, c'est moi qui me dépassais, c'est une période de ma vie dans laquelle je me sentais bien et durant laquelle j'ai été plutôt fertile dans ma vie réelle et personnelle.
(c'est aussi une période durant laquelle je bouquinais Psychanalyse des contes de fées, de Bettelheim, qui m'a bien soutenue dans ses discours, malgré lui !)
Sinon j'écris depuis "toujours", comme vous. A l'école primaire je me souviens avoir écrit trois tomes (ouais) sur fond moyen-âgeux, c'était Calita la guerrière, une espèce d'amazone solitaire qui accomplissait sa destinée sur Terre. C'était coolos en fait ! Quand je l'ai relu plus tard, j'ai trouvé ça pas mal du tout, pour l'âge que j'avais ! Et puis j'aime bien, c'est un personnage et des intrigues que j'avais crées de mes mains, ce sont mes bébés à moi.
Ces travaux d'écriture là, plus ou moins consciemment, me permettent de régler des choses avec moi, de trouver des solutions. C'est de la création pure et dure.
Ensuite je suis désolée, mais je ne peux pas parler d'écriture sans mentionner mon travail dans la presse !
Donc je viens de finir un papier sur une AG, ce ne sont pas ceux que je préfère, car ils limitent l'expression "poétique et littéraire", néanmoins il me satisfait, il est "correct", rien de plus.
J'ai rédigé un joli papier la semaine dernière sur un collectionneur de bonsaï. Donc là j'ai réussi ce que je voulais. J'ai aussi fait un papier sur ma rencontre avec un écrivain jeunesse, et là aussi il me plaît énormément ! J'ai hâte qu'il soit publié. Je pense que ce sont des opportunités rares, pouvoir mettre en forme ce type d'articles. Ils sont des petites oeuvres d'art à eux tous seuls. Pas que ce soit objectivement beau, mais le processus mis en place lors de leur création est similaire à celui mis en place lors de l'écriture de n'importe quel texte "littéraire". C'est une vraie naissance, un vrai truc qui sort de mon vagin, qui vient de moi. Ca, ouais, je suis boulimique de ce type de papiers. J'ai de la chance de pouvoir être aussi libre niveau écriture et choix d'articles au sein du journal pour lequel je bosse.
Je m'en fous que le rendu ne soit pas mieux qu'un autre, ou que ça ne plaise pas, le principal à ce moment-là c'est ce que j'ai vécu et tiré de la rencontre, et le pied que j'ai pris en le rédigeant.