Témoignage - La vie sexuelle après un viol

[li-loo]

Je me permets de donner un peu mon avis. Déjà c'est normal que les Madz soient choquées : ce qu'elle a vécu n'est pas normal, ce n'est pas acceptable, c'est un crime, encore pire car elle était mineure au moment des faits et lui majeur. Il s'agit du viol d'une mineure en bande organisée, on fait difficilement pire.

Ecrire ce récit est un genre de thérapie, écrire libère, nous sommes nombreuses à écrire des petits textes pour nous libérer de certaines émotions. Quelque-part, une fois que c'est écrit, ce n'est plus en nous, mais l'écrit reste et mine de rien on le partage, parce-que c'est important d'en parler, et peut-être rassurant de voir qu'on n'est pas la seule à avoir subi ce genre de chose.

Cette Madz a eu une réaction qui est tout à fait compréhensible et qui se retrouve souvent chez les victimes de viol : culpabilisation et reproduction. Clairement, on ne peut pas se remettre de ce genre de traumatisme seul, encore moins lorsqu'on est adolescent et donc en pleine construction de sa sexualité. Il est important de se faire accompagner par un professionnel mais c'est une démarche extrêmement difficile, douloureuse et culpabilisante ("j'ai attendu avant d'y aller" "je n'ai pas réussi à m'en sortir seule" "est-ce que ce psy va me juger?" "est-ce-que je suis folle parce-que je vais consulter?" "je n'ai pas porté plainte : est-ce-qu'il va recommencer? est-ce-qu'une autre souffrira à cause de moi?"...)

Je comprends le besoin de maîtriser sa sexualité, de choisir des partenaires qui ne l'avaient pas remarquée à la base et de choisir ce qu'elle veut faire d'eux (qu'ils fassent d'elle "leur chose"). Au fond c'est un peu l'inverse de ce qu'il lui est arrivée (être flattée qu'un homme la remarque, flirter puis ne rien maîtriser et subir le pire).

Dans tous les cas je souhaite beaucoup de courage à cette Madz, et à toutes celles qui ont aussi traversé cette dure épreuve.

Dernière précision : je me permets ce petit pavé car c'est une situation que je ne connais que trop bien : de par mon travail (beaucoup beaucoup de jeunes filles vivent ce genre de chose et n'en parlent pas) et de par mon vécu personnel. J'ai traversé la même chose et j'ai eu la même réaction. Jusqu'au jour où j'étais au pied du mur et que je ne pouvais pas faire autrement qu'en parler.

Et si les psys c'est pas votre truc, n'oubliez pas qu'il existe des associations ou structures pour en parler gratuitement : Planning Familial, SAVIM, APIAF, CIDFF qui se trouvent dans toutes les grandes villes. Et selon vos villes il y en d'autres!

 

[clairedavy]

Je n'ai pas trop compris l'attitude des Mad' car oui le récit est dur, cru si on peut dire mais voilà on lit dans le titre que ça parle de viol donc je vois pas trop ce qu'il y a à édulcorer elle a simplement raconté la vérité et j'imagine que ça lui a beaucoup coûté.

C'est écrit que ça parle de l'après-viol, pas qu’elle va tout raconter dans les détails. Je suis pas contre le fait de le publier, je suis d'accord qu'il ne fallait pas modifier l'article, et j'ai fini par le lire en entier après m'être reprise. Mais simplement prévenir que ça peut être choquant ça me semble nécessaire : y a pas mal de mineures sur le site ou de gens autrement plus impressionnables que moi. Un film qui contient une scène de viol comporte bien un avertissement, alors pourquoi pas un article ?

Et si la scène du viol est difficile à lire (une envie de vomir et d'exploser un mur), elle a du être beaucoup plus douloureuse à écrire (et je ne peux imaginer ce que c'est que de vivre cela).

Entièrement d'accord, j'imagine pas non plus

 

[DestyNova_]

Putain mais comme ça m'énnerve, ça m'énnerve que ce genre de choses existent, que ce mec soit toujours dans la nature, que d'autres aient regardé sans rien faire, etc etc.
ça me donne juste envie de tous les retrouver et de leur proposer "napalm ou pistolet à clous?".

Moi aussi j'ai eu le même genre de réaction après, c'est à dire se poser en dominante (afin de ne plus jamais se retrouver dominée), mettre beaucoup de distance, et de temps en temps "les laisser faire ce qu'ils veulent" comme si c'était ce qu'ils cherchaient dans le fond : satisfaire leur plaisir et m'utiliser pour ça.
Plus jamais le sexe n'est pour moi un acte d'échange, de plaisir de fusion et toutes ces conneries (je sais que ça n'en est pas pour les autres mais pour moi je ressens presque de la colère quand on veut, par le biais d'un film ou d'une chanson, me promettre encore ce genre de rêverie auxquelles je n'ai plus accès).

Pour celles qui pensaient trouver dans ce texte des "solutions" sachez que je les attends encore après 7 ans de recul et 4 ans de thérapie.
Même quand l'auteur du texte dit "je prends même parfois mon pieds" je me projette peut-être mais j'ai l'impression de m'entendre, quand j'essaie de me convaincre que les fissures en moi ne se voient presque plus "et en plus j'ai des amis géniaux, et finalement j'ai la chance d'avoie eu des tas d'amants, au lit on me dit souvent que je suis un bon coup, je me concentre sur mon partenaire, gnagnagna". Mais c'est comme si tu regardais le monde depuis le fond d'un puits. Tout à l'air beau et chaud pour les autres alors tu reconnais que le monde n'est pas moche, mais toi ça fait longtemps que tu n'y es plus dans ce monde.
Et c'est comme si une toute petite partie de toi était toujours en alerte, parce que tu sais que ça peut arriver, et tu sais que cette fois tu n'auras pas la force d'y survivre.

Je ne sais pas si on peut revenir de ce genre de truc, si certaines ont des témoignages positifs, je serais heureuse de les entendre.

En tout cas bon courage à la demoiselle, j'espère qu'un jour tu prendras ta revanche sur la vie.


EDIT : pour info, beaucoup de viols sont commis sans aucune violence et sans séquestration comme ça a été le cas de cette nana, ce sentiment de peur qui fait qu'on est paralysé c'est la sidération, c'est important de comprendre cette notion, sinon on ne comprends pas ce qui nous est arrivé.

Aussi, je pense que le sentiment de culpabilité et de honte est propre au viol mais serait moins important si toute notre société (ce qui implique : fait de montrer sans cesse des femmes disponibles sexuellement à la TV, valoriser et glamouriser le sexe, la violence, la prostitution, rabaisser les femmes qui ont une sexualité active, les campagnes de prévention contre le viol qui s'adressent aux femmes et aux victimes au lieu de s'adresser à tout le monde, victimes comme Tristane Banon, ou Nafissatou Diallo descendues par la presse et même par des ministres, avant même qu'il y ait un jugement, d'une manière générale placer les femmes comme plus futiles et inférieures dans tous les domaines etc.etc.), ainsi que notre système judiciaire (4 ans de prison pour Bertrand Cantat, 2 ans à peine pour Cheb Mami pour avoir fait avoter de force avec une méthode barbare (à la main et avec des aiguilles à tricoter) son ex compagne et avec coups et violences en réunion) et policier (la difficulté que c'est de porter plainte, le fait que si vous n'avez pas beaucoup d'éléments on vous décourage, le fait que vous ayez un entretien psychologique par la suite pour vérifier si vous n'avez pas menti), bref si toute notre société n'était pas dans le coup, ce genre de chose n'arriverait pas comme ça (si on réfléchit bien, c'est la banalité de l'acte aux yeux du mec et de ses copains qui est flippante, on pourrait croire qu'il faisait ça tous les jours), ou au moins on craindrait plus les retombées judiciaires ou sociales.
Donc continuez à vous battre tous les jours pour que les femmes en prenent un peu moins la gueule, et que les vrais agresseurs soient reconnus

 

[CocomicStrip]

Je peux comprendre que certaines Madz aient été par le langage quelque peu cru du texte mais pour être honnête lorsque l'on voit le mot viol on ne s'attend bien entendu pas à ce que cela parle du dernier Disney!

Malgré son histoire bouleversante et cruelle,j'ai tout de même trouvé son témoignage très beau.
Beau car ce n'est déjà pas facile d'en parler,généralement les victimes de viols n'aiment même pas faire allusion à ce qu'elles ont vécu.
Là en l'occurrence l'auteur s'est complètement délivré,je pense que la description du viol est même primordial,car c'est à travers ces mots que l'on comprend l'attitude qu'elle a aujourd'hui vis a vis des relations sexuelles.

J'ai peut être tord mais je vois ce témoignage comme un appel au secours.
Bravo à elle pour son courage

 

[Miawou]

Moi je voudrai savoir si aujourd'hui la mademoizelle a porté plainte, ou même si elle en a parlé à quelqu'un?
En tout cas j'espère sincèrement qu'un jour elle arrivera à surmonter ça....

 

[Fleur-2Cactus]

Du coup desfois je me demande comment elles font les autres. Et aussi comment ils perçoivent ça, les gens pour qui ça ne fait pas partie de leur vécu.

Pour ma part, les images de viol sont tout aussi intolérables alors que je n'ai même pas été confronté à ce genre de traumatisme. Je ne peux pas m’empêcher de détourner le regard, je me braque en silence et je sens très vite le malaise m'étouffer. Donc d'est que j'ai la connaissance de ce type de scène (quel que soit le film/série/livre...) je fuis.
En y réfléchissant, je pense que cette attitude est surement le résultat d'une très forte capacité de projection dans les images qui doit probablement toucher à des angoisses profondes que je doit lier conceptuellement de près ou de loin au viol et à ce qu'il implique. Bon, cela peut paraître excessif et déplacé vus que je n'ai pas eu ce genre d’expériences mais c'est la réalité. Alors pour l'instant, je ne force rien, je me fais confiance dans le sens où le moment viendra (ou pas) où j'arriverais à dépasser cette projection systématique.

Voilà, je ne sais pas si ça réponds un peu à tes questions... Mais en tout cas, je suis très impressionnée par le courage des mads à qui j'aimerais bêtement leur souhaiter de se sortir du mieux qu'elle peuvent de ce type de passif douloureux...!

- B

 

[mambomeplease]

Voilà une Madmoizelle particulièrement courageuse !

Car bien que ce soit sous pseudo, il faut OSER dire le viol, raconter ce qu'est un viol, même si ce n'est pas agréable pour le lecteur. Non seulement l'écriture est un exutoire, mais elle permet ici d'interpeler - par les larmes, la colère et la nausée, certes. Parce que si nous ne parlons jamais de ce qui est moche et douloureux on ne peut pas le changer.

C'est absolument insupportable de se rendre compte de la fréquence des viols.

Je suis sensée être immunisée depuis le temps (j'étais petite), mais je suis remuée.

@PinkyLemon, je suis comme toi, à la différence que je peux avoir la nausée voire des douleurs très localisées rien qu'en pensant au sexe (ce qui peut s'accompagner de sales flashs).
Je continue de me sentir coupable, avec l'impression d'avoir séduit et donc de l'avoir bien mérité.

Ce que je comprends, c'est que cette Madz est dans le déni de ce viol, presque à se demander si c'est réel. Et elle se punit encore de sa "faute", car bien qu'on lise que le sexe est vécu comme un moment de domination sur l'homme (et donc positif puisque renverse le vécu du viol), on voit également à quel point ces moments sont associés à la culpabilité d'avoir séduit (je me débats également avec cela en ayant mis en place un mécanisme de défense très nul : l'hyperphagie, histoire de laisser le moins de place possible à la séduction).

Mais clairement elle n'est pas seule et je le redis : c'est énorme d'avoir partagé ce texte : merci à toi !

(et désolée pour mon post quelque peu embrouillé )

édit :
Je me sens hyper coupable d'avoir partagé un bout de mon histoire, alors que je sais que je ne devrais pas l'être (j'ai peur de me victimiser, de me plaindre au lieu de me la fermer).
Et c'est aussi pour cela qu'il est important d'en parler.
En revanche j'avoue ne pas avoir les tripes pour répondre à l'appel de Clémentine Autain.

 

[Skjoldmø]

ce témoignage est glaçant... merci à la madmoizelle qui l'a partagé.
il me fait m'interroger sur ma propre sexualité (je suis très très loin d'avoir vécu quelque chose d'aussi violent que ce que décrit l'auteure).
sabrinalafraise décrit très bien dans la dernière partie de son commentaire le problème de la banalité de ce type de comportement, je ne suis pas surprise que des choses pareilles se produisent.

 

[Selenicereus]

Cet article m'a beaucoup touchée, mais surtout, mise en colère. C'est dans ce genre de cas que j'en arrive à regretter que le temps de la torture soit révolu. Des gens comme ça (les violeurs), il faudrait leur rendre la douleur qu'ils ont infligé au centuple.

Bravo à la Mad' en tout cas, c'est important de ne pas taire ce genre de choses. C'est comme ça que les choses vont évoluer, il FAUT en parler, il FAUT que ça se sache, il FAUT que les gens comprennent, et voient ce que c'est. Bravo,et surtout, j'espère que tout ira mieux pour toi. Courage.

Si tu lis mon commentaire, as-tu déjà penser à voir un psychologue ? Bien sûr, je ne veut pas dire par là que tu es cinglée

... Voilà. Le genre de commentaire que je m'attendais à lire. J'ai moi-même vu des psychiatres pendant plus de 5 ans (pour des raisons qui n'ont rien à voir avec ce dont la Mad' parle dans l'article). Est ce que je suis ou ai été cinglée ? NON. Il faut sortir ces idées et ce langage de vos têtes et de vos bouches.

Aller voir un psy (d'ailleurs au passage, je conseille plutôt un psychiatre qu'un psychologue), c'est simplement le signe qu'on a la volonté d'aller BIEN. C'est être parfaitement sain d'esprit que d'aller en voir un.

C'est même bien souvent nécessaire, pour les 9/10e de la population, mais les gens ont peur, justement à cause de ce genre de phrases, et de cette association psy=être taré.

 

[lolo l'abricot]

J'ai été comme toi, très chère Madmoizelle, pour les mêmes raisons (en "moins pire", témoignage exposé dans l'article de novembre sur plainte ou pas plainte).

Je vais pas reprendre sur les difficultés, voire l'impossibilité totale d'en parler à qui que ce soit, encore moins officiellement, mais plutôt te dire que je comprends ta réaction pour avoir été comme ça, et pour l'être encore souvent.

Ca commence à aller mieux, parfois je tombe sur des garçons vraiment très chouettes, qui me respectent (des petits geeks, c'est les meilleurs les petits geeks ), et ça fait aussi du bien.

Bon courage à toi, ta force t’honore mais n'oublie pas qu'on peut parfois lâcher prise sans être faible pour autant.

Mes vœux t'accompagnent, camarade Madz !

 

[Orangecandyx]

C'est vrai que au vu des réactions des Mad' assez dures je trouve j'espère que la Madmoizelle ne serait pas trop désanchantée, car elle a déjà le courage de témoigner.
Du type "on dirait que tu ne t'es pas remise que ça n'a pas cicatrisé" je pense que ce type de blessure, même sans l'avoir vécu, ne guérit jamais vraiment.
De plus je me dis qu'à 22 ans (et j'ai également 22 ans) on a encore tout le temps pour "murir" sexuellement, on en est au début.

 

[Barbe Bleue]

édit :
Je me sens hyper coupable d'avoir partagé un bout de mon histoire, alors que je sais que je ne devrais pas l'être (j'ai peur de me victimiser, de me plaindre au lieu de me la fermer).
Et c'est aussi pour cela qu'il est important d'en parler.
En revanche j'avoue ne pas avoir les tripes pour répondre à l'appel de Clémentine Autain.

Honnêtement ça me fait trop mal au cœur que tu dises ça, tu as le droit de parler, de te plaindre, tu n'as pas à t'excuser de ce qui t'es arrivé