C'est dur d'avoir les chiffres exactes. Certains disent 5000 à 6000€ par enfant, d'autres 7500€ par mois et plus si l'enfant a un handicap, d'autres parlent de 50000€/an par enfant. En coût globale. Ça varie selon de type de structure. Les familles d’accueil coutent moins cher qu'un foyer par exemple.
Mais en fait je vois toujours pas bien de quoi tu veux parler. Est-ce que tu parles du coût que représente un enfant placé pour la collectivité (impôts, subventions, cotisations sociales, etc), ou est-ce que tu veux dire que les acteurs de l'aide à l'enfance (éducateurs, familles d'accueil, assistantes de service social) touchent ces sommes quand ils placent des enfants ? C'est complètement différent de parler de ce que "coûte" un enfant placé que de ce qu'il "rapporte". Parce qu'une recherche Google m'apprend par exemple qu'une famille d'accueil touche un peu plus d'un SMIC par enfant. On est donc loin des sommes que tu évoques.
Le juge suit l'avis du dossier monté par les assistantes sociales. Donc concrètement elles ont le pouvoir. Et elles le savent puisqu'il leur arrive d'annoncer le placement d'un enfant aux parents avant même le passage devant le juge.
De même, tu fais une équivalence assez hâtive ici. Le juge des enfants est saisi sur la base d'un rapport de l'ASE, oui. Mais, d'une part, rien n'oblige le juge à suivre ce qui est préconisé dans ces rapports. Et, surtout, le juge doit convoquer la famille en audience avant de prendre une décision, quelle qu'elle soit. Donc il verra les parents et sera en mesure de se prononcer lui-même sur le climat familial. Voilà de quoi relativiser quelques peu tes affirmations sur la toute puissance des assistantes de service social. Elles sont les premières sur le terrain et actrices de premier plan dans le paysage de l'aide sociale à l'enfance, certes. Mais les décisions ne leur reviennent pas en fin de compte.
De même pour ce qui est des placements d'urgence : la décision est certes prise par le procureur de la république en se fondant sur la base du signalement seul. Mais le juge des enfants doit convoquer la famille dans un délai très court (huit jours) afin d'appuyer, ou non, la décision du procureur. C'est cette rapidité dans les délais qui sert de garde fou aux décisions abusives, justement.
Je n'ai pas envie de monter au créneau pour défendre les institutions, car elles ont des failles criantes et il est important de faire remonter la voix des enfants qui souffrent. La parole de l'enfant est encore très peu entendue en procédure judiciaire. Je peux le confirmer pour l'avoir vu, les soupçons d'instrumentalisation de la part des conjoints tombent très vite quand les violences (physiques ou sexuelles) sont dénoncées. Avec bien souvent des argumentations ultra pétées pour mettre en doute les dires des enfants. Je pense plutôt aux procédures lancées devant le JAF (le juge des affaires familiales, compétent en matière de divorces et de séparations, décide notamment des modalités de la garde des enfants et du montant de la pension alimentaire) qui sont littéralement gangrénées par le sexisme, ultra complaisantes envers les pères et discriminatoires envers les mères (malgré les thèses mascu bien connues qui soutiennent exactement l'inverse). Si le sujet vous intéresse, je vous suggère de regarder du côté du fameux "syndrôme d'aliénation parentale", une thèse fabriquée de toutes pièces par un psychiatre américain, qui a été prise comme parole d'évangile par la justice. En gros, ces idées ont contribué à ce que les mères qui dénoncent des faits de violences de leurs conjoints sur leurs enfants soient immédiatement soupçonnées de raconter des mensonges dans le but de nuire à ces pauvres hommes. Si leurs propos sont corroborés par les enfants eux-mêmes, on dira qu'elle leur a monté la tête pour qu'ils accusent leur père sans fondements. La conséquence, c'est que de nombreux père abusifs ont pu conserver la garde de leurs enfants.
Là où je n'en démordrai pas, en revanche, c'est qu'on ne peut pas écouter le seul son de cloche des parents pour déterminer si les mesures prises par les juges des enfants sont abusives ou non. Parce qu'un parent maltraitant ne va jamais le reconnaître. Donc forcément, à l'écouter lui, tout le monde est contre lui et il n'est qu'un jouet face aux rouages de la justice qui lui a pris ses enfants. La réalité est souvent bien différente. Bref, pour moi il faut vraiment prendre du recul face à la détresse des parents ouvertement affichée sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, puisque le sujet est évoqué, je linke le fil de commentaire en réaction à l'histoire de Lou et Nausicaa, car on en avait pas mal parlé sur le forum à l'époque.