Témoignage : Je suis hypersensible

[Lieve]

d'ailleurs je me demande comment on évalue ce dernier point, parce que je ne connais personne qui affirme ouvertement n'avoir aucune imagination.

Si moi. J'ai vraiment 0 imagination. Sinon je surbigup ton post!

 

[Shinichi]

Comme l'ont dit certaine Madz', ne considérez pas toutes être hypersensible à la lecture d'un article ...
Il faut un long travail et une réflexion avant d'arriver à ce genre de conclusion (Personnellement j'ai mis 6 ans avant d'envisager l'hypersensibilité que je prends encore avec beaucoup de précautions aujourd'hui)
Malheureusement le problème des wikipédia, doctissimo et autres, c'est que ça donne une définition assez générale et large pour recouvrir toutes les formes possibles d'hypersensibilité. Résultat : ça perd tout son sens parce que tout le monde peut s'y retrouver.

Il me semble que l'article donne une vision un peu trop "fun" de la chose. On a presque envie d'être hypersensible parce que ça garantirait une personnalité "perspicace", créative", ...
Il me semble que certaines choses doivent être précisées.
Je pense effectivement que les hypersensibles sont un peu plus créatifs ou imaginatifs. Mais bien souvent nous sommes tout simplement INFOUTUS d'en faire quoi que ce soit. Avoir 36 000 idées à la secondes, aussi géniales peuvent-elles être, ne garantit en rien d'en faire quelque chose d'intéressant. Résultat : dans les faits, notre imagination et notre créativité sont moins intéressantes que celle de quelqu'un qui arrivera à en faire quelque chose.

De même que nous ne sommes pas des machines mi décodeur mi Irma. On est effectivement des "éponges" à sentiments, plus sensibles aux détails, plus observateurs. Mais réussir à capter les sentiments des gens ne veut pas dire qu'on va vous en sortir le profil exact. Savoir que la personne en face est en colère alors que personne d'autre ne le voit ne vous dit pas pourquoi, comment, dans quelles limites, ... Alors COMME TOUT LE MONDE on fait aussi des erreurs de jugement. On en fait juste un peu moins (Du simple fait qu'on a un peu plus d'infos)

Du reste, l'hypersensibilité c'est aussi un cruel manque de rationalité et, bien souvent, de force mentale ... On ne pense pas efficacement, on cogite. Mais quand on arrive à la maitriser ça peut être un sacré atout.

 

[Ilya]

On peut tout à fait avoir un "univers mental riche". C'est pourtant facile à quantifier.
Les gens qui en font partie s’imaginent des tonnes de scénarios avant de s'endormir, quitte à faire exprès de retarder le sommeil pour continuer leurs histoires. Ils peuvent aussi passer des heures à rêvasser en cours, ils ne trouvent pas l'inactivité ou la solitude ennuyeuse puisqu'ils ont toujours quelque chose qui se joue dans leur tête !
Ils n'ont aucun problèmes à trouver des cadeaux pour leurs prochains, réfléchissent peu de temps avant de trouver une idée de rédaction ( vous vous souvenez les rédactions de collège ?) , etc.
Je suis désolé d'annoncer qu'on voit parfaitement la différence entre les imaginatifs et ceux qui n'ont pas ou peu d'imagination. Essayez un Kamoulox pour voir , entre un imaginatif et non-imaginatif ! C'est hallucinant !

 

[Hurry]

Je pense qu'il nous faudrait un article sur le narcissisme et l'individualisme face à la pathologie et comment on cherche à s'identifier à des symptômes pour donner un nom à ce qu'on est

Sérieusement, je trouve ça fascinant cette démarche de s'identifier en masse à quelque chose qui a l'air marginal, même si ça passe par la notion de névrose. C'est un peu vouloir être unique et vouloir s'étiqueter tout à la fois, je trouve ça hautement paradoxal et pourtant si commun (il n'y a qu'à voir les réactions sur ce genre d'articles).

Quand je vois déjà le nombre de commentaires affirmant se reconnaitre dans l'hypersensibilité, je m'interroge sur l'interêt de "pathologiser" absolument n'importe quel trait de personnalité. Est-ce-que l'hypersensibilité existe vraiment au fond?

Moi aussi je me reconnais dans tous ces points. Et je pense qu'on est nombreux à pouvoir dire que la musique nous émeut, qu'on est sensible aux émotions des gens et aux messages non-verbaux, qu'on tolère mal la critique, qu'on a une imagination riche... d'ailleurs je me demande comment on évalue ce dernier point, parce que je ne connais personne qui affirme ouvertement n'avoir aucune imagination. Et puis c'est quoi un univers mental "riche"? Et du coup c'est quoi un univers mental "pauvre"?

Enfin bref, ça me fait penser à l'article sur la précocité qui avait "ouvert les yeux" de tellement de filles sur leurs difficultés à sociabiliser ou sur leurs facilités à l'école... ff:

Je comprends ce que vous voulez dire mais d'un autre côté, ça peut aider de se retrouver dans une telle description. Personnellement c'est une partie de ma personnalité que je ne comprenais pas bien et qui me faisait me sentir mal souvent. Au jour d'aujourd'hui je ne peux pas affirmer avec certitude que je suis hypersensible mais je m'y reconnais tellement que, que je le sois ou non, ça m'aide de me dire que je le suis dans le sens où ça me permet de relativiser certains sentiments. C'est assez compliqué à expliquer mais en gros c'est comme si quelqu'un se rendait compte qu'il est paranoïaque, le simple fait de le savoir pourrait l'aider à relativiser ce qu'il ressent... En gros je me suis rendue compte que j'avais un rapport au monde fortement basé sur le sensoriel et les émotions mais que ce n'était pas le cas de tout le monde. Après, qu'il y ait une majorité de gens hypersensibles ou non je m'en tamponne le coquillart, toute narcissique que je suis ça m'intéresse juste pour m'aider à me comprendre moi et à comprendre les autres. Je pense être suffisamment bien dans ma peau que pour ne pas avoir besoin de me dire que je suis spéciale. Je suis un être humain lambda et j'en ai bien conscience mais je reste persuadée que l'hypersensiblité ramène à une façon particulière de percevoir le monde, tout comme le contraire de l'hypersensibilité l'est aussi. Personnellement ça m'a juste fait du bien de comprendre qu'on avait pas tous le même ressenti face au monde et que ce que je ressentais ne devait donc pas être considéré comme la valeur absolue. Ca m'a beaucoup aidé à relativiser certains ressentis, et c'est tout. Je ne considère pas ça comme un trouble du comportement, ni comme une pathologie, au plus comme un trait de caractère et ça ne me préoccupe pas au-delà de ce que ça peut m'apporter concrètement, comme n'importe quel autre aspect de la conscience de soi.

Bref, désolé pour le pavé mais je vous ai trouvées un peu carrées sur ce coup là. Si on définit l'hypersensibilité il y a forcément un pôle contraire qui n'est pas plus ou moins bien que le premier. Et tout le monde se retrouvera bien dans un des deux ou au milieu...

 

[Ancien membre]

Opium. et Shield : merci !
mais justement, je refuse aujourd'hui d'en faire une maladie. Et je trouve malhonnête de passer son temps à se plaindre où à s'identifier à des groupes de personnes en fonction de certains troubles. Il faut accepter qu'on peut effectivement avoir besoin d'aide, mais il faut aussi être adulte. C'est peut-être très personnel, mais je trouve que c'est le travail, la construction qui permet de s'en tirer, pas l'apitoiement où la reconnaissance que les autres peuvent avoir de nos petites maladies. Céline dit des choses très justes là-dessus dans l'Entretien qu'il a donné chez lui à Pauwels, si jamais ça en tente certaines

Je trouve que la tournure que prend la discussion est HS mais intéressante et je suis entièrement d'accord avec Opium et également avec Navajo sur les points en gras
Je pense qu'il y a des pathologies qui nécessitent plus d'attention que d'autres et qu'autant que possible (et lorsque cela est possible, ce qui n'est bien sûr pas toujours le cas), on gagne beaucoup plus à faire un travail de (re)construction sur soi qu'à s'identifier à un ensemble de symptômes.

 

[leina-2]

Mais pourquoi se figer? C'est même pas un truc que je critique, c'est réellement un comportement qui m'intrigue. Je trouve ça humainement/socialement/psychologiquement intéressant cette question de "pourquoi est-on rassuré en s'identifiant à tel ou tel trait de caractère?".

...

C'est un peu HS mais ça me fait penser au test MBTI qui classe les gens par types. ça m'intéresse beaucoup, et pourtant c'est mettre les gens dans des cases aussi.
J'ai été soulagée de me retrouver dans le type INTP, et ça m'a beaucoup fait réfléchir sur ma personnalité, mes points forts, points faibles, sur mon rapport aux autres. Aujourd'hui je ne peux pas m'empêcher d'essayer de deviner le type des gens qui m'entourent, alors que je suis bien consciente qu'on ne peut pas réduire un être humain à un type. Donc oui effectivement, il y a ce côté rassurant.

 

[Aribeth]

Mis à part les trucs "triviaux" (imagination riche et sensible à la douleur, bon d'accord hein.) je ne me reconnais pas du tout.
Je pourrais témoigner sur mon hyposensibilié, mais le problème, c'est que..j'm'en branle.

 

[Zgu]

Quelle ironie... les hypersensibles qui ont posté un message pour ensuite lire les commentaires négatifs (je globalise) doivent s'en mordre les doigts et le vivre pas trop bien

 

[Pantoufle]

"Humeur perturbée par la fatigue ou la faim", ça ne concerne pas tout le monde ça ?

Comme tout le monde je me reconnais dans pas mal de points, mais je ne pense absolument pas être hypersensible, juste sensible, comme la majorité des gens.

 

[fantouch]

Merci pour ce témoignage, j'en suis une aussi. Je suis en train de lire un livre d'ailleurs "The Highly Sensitive Person" une sorte de self-help pour s'en sortir quand on est hypersensible. Surtout ce qui est important a savoir: ce n'est pas une maladie. C'est pas quelque chose de curable. Ce qui rend la vie des hypersensible difficiles, et des gens sensibles en général c'est que la culture dans laquelle on vit est inadaptée. (Mon problème a moi c'est que je vis aux états-unis ou les stimulations sont encore plus fortes c'est insupportable parfois (les lumières, le bruit, les odeurs, l’extraversion etc).)

"Tu es trop sensible" est devenu une insulte aujourd'hui. C'est normal de pleurer, d'avoir le coeur qui se tord, d'avoir l’ouïe et l'odorat en éveil. C'est génial de pouvoir collecter des détails comme ça, en quelques secondes. Il y a rien d'horrible a être sensible. De la même manière il n'y rien d'horrible a ne pas ressentir les choses directement. Tout le monde n'est pas foutue de la même manière,

Enfin bref si vous avez des questions par rapport au livre je serais ravie de vous répondre.

salut les madmoizelles, bisou du wisconsin 3

 

[Lisazerty]

Un témoignage très intéressant ! Je ne me sens pas concernée par ce problème mais comme il est dit dans l'article chacun a un degré de sensibilité qui lui est propre et j'avoue que mon degré est quand même assez élevé. Donc c'est intéressant de voir qu'il y a des personnes qui sont encore plus sensible que nous même et même à des degré qui étaient inimaginables pour moi... De plus, ça m'explique pas mal le comportement d'une amie que je reconnais très bien dans tous les point décrits.
Ca n'a pas du être simple tous les jours, c'est super que tu t'en sois sortie et que tu ais appris à te servir de ce "don". Bonne continuation !

 

[Schottky]

Les gens veulent absolument se coller des étiquettes sur le front, comme si c'était un moyen d'exister. Qui n'a jamais eu de copine(s) qui vous assurent que si elles sont comme-ci ou comme-ça c'est parce qu'elles sont précoces/hypersensible/hypermachin et évidemment "tu peux pas comprendre, c'est hyper complexe"?

Les gens s'écoutent beaucoup trop je trouve. Ils se confortent dans leurs manies et leurs comportements, soit disant que c'est une pathologie, que c'est hors-norme. Tout le monde veut penser qu'il est différent, qu'il n'est pas comme tout le monde, et puis c'est facile de s'auto-analyser et de se reconnaître dans tout et n'importe quoi.

Alors pour sortir de la norme et ne pas être juste une autre personne dans la masse, on se trouve des pathologies. Je trouve ça dommage et même un peu triste que les gens n'aient trouvé rien d'autre que ça pour se démarquer.