Veille permanente racisme, xénophobie...

31 Août 2012
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@CaraNougat
Same here, fam, same here. Marrant (non), c'est comme si être de couleur implique nécessairement la notion d'uniformité (voire la conformité) de ce groupe dans sa manière de penser, d'agir, dans ses croyances... Alors qu'on est juste comme tout le monde en fait, on a aussi du libre arbitre. Selon mon état d'esprit je réagis différemment (merci captain obvious :coiffe:), mais je dois avouer que souvent je suis blasée devant la lueur d'incompréhension/de gêne dans les yeux de l'interlocuteur.trice qui se rend compte qu'il.elle a été indélicat.e parce que... mince... j'ai mon propre schéma de pensée et que par conséquent... je ne suis pas tenue de suivre les clichés? Et aussi, je me sens trahie par la personne de la même origine que moi qui a dit de la m*rde, alors qu'objectivement elle ne me doit rien je sais, elle s'exprime juste. Mais c'est tellement dommage d'auto-entretenir les clichés raciaux plutôt que d'oser conscientiser, s'autoriser à aller contre courant/sortir des cases dans lesquelles la société dominante voudrait que l'on soit. (Bon je dis ça comme une donneuse de leçon, mais je suis la première à devoir oser plus, hein. J'y travaille.)
Et d'un autre côté @Little Moi-Même ton post me donne à réfléchir, parce que la posture de "minorité qui éduque" c'est légèrement fatigant à la longue, c'est vrai :facepalm:
@Ameera quand tu cites " bien sur "on est pas tous comme ca" mais quand même "on est connu pour faire ca/penser ça/être comme ça" mais c'est totalement ça en fait! Et ça a un côté "serpent qui se mort la queue" je trouve, le truc qui s'auto-entretien indéfiniment et tu sais pas par où commencer pour casser la mécanique. Erf.
 
11 Janvier 2007
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j'ai envie de dire comme vous mais je crois qu'il y avait une distinction entre "on pense tous comme ça nous les x" et "les cheveux crépus sont ceci ou cela". Dans le témoignage qu'il est trop tard pour que j'aille relire on parlait pas de trucs "biologiques" ? Du coup une fois qu'une personne dit "les cheveux crépus s'emmêlent facilement", les blancs prennent ça pour argent comptant, alors que non c'est pas une vérité, mais comme on parle d'un phénotype particulier, ce serait vrai si une personne le dit.

Je sais pas si je suis claire. Ce serait un peu comme dire "les peaux très blanches brûlent au soleil". Voyez ?
Je dédouane rien de ce qui a été dit, je suis très d'accord avec vous.
 
20 Février 2014
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Par rapport à la situation de mes amies, je précise que :

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Du coup, c'est un peu différent de ce dont la plupart d'entre vous témoigne, mais la difficulté à concevoir une individualité des personnes issues de minorités, en terme de personnalité et de vécu, est aussi une chose à laquelle j'ai été confrontée donc...

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@Cépamoi @AngelTen Richard II

Par rapport au crédit qu'elles apportent aux propos d'une seule personne, j'ai du mal à le leur reprocher. Elles semblent fréquenter si peu de personnes noires que je doute qu'elles aient l'occasion d'avoir des discussions ou d'entendre l'avis de beaucoup plus de personnes concernées. C'est d'autant moins évident de prendre de la distance quand par ailleurs on est exposée à des idées sur des sujets sur lesquels on n'a jamais vraiment réfléchi auparavant et que ça vient d'une personne en qui on a un peu confiance (amie/connaissance). Si je suis à nouveau exposée à ce type de situation, j'essaierai peut-être d'élever un peu le niveau de la discussion...

@Ameera

Dans les situations que j'évoquais, j'ai plutôt l'impression que les personnes en question se dévalorisaient et mettaient leur particularités ou complexes sur le compte de leur race. Ce n'est pas vraiment le rejet de l'individualité en terme de personnalité mais plus l'affirmation d'une unité en terme de corps :cyclope:
Mais j'ai aussi déjà du faire face au phénomène que tu décris. Cette revendication et promotion des préjugés raciaux par des personnes concernées a beaucoup influencé mon rapport à ma race dans mon adolescence (pour le pire).

@Little Moi-Même Ça me fait de la peine d'imaginer qu'elles puissent voir d'autres personnes noires avec le filtre de cette désinformation, du coup, je n'arrive pas à ignorer. :sweatdrop: Surtout que j'ai parfois l'impression qu'elles finissent par avoir pitié de moi ou des femmes noires de façon générale, et ça m'énerve vraiment...
 
11 Janvier 2007
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Il m'était arrivé un truc que j'avais déjà raconté ici, à l'intersection entre racisme et masculinité toxique, dans la veine de ce dont on est en train de parler.

J'ai rencontré mon ex via un pote à lui (qui était un collègue de fac) et ensemble ils avaient des théories sur les femmes et le sexe etc. Comme des gars toxiques.
Ils disaient que les femmes noires avaient les aréoles plates. C'était leur grosse théorie qu'ils avaient entendue quelque part et ils avaient pour mission de la vérifier (mind you, j'étais pas au courant de ça en sortant avec mon ex évidemment).

Le mec de la fac avait dit à mon ex qu'il avait couché avec moi, ce qui était faux, et pour prouver ses dires il avait dit que j'avais des aréoles plates de femme noire.

Quand mon ex a vu mes boobs il a su que c'était faux que son pote avait couché avec moi, mais il maintenait quand même que les femmes noires avaient des "CD-R" sur les seins (aréole plate avec une référence des années 2000)... Peut être pour ça d'ailleurs qu'il aimait tant me dire que je n'étais pas vraiment noire...

Ajout : le "CD-R" ce serait une aréole avec le téton écrasé et l'aréole très large, de la taille d'un CD.
 
M

Membre supprimé 321989

Guest
@Ana-Esperanza, ton expérience est l'une des raisons pour laquelle je me méfie des hommes (racisés ou blancs) qui viennent me draguer surtout quand ils se targuent d'ouverture d'esprit doublé de voyage humanitaire en "Afrique" (genre c'est un pays).
J'ai pas envie d'être une expérience pour leur plaisir et ça me met mal à l'aise de savoir que sans même le vouloir je transmet cet image de bête de sexe exotique. Je veux dire nos corps ne sont pas des planètes non visitées qu'il faut absolument explorer au nom de la science.
C'est épuisant de se demander si déjà la personne est attirée par les femmes noires avant de faire un mouvement (d'ailleurs je déteste cette pensée automatique que j'ai dès que quelqu'un me plait) et/ou si cette personne ne serait pas une fétichiste ou veut juste se servir de notre corps pour faire une généralité quand on se fait draguer.
La déshumanisation des femmes racisée est tellement banalisée dans notre société que s'en est effrayant.

Sinon, j'ai un problème qui me taraude depuis un certain temps.
J'ai l'impression d'avoir perdue mon français. Depuis que j'ai découvert la littérature vers mes 11 ans, je suis devenue une férue de lecture et mon vocabulaire s'était nettement amélioré, j'avais une diction parfaite, je jouais avec les mots comme pas permis, bref j'était tombé amoureuse de la langue française. Puis j'ai ouvert les yeux sur le racisme,
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. En avalant la pilule rouge comme on dit, on remarquant tous les préjugés que je vivais sans m'en rendre compte, en découvrant l'histoire entre mon pays de cœur et mon pays d'origine, le fait que je ne me sentais pas congolaise mais je voyais que jamais aux yeux des gens de mon pays d'accueil je serais l'un de leur, il y a eu un sorte de craquage, pendant des mois, je me sentais perdue, sans identité, la langue française m'était devenue inconnue, étrange à parler et j'ai perdu mon français. J'ai commencé à faire des fautes que je n'aurais jamais fait, l'orthographe et la prononciation me sont devenus étrangers, mon aisance à l'oral à juste disparu, je ne savais plus du tout parler français, c'était horrible un cauchemar dont je ne pouvais en parler. J'avais l'impression de devenir folle et j'en garde toujours des séquelles encore aujourd'hui.
Je ne sais pas si je suis la seule à qui c'est arrivé, j'ai l'impression d'être la seule a avoir eu cette expérience. Et j'ai peur d'aller chez un psy ou un logopède pour ça, j'ai peur qu'on me rit au nez. C'est vraiment hyper handicapant parce que tout ce que j'ai perdu a une valeur inestimable pour moi. Et c'est vraiment pas facile tous les jours à devoir rechercher des mots simples, à devoir réfléchir pendant plusieurs minutes avant de parler ou d'écrire un mot à cause de l'orthographe.
En perdant mon identité j'ai perdu ma langue. Pour moi la langue française était ma langue maternelle, la seule que je connaissait pourtant autour de moi on se cessait de me dire que non, que je ne pouvais possiblement parler cette langue avec une telle aisance en ayant ma couleur de peau et je l'ai perdue.
Je me vois encore pleurer, crier de détresse face ce qui m'arrivait, mon entourage ne comprenait pas ce qui m'arrivait, mes profs s'étonnaient de mon état, de mes fautes, de pourquoi j'étais silencieuses. Mes amies me faisaient la remarque, que je ne parlais plus comme avant, que je faisais/fais des fautes que je n'aurai jamais fait.
Je ne sais plus vers qui me tourner pour demander de l'aide, j'ai cette peur qu'on ne me prenne pas au sérieux si je vais chez un.e professionnel.le pour régler ça, je ne sais même pas chez qui je dois me tourner, un psy, un logopède, les deux ?
 
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31 Août 2012
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Non mais la crétinerie n'a vraiment pas de limite, ils se prenaient pour qui ces misogynes??? :oo::oo::scream::scream:
Oh @Ana-Esperanza , je suis vraiment désolée que tu ais croisé de tels goujats, enfin je devrais plutôt être désolée pour eux d'avoir si peu de QI (sauf qu'en vrai j'ai pas envie, j'ai plutôt envie de les traiter de tous les noms mais bon :innocent:).
Je trouve ça un peu violent le couplet du "tu n'es pas vraiment noire", je l'ai vécu aussi ("non mais Evanesco toi tu n'es pas noire, tu es bronzée") et ça m'avait bien mis mal à l'aise. Déjà: de quoi tu te mêles? De. quoi. tu. te. mêles. Et je suis sensée le prendre comment? Être flattée par la hiérarchisation implicite bronzée>noire? Et pis ça fait quoi d'être noire, en vrai, ça gêne tellement que les gens se sentent obligés de rectifier ce que je suis (parce que c'est même pas une histoire de ressenti là, je le suis, et pis je suis pas Rachel Dolezal mince) pour que eux soient moins heurtés? Sans déc.

Edit pour @Camaeleon : déjà, :hugs:si tu le veux bien. Ensuite, j'allais te proposer un orthophoniste mais je viens de voir que c'est pareil qu'un logopède en fait. Si tu veux mes two cents, essaye de reconsidérer l'intérêt du psy? Je pense comprendre tes réserves (j'en avais ENORMEMENT avant de me lancer et de consulter, et on va pas se mentir comme dans tous les domaines y a à boire et à manger, c'est un peu un travail de patience pour en trouver un qui te corresponde vraiment et qui te mette assez à l'aise). Simplement, il me semble que ton "souci" ne résulte pas d'un seul souci d'articulation ou de perte de mémoire du mot, il est couplé à un vécu/un traumatisme (pardon si j'utilise des mots trop forts ou si tu trouves que je vais trop loin, dis-le moi), du coup ça a travaillé+++ au niveau psychique et ça s'est imprimé en toi... Au vu de ce que tu ressens, ça va peut être le coup de proposer à ton psychisme une prise en charge? Parfois notre cerveau aussi à besoin qu'on prenne soin de lui, et de manière ciblée. Ce n'est pas une honte, tu n'as pas à avoir honte. Et tu aurais un truc un peu complet quoi. Mais bon tu fais comme tu veux bien sûr (et dans la mesure de tes moyens), j'ai envie de te dire que tu vas retrouver qui tu es, courage :fleur:
 
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Membre supprimé 321989

Guest
@Evanesco, merci beaucoup :cupidon:
Tu ne vas pas du tout loin, ce déni de mon identité a été un vrai traumatisme. Ça fait un moment que je pense à consulter pour ça mais je ne sais juste pas comment aborder ce problème. J'ai eu un suivi psy pour la première fois pendant l'été jusqu'en novembre mais y avait tellement de nœuds et de problèmes accumulés depuis des années à traiter que j'ai eu du mal à parler de celui-ci et de pleins d'autres.
Je veux dire, je viens à peine de réussir à accepter mon anxiété et à apprendre à vivre avec et on a juste frôlé la surface de tous mes problèmes avec ma spy avant que j'arrête. Je ne sais pas comment amorcer mon problème de langage, je me vois pas venir et dire : "Je pense que le racisme m'a tellement bousillé que je ne sais plus parler français et j'aimerai que vous m'aidiez à me le réapproprier"
 
31 Août 2012
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@Camaeleon je t'en prie :fleur:
(En fait je la trouve bien moi, ta formulation :ninja: Parce qu'elle expose ton problème, ce que tu attends du thérapeute, et tu prends même la peine d'indiquer une piste de réflexion! En ciblant sur une problématique, tu avances le travail, en quelque sorte ^^)

Sinon, j'ai vu passer ça sur tumblr et ça m'a fait sourire en coin, du coup je vous le partage (pardon c'est un peu long et en plus les images sont grandes, je préfère le mettre en deux parties '-'):

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@Camaeleon

Je me permets d'intervenir car j'ai travaillé sur un projet de linguistique à une époque et ça rejoint des thèmes qui te touche aujourd'hui.

En réalité, ce que tu as vécu n'a rien d'étrange ou d'anormal, c'est un phénomène qui est très courant sous d'autres variantes pour les personnes de double culture, en particulier lorsque la culture de l'enfant est différente de celle des parents.

Pour les enfants, il y a un phénomène extrêmement classique, c'est celui de l'oubli de la langue maternelle ou de l'incapacité à parler une langue familiale qu'on comprend très bien. Beaucoup d'enfants qui ont soit grandi dans une famille où on parlait uniquement la langue des parents, soit qui soit nés dans le pays de leurs parents et ont passé une partie de leur enfance là-bas vont avoir une forme de choc linguistique en arrivant à l'école du nouveau pays. Souvent, ils vont devenir incapable de parler leur langue maternelle, ils vont "l'oublier" en seulement quelques semaines. Ils comprennent généralement ce que disent leurs parents mais ils ne sont plus capables de répondre autrement que dans leur nouvelle langue alors qu'il parlait couramment celle de leurs parents avant. Parfois, la langue revient peu après spontanément, parfois l'enfant arrive à l'âge adulte sans avoir réussi (ou donné l'impression de vouloir) à parler sa langue natale, même en y étant exposé quotidiennement avec ses parents ou sa famille.
On explique souvent ce phénomène comme une stratégie de survie de l'enfant qui va avoir le sentiment inconscient de devoir renoncer à sa culture d'origine pour pouvoir être accepté dans sa nouvelle culture (mais ça peut être aussi un phénomène "d'inhibition" où on va "bloquer" une langue temporairement parce que l'apprentissage de la nouvelle langue demande beaucoup trop d'énergie quand l'autre langue se manifeste en permanence). Ce phénomène arrive pour toutes sortes de langue mais il serait plus prégnant chez les enfants dont la nationalité d'origine est mal perçue dans le pays d'accueil. Et il peut même arriver avec des enfants qui parlent DEJA la langue du pays parce qu'ils viennent d'un pays bilingue. Par exemple, un enfant algérien ou marocain qui arrive à 8 ans en France en parlant déjà couramment français mais aussi arabe peut "oublier" l'arabe.
En réalité la langue natale n'est pas vraiment "oubliée", elle est plutôt occultée mais elle est toujours là. Donc elle peut revenir, mais en fonction du choc "d'intégration" vécu initialement, ça peut demander plus ou moins de travail. Par exemple, il faut parfois suivre des cours de langue qui vont permettre de transformer la langue en objet d'étude et plus uniquement en "langue des parents", de la désinvestir de l'émotion d'origine en la mettant à distance. Ainsi, le blocage peut être levé et la langue revenir progressivement.

Ce phénomène existe sous plusieurs variantes. Parfois, les enfants n'oublient pas leur langue d'origine mais elles se "dégrade" du fait de l'apprentissage de la nouvelle (en réalité, ce n'est pas exactement une dégradation, mais le regard des autres locuteurs peut donner ce sentiment), et progressivement l'enfant ne se sent plus légitime à utiliser la langue de son pays d'origine, si bien qu'il ne fait plus un blocage visant à s'intégrer mais un blocage par rapport à sa culture d'origine, parce qu'il se sent rejeté inconsciemment, pas à la hauteur de sa famille.

Et ça peut aussi arriver à des adultes, notamment un adulte qui épouse quelqu'un d'une autre culture et vit dans son pays, ou un adulte qui se retrouve seul dans un pays étranger et y refait sa vie etc.
Et il y a aussi le cas des adultes qui n'arrivent JAMAIS à apprendre la langue du nouveau pays ou qui ne parviennent pas à l'apprendre complètement, généralement parce que cette nouvelle langue est un symbole de douleur pour eux (pays d'origine quitté à contrecoeur par exemple, difficulté à lier des liens de confiance dans le nouveau pays, etc.) ou qu'ils ont une peur très profonde de perdre le lien avec leur pays d'origine (par exemple s'ils n'ont plus de famille etc.). Ce n'est pas qu'ils ont "moins de capacité" à apprendre une nouvelle langue que d'autres mais plutôt qu'ils ne sont pas dans les bonnes dispositions psychologiques pour l'apprendre.

Bien sûr, ton cas est différent car tu n'as pas précisé que tu es bilingue ou que tes parents le sont, donc a n'a pas l'air d'être un cas d'abandon de la langue maternelle pour la remplacer par une autre langue, et tu as l'impression de perdre la langue du pays où tu as grandi et où tu vis plutôt qu'une autre langue, mais je pense que ce sont des mécanismes similaires car le rapport à la langue est extrêmement intime, ça touche à des questions d'identité, d'histoire familiale, de rapport à la culture d'origine et au "nouveau" pays de sa famille, qui fait que c'est quelque chose qui peut facilement être "traumatisé" quand on est à cheval sur deux cultures et qu'on questionne sa place dans la société. En plus, je suppose que même si tes parents sont francophones de base, ce n'est pas le même français que dans ton pays actuel, donc il y a probablement quand même quelque chose en lien avec deux façons de pratiquer la langue auxquels tu as été exposée qui a pu créer ce choc par rapport au français "officiel".

Je raconte tout ça surtout pour te montrer que ce n'est pas du tout quelque chose de honteux et que tu n'es pas seule car c'est en fait un phénomène courant. Ce phénomène arrive plus souvent en sens inverse du tien, mais c'est le même mécanisme en réalité.

Pour les professionnels que tu pourrais voir, il y a des psys qui sont spécialisés dans les phénomènes interculturels (psychologie interculturelle) ou dans la prise en charge de population issues de migrations. Ils sont beaucoup plus susceptibles de comprendre tes problématiques qu'un psy classique car ils comprennent généralement les problématiques d'identité culturelle et de bilinguisme (beaucoup de psys ont suivi une formation "intraculturelle" et ne pense pas toujours aux mécanismes à l'oeuvre en cas d'exposition à deux cultures). Le mieux serait peut-être un psy spécialisé dans la psycholinguistique.
Mais tu peux aussi te renseigner auprès de linguistes si tu n'es pas sûre de quel professionnel te correspondrait le mieux. Je pense qu'échanger avec un linguiste ou lire des travaux de linguistes ayant travaillé sur l'interculturel/le bilinguisme pourrait t'orienter sur des pistes intéressantes car le français écrit "officiel" est une langue très rigide dans le sens où elle est régie par des règles écrites (avec même une structure gouvernante comme l'Académie française), contrairement à d'autres langues. C'est une langue qui fait croire qu'il y a une "bonne" manière de la parler, qu'il y a une langue légitime et une autre qui ne l'est pas, ce qui peut toucher à quelque chose chez toi quand tu réfléchis aux mécanismes racistes, alors que les linguistes étudient la manière dont la langue est utilisée, pas la manière dont elle est "censée" être utilisée.
Du coup, je sais que ça aide certains adultes qui ont oublié leur langue natale et font un blocage, parce que les linguistes voient les langues comme un phénomène vivant qui évolue (contrairement aux grammariens) et par conséquent, la bonne façon de la parler... c'est toujours la manière dont tu la parles selon eux! Je sais que ça décomplexe certains adultes sur leur niveau de langue et ça les aide à lever le blocage du coup.

Je dis ça parce que par exemple, aller voir une orthophoniste, ça laisserait entendre que tu as besoin d'être rééduquée mais peut-être que ce n'est pas exactement une question de rééducation mais de choc entre ton rapport à une langue très élitiste et ton nouveau rapport militant au monde. Par conséquent, il ne s'agit pas de te rééduquer mais de reconnecter ton rapport à la langue avec ta nouvelle vision du monde, et c'est pourquoi je pense qu'il faut d'abord travailler sur les phénomènes psychologiques et linguistiques à l'oeuvre. Un orthophoniste pourra probablement t'aider à un moment, mais à mon avis ce n'est pas l'idéal pour commencer.

Pour l'attrition de la langue maternelle chez les bilingues, il y a plein de travaux qui ont été faits et peut-être que les lire t'aidera à trouver comment ça a pu se produire pour toi dans un autre sens et à obtenir des clés pour résoudre cette perte du français!

Voilà, dans tous les cas, je suis sûre que tu trouveras un moyen de "retrouver" ton français ou en tout cas de le faire évoluer dans un sens avec lequel tu te sens en paix!
 
Dernière édition :
11 Janvier 2007
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moi j'ai pas pu m'empêcher, je suis à mon nouveau taff et j'ai fait une remarque décoloniale dans ma barbe et en rigolant et en fait ça peut passer pour agressif et mon but n'est pas de finir avant la période d'essai et de refaire mes valises =(

c'était une blague en +
:-(

edit : mais bon voila, le collègue était surpris qu'un cambodgien des années 60 parle français donc BON
 

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