Vivre sous le joug de la timidité

[Sylou1990]

Puisqu'il y a beaucoup de timides ici, je vais vous poser des questions pour mieux comprendre si ça vous gêne pas ^^
En fait une amie à moi est vraiment très très timide, limite effacée... Avec moi elle l'est pas bien sur, on se connait depuis longtemps. Mais avec les autres c'est fou quoi.
Du coup j'ai l'impression qu'elle a vraiment une vie mais super triste quoi... Genre elle parle à personne, a un quotidien ennuyeux à mourir, connait personne, n'a jamais eu de mec, sort jamais, n'a pas vraiment d'amis...
Je dois faire quelque chose pour l'aider? Vous pensez qu'elle souffre de ça? Moi ça me fait un peu de peine mais je me dis que peut-être qu'elle est bien comme ça. Mais quand je la vois j'ai l'impression qu'elle souffre...

(Désolée pour le double-post)

Tout dépend de son ressenti à elle. Il y a des gens qui se portent très bien sans sortir, sans (beaucoup) d'amis et sans mec.

Je peux compter sur les doigt d'une main mes vrais amis, je sors peu (et pourtant je suis étudiante en info-com = fête tous les soirs), j'ai une vie ennuyante (mais j'ai un mec). Ça ne m'ennuie pas du tout. Je suis du genre à être un peu solitaire, dans le sens où, j'aime bien être seule. J'aime bien faire des trucs seule.

Mais c'est vrai que si l'on vit mal une situation pareille, surtout lorsqu'on est timide, c'est moins évident.
Il faut peut-être, éventuellement, lui demander avec tact si cette vie lui convient.

En fait, je suis pas sûre.

J'aide pas vraiment là ? Désolée

 

[Jasma]

Puisqu'il y a beaucoup de timides ici, je vais vous poser des questions pour mieux comprendre si ça vous gêne pas ^^
En fait une amie à moi est vraiment très très timide, limite effacée... Avec moi elle l'est pas bien sur, on se connait depuis longtemps. Mais avec les autres c'est fou quoi.
Du coup j'ai l'impression qu'elle a vraiment une vie mais super triste quoi... Genre elle parle à personne, a un quotidien ennuyeux à mourir, connait personne, n'a jamais eu de mec, sort jamais, n'a pas vraiment d'amis...
Je dois faire quelque chose pour l'aider? Vous pensez qu'elle souffre de ça? Moi ça me fait un peu de peine mais je me dis que peut-être qu'elle est bien comme ça. Mais quand je la vois j'ai l'impression qu'elle souffre...

Si c'est une amie et que tu l'apprécies, alors oui ! Tu peux lui proposer de sortir (boire un verre/café, shopping, cinéma, dîner, exposition) avec une ou deux personnes que tu connais et qui ne risquent pas de la mettre mal à l'aise. Mais ne la mets pas dans une situation "socialement difficile". Par exemple, je ne pense pas que sa timidité s'envolera si elle se retrouve dans un groupe de 20 personnes qui se connaissent bien.
Mais peut-être qu'elle vit bien sa solitude aussi.

 

[Beck]

Je passe pour une fille hautaine dans ma fac parce que j'ai un gros, gros problème pour aller vers les gens. Je ne pense pas que ce soit de la timidité pure et dure parce que par exemple je n'ai aucun problème à faire des exposés, mais c'est vraiment le contact avec des gens inconnus qui me bloque. Je ne me sens jamais "légitime" à établir le contact du coup j'attends que l'autre fasse le premier pas et souvent... ben ça n'arrive pas. Et quand ça arrive, je suis mal à l'aise et je ne sais pas quoi dire, je ne me montre pas du tout à mon avantage. C'est assez handicapant mine de rien.

 

[Sylou1990]

Bah moi aussi je sors pas beaucoup j'aime pas ça, mais genre je sais pas, quand je suis chez elle et que je vois son quotidien en gros, je le trouve triste... Pourtant moi aussi je sors pas tout les soirs etc. J'ai un peu de mal à l'expliquer en fait. En plus, je sais qu'elle déteste être seule, donc elle me demande toujours de venir chez elle...

Oui, c'est vrai que c'est différent déjà, si elle n'aime pas être seule. Tu devrais peut-être lui en parler un peu. Qu'elle essaie de s'ouvrir un peu, ou proposer ton aide. Elle ose peut-être pas te demander.
C'est toujours un peu délicat ce genre de situation.

 

[Brunissende]

Ma grande timidité ne m'a posé aucun problèmes jusqu'à ce que j'arrive au collège. En primaire j'avais une étiquette "la timide qui travaille bien" et on l'acceptait très bien, j'étais très appréciée de mes camarades comme de ma maîtresse. Au collège ça a été tout autre, j'aurais préféré être fouetté avec un martinet chaque fois que j'aurais passé une porte plutôt que de m'être fait humilier ainsi. Mes professeurs me croyaient complètement abrutie, incapable de sortir un mot. Celle qui chialait chaque fois qu'on lui criait dessus, c'était moi. Je ne sais pas pourquoi on me traitait comme ça, je devais avoir une tête à claques pas possible mais mes professeurs n'arrivaient pas accepter le fait que j'étais très timide et que je n'aimais pas qu'on me bouscule. Pour eux, seul la force et le harcèlement moral pouvait me faire réagir. Résultat : J'avais la haine. Et cette haine je l'ai gardé jusqu'à la fin du lycée

Et je dois avouer que maintenant j'y vois un côté positif, cette longue expérience m'a forgé, je suis plus forte, je ne perd plus mes moyens devant les gens, il est même difficile de me faire pleurer et je ne me laisse plus marcher dessus. Aujourd'hui je dirais que je suis "réservée" plutôt que timide. J'ai toujours cette réserve et ce recul au début vis à vis des autres parce que ça me rassure mais je ne suis plus au point de ne pas l'ouvrir de peur qu'on me regarde ou qu'on s'intéresse à moi. En fait, tous ces cons qui m'ont fait me sentir minable pendant des années m'ont en fait aider à me construire. Mais bon, en relisant l'article ça m'a donné envie de les retrouver un par un et de leur mettre un uppercut en leur disant "JE M'APPELLE BRUNISSENDE CO**** ET JE SAIS PARLER TRES FORT !"

...

 

[Brunissende]

J'avoue que la timidité est quelque chose que j'ai du mal à comprendre, et quand je dis comprendre, je ne veux pas dire "accepter" je veux vraiment dire "appréhender".

Je veux dire, de quoi les timides ont-ils peur? Se croient-ils moins dignes d'intérêt que les autres? Pourquoi? J'avoue que ça me semble quelque peu irrationnel comme comportement.

La timidité vient d'un mal-être et les maux sont dur à faire partir... Dépasser ses peurs c'est certes bien mais il faut déjà en trouver la force et pour trouver cette force il faut déjà être en paix avec soi-même. D'autres expriment leurs maux, d'autres ne le font pas. Et la timidité tu l'as dès l'enfance, quand tu es un enfant tu ne comprends pas pourquoi tu es comme ça et pas ta copine. Alors au fil des années ça te détruit parce que tu ne te sens pas "normal". C'est dur de revenir en force alors que pendant tes années les plus fragiles tu as souffert de ça, ça te rend vulnérable. Et crois moi, ce n'est pas "irrationnel" comme tu dis, derrière quelqu'un de timide il y a beaucoup de choses qui en sont facteurs.

 

[Ghost Town]

Niveau timidité j'ai un genre de dualité, je n'y comprends rien.

Avant, lorsque j'étais à l'aise, en terrain connu, je passais pour quelqu'un de charismatique. En classe, j'ai toujours participé sans problème, au bac c'est à l'oral que j'ai eu les meilleurs notes... Je peux encore lancer directement une répartie à un/une parfait inconnu dont le comportement m?énerve ou me révolte ( je crois que.je cherche juste la merde ).

Mais je peux être navrante de timidité, et ça a carrément empiré. La première fois que j'ai réussi à sourire spontanément à un garçon croisé dans la rue, c'était l'année dernière. Je suis incapable de téléphoner aux administrations, prendre des rvd etc.. Même quand c'est super important. Je préfère faire des kilomètres et claquer une journée plutôt que décrocher mon téléphone. C'est vraiment, vraiment très chiant.
Et je suis devenue incapable de faire un exposé sans trembler. Je ne peux plus jouer la comédie ou de la musique sans prendre des petits "remèdes", sinon le trac me tétanise, et ça ne passe pas. Même pour un bête enregistrement .

 

[clo_chette]

Arf je me suis reconnue dans l'article...Contente de ne pas être la seule dans ce cas.
J'ai 24 ans et je n'arrive pas à me soigner. Je n'ai par contre aucun problème pour demander des renseignements à un inconnu ou pour téléphoner.
En ce moment je suis à Buenos Aires pour 1 an car je voulais justement partir seule pour me retrouver et aussi pour faire des rencontres.
J'ai ma colocataire de l'appartement dans lequel je vis qui me propose parfois de sortir car elle voit que je suis toute seule et au final on a les mêmes centres d?intérêt mais quand je suis avec ses potes je ne sais pas quoi dire j'ai l'impression d'être la "crucruche" de service. Et très franchement je pense que oui la timidité et le manque de confiance en soi vont de paire. Je sais que je ne suis pas plus inintéressante que d'autres mais j'ai l'impression que vu que je ne fais pas du 36/38 alors je ne convient pas (je fais un 40 mal assumé que je n'arrive pas à perdre).
Je me sens cruche aussi quand quelqu'un qui est nouveau comme moi et qui ne connait personne comme moi est beaucoup moins timide que moi. Tout le monde lui parle tout le monde la regarde et moi je devient transparente genre : "-T'as du feu? -Oui, tiens! -Merci, c'est comment ton nom déjà" (ne te sens pas obligé de me parler laisse moi petite timide que je suis à m'effacer d'avantage).
Bizarrement quand je suis avec des gens que je connais j'arrive parfois à aller vers les gens que je ne connais pas (si la personne me parait sympathique attention ne me faite pas dire non plus que je peux aller vers n'importe qui!) et surtout après 2-3 verres.
Mais alors l'époque la plus horrible fut en effet pour moi aussi la période collège/lycée/BTS...et les tant redoutés exposés devant toute la classe!! J'arrivais encore à prendre la parole en levant le doigt quand je connaissais la réponse mais me retrouver seule devant toute la classe à raconter ce que j'avais à raconter c'était terrible. J'avais toujours cette peur qu'on parle de moi dès que j'avais le dos tourné (on en revient donc au manque de confiance en soi). J'ai parfois réussi à feinter en séchant l'heure à laquelle je devais passer ; en disant que ma clé USB ne fonctionnait pas ; en demandant à quelqu'un qui devait passer la semaine d'après de passer à ma place ect ect...Tout faire pour repousser le moment fatidique!!
Voilà désolée pour le roman mais je me suis encore retrouvée dans l'une de cette situation aujourd'hui et j'étais énervée contre moi-même d'être autant patole alors il fallait que ça sorte!!

 

[Dorothy]

Je ne sais si ça a été dit, mais quelque chose de particulièrement énervant quand on est timide, ce sont les gens très extravertis qui te sortent "Non mais tu sais moi aussi au fond je suis très timide !" alors qu'ils ne savent même pas ce que c'est (enfin pour la plupart) !
J'avais une amie comme ça, très grande gueule, toujours à parler/hurler à tout le monde à tout bout de champ, infatigable...bref ! Et elle me sortait ça très souvent, ça avait vraiment le don de m'énerver.
Je voyais un aspect condescendant genre "je comprends tout à fait ce que tu vis" alors que pas du tout ma vieille, sinon tu n'aurais aucun problème à te montrer en spectacle en permanence comme ça !

Peut-être que certaines personnes confonde la timidité avec la pudeur (certaines personnes très extraverties comme celle dont je parle ont tendance à beaucoup parler, mais surtout pas d'eux-même), ou bien autre chose je ne sais pas.
En lisant les commentaires je réalise que quand on n'est pas timide, ça ne doit pas être évident de se mettre à la place d'un timide, et de comprendre notre façon de "raisonner".

Sinon, big up à l'article !!

 

[Futae]

Bizarrement, je ne me suis pas reconnue dans l'article, même si je l'ai compris. Je souffre d'une espèce rare de timidité : autant j'ose parler à de parfaits inconnus si je maîtrise mon sujet, autant j'ai peur parfois de parler à des gens qui me sont proches, car j'ai peur de dire des conneries.

Car oui, ma timidité à moi vient bien de là. J'ai peur de dire des trucs hyper pas intéressants. Mon moto dans la vie c'est : "Il vaut mieux se taire et passer pour un con, que d'ouvrir la bouche et ne laisser aucun doute à ce sujet" !

 

[LiGie]

Je donnerai juste la parole à Renan Luce qui a écrit une très belle chanson sur "ce fléau qu'a cassé nos envies depuis l'âge du préau" :

Renan Luce : Le clan des miros - écoute gratuite et téléchargement MP3

Merci

 

[Sleeping John]

Merci pour cet article !

J'ai toujours été timide, et je pense que je le serai toujours.
Quand j'étais plus petite, je n'osais pas appeler ma meilleure amie car j'étais terrifiée à l'idée de tomber sur un des ses parents ou de ses frères et soeurs. Etant bonne élève, les profs ont plutôt été bienveillants envers moi, mais j'ai toujours eu droit à l'appréciation "participation insuffisante".

Aujourd'hui encore je suis très timide. Peut-être même encore plus, parce que j'en ai pris vraiment conscience.
Mes parents m'ont mis au collège dans un petite structure, avec 3 classes par niveaux de 25 élèves max, mais ça ne m'a pas empêché de me faire rejetter. Je n'osais pas parler aux gens, et j'étais un peu "décalée", du coup on a pas tardé à me traiter de "triso" (et dans une petite école ta réputation est vite faite pour le restant de ta scolarité).
Du coup ça a été un cercle vicieux : quand on me parlait, j'étais encore plus sur ma défensive.

Aujourd'hui ça va mieux sur ce point là, mais même dans une classe de 12 élèves, avec des gens que j'adore vraiment, et avec des profs assez proches des élèves, je ne me sens toujours pas "légitime".
J'ai parfois l'impression que les gens me supportent, je n'ose pas m'imposer. Alors oui, je parle, je fais des blagues, mais je reste assez extérieure au final. Je ne parle jamais avec personne sur facebook, je n'ai pas de portable parce que je sais pertinemment que je n'oserai jamais envoyer un SMS à quelqu'un, je suis, je participe (parfois), mais je n'initie jamais de conversation. J'ai peur de déranger en fait.
J'avais une peur bleue auparavant de passer en caisse dans les magasins, maintenant ça va un peu mieux, mais je suis tout de même la dernière fois restée 3/4 d'heures à me décider à appeler mon coiffeur pour prendre rendez-vous.
Niveaux oraux quand je prépare bien, ça passe, mais je peux très bien bloquer pendant une bonne minute ou finir en pleurs.
J'essaye à tous prix d'éviter tout ce qui pourrait être embarrassant. L'imprévu me paralyse, et je me focalise sur chaque petit détail qui ne va pas.

Pour discuter avec des gens que je ne connais pas, c'est un vrai calvaire. J'essaye tant bien que mal de répondre le plus naturellement possible, de me fabriquer une fausse assurance, mais les gens sentent que je suis à côté de la plaque. Du coup il y a immédiatement une forme de gène qui s'installe et on ne revient pas vers moi par la suite.

Le pire c'est que je ne sais pas tenir une discussion normale. Je ne suis pas douée pour parler, je ne sais pas quoi dire, quand. Question d'habitude je suppose. Avec moi les discussions tournent souvent court parce que je suis totalement à côté de la plaque. A force je n'aime pas parler. C'est presque une torture pour moi, ce n'est pas naturel.
Dans ma classe, les gens ont compris, ils sont habitués à ce que je sorte des trucs totalement "décalés", les premiers trucs qui me passent par la tête, des réflexions en apparence totalement débiles, mais que je préfère largement aux discussions "imposées".
Mais l'année prochaine je ne serais plus avec ma classe, il va falloir recommencer à zero des relations sociales et ça, ça me fait très peur.