Bonsoir !
Il y a de cela presque un an, des amies ont organisées un atelier dragking pour sensibiliser les gens au changement de sexe.
Ayant un de mes meilleurs amis trans (même si je ne le considère pas vraiment ainsi... Pour moi, nous sommes des être humains avant d'être un genre), je me suis dit que je devais essayer.
A la suite de cette expérience, une amie qui est au beaux-arts, et qui avait prise des photos de ma transformation, m'a demandé de coucher sur le papier mon ressenti.
Le voici :
" Depuis toute petite, au fond de mon esprit, me trottait une idée peu conventionnelle, irréelle. Celle de pouvoir être un homme.
Plus qu’une idée ! Oserais-je dire une envie ?
Oui, je l’ai eu ce désir de puissance, de force et de domination, douces qualités volées de manière brutale à la Femme dès le plus jeune âge. Car finalement c’est bien de cela que l’on parle, nous les femmes, quand on s’imagine vêtu d’une peau masculine.
Bien sûr, j’avais déjà essayé de pisser debout, mais ça tâche rapidement le fut sans certains attributs. Bon, on m’a tout de même initié au pisse-debout, et je dois avouer que ça procure un plaisir fou de ne pas avoir à montrer ses fesses à la vue de tous.
Mais tout de même, parce qu’il y a bien entendu un mais, ce n’était pas encore tout à fait ça. Oui, uriner contre une poubelle c’est bien joli, mais si la virilité s’arrête ici alors autant passer mon tour.
Et finalement, un jour, l’opportunité de revêtir des habits d’hommes avec tout l’apparat qui va avec, m’a été offerte. Rapidement, une première question m’est venue à l’esprit.
« Elle serait comment ? »
« Longue et fine » me dit une amie.
Ainsi soit-il, elle sera longue et fine.
Et je serais viril, avec une barbe. Oui ! Une vraie barbe, et une qui gratte en plus ! Pas une naissante, mâture de quelques jours…
Lorsque les premiers coups de pinceaux tombent sur mes joues, je me dis que voilà c’est parti. Je blague, comme je le fais souvent dans les situations incertaines. Après tout, j’assiste à mon accouchement en direct. Et première déception, ce n’est ma foi, pas très douloureux.
Ca y est, je me regarde dans le miroir. J‘observe cet individu à barbe habiller comme une fille. Je ne reconnais que ses yeux. Je viens de perdre une partie de mon identité et bientôt il faudra que je perde l’autre au profit d’une poitrine plate et d’habits, si j’ose dire, plus convenable pour un homme viril à barbe.
L’ablation est douloureuse.
Me voilà déjà transformé(e). Le résultat est, parait-il, réussi. Du moins de l’extérieur. A l’intérieur je bouillonne et je n’arrête pas d’épier mon reflet. Moi. Toi. Toi ? Moi.
Rapidement, j’essaie de me mettre un engin entre les jambes. Mais avec je me sens dénué de virilité. Je le retire.
Puis vient le moment d’affronter la foule. Certains se laissent berner, d’autres soupçonnent. Mais rien. Non rien. Personne n’a l’air de se douter.
La soirée avance, et de moins en moins je me sens à l’aise dans ce rôle. J’ai envie de tout enlever, de faire hurler la femme virile qui sommeille en moi. En homme, je me sens démunie de toute ma force, de l’essence qui me fait avancer.
Alors c’était donc vrai… C’était bien un fantasme.
M’aurait-on menti depuis toute petite ???
Au fur et à mesure que je me déshabille, je sens remonter en moi cette confiance que j’avais perdue.
Je ne parle pas de la confiance appartenant à ceux qui s’imposent tels des barbares armes et poings levés. Je parle de la confiance d’être dans une position qui me convienne. Car, en somme, il est sans doute caché là le problème. Le plus important ce n’est pas d’être physiquement un homme ou une femme, c’est d’être dans une position qui nous fasse rayonner, briller au milieu des autres. Etre soi, en soi. Rien de plus, rien de moins.
Je n’aurais pas l’audace de dire que je brille dans mes vêtements quotidiens, mais j’ai celle d’avouer que ma lumière ne se trouve pas dans des habits d’hommes et que je cherche encore.
Cet aventure, à défaut de m’avoir fait me trouver, m‘aura rappelé que le plus important dans la vie, c’est sans doute d’un jour allumer sa lampe de chevet dans les abîmes de la nuit sans ne plus avoir à tâter le vide pour la trouver. "
Il y a de cela presque un an, des amies ont organisées un atelier dragking pour sensibiliser les gens au changement de sexe.
Ayant un de mes meilleurs amis trans (même si je ne le considère pas vraiment ainsi... Pour moi, nous sommes des être humains avant d'être un genre), je me suis dit que je devais essayer.
A la suite de cette expérience, une amie qui est au beaux-arts, et qui avait prise des photos de ma transformation, m'a demandé de coucher sur le papier mon ressenti.
Le voici :
" Depuis toute petite, au fond de mon esprit, me trottait une idée peu conventionnelle, irréelle. Celle de pouvoir être un homme.
Plus qu’une idée ! Oserais-je dire une envie ?
Oui, je l’ai eu ce désir de puissance, de force et de domination, douces qualités volées de manière brutale à la Femme dès le plus jeune âge. Car finalement c’est bien de cela que l’on parle, nous les femmes, quand on s’imagine vêtu d’une peau masculine.
Bien sûr, j’avais déjà essayé de pisser debout, mais ça tâche rapidement le fut sans certains attributs. Bon, on m’a tout de même initié au pisse-debout, et je dois avouer que ça procure un plaisir fou de ne pas avoir à montrer ses fesses à la vue de tous.
Mais tout de même, parce qu’il y a bien entendu un mais, ce n’était pas encore tout à fait ça. Oui, uriner contre une poubelle c’est bien joli, mais si la virilité s’arrête ici alors autant passer mon tour.
Et finalement, un jour, l’opportunité de revêtir des habits d’hommes avec tout l’apparat qui va avec, m’a été offerte. Rapidement, une première question m’est venue à l’esprit.
« Elle serait comment ? »
« Longue et fine » me dit une amie.
Ainsi soit-il, elle sera longue et fine.
Et je serais viril, avec une barbe. Oui ! Une vraie barbe, et une qui gratte en plus ! Pas une naissante, mâture de quelques jours…
Lorsque les premiers coups de pinceaux tombent sur mes joues, je me dis que voilà c’est parti. Je blague, comme je le fais souvent dans les situations incertaines. Après tout, j’assiste à mon accouchement en direct. Et première déception, ce n’est ma foi, pas très douloureux.
Ca y est, je me regarde dans le miroir. J‘observe cet individu à barbe habiller comme une fille. Je ne reconnais que ses yeux. Je viens de perdre une partie de mon identité et bientôt il faudra que je perde l’autre au profit d’une poitrine plate et d’habits, si j’ose dire, plus convenable pour un homme viril à barbe.
L’ablation est douloureuse.
Me voilà déjà transformé(e). Le résultat est, parait-il, réussi. Du moins de l’extérieur. A l’intérieur je bouillonne et je n’arrête pas d’épier mon reflet. Moi. Toi. Toi ? Moi.
Rapidement, j’essaie de me mettre un engin entre les jambes. Mais avec je me sens dénué de virilité. Je le retire.
Puis vient le moment d’affronter la foule. Certains se laissent berner, d’autres soupçonnent. Mais rien. Non rien. Personne n’a l’air de se douter.
La soirée avance, et de moins en moins je me sens à l’aise dans ce rôle. J’ai envie de tout enlever, de faire hurler la femme virile qui sommeille en moi. En homme, je me sens démunie de toute ma force, de l’essence qui me fait avancer.
Alors c’était donc vrai… C’était bien un fantasme.
M’aurait-on menti depuis toute petite ???
Au fur et à mesure que je me déshabille, je sens remonter en moi cette confiance que j’avais perdue.
Je ne parle pas de la confiance appartenant à ceux qui s’imposent tels des barbares armes et poings levés. Je parle de la confiance d’être dans une position qui me convienne. Car, en somme, il est sans doute caché là le problème. Le plus important ce n’est pas d’être physiquement un homme ou une femme, c’est d’être dans une position qui nous fasse rayonner, briller au milieu des autres. Etre soi, en soi. Rien de plus, rien de moins.
Je n’aurais pas l’audace de dire que je brille dans mes vêtements quotidiens, mais j’ai celle d’avouer que ma lumière ne se trouve pas dans des habits d’hommes et que je cherche encore.
Cet aventure, à défaut de m’avoir fait me trouver, m‘aura rappelé que le plus important dans la vie, c’est sans doute d’un jour allumer sa lampe de chevet dans les abîmes de la nuit sans ne plus avoir à tâter le vide pour la trouver. "