S'excuser 20 ans après un harcèlement scolaire : mieux vaut tard que jamais ?

[JoK]

C'est vrai que celui qui reçoit les excuses est "courageux", ou en tout cas "mature".
Pareil que la plupart d'entre vous, j'ai été harcelée au lycée car j'avais une acnée sévère, les gens avaient l'air répugnés, d'autres se moquaient ouvertement de moi. Je me rappelle d'un gars qui prennait le bus avec moi, il était particulièrement méchant.
Puis les années ont passé, je l'ai croisé en boite il y a genre 5ans, il était completement bourré mais m'a touché les fesses. Je devais lui plaire, mais visiblement il était toujours aussi stupide.
Puis l'année dernière, je ne sais comment, on s'est retrouvés a une soirée d'amis communs! Il était calme, avait l'air d'avoir complêtement changé et est venu m'aborder "eh t'etais au lycée machin non?" et il voulait faire la discussion... Je n'ai pas pu oublier les 2ans de moqueries, je lui ai répondu sêchement et je me suis éloignée. Peut être que dans 10ans de plus je pourrais passer au dessus de ça..

 

[Fenotte]

@Cristélène Je ne connais pas ton histoire donc je ne peux pas comparer avec la mienne. Mais j'imagine que la possibilité du pardon dépend selon que les harceleurs avaient à l'époque des faits 5, 10, 15 ans (ou plus... Plus le temps passe plus je me rends compte que le bullying est aussi un truc d'adultes...).

Moi, les gosses de l'école primaire qui m'ont harcelée, je leur pardonne, d'ailleurs j'en ai sur Facebook, on échange pas davantage qu'un like par ci par là, mais je vois qu'ils n'ont plus rien à voir avec les petits merdeux qui me traitaient de tous les noms. J'aurais plus de mal, je pense, à pardonner à ceux qui m'ont harcelée quand j'avais 16-17 ans. Parce que là, on a plus l'excuse d'être un enfant.

Par contre, celles à qui je n'arrive pas à pardonner, ce sont les maîtresses d'école qui ont validé ce harcèlement. Celles qui me punissaient moi et m'engueulaient quand je pleurais, celles qui me renvoyaient dans la gueule que je n'avais qu'à apprendre à me défendre, alors qu'elles étaient là pour apprendre à ces gosses là à devenir des gens bien, pas pour m'apprendre à me battre contre les animaux de la jungle. Ca, je ne peux pas pardonner. Parce que c'est tout ce qui va mal dans notre société actuelle. Et c'est à cause d'elles, pas des gosses, que j'ai été convaincue d'être "handicapée mentale" pendant une bonne 10aine d'années, et que ça a gâché mon adolescence et mes jeunes années d'adulte sur le plan relationnel.

 

[Cristélène]

un autre post rédigé plus calmement.

Ce qui m'enerve dans ce genre d'histoire, c'est surtout que j'y vois une "injonction au pardon", Tendre l'autre joue et autres conneries du genre. Je m'explique.

Quand tu as harcelé qqun, que tu t'excuse, c'est normal, comme je le disais précédement, je te donne un bon point d'humanité, bravo. Mais je vais pas te porter aux nues, tu n'as fait que ton devoir. De plus "excuse moi", c'est pas une touche effacer, le mal que t'as fait, il est toujours là. Que t'ai 9ans (comme mes harceleurs au début), 13 (comme mes harceleurs a la fin, et si vous vous demandez, non, ils ont pas eu une épiphanie, j'ai juste déménégé à 120 bornes de mon ancienne ville.) ou 50, comme disait audrey plus haut, le mal fait, il est permanent. "Je savais pas" est pas une excuse valable.

Et ce qui m'enerve, c'est que comme par hasard, c'est ce genre d'histoire merveilleuse ou la victime pardonne a son bourreau qui fait le tour du nain Ternet. Vas y choupet, tend l'autre joue, le pardon te permetttra d'avancer, c'est du passé...

Non, bordel. Ces gens m'ont blessé, sciemment, pour certain, j'ai le droit d'etre en colere. J'ai le droit de pas pardonner (bon, ok, j'ai pas le droit de pas les aider s'ils sont en feu, non assistance a personne en danger, tout ca). dire "il faut pardonner pour avancer", je ressens ca comme une négation de mon vécu. J'ai le droit d'etre en colere, j'ai de solides raisons pour ca, quel que soit l'age de mes agresseurs.

Je parle pas d'aller péter la gueule à ces gens, hein? Mais j’apprécie peu de voir glorifier une histoire de victime au grand coeur qui pardonne a son bourreau. Je veux juste vivre ma vie, sans qu'on me colle des exemples a la gueule pour m'expliquer que j'ai tord et que je dois pardonner.

J'ai droit à ma colere. Je voudrais qu'on evite de généraliser. Pardonner en aidera certains. Et la colere en aidera d'autre. Et je veux qu'on m'accorde le droit à ma colere. Mieux, je veux qu'on l'admette comme légitime. Mais la colere et la rancoeur, c'est négatif, hein? *ironie*

 

[Lilyoug]

Hey !
Franchement, je respecte vraiment les deux gars, aussi bien la victime capable de pardonné et le bourreau capable de se rendre compte du mal qui a été fait.
Comme beaucoup d'entre vous, j'ai moi aussi été victime de harcèlements, de brimades, d'insultes, voir de coup. Bon, j'ai jamais vraiment compris comment ça a pu commencer, je sais juste que ça m'est arrivé quand j'ai déménagé à 8 ans. Et ça m'a poursuivi jusqu'à mes 17 ans, où j'ai pousser un grand coup de gueule.
Bon l'un de mes premiers bourreaux (oui parce qu'en plus j'en ai eu plein de différents) c'est plus ou moins excuser au près de MON FRERE au près de ce qu'il M'A fait subir à MOI... Bon bah pourquoi pas, mais ce ne fut pas le pire de mes bourreaux. Mais malgrès tout, je me suis senti bien quand mon frère m'en a parler.
Bon si tous pouvaient venir s'excuser ce serai bien, mais la vérité, c'est que je leur ai déjà tous (sauf un) pardonner.
Bienvenue dans mon monde de bisounours

 

[Solstice]

Bon en soi l'histoire est choupie tout plein bien sûr, mais moi si mes ancien.nes harceleur.euses venaient s'excuser, je leur cracherais au visage. Je ne suis pas quelqu'un d'haineux en général et j'essaye de toujours pardonner et relativiser, mais là je peux pas. Yelles m'ont poussé dans une grave dépression dont je garde encore des séquelles, j'avais rien fait à personne. C'est drôle à quel point je hais tous les gens de mon collège à en crever. Ma CPE qui en excusait certains en disant "Ouiii mais c'est pas facile pour eux, ils ont des problèmes familiauux" JE M'EN FOUS (en plus elle disait ça mais elle avait jamais puni personne alors qu'elle y assistait nom de dieu (des fois c'était même moi qui me faisait engueuler parce que "j'étais trop fragile" ou "je devais me faire une carapace" ou "arrêter de lire Victor Hugo dans la cour parce que ça attire les harceleurs.reuses" (laule)).
Bref je les hais tous.tes autant qu'yelles sont et je les ai haï encore plus quand on m'a rapporté qu'ils ont été "étonnés" quand on leur a annoncé que je viendrais plus parce que j'étais en dépression.
Bref je suis peut-être très manichéenne sur ce point mais ces gens ne méritent pas mon pardon, si yelles se sentent mal à cause de ce qu'yelles m'ont fait, qu'yelles se sentent mal, ça ne sera qu'effleurer la montagne de souffrance qu'yelles m'ont foutu sur le dos.

 

[Titien]

Je pense qu'il n'est jamais trop tard pour présenter des excuses et que le mec avait le devoir moral de me faire. Maintenant libre à la victime de pardonner ou pas. Ca dépend de son histoire, des brimades qu'il y a eu, de son caractère, de pleins de choses qui ne regardent que lui. Je comprend facilement que certaines d'entre vous refuse de pardonner -moi-même je pense que je pardonnerais mais ça me regarde. Ca ne regarde que moi. C'est mon choix. Ma liberté.
Les harceleurs devraient prendre leur courage à deux mains s'ils ont changé pour se manifester en s'excusant mais ça ne veut pas dire qu'il faut les pardonner pour autant. C'est juste une façon juste, adulte et humaine d'assumer ses conneries.

 

[Shinigamylle]

Cette histoire m'a émue. Je trouve ça bien pour, que l'un ait réussi à comprendre le mal qu'il a fait (sans chercher à justifier ses actes et à les minimiser) et autre l'autre ait réussi à passer au dessus et pardonner. Moi je n'en serais personnellement incapable, je ne suis pas haineuse ni spécialement rancunière, mais si les sales chiennes (oui, j'ai pas envie d'être polie) qui m'ont pourri toutes mes années au collège à me harceler alors que je demandais qu'à être tranquille, revenaient pour me dire qu'elles étaient désolée pour ça, je leur dirait sûrement un truc du genre "Ah c'est bien que tu ais changé et que tu sois consciente du mal que tu as fait, mais non, j'ai trop souffert pour te pardonner, au revoir.". J'suis désolée, mais qu'elles étaient jeunes, bêtes et inconscientes ne justifie absolument rien, moi j'ai jamais harcelé personne, donc je vois pas en quoi à leur aurait troué le cul de rester tranquilles et de me foutre la paix.

Bref, ces sales personnes ne m'ont pas aidée dans mes difficultés scolaires déjà présentes de base, et je me suis rendue compte que les années collège sont devenues un énorme trou noir dans ma tête, j'ai fais en sorte d'oublier le plus de choses possible pour me protéger de ces douleurs. Heureusement d'ailleurs, j'aurais peut être fait une dépression comme plusieurs Madz' qui ont commenté (c'est si triste, j'espère sincèrement que vous allez toutes mieux désormais !).
Bref, si elles culpabilisent, bien fait, c'este tellement rien en plus à côté de mes années de calvaire à vouloir m'enfermer dans un bunker dès que venait l'heure de devoir aller au collège.

Enfin bref, je préfère dire par contre que j'admire sincèrement ceux capables de se remettre en question, et encore plus ceux capables de pardonner le mal qu'on leur a fait, car justement moi j'en suis incapable. Je ne dis pas que c'est bien et qu'il faut le faire (pardonner à ses bourreaux), chacun est libre de faire ce qu'il sent bien pour lui, et tout dépend des actes commis aussi.

 

[Alycm]

Justice mignonne

 

[mariedu75]

Quand on est ado, on oublie souvent qu'un jour la victime pourra être notre enfant. S'excuser est un beau geste de sa part sachant qu'il n'était pas obligé de le faire.

Ayant connu les deux cotés, je me rend compte que j'ai été stupide de jouer le bourreau.
J'ai pas mal souffert des rumeurs homosexuelles (et plein d'autres) dans mes années collèges/lycées. Puis je me suis endurcie dans ma vie étudiante, en persécutant certaines personnes. Le comble de l'histoire, c'est que j'ai fini par assumer le fait que je sois lesbienne. Avec du recul, j'avoue que j'étais lâche.

La question que je me pose en lisant cette article est: "Qu'est-ce qui pousse les gens à agir comme ça?"

Me concernant, j'ai la réponse. L'influence du groupe et trouver un autre coupable pour se faire oublier.
Je précise que j'ai souvent déménagé donc je n'ai fréquenté les mêmes personnes dans toute ma scolarité.

 

[PuceS]

De mon coté, j'ai aussi été victime de harcèlement au collège, qui m'a aussi fait beaucoup de mal et laissé des séquelles dont j'ai encore du mal à me débarrasser. En revanche, ça fait déjà 14 ans. J'ai recroisé mon bourreau 2 ans après, elle a fait comme si rien ne s'était jamais passé. Moi, après son départ, j'ai fondu en larmes. Je l'ai haï pendant des années.
Le fait est que haïr quelqu'un, c'est aussi épuisant. Que ça vous bouffe. Alors un jour, j'ai décidé de passé outre. Je ne dis pas que j'ai pardonné, mais la personne a qui j'en veux est dans le passé, figée il y a 14 ans.
Aujourd'hui, ce n'est plus la même. Elle a tenté de reprendre contact via facebook, j'ai refusé toutes ses demandes, car je veux la laisser ou elle est, dans le passé. Mais il m'est arrivé de la croiser et de pouvoir dire bonjour et de tenir un "small-talk" sans problème.
Je me dis quelque part que des excuses de sa part m'aurait fait du bien. Des excuses, ça permet aussi de se déculpabiliser. Car dans mon cas, il a fallu du temps pour que j'assimile le fait que le problème ne venait pas de moi et de ma "faiblesse". Et elle se serait excusée, ça aurait permis de me débarrasser de cela. Même encore aujourd'hui j'ai parfois envie qu'elle s'excuse, et je serais capable de l'accepter et de peut-être enfin tourner la page pour de bon. D'y mettre un point final.

 

[La_Belette]

Quand j'étais en CM1-CM2, j'étais victime de harcèlement, une fille de ma classe qui était affreuse avec moi... Insultes, coups (je rentrais avec des bleus tout les jours...), tête dans les toilettes et j'en passe. Quand on est passées au collège, elle a complètement changée de comportement, elle avait sa vie et elle m'ignorait complètement... Mais ça m'a laissé des traces. J'ai fait une crise de panique quand un prof a voulu nous mettre dans le même groupe de travail, personne n'a compris sauf elle je pense... En grandissant je lui complètement pardonné, surtout quand ma mère m'a appris les violences dont elle était victime à l'époque (parents abusifs...). Aujourd'hui je serai même heureuse de discuter un peu avec elle, même si elle ne s'est jamais excusée (mais ça me plairait qu´elle le fasse).
Après pour les Madz qui ne peuvent pas pardonner je comprend !! Il m'a fallu des années avant d'arrêter d'avoir peur de cette fille. Alors arrêter d'être en colère ça doit mettre plus longtemps forcément !

 

[Maud Kennedy]

Je me suis fait harceler pendant des années (fin de la primaire + tout mon collège + début du lycée). J'ai fait un gros travail sur moi pour accepter de faire la paix avec cette période de ma vie. Aujourd'hui, accepter mon passé me permet d'aller de l'avant.

Si un de mes nombreux harceleur venait aujourd'hui s'excuser, je serais tout à fait apte a accepter ses excuses.
En revanche, je crois que ça remuerai ce passé avec lequel j'ai fais la paix, et ça, je n'en ai vraiment pas envie...

Je voulais justement revenir sur ce point parce que c'est vrai que recevoir des excuses peut aider la victime mais ça peut aussi la faire replonger dans un passé qu'elle avait plus ou moins oublié.
J'allais écrire qu'il était plus facile probablement d'accepter des excuses quand le traumatisme n'a pas été trop profond mais est-ce vraiment possible? Le harcèlement scolaire même "modéré" laisse forcément des traces. Je suis devenue très solitaire et j'ai du mal à faire confiance aux gens. Même si ça n'a jamais atteint des extrêmes comme pour certaines personnes ici,est-ce que je serais devenue la même si je n'avais pas été cataloguée comme bizarre dès l'entrée au cp et rejetée toutes mes années lycée(que j'ai haies,bien évidemment à part ma dernière année parce que j'avais déménagé)? Probablement pas.