Veille permanente Quinquennat Macron

14 Janvier 2011
2 227
7 026
5 194
Un astéroïde.
@PetitePaille je rajoute un autre élément au débat : il y a des cas d'absentéisme en raison du harcèlement moral ou tout simplement d'un climat délétère. Certaines études sur le burn out dans la fonction publique et le bore out en causent (comme "le dilemne du fonctionnaire, comment faire 35h en un mois ?").
L'auteure explique un fonctionnement assez pervers. Une personne ne s'entend plus avec son manager. Son manager espère le-a voir partir et commence à lui filer trop de boulot ou au contraire lui prendre des missions pour que la journée semble très longue. Les fonctionnaires harcelés ne veulent pas partir parce qu'ils ne s'en sentent pas la capacité professionnelle (puisqu'on leur a refilé des tâches ingrates) ou pour ne pas surcharger leurs collègues. Se sentir sans cesse en retard ou devoir mentir sur son absence d'activité a des effets sur la santé. Pour les gens en bore out, le fait de se sentir isolé, pas légitime à se plaindre ("on va se moquer de moi si je dis que je suis triste de n'avoir rien à faire") finit par causer des troubles. Pour le burn out dans certains services, je pense que le fait est plus connu.
Je crois que c'est aussi une mauvaise chose, cette fameuse sécurité de l'emploi. Dans un contexte de tensions dans l'emploi, ça empêche l'empathie fonctionnaires / privé ("attends, nous on risque plus facilement un licenciement voire un licenciement économique, donc même si on n'a rien fait, et ils se plaignent de leur boulot ?"), et surtout ... ça peut pousser à rester dans un emploi où on se sent mal (en raison des missions, de l'ambiance, etc) parce que ce serait dur de trouver ailleurs donc ça paraît être la solution "la moins pire".
J'ai travaillé dans du parapublic. Il y avait des personnes dans des services en tension et d'autres mises sur la touche. Comme c'est difficile d'en parler, les entretiens d'évaluation ne laissaient pas paraître grand-chose. De manière générale, les équipes RH n'étaient pas forcément au courant, ou n'avaient pas les moyens d'arrêter une situation délétère.
 
2 Juillet 2014
1 878
12 296
4 674
C'est la rentrée! Pas encore de l'Assemblée nationale, mais du gouvernement.
Comme prévu, les ordonnances de la loi travail ont été présentées jeudi. Les syndicats peuvent donner leur avis, mais très vraisemblablement le texte passera en l'état le 22 septembre. On y découvre de nouvelles mesures en plus des grands axes qui avaient été présentés aux députés.
Le dossier du gouvernement présentant les 36 mesures est ici. :buzy:
Je m'appuie entre autres sur cet article de Mediapart pour l'analyse détaillée des mesures, les dossiers du Monde sur le sujet n'étant pas en accès libre.
L'objectif est d'après Muriel Pénicaud de « Changer l’état d’esprit du code du travail », afin d’assurer plus de « liberté », de « sécurité » et de « capacité d’initiative » aux entreprises. L'idée martelée par le gouvernement est que le code du travail actuel constitue un frein à l'embauche. Pourtant, une récente étude de l'INSEE montre que les entreprises pour lesquelles les coûts et risques à l'embauche sont effectivement une barrière sont minoritaires (en comparaison avec la difficulté de recuter du personnel compétent ou la situation économique par exemple).

Pour résumer les points principaux et les nouveautés "bonus" :
- Rendre plus difficiles l'accès aux prud'hommes et diminuer leur marge d'action. Le barème obligatoire a été fixé, à la fois en plafond haut et en plafond bas, en cas de licenciement illégal/abusif. Le plafond bas diminue (3 mois d'indemnités de salaire minimum à partir de 2 ans d'ancienneté, au lieu de 6 avant ; pour les petites entreprises il est même fixé à un demi mois de salaire). Le plafond haut est introduit, et il est bas (le maximum ne dépasse pas 20 mois de salaire à partir de 29 ans d'ancienneté). Cette mesure va surtout toucher les salariés les plus âgés (les mêmes qui auront du mal à retrouver un travail s'ils se font injustement licencier). De plus, le délai de saisie des prud'hommes (donc le temps pour se décider à agir et être renseigné) est diminué à un an. Ce délai est passé de 30 ans jusqu'en 2008, à 5 ans jusqu'en 2013, puis 2 ans. Conséquence directe : le chiffre de recours aux prud'hommes a baissé jusqu'à 45%.

- Les entreprises peuvent négocier à la baisse primes et rémunérations
Une entreprise pourra négocier avec ses représentants syndicaux une baisse ou une disparition de toutes les primes (sauf celles concernant les travaux dangereux), même si elles sont prévues dans la convention collective de la branche professionnelle dont l’entreprise dépend. C'est ce qu'on appelle l'inversion de la hiérarchie des normes : une entreprise peut décider de ne plus suivre les accords de son domaine. Exemple : vous bossez dans le BTP, le secteur bancaire ou autre, et les accords vous garantissent un 13e mois. L'entreprise peut décider de le supprimer si elle arrive à avoir l'accord de 50% des délégués syndicaux (vous avez donc intérêt à en avoir un bon et qui ne se laisse pas facilement intimider/acheter...). ça marche aussi avec les primes d’ancienneté, chèques-vacances, indemnités de départ à la retraite ou de déplacement...

- la fin du CDD unique
Chaque branche professionnelle pourra définir, dans le cadre de négociations entre syndicats et patrons, la façon dont elle entend réguler l’emploi des contrats courts, notamment sur leur durée, leur renouvellement ou leur nombre total pour un même salarié. Il y aura donc possibilité d'avoir jusqu'à 200 types de contrat court différents (risque d'inégalités croissantes entre salariés). Autre point particulier : le contrat de chantier. Celui ci a peut être son intérêt pour le BTP par exemple, mais il présente des risques de précarisation. D'ailleurs les employeurs n'auront plus à verser de prime de précarité en fin de ses contrats (ce qui était le cas du CDD).

- une plus grande facilité de licenciements
D'après Édouard Philippe. « Les entreprises doivent pouvoir organiser une gestion prévisionnelle des emplois » et « il faut pouvoir agir vite et en toute sécurité ».
Les ordonnances créent un nouveau type de plan de départ, "la rupture conventionnelle collective". Soit un plan de départs volontaires facilités en masse en cas de réorganisation de l'entreprise pour n'importe quel motif (pas seulement économique). Pourtant, il existe déjà de nombreux abus dans le cadre des ruptures à l'amiable individuelles, et cela pourrait les étendre (source, rapport du Centre d'Etudes à l'emploi qui montre que nombre de ces ruptures se font au détriment des salariés,mal informés de leurs droits).

- la santé économique d'une multinationale sera appréciée uniquement à ses filiales françaises
J'avais parlé de cette mesure plus haut, elle devient une réalité. En gros, si une multinationale va très bien à l'international, mais ne fait pas assez de bénéfices en France, elle pourra faire des plans sociaux. Cela va vraisemblablement accroître la pression sur la compétitivité et la régression des droits sociaux (baisse des salaires pour s'aligner avec l'étranger, etc.). Ici aussi, risques de dérives : il y a déjà des entreprises qui font des montages financiers pour ne pas payer d'impôts en France, comme Starbucks, Disney, parmi plein d'autres. Sur leurs comptes, ils ne font que peu de bénéfices (donc ne payent pas d'impôts). Si on évalue leur santé économique, ils pourraient potentiellement pouvoir bénéficier de ces dispositifs de licenciements je suppose...

- le référendum d'initiative patronale
Dans les petites entreprises, le patron pourra proposer un texte modifiant les conditions de travail, qui passera s'il est voté à 2/3. Risque : chantage à l'emploi versus une dégradation des conditions de travail. Pour les PME, il sera possible de négocier avec un élu du personnel, indépendamment des organisations syndicales.

- une instance unique pour les représentants des personnels
Soit disant pour "faire mieux avec moins". Risque : que les délégués aient moins de temps et de moyens pour remplir leurs missions, notamment en ce qui concerne la santé et les risques en entreprise. Les audits commandés par les délégués (pour vérifier la santé de l'entreprise par exemple), auparavant payés par l'entreprise, devront être payés à 20% par les délégués eux mêmes. Les délégués syndicaux pourront être absorbés par ce rassemblement de tous les délégués personnels (CE, comité d'hygiène et sécurité, etc) sans que ladite instance ait une personne de plus pour assurer les missions syndicales à la disparition du délégué syndical.
Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

Edit : typos
 
Dernière édition :
28 Avril 2015
2 569
18 864
3 854
@Tessy
Je ne comprends pas ton message. Je n'ai dit à aucun moment que l'état permettait ça, mais que c'etait normal qu'il ne le permette pas.
Mon message était d'ailleurs en quelque sorte une réponse à la question : "Est ce qu'on doit quelque chose à l'état / société?"
C'était plus une réflexion théorique / philosophique si on peut dire que pratique.
 
28 Avril 2015
2 569
18 864
3 854
@Tessy
Je suis désolée de le dire comme ça mais il n'y a aucun rapport entre ta réponse et mon message qui correspondait à un autre message, du coup sorti de son contexte ça ne veut strictement rien dire.
Le contexte était pas de ne pas trouver du boulot, mais de ne pas en vouloir un ou du moins pas totalement. Par exemple un mec qui fait du 6 mois-6 mois (une fois en tant que salarié et une fois au chômage) par sa propre volonté' devrait il toucher une aide ?

Du coup je ne vois pas trop quoi te dire en fait. J'avais d'ailleurs precisé dans mes anciens messages que je ne parlais évidemment pas des personnes ne trouvant pas de boulot, qui ont dès difficultés financières importantes etc.

Je ne peux pas te répondre si tu déformes le sens de mes messages :)

Édit :
Je devance la fameuse réponse : "oui mais ça concerne un cas sur 1000 les gens qui font du 6 mois 6 mois"
Je n'ai fait à aucun moment des generalités, j'ai juste répondu à une madz qui justement voulait faire ça par choix qu' à mon sens ce n'était pas très moral.
Mes messages n'ont pas de sens sorti de ce contexte.
 
Dernière édition :
  • Big up !
Réactions : lilolula
24 Avril 2017
119
748
264
36
Sur le site du gouvernement :

Les accords de branche sont des conventions collectives signées entre les représentants des entreprises et une ou plusieurs organisations syndicales représentatives au sein d’une branche professionnelle. Un accord de branche permet donc de définir des règles adaptées à une même activité professionnelle.

Sur certaines thématiques, la loi donne aujourd’hui la priorité aux accords de branche sur les accords d’entreprise, ce qui signifie que ces derniers ne peuvent y déroger, sauf à proposer des mesures supplémentaires pour les salariés. Cette priorité de négociation s’applique à six domaines : les salaires minimums, les classifications, la protection sociale complémentaire, la formation, la pénibilité et l’égalité professionnelle hommes-femmes.

Dans le cadre du programme de rénovation sociale, il est envisagé d’étendre le rôle des accords d’entreprise votés par la majorité des représentants syndicaux, notamment lorsqu’ils visent à préserver ou développer l’emploi. Néanmoins, la branche conservera des domaines de négociation réservés.

En gros si dans les accords de branche (genre restauration) tu as un salaire minimum donné, il pourra être négocié à la baisse dans ton entreprise, ce qui n'est pas possible aujourd’hui.
 
24 Juillet 2015
4 912
70 117
3 924
41
Nantes
En gros si dans les accords de branche (genre restauration) tu as un salaire minimum donné, il pourra être négocié à la baisse dans ton entreprise, ce qui n'est pas possible aujourd’hui.

Moi je dis DTC le prolétaire.
Sur ce je retourne pleurer sur mes conditions de travail qui se sont tellement mais tellement dégradées en 10 ans. Sans mon mec, je serais à la rue.
Désolée, je suivais le topic sans réagir mais là j'en peux plus.
 
2 Juillet 2014
1 878
12 296
4 674
@Silure_
Quand je pense qu'on nous érige l'Allemagne en modèle absolu de réussite économique et d'exemple à suivre...Alors que la réalité c'est des millions de travailleurs pauvres et de chômeurs, et une précarité galopante... comme l'indique un rapport récent de chercheurs allemands, cité dans cet article du Figaro (qu'on peut difficilement taxer de gauchisme :cretin:), qui étudie la situation actuelle en Allemagne, conséquence directe des réformes appliquées dans l'article que tu as partagé (merci d'ailleurs! :top:)
Les très décriés «1 EuroJob», ou emploi payé un euro de l'heure, ont habitué les Allemands à devoir accepter des salaires très bas pour bénéficier d'une couverture sociale, tout en allégeant les statistiques du chômage [artificiellement].
Quand je vois qu'on se dirige à vitesse grand V vers ces modèles, entre le dynamitage des protections des salariés (diminution des salaires et licenciements en premières lignes), et le bourrage de crâne des pseudo-experts sur tous les médias sur l'assistanat pour faire passer la pilule, ... je déprime complètement, et je me sens tellement impuissante...

EDIT : graphique sur l'évolution de la précarité et de la pauvreté en Allemagne sous A. Merkel:
7790155725_l-economie-de-l-allemagne-sous-angela-merkel.jpg
 
Dernière édition :
13 Juillet 2011
2 954
20 900
5 694
Le contexte était pas de ne pas trouver du boulot, mais de ne pas en vouloir un ou du moins pas totalement. Par exemple un mec qui fait du 6 mois-6 mois (une fois en tant que salarié et une fois au chômage) par sa propre volonté' devrait il toucher une aide ?
Oui.

Tu dis que @Tessy ne répond pas à ta question, et pourtant c'est bien le cas. Quand tu reproches à un mec fictif de travailler 6 mois (dans quelles conditions ?) pour être peinard (le mot exact est "précaire", mais on va dire que ça se ressemble) pendant 6 mois, ce que tu lui reproches, c'est de ne pas s'infliger des conditions de vie intolérables comme le décrit @Tessy. Ça te paraît normal ? Peut-être selon une sorte de morale chrétienne tordue où il faut souffrir pour mériter de survivre, mais certainement pas selon la mienne. J'estime que tout le monde a le droit de vivre dans des conditions décentes, c'est-à-dire d'avoir un logement qui ne soit pas insalubre, de manger à sa faim, et même, soyons fous, d'avoir une vie sociale et des activités épanouissantes, et ce indépendamment de sa contribution à la société (qui ne s'exprime pas que par le travail rémunéré). Et ça, ce ne sont certainement pas les allocations qui le permettent, mais un revenu de base suffisant, qui n'existe pas à l'heure actuelle.
Tu te demandes si c'est moral de payer des gens à ne pas travailler, je te demande pourquoi veux-tu que ces gens travaillent. A-t-on besoin, dans une société qui tend de plus en plus vers l'automatisation, d'occuper 100% des actifs avec un travail ? De toute évidence non, puisqu'il y a toujours un fort taux de chômage et d'inactivité. C'est donc une question dépassée que de se demander si c'est moral de ne pas travailler. La vraie question, c'est quelles conditions de vie offrent-on aux gens qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler ? Est-il moral de les laisser se fare broyer par les administrations et crever de faim ?

Et puis, je ne sais pas dans quelle monde on peut décider de ne pas travailler en se disant "de toute façon je travaillerai dans x mois" comme si on pouvait forcément retrouver un travail en un claquement de doigts et pour la durée désirée, à fortiori après une longue période de chômage. Le marché de l'emploi n'est pas tendre avec tout le monde, outre le problème de calculs incompréhensibles cités pas @Tessy, ça me semble assez irréaliste d'envisager de faire une pause pour vivre (en fait "survivre") des allocations avec la certitude tranquille que c'est une situation temporaire à laquelle on peut mettre fin quand on le souhaite.
Et pour revenir au sujet du topic : ce n'est pas avec les réformes à venir que cette situation va s'améliorer. :sweatdrop:
 

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes