@Ghost wind
Tu pointes un élément essentiel dans le discours que je tiens, je ne veux pas parler de politique, mais de sociologie. C'est pourquoi je ne tiens pas compte du personnage, que je ne connais effectivement pas du tout, mais de son propos qui est discrédité. Son propos, il me parle, même si la forme n'y est pas, le fond me parle. Je trouvais intéressant d'en discuter, puisque je me suis à plusieurs reprises posé cette question : mais mince, pourquoi le contrôleur ne contrôle pas ces personnes et il me contrôle ? Déjà, qu'est-ce qu'il en sait que ces personnes pourraient s'avérer violentes, c'est de la discrimination. Ensuite, pourquoi il me contrôle, je pourrais aussi être différente de ce qu'il pense (au final non, mais ça pourrait!), et puis je ne suis pas d'accord qu'il se permette de me contrôler alors qu'il ne fait pas son travail avec d'autres personnes, ça me dérange. D'ailleurs je ne crois pas que ça me dérange au sens littéral du terme, au-delà du fait que je doive arrêter d'étudier pour prendre mon titre de transport, c'est vraiment la différenciation en elle-même qui me dérange, je n'ai pas de mots précis à mettre dessus, mais ça me dérange. Et je trouve que ce n'est pas parce que je n'ai pas de mots à mettre sur ce sentiment, qu'il ne compte pas.
Ensuite, je ne m'en étais pas rendue compte tout de suite, mais on a fini par inverser le propos. Ce que je disais au début, c'est que je ne trouve pas normal que certains soient contrôlés et non d'autres, et que ceux qui sont contrôlés, quand d'autres ne le sont pas, n'aient pas tout autant le droit de se sentir différenciés que ceux qui ne sont pas contrôlés. Nous parlions du fait que les contrôleurs peuvent appréhender de contrôler certaines personnes qui peuvent leur donner l'impression de pouvoir poser souci. Tu parles, et je n'avais pas vu tout de suite, mais Lumiciole aussi, des personnes qui sont contrôlées plus souvent que d'autres parce qu'elles sont suspectées de ne pas avoir leur titre de transport, et tu vas plus loin en parlant de drogue.
Je ne voulais parler que de la situation des contrôleurs qui, en Suisse en tout cas, n'ont à contrôler que les titres de transport et en aucun cas si les gens détiennent de la drogue ou quoique ce soit d'autre.
Donc mon propos en résumé, pour lequel je n'ai pas encore trouvé de contre-argument suffisant à mon sens : un contrôleur passe dans le train, il contrôle les gens qui lui semblent ne pas poser souci, il évite ceux qu'il estime pouvoir poser souci, j'ai mon titre de transport valable, je le montre. Ensuite, chaque personne impliquée dans cette situation globale a à mon sens le droit de la ressentir comme elle le veut/peut. Et j'estime que ce n'est pas possible de dire à la place de quelqu'un s'il a le droit de ne pas la trouver justifiée, peu importe quel rôle il joue dans cette situation. Le contrôleur lui-même d'ailleurs, il pourra par exemple dire "mais écoutez, j'ai envie de faire mon travail, mais je n'ai pas envie de mettre ma sécurité en péril, alors je ne contrôle que ceux qui ne me semblent pas enclin à être violents".
Je veux simplement mettre en évidence le problème de la hiérarchisation du ressenti des problèmes personnels, qui peut, je crois, facilement porter atteinte, et ce tant aux gens non contrôlés (toujours dans la situation que je cite), qu'aux gens contrôlés.
Le terme "inversion" revient souvent dans vos argument, mais je le répète, je ne veux rien inverser, je veux donner sa place à chacun afin d'ouvrir le regard sur une situation qui peut sembler univoque. Je pense qu'il est toujours enrichissant d'avoir plusieurs points de vue dans une situation, surtout si nous voulons qu'elle s'améliore.
Enfin, il est vrai que le terme "discrimination" n'est certainement pas le terme idéal. Mais j'ai honnêtement ressenti un jugement quand il m'est arrivé de me faire contrôler alors que d'autres ne l'étaient pas, je me suis presque sentie forcée d'être complice de la discrimination des personnes qui n'étaient pas contrôlées. Même si je ne connais pas Claude Guéant, son propos m'a permis de me dire que je n'étais pas la seule à qui cette situation était arrivée. Et rien que parce que cette situation est arrivée à plus d'une personne, même si elle n'était arrivée qu'à une personne d'ailleurs, elle a le mérite qu'on en parle, et ce de tous les points de vue. Ce que j'essaie de dire est que je pense important que tant les personnes contrôlées que celles non contrôlées disent leur malaise par rapport à ce genre de situation, je pense que ça ne peut qu'être bénéfique. Bien sûr si les propos sont bien compris, et non détournés afin de dire il y a des gentils et des méchants.
EDIT : ce qui n'est apparemment pas le cas de Claude Guéant puisque vous dites que son but est au contraire de ne contrôler que les gens qui peuvent sembler suspects, en plus avec des critères plus que discutables