Je trouve ça très important de faire ce genre d'articles, et j'envoie tout mon soutien à Lucie. Je trouve néanmoins dommage que son témoignage soit aussi rapide. J'ai l'impression que beaucoup d'informations manquent, notamment au sujet des séquelles physiques évoquées (quelles sont-elles ?) mais aussi, comment s'est passée l'annonce à sa fille ? Le conjoint était-il présent ? A-t-il été aidant ? La perte d'un enfant, c'est généralement une épreuve pour le couple... On ne sait pas non plus s'il y a eu un enterrement, et si oui, s'il a aidé Lucie dans son processus de deuil... On ne sait pas non plus si l'enfant a pu être nommé, inscrit sur le livret de famille (il me semble que ce n'est pas forcément le cas en cas de mort in utero, or c'est important pour certains parents)...
Si toutes ces informations manquent parce que Lucie ne tenait pas à les dévoiler, je comprends évidemment, mais ça me semble un peu lacunaire :/
Bonjour, je suis l'autrice du témoignage et je voulais apporter quelques éléments supplémentaires. Il n'y a pas toutes ces informations car cela aurait été je pense bien trop long pour l'article et que je n'ai pas eu le temps de tout dire alors je vais le faire maintenant.
Les séquelles physiques : deux grossesses très rapprochées ont forcément endommagé mon périnée, mon bassin et mon dos mais je ne sais pas encore à quel point. Seul le temps le dira je crois. Mais cela n'a rien à voir avec le décès du bébé, de même que la péridurale aura peut-être des effets néfastes à long terme mais il est trop tôt pour le dire.
Ma fille a un an et demi alors je crois qu'elle a compris les choses à sa manière de bébé. Je lui parle beaucoup pour qu'elle comprenne notre tristesse mais elle ne semble pas affectée par la mort de son petit frère. C'est un bébé très câlin peut-être encore plus aujourd'hui. Mon conjoint en parle beaucoup moins, il ne supportait pas le terme "mort" au début mais j'ai insisté sur l'importance des mots choisis, hors de question de lui cacher la vérité.
Mon fils a été nommé et inscrit dans notre livret de famille. Ça a été une épreuve mais ça me semblait important pour avancer.
Il n'y a pas eu d'enterrement car le lendemain de l'accouchement nous avons eu à choisir entre gérer l'intégralité des démarches ou aucune. Évidemment à ce moment là il était trop dur pour nous d'envisager de s'en occuper. Nous sommes allés le voir à la chambre mortuaire. Il a ensuite été autopsié puis incinéré et déposé dans un jardin du souvenir. Je n'ai pas encore réussi à y aller mais je vais moi-même organiser une cérémonie symbolique avec ma famille pour lui dire au revoir. Je placerai ce lieu sur la tombe du père de mon compagnon, afin qu'il reste au milieu de sa famille.
J'ai eu l'avantage d'avoir un conjoint solide et bienveillant à chaque étape même si ce n'est que le début du deuil, cela nous a rapproché et aujourd'hui nous sommes plus forts ensemble.
Je dirai enfin que la difficulté pour moi réside dans le fait d'être seule à connaître la douleur psychologique et physique de cette épreuve. Il n'existe aucun groupe de parole dans ma région et je sais que ça m'aurait aidé.
Si l'une d'entre vous a d'autres questions, j'y répondrai autant que possible et j'espère pouvoir aider celles qui malheureusement connaîtront cela après moi.