Le topic des Madz gros.ses

11 Février 2011
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Bruxelles
@Malinauka Ah c'est sûr que c'est irrémédiable et ce n'est pas une décision à prendre sur un coup de tête. Et puis je suis dans les démarches depuis le mois de mai. Il y a tout un suivi diététique où on change la façon de se faire plaisir gustativement sans avoir besoin de se "faire exploser l'estomac". Perso, au départ, je mangeais jusqu'au trop plein, quitte à en avoir des nausées et à ne pas être bien (bien que satisfaite de cette sensation hein). Depuis le début du suivi, j'ai appris à reconnaître ma satiété, à m'arrêter à temps, à savourer mes repas (plutôt dans le temps et la qualité que dans la quantité).. Bref, j'avais les mêmes appréhensions que toi, mais je pense que j'ai simplement appris à manger différemment en prévision de l'opération.
C'est pour ça que je ne comprends pas trop les gens qui se font opérer en deux mois... Tu n'as pas le temps d'intégrer tout ça au niveau psychologique...
 
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Réactions : Malo_ et Malinauka
18 Juin 2016
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Ca fait plaisir de lire tout le monde (je n'avais pas les notifs du coup surprise en ouvrant le sujet) :)

@Acathe Il y a peut être des salles un peu du style keep cool par chez toi. C'est vrai que ça peut aider à mettre à l'aise les gens, mais pour autant je suis sûre que dans la plupart des salles il y a aussi une variété du public et des motivations qui ne sont pas que du "m'as tu vu" "je suis plus fort que toi" etc. Là c'est sûr que dans la mienne c'est découragé, mais on empêchera jamais le narcissisme des gens à vouloir se situer par rapport à l'autre ^^ C'est surtout selon nos propres habitudes de pensées/comparaison/sentiment de gêne si on a du mal à rester concentré sur soi et qu'on est plus focalisé sur notre-pensée-de-ce-qu'il-y-aurait-d'après-nous-dans-la-tête-des-autres.
Ta sensation d'être un chantier à reconstruire me parle bien. Je suis sûre que certains professionnels fonctionnent effectivement sur l'idée de vouloir modeler l'autre à l'image de leur propre conviction de ce qui est "bien" pour eux. Par contre ça me parle aussi carrément sur ce que j'ai moi-même comme ressenti parfois, de vouloir me changer, me métamorphoser, d'une révolution totale de mon corps dans ses capacités, ses sensations, son apparence. Dans ma scolarité je crois qu'à chaque période de vacances je nourrissais le rêve/la conviction que j'allais perdre du poids et revenir après complètement différente (sous entendue "mieux"). A chaque fois c'était raté ^^
Même aujourd'hui il y a quelque chose de cette envie qui peut encore s'infiltrer, mais j'y colle moins pleinement qu'avant.

C'est vrai qu'on s'y perd vraiment niveau conseils et je trouve aussi que la plupart des contenus informatifs sont faits par et pour des personnes qui ne sont pas touchées par un poids très haut et un volume corporel différent. Ça change vraiment la donne sur certains points, peut être pas tous, mais quand même niveau mobilité, exécution des mouvements, adéquation des machines, risques majorés (articulations, périnée) et ensuite sur le plan hormonal. Je voudrais un coach de gros :cretin: Pour les personnes qui vivent sur Rennes sachez qu'il existe une structure bien foutue d'ailleurs.
Si tu as des peurs c'est important effectivement de commencer par aller à la salle sans forcément demander à quelqu'un de t'accompagner sur ça. Tu nous raconteras si tu as envie :)

Hier je suis enfin retournée à la mienne, j'avais deux à trois heures devant moi avant ma séance de natation donc j'ai pris mon temps et j'étais contente de me donner des objectifs modestes et de les tenir. Par contre je me suis souvent rendue compte que je cherchais à ne pas laisser entrevoir l'effort que c'était pour moi de faire ci/ça (alors que bien sûr que ça se perçoit), et ça parce que je me sens précisément très limitée par mon obésité. Comme si j'avais envie de prouver que j'étais capable et que je correspondais pas à la seule image qu'on voit des gros en train de bouger : des gens en difficulté dans leurs mouvements (la plupart du temps dans le contexte d'un reportage où ils montrent quelqu'un décidé à perdre du poids, image à l'appui pour prouver à quel point être gros c'est nul et qu'on peut rien faire sans difficulté).

La muscu me demande un effort plus mental parce que c'est dur (XD) et parce que mon objectif est fonctionnel (préparation physique générale et spécifique; prévention des usures prématurées des articulations). J'adore les sensations que les exos en eux même peuvent me faire ressentir (en particulier les exos pour le dos). Mais programmer une séance cohérente et surtout ne pas négliger la prévention des blessures, c'est difficile je trouve. Donc je faisais pas mal d'exos de prévention pour les épaules et les articulations, et c'est pas des exos très rigolos en soi, et ça prend du temps. Pour moi c'est une activité qui me demande une certaine discipline pour ne pas faire juste mes exos préférés et basta (ce que je fais actuellement :happy:).

J'ai pris rdv avec un coach pour faire le bilan dans quelques jours. Je pense pouvoir facilement lui dire mes besoins et mes non-besoins, j'ai juste peur de passer pour une idiote qui n'a rien compris à ce qui est bon pour elle. :lalala:Je pense pas qu'il sera un grand soutien car mon profil n'est pas spécialement motivant pour un coach mais s'il est sympa ce sera cool :)

Pour les balades oui je compte bien continuer le maximum j'aime trop ça. Je suis tellement contente que l'été soit fini pour ça. (Par contre pour la piscine c'est plus ch***** d'avoir plus d'affaire à transporter/remettre ^^)

Pour répondre à ton autre question, oui j'encouragerais facilement des personnes à aller à la rencontre d'une asso autour de l'obésité. Ici l'asso n'est pas du tout médicalisée c'est des personnes concernées par l'obésité (pas forcément obèses) qui partagent des actions autour de l'obésité (faire valoir la parole des patients auprès du corps médical sur le territoire; rompre l'isolement des personnes obèses; favoriser l'accès à des activités comme la piscine; le sport adapté, la cuisine; faire des actions autour de l'estime de toi, d'une alimentation apaisée, etc. Tout dépend après de l'asso, de ses valeurs, mais ça peut donner lieu à de supers projets.
Il y a des activités proposées aux membres avec des professionnels comme un groupe de parole avec un psychologue mais c'est seulement ceux qui veulent y participer qui y vont et le tarif est beaucoup plus accessible qu'ailleurs (d'autant qu'il en existe peu ailleurs).
Pour certaines personnes la non mixité (au sens "groupe de gens gros") est mal vécue, elles ont le sentiment que c'est réducteur et stigmatisant.
Je dirais aussi que ce n'est pas toujours évident de côtoyer des gens gros quand on a intériorisé la grossophobie et qu'on se la fait déjà subir à soi, il y a une sorte de tabou honteux à se rendre compte qu'on est gros, qu'on souffre de la grossophobie sociale et qu'en fait les gros nous dérangent/gênent.
Pour d'autres un groupe avec des personnes auxquelles elles peuvent s'identifier c'est un vrai appui pour se lancer, oser des activités auxquelles ils ont renoncé depuis longtemps, avoir des personnes avec qui partager quand leur entourage n'est pas le plus soutenant autour de leur obésité, être orienté dans leur parcours médical (sans aucun conseil médical pour autant).
Il peut y avoir beaucoup de personnes intéressées/concernées par la chirurgie bariatrique donc c'est aussi un espace où les personnes peuvent discuter sur ce traitement, l'avant, l'après, mais ça ne s'y réduit pas.
Je pense que ça ne correspond pas à toute personne grosse, ça dépend vraiment de comment elles vivent leur poids aussi et ce dont elles ont besoin.

Dans ce que tu dis j'ai l'impression que c'est un autre type de structure dont tu parles où l'idée serait d'accompagner les personnes vers une perte de poids c'est ça ? En France ces équipes pluridisciplinaires existent dans les hôpitaux et là on n'est plus dans l'associatif. Les coûts sont pris en charge quand il s'agit de ce type de cadre.

Qu'est-ce qui te ferait peur dans l'approche psychologique ? Si c'est trop personnel je comprendrais tout à fait que tu ne répondes pas hein.

@Alnilam je compatis pour les soucis digestifs. En général j'ai l'impression que gros ou pas ce genre de plainte chez le patient est très souvent mise du côté du stress par les médecins. Perso ça me concerne aussi et j'ai remarqué comme toi que je peux manger pour apaiser des douleurs digestives. Quand j'en ai parlé à mon médecin j'ai senti que ça n'était pas un élément à explorer plus que ça, elle m'a proposé un médicament mais personnellement j'aurais plutôt envie d'en comprendre la cause. Je n'ai pas pris le traitement du coup. Je n'ai pas investigué davantage personnellement mais peut être le ferais je plus tard.
Niveau stress il me semble que le surpoids peut générer des taux hormonaux élevés des molécules impliquées dans le stress, ce qui acidifie potentiellement pas mal l'organisme.
Par contre je peux distinguer certains degrés de faim de cette sensation digestive parce que j'ai beaucoup travaillé sur la perception de la sensation de faim (cf travail mené par les professionnels du GROS et autour de l'alimentation en pleine conscience). D'ailleurs le travail autour de la pleine conscience aide aussi à mieux supporter l'inconfort, émotionnel, corporel, et à par exemple laisser passer la sensation sans forcément vouloir y remédier. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas traiter le problème hein, mais juste que tant que ce n'est pas réglé ça peut être un outil d'appui (et pour plein d'autres choses).

@Malinauka Je trouve ça dur d'avoir eu à supporter une attitude jugeante non assumée comme tu le décris, j'ai trouvé ça violent comme commentaires et comme demande. Après, je ne sais pas comment dire ça sans être potentiellement blessante (ou qu'on croit que je minimise alors que pas du tout) mais j'ai le sentiment en lisant les remarques que tu fais toi même que tu n'assumais pas non plus vraiment la gêne que ça peut être pour toi. Être gêné par rapport à son corps est différent je trouve que d'être gêner d'en être gêné, un peu comme moi quand je me vois inconsciemment essayer de pas montrer que c'est dur d'être comme je suis. Du coup ça doit créer une sorte de malaise global renforcé non ? Tu dirais qu'avant d'être avec lui tu pouvais déjà être un peu dans cette ambivalence que tu décris à la fin de ton message ?

Par rapport à l'ambivalence, ça me parle carrément. Chez moi c'est plutôt en termes de "c'est génial d'avoir pu faire ça, de profiter de ci, j'ai évolué et je suis fière de moi, c'est un pas de plus et ça compte" et "c'est pathétique d'être heureuse d'avoir réussi à faire un truc évident pour tout le monde ou d'en être que là alors que tu devrais déclarer l'état d'urgence absolu, pas du tout chercher à mieux vivre la situation". En gros ça alterne entre le sentiment de bien faire et celui de mal faire.
Il faut dire que ça sort pas de nulle part. J'entends ET ressens les deux "mouvements":
- la société globale me dit: "l'obésité est une maladie horrible contre laquelle il faut LUTTER, il est extrêmement dangereux d'en arriver à ce poids que tu fais";
- la société de proximité (les gens que je croise au quotidien) me dit: "quel corps hors norme" (le regard de surprise/gêne des gens quand ils me voient) sachant que je ne qualifie pas en terme esthétique mais juste en terme de différence; et "whoua c'est génial tout ce que tu fais par rapport à ton poids, c'est inspirant de voir la liberté que tu as réussi à avoir et c'est hyper intéressant ta façon d'envisager les choses";
Sachant qu'à travers ça il y a une forme d'évidence de base que avec mon corps je suis pas censée faire ça/me sentir bien donc on me renvoie que c'est génial.
- mon corps me fait vivre la nécessité, le besoin, l'envie de trouver un mieux via les gênes au quotidien, les douleurs, la difficulté dans certaines situations, l'inconfort global
- mon corps me fait vivre aussi des sensations de plaisir, de joie, de force, de vitalité
et de sentiment d'être bien avec ce corps

J'ai l'impression que je ne ferai jamais taire ces pensées qui me disent que je devrais faire ci, qu'il faut que je fasse ça, que je n'ai pas le droit de me réjouir de ci vu mon état, que je n'en fais pas assez, etc. Par contre ma paix réside dans le fait de moins y croire, de moins y "coller", et le seul moyen que j'ai trouvé personnellement c'est d'en revenir à moi, à mon ressenti, au moment présent. Ce qui aide pour moi: la pleine conscience; réduire la contamination sociale (on choisit de s'exposer ou pas à la télé, à certains discours sur les réseaux sociaux, etc) ; le plaisir corporel. Et à côté, plus globalement, investir ma vie, ma personne, les gens et pas être que sur "mon corps".

@LapizLazuli Oui je connais Stéphanie Zwicki mais elle fait dans la mode beauté, et c'est justement pas le registre qui me parle. Je voudrais justement trouver des personnes très obèses qui s'exposent et partagent dans d'autres thèmes.
Et bienvenue sur le topic ! :)
 
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Réactions : misspoetia
16 Mai 2017
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Salut, je ne suis pas en surpoids mais j'ai d'autres difficultés à accepter mon corps et j'ai une maman qui oscille entre surpoids et obésité, et j'ai eu envie de vous transmettre ce (long) extrait d'un bouquin formidable qui ne parle pas de poids mais de la psyché féminine, écrit par une femme psychanalyste, conteuse et aux formes généreuses : Clarissa Pinkola Estes.
Ce bouquin, « Femmes qui courent avec les loups », est selon moi à mettre de toute urgence entre les mains de toutes les femmes, j'espère que mon intervention ne vous semblera pas déplacée.
Câlins à tout.e.s celleux qui en veulent. :hugs:

« Avec une amie, Opalanga, griotte afro-américaine, nous avions mis au point une narration en duo, intitulée « le Langage du Corps » […] Opalanga est droite comme un if, et aussi grande et svelte. Moi, je suis una Mexicana, de constitution solide et de conformation généreuse. Quand Opalanga était petite, non seulement sa haute taille suscitait les railleries, mais on lui disait que ses dents de devant écartées était le signe qu’on était un menteur. Moi, on me disait que ma forme et mes formes étaient le signe des gens inférieurs, incapables de se contrôler.
Au cours de cette performance conjointe, nous évoquions les flèches qu’on nous avait décochées, notre vie durant, parce qu’ « On » avait décidé que notre corps était trop comme ci et pas assez comme ça. Nous chantions un chant funèbre pour les corps dont on ne nous permettait pas de jouir. Nous nous balancions, nous dansions, nous nous regardions mutuellement. Chacune trouvait à l’autre une forme mystérieuse de beauté et se demandait comment les gens pouvaient penser autrement.
Quel ne fut pas mon étonnement en apprenant que, devenue adulte, Opalanga était allée en Gambie, en Afrique de l’Ouest, où elle avait retrouvé certains des membres de la tribu de ses ancêtres, dont beaucoup, ô surprise ! étaient aussi grands et sveltes que des ifs et avaient les dents de devant écartées. Cette fente entre ses dents, lui expliquèrent-ils, était appelée Sayaka Yallah, « ouverture de Dieu », et considérée comme un signe de sagesse…
Quelle ne fut pas sa stupeur quand je lui racontai que moi aussi, parvenue à l’âge adulte, j’étais partie pour l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, où j’avais retrouvé certains des membres de la tribu de mes ancêtres qui, ô surprise ! était une tribu avec des femmes monumentales, solides, coquettes et majestueuses. Elles m’avaient tapotée, tâtée, en déclarant que je n’étais pas tout à fait assez grosse. Est-ce que je mangeais suffisamment ? Avais-je été malade ? Il fallait que j’essaie encore, expliquèrent-elles, car les femmes sont faites comme La Tierra, rondes comme elle, qui porte tant de choses dans ses flancs.

C’est pourquoi, lors de cette performance, de même que dans la vie, nos histoires personnelles, qui commencèrent dans l’oppression et la dépression, se terminent dans la joie et avec un sens de notre identité très fort. Opalanga a compris que sa haute taille fait sa beauté, que son sourire est celui de la sagesse et que la voix de Dieu n’est jamais loin de ses lèvres. J’ai compris que mon corps est uni à la terre, que j’ai des pieds faits pour tenir bon et que mon corps est un vaisseau capable de beaucoup porter et transporter. Nous avons appris l’une et l’autre auprès de personnalités importantes extérieures à notre culture américaine, à revaloriser le corps, à réfuter les idées et le langage qui ont pour but d’injurier le corps mystérieux et de refuser de considérer le corps féminin comme un instrument de connaissance.
Prendre plaisir à un monde où l’on trouve diverses formes de beauté est une joie à laquelle toutes les femmes ont droit. Promouvoir un type unique de beauté montre qu’on n’a guère observé la nature. Il ne peut y avoir une seule sorte de chant d’oiseau, une seule sorte de pin, ni de loup. Il ne peut y avoir des bébés, des hommes, des femmes d’un seul type, ni des seins, une taille, une peau d’un seul type.

L’expérience que j’ai eu avec ces Mexicaines imposantes m’a conduite à remettre en question l’ensemble des prémisses psychanalytiques sur les différentes tailles et formes des femmes, et tout particulièrement sur la question du poids. Une vieille prémisse psychologique, en particulier, me parut particulièrement grotesque : c’est l’idée que les femmes corpulentes ont faim de quelque chose et qu’ « il y a en elle une personne mince qui hurle qu’elle veut sortir ». Quand j’ai évoqué cette métaphore de « la femme mince qui hurle » devant l’une des femmes majestueuses de la tribu Tehuana, elle m’a regardée avec inquiétude. Parlais-je de « possession par un esprit du mal ? » Et qui, interrogea-t-elle, aurait placé une chose aussi mauvaise dans le corps d’une femme ? Elle ne parvenait pas à comprendre que des « guérisseurs » ou n’importe qui d’autre puissent considérer que parce qu’une femme était naturellement forte, il y avait en elle une autre femme en train de hurler.
Certes, il existe des troubles alimentaires compulsifs et destructeurs qui déforment le corps et c’est dramatique, mais ils ne sont évidemment pas la norme chez les femmes. Si des femmes sont grosses ou menues, larges ou étroites, grandes ou petites, c’est vraisemblablement parce qu’elles ont hérité des formes de leurs parents, grands-parents ou arrières-grands-parents. Juger des caractères physiques hérités d’une femme ou en dire du mal équivaut à créer des générations de femmes anxieuses et névrosées. En portant un jugement à caractère destructeur sur la conformation héréditaire d’une femme, en l’excluant, on lui vole des trésors psychologiques et spirituels, on la dépouille de l’orgueil du type physique qui lui a été transmis par ses ancêtres, on rompt brutalement le lien d’identité féminine qu’elle avait avec le reste de sa famille.
Si on lui dit de haïr on propre corps, comment pourra-t-elle aimer celui de sa mère, qui a la même forme que le sien ? Celui de sa grand-mère, celui de ses filles ? Comment pourra-t-elle aimer les corps d’autres femmes (et hommes) proches qui ont hérité des formes et de la configuration corporelle de leurs ancêtres ? Une telle attaque anéantit le légitime orgueil qu’elle éprouve à avoir une affiliation et détruit l’harmonie qu’elle éprouve avec son corps, quels que soient sa taille, son poids, ses formes. Elle touche aussi les femmes qui l’ont précédée et celles qui viendront après elle.

Ces jugements tranchés sur ce qu’on peut accepter ou non, en matière de conformation créent une nation de de grandes filles complètement voutées, de femmes petites montées sur échasses, de femmes corpulentes vêtues comme des veuves, de femmes très minces essayant de paraître rembourrées, et autres malheureuses tentant de se dissimuler. Détruire le lien instinctif de la femme avec son corps naturel, c’est lui ôter toute confiance et l’inciter à donner plus de valeur à son apparence qu’à son identité réelle. C’est lui faire dépenser son énergie à calculer ce qu’elle mange, l’œil fixé sur l’aiguille de la balance. C’est l’en rendre obsédée, dans ses faits et gestes et projets. Il est impensable, dans le monde instinctif, qu’une femme puisse vivre en étant obnubilée par son apparence.
[…] Si une femme « qui hurle pour sortir » existe vraiment, alors elle hurle pour que cessent les projections irrespectueuses que les autres font sur son corps, son visage, son âge.
Maints théoriciens de la psychologie ont souscrit à ce parti pris qui donne un caractère pathologique aux différences corporelles des femmes et parmi eux, Freud, très certainement. Dans le livre qu’il a écrit sur son père, Martin Freud rapporte que la famille toute entière détestait et ridiculisait les gens corpulents. Les motivations de Freud sortent du cadre de cet ouvrage ; on ne peut toutefois s’empêcher de penser qu’une telle attitude pouvait difficilement contribuer à un point de vue équilibré sur le corps féminin.
Il suffit de dire que divers praticiens de la psychologie continuent à maintenir ce parti pris contre le corps naturel, en encourageant les femmes à surveiller constamment leur corps et en les privant, par voie de conséquence, des bonnes relations qu’elles pourraient avoir avec leur forme originelle. L’angoisse à l’égard du corps prive en grande partie la femme de sa vie créatrice et détourne son attention d’autres choses.
Cet encouragement à tailler dans son corps ressemble étrangement à la façon dont on taille dans la chair de la terre elle-même, dont on la brûle et on l’écorche, mettant ses os à nu. La blessure de la psyché et du corps des femmes a son pendant au sein de la culture et en fin de compte au sein de la Nature elle-même. […]
La nature sauvage ne cautionnera jamais la torture du corps, de la culture ou de la terre. Elle n’acceptera jamais qu’on martyrise la forme pour prouver qu’on vaut quelque chose, qu’on « maîtrise » les choses, qu’on a du caractère, qu’on est plus agréable à regarder, qu’on a une valeur financière accrue.
Les femmes ne pourront jamais faire prendre conscience de tout cela à leur environnement culturel en lui disant simplement : « Change. » Mais elles peuvent changer leur attitude à l’égard d’elles-mêmes, ce qui désamorcera les projections destinées à les dévaluer. Pour cela, il faut se réapproprier leur corps. En ne renonçant pas à la joie de leur corps naturel, en ne souscrivant pas à l’illusion courante que le bonheur ne vient qu’à celles qui ont un âge donné et une conformation donnée, en n’attendant pas avant d’accomplir ce qui doit être fait, en se réappropriant leur vraie vie et en la vivant à plein et sans frein.
C’est cette façon de s’accepter, cette estime de soi qui commencent à faire changer les attitudes au sein de la culture. »

Édit : orthographe
 
Dernière édition :
24 Août 2016
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Je rejoins ce topic.

A l'âge de dix-sept ans j'ai pris 30 kilos en un an suite à un bouleversement hormonal et à de l'hyperfargie. Je me sentais mal dans ma peau. Pour compenser mon manque de vie sociale à cause de problèmes de santé qui m'isolait je me suis consolée avec la nourriture. Ce que je regrette éperdument aujourd'hui. A 16 ans je faisais une taille 40 et je suis passée au 48/50 en un an. Ca a été très douloureux psychologiquement et physiquement.
Ce qui a été le déclic ca a été au lycée quand j'ai été tellement essoufflée en montant des escaliers que j'avais l'impression de ne plus respirer. Je me suis mise au sport. Le début à été difficile mais après je faisais quotidiennement 30mn de vélo d'appartement par jour. J'essayais de manger moins mais c'était dur. Je n'ai pas perdu 1 gramme pendant ... 7/8 ans. Et pourtant je bougeais. Mon dos était douloureux, mes jambes aussi, c'était catastrophique.
En vérité, il n'y a que depuis un an que cela a commencé à s'arranger. J'ai perdu 8 kilos sur une année. Et ça depuis que j'ai commencé à travailler et que j'ai déménagé pour mon indépendance. Changement de ville tout ça. Je fais 7 km de marche par jour entre les transports et surtout le boulot. Car je bouge dans mon boulot, je porte des charges, je circule. Bref. Pour moi je ne suis pas la même personne. J'ai pris du plomb dans la tête et je suis descendue à la taille 44. Je mange super équilibré en me faisant plaisir et des portions normales. J'ai guéri de l'hyperfargie grâce à mes parents qui m'ont soutenu et grâce à une endocrino et un allerguo qui étaient très à l'écoute. J'ai des problèmes de ligament élastiques à ma cheville droite. Un chirurgien orthopédique m'avait dit à 20 ans que c'était parce que j'étais trop grosse et qu'il fallait que je passe sur le billard me faire enlever une partie de l'estomac. J'ai refusé. Mon endocrino m'a dit qu'il n'en était pas question cette opération est trop dangereuse et quand on a pas de cholestérol ou de tension il faut éviter à tout prix. Cela peut avoir de grosses conséquences physiques et mentales. (Puis moi je suis gourmande alors manger des mini portions je serai tellement malheureuse!)
Bref tout ça pour vous dire que moi je croyais que je ne changerai jamais et d'un coup on ne sait pas pourquoi la vie fait que pouf ça repart des fois dans l'autre sens! Ma cousine avait vécu la même chose et au même âge que moi actuellement (26) tout avait commencé à fondre. Je suis contente d'avoir perdu déjà 8 kilos. Je peux courir après mes transports sans être un poil essoufflé. L'été caniculaire en juillet je l'ai bien supporté par rapport à l'année d'avant. Je me sentais moins en train de me liquéfier. J'ai appris à manger sainement mais en me faisant plaisir. Je fais du sport pour le plaisir, je marche énormément.
Bref, j'ai toujours ma santé de merde mais qui a rien avoir avec mon poids en fin de compte. Je ne me pèse jamais que chez le médecin quand on me le demande car sérieusement j'en ai rien a branlé. C'est un chiffre, quand on se muscle cela pèse plus lourd sur la balance. Je mets des vêtements des fois un peu plus grand que ma taille à cause de ma poitrine (les hormones font que je fais quand même un 105 G) et je me dis que c'est pas grave c'est qu'un putain de chiffre aussi. Je peux de nouveau m'habiller dans des enseignes H&M et compagnie, je privilégie les marques britanniques qui font pour toutes les tailles. Le seul point négatif c'est ma poitrine uuuurgh merci la génétique plus les hormones mais j'apprends à vivre avec elle même si je rêve de m'en faire enlever mais pour ça on m'a dit d'attendre quand j'aurai des enfants après. Je n'ai plus mal au dos c'est la joie.

Je sais que je serai toujours ronde, car c'est aussi génétique et du coup je me dis que franchement tant que ma santé est pas en danger au contraire bah c'est comme ça. J'ai appris à m'aimer. C'est plus facile à dire qu'à faire je sais. Mais je vous souhaite à toutes bon courage :top:
 
13 Février 2013
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Coucou les madz,
Je vous rejoins si vous voulez bien de moi :red:. Je suis en surpoids, relation un peu compliquée à la bouffe (en gros j'ai envie de manger pour me faire du bien souvent donc pas top niveau effets sur le corps), et j'essaie actuellement de perdre du poids tranquillement, en me remettant à fond dans la course à pied (sport que je pratiquais plus jeune et ai repris il y a déjà plus de 3 ans, mais de façon fluctuante (arrêts et reprises réguliers...)) et en essayant de voir ce qui "pèche" dans mon alimentation pour rectifier le tir (pour ça, l'application évoquée sur le topic de la perte de poids, Revive, m'aide beaucoup... je croyais avoir globalement, hors craquage, une alimentation assez équilibrée, mais en fait je réalise qu'il y a pas mal de petites choses à revoir...).
Voilà, du coup mon rapport à mon propre corps est compliqué du fait de ce surpoids (je regarde toujours mon ventre et sous mon menton, ça m'obsède, et je déteste mes cuisses qui sont de gros poteaux...), je me "dégoûte" beaucoup et j'espère que tout ça évoluera petit à petit.
A bientôt et merci pour ce topic ! <3
(J'espère que je ne suis pas hors-sujet et/ou qu'il n'y a rien de blessant dans mon poste, et si jamais c'est le cas, n'hésitez pas à me le dire surtout :fleur:).
 
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Réactions : Lacus_Clyne

Illyria

Cat Loveuse
31 Janvier 2015
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:hello:

Bon, mon plus gros souci à l'heure actuelle c'est de faire comprendre aux gens que tout le monde ne vit pas son obésité de la même manière.

Je n'aime pas quand on me catalogue directement dans la caricature du gros qui fait de l'hypertension et du cholestérol et qui est rempli de problèmes de santé à cause de son poids. Ce n'est pas vrai pour tout le monde, il y a des gens qui vivent très bien et en bonne santé tout en étant obèses ou en surpoids. Cependant je n'aime pas l'inverse non-plus. A savoir que lorsqu'une personne obèse ou en surpoids vient me dire que "moi je vais bien, je suis heureuse, tu dois l'être aussi" ou "fais comme moi et tout ira bien" en ignorant totalement le parcours et la vie et le ressenti de la personne en face, j'ai envie de dire "mais eh, si toi tu te sens bien et que t'as pas de problèmes de santé tant mieux pour toi, mais à titre personnel, je souffre, c'est du à mon poids et j'ai l'intention de faire qqch contre ça parce que ça m'empêche de vivre ma vie sereinement".
C'est fou que même face à quelqu'un qui vit la même maladie je me sente obligée de me justifier.
Heureusement ici on peut parler plus librement :cretin:

Bon ben j'avais perdu 4 kilos puis j'en ai repris 1. Je ne me suis pas repesée depuis car je ne veux pas que ça vire à l'obsession.

Je suis pas dans mon assiette en ce moment, le cancer de ma soeur me préoccupe, ça me rend triste et je fais des crises d'angoisse le soir..et je vous le donne en mille, j'ai envie de manger pour me réconforter. Mais je tiens bon :supermad:
Je sais maintenant que ça ne m'apporte aucun réconfort de me péter le bide, bien au contraire puisqu'après je culpabilise et j'ai mal au ventre.

J'espère bientôt pouvoir dire définitivement au revoir à mon hyperphagie.:hello:
 
2 Septembre 2015
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3 254
1 774
@Acathe Ah mince ! Désolée d'avoir mis un faux lien T_T
En fait, ça ressemble à des hauts de bas (:annoyed:) donc des bandes (fermées) de dentelle. Donc c'est très joli. Et tu le monte sur tes cuisses, jusqu'à l'endroit où ça frotte, et du coup, ça fait une protection ! C'est à la fois très joli (mon amoureux a dit qu'il trouvait pas ça spécifiquement sexy, mais moi j'aime beaucoup XD) et du coup, très pratique !
Mais bon, comme je disais, vu que c'est à peu près au milieu des cuisses que ça se porte, ben tu mets pas trop ça avec un short. Mais avec une jupe c'est nickel ! (et j'avoue que je mets des jupes quand il fait chaud, si c'est pour rajouter un shorty en dessous, j'ai l'impression que je vais mourir de chaud)

J'ai trouvé un site qui en parle ! http://cuisses-qui-frottent.fr/cuisses-qui-se-touchent-moi-jai-dentelle/
 
M

MelPop21

Guest
@Alnilam Pour avoir le même genre de souci, n'essaie pas d'en parler avec un médecin, pour eux c'est un "trouble" donc un ensemble de symptômes ni plus ni moins. Et comme ils ne sont pas capables de te dire de quoi ça vient, leur réponse à tout est "oh bah c'est le stress". Ce qui fonctionne pour moi, et je sens que j'ai eu de grosses améliorations ces dernières années, c'est d'avoir arrêté les plats trop gras, trop riches et trop souvent (genre la tartiflette). Il faut faire des portions moins conséquentes.Il faut aussi arrêter absolument les boissons gazeuses (je ne bois jamais de soda). Si tu te sens ballonnée, essaie le charbon actif.
 

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