Lettre ouverte au mélomane qui s'ignore.

3 Novembre 2013
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Nancy
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Bonjour à toi inconnu de mon coeur, en ces temps quelque peu gibouleux, je profite de la neige et du beau temps pour faire ta connaissance, je ne souhaite pas savoir quel âge tu as, si tu aimes les carottes râpées, si tu as un compte bancaire à cinq chiffres ni même ce que tu fais pour gagner ton pain, non, je veux simplement connaître ta mélodie.

Tu es en droit de te demander ce que j'ai pris comme substance non homologuée par le ministère de la santé avant d'écrire ça mais rassure toi je suis presque à jeun (je viens de me faire péter la pense avec une tartiflette au vin blanc donc bon...), c'est simplement ma façon d'identifier les protagonistes de ma vie: par la musique qu'ils dégagent.

C'est sûr que balancé comme ça ça fait un peu théorie pseudo hippie sous lsd alors je vais t'expliquer: attention au décollage n'attache pas ta ceinture, on sait bien que ça sert à tchi.

Tu aimes la musique? Il paraît qu'elle a des pouvoirs magiques, elle peut soigner les blessures invisibles. On est libre ou non d'y croire, mais moi en tout cas j'en suis persuadée. T'es plutôt quel genre toi? C'est quoi ton morceau préféré? T'as déjà remarqué? On pose toujours ces questions là à quelqu'un qu'on ne connaît pas, parce que la musique que nous écoutons définit notre identité, elle nous ressemble. Moi je pense que ça va beaucoup plus loin que ça.

Tu sais quand t'étais ado et que ton père débarquait dans ta chambre en débranchant ta chaîne hi-fi et qu'il te hurlait: "Mais c'est quoi ça? On dirait une tronçonneuse qui s'acharne sur un poteau électrique, moi à mon époque on écoutait de la VRAIE musique. Tiens écoute ça, les stones ça c'est du génie!" Ou encore quand tu entends ta chanson préférée (ex æquo avec 500 autres titres) qui vrombit hors du caisson de basse et que tu te précipites sur la piste en hurlant: "c'est ma chansoooooon !", c'est la même chose, quand tu sens ton boule se dandiner tout seul et tes poils se hérisser sur tes bras, ou quand tu as envie de t'enfoncer des boules kiés jusqu'au cerveau, c'est l'émotion qui te porte, et selon moi c'est exactement le même topo avec les relations humaines.

Il y a ces comptines tu sais, frère Jacques ou encore dansons la capucine, que tu adorais quand t'étais razmotte, les chansons Disney et autres conneries à base de prince qui viendra et tout le baratin de rigueur. Elles te sont sans doute utiles pour te construire, pour t'apprendre qu'il vaut mieux éviter de mettre ta culotte à l'envers sous peine d'être dans la panade. Quand t'es gosse tu gobes tout ce qu'elles te débitent, mais ensuite tu entends d'autres sons qui te ressemblent plus, et tu les écoute de moins en moins. Bien plus tard quand tu es adulte tu aimes parfois en réécouter une ou deux par nostalgie, mais tu ne peux plus le faire au quotidien, parce que tu es un grand maintenant. Ces comptines pour moi ce sont les parents.

Les amis, ce sont ces morceaux auxquels tu t'identifie, ceux qui te donnent confiance en toi, que tu ne te lasses pas d'écouter. Il y a d'abord ceux qu'on apprécie tout de suite, ceux qui te font dégainer ton Shazam plus rapidement qu'un guépard sous Speed, les titres coup de foudre j'appelle ça, ça s'est passé comme ça avec ma meilleur pote, on s'est regardées, on s'est sourit, et on est devenues inséparables. Mais ça ne se déroule pas toujours aussi facilement, parfois la première écoute ne passe pas, tu te dis: "mais c'est quoi cette daube?" Et puis à force de l'entendre, tu te dis que finalement c'est pas si mal, que c'est même carrément agréable à l'oreille. Parfois même tu ne ressent rien, et puis tu finis par apprécier ou par détester.

Je n'étais pas très populaire au collège, en petite fille bébé que j'étais je n'avais qu'une seule copine et comme elle n'était pas dans ma classe, j'étais un peu la tête de turc de mes camarades. Il y avait ces trois filles, Marjoléne, Estelle et Jennifer, elles avaient le même âge que moi mais leurs boobs ou leur soutif rempli de coton leur en donnait cinq de plus. Un jour en sport elles m'ont traîné dans les douches, elles ont ramassé toutes mes affaires et me les ont balancées dans la tronche sans ménagements, puis elles ont allumé l'eau. J'ai pleurniché là pendant un bon moment, trempée, au milieu de mes cahiers gondolants et de mes vêtements dégoulinants, puis j'ai repris ma vie de victime. Les années ont passé, au lycée les trois péteuses qui me terrorisaient n'étaient plus dans le même bahut que moi, je me suis ouverte au monde, j'ai découvert que j'avais des choses à offrir moi aussi, que je pouvais être intéressante, mais il y a un genre de personnes que j'evitais comme l'ebola (la peste c'est tellement XXème siècle): les populaires. Les jolies filles qui ne vivaient que pour leur lissage parfait, les mecs canons qui ne posaient jamais un regard sur moi, ceux qui attiraient toute l'attention alors qu'ils ne la méritaient pas. Et puis un jour, en terminale, je me suis retrouvée à côté de la nouvelle: Charlotte.

Charlotte c'était Barbie pimkie, Brigitte Bardot dans sa jeunesse, avec un tantinet moins de classe dans la dégaine, des cheveux blonds jusqu'en bas du dos qui tombaient impeccablement, des roploplos énormes et presque à l'air libre, et l'équivalent d'une livre de crépit étalé sur le visage. Autrement dit, elle et moi étions aux antipodes, elle etait Britney Spears et moi Kurt Cobain. Je la dévisageait, prête à lui clouer le bec et à lui montrer que je n'avais pas peur d'elle, elle qui représentait tout ce dont j'avais horreur, la fille populaire et conne comme une truite morte, la chanson commerciale à son paroxysme, celle qui est insipide et que tout le monde adore pourtant. Je lui ai fait mes yeux revolver et pour toute réponse, elle m'a sourit et m'a donné la moitié de son kinder Bueno.

Parce que oui Charlotte était cool en fait, même vraiment vraiment cool, et même si j'ai fini le lycée depuis plus de 10ans, elle et moi sommes toujours en contact. A l'époque beaucoup de mes potes (qui étaient plus ou moins comme moi) ne comprenaient pas pourquoi je traînais avec "le sheitan". Et même si je m'evertuais à leur expliquer que j'aimais passer du temps avec Charlotte, que même s'ils ne l'aimaient pas, moi j'avais le droit de ne pas avoir le même ressenti, ils avaient du mal à piger le pourquoi du comment. C'est à partir de là que j'ai compris qu'il n'y avait pas de musique commerciale, il n'y a que de la musique tout court. A partir du moment où un morceau te plait, à partir du moment ou une personne te plait, peut importe ce que le reste du monde en pense, l'important c'est ce que tu ressens toi, tu as le droit d'aimer Zaz même si tout le monde te dit que c'est de la merde, du moment que ça te procure des émotions agréables. Pour moi ne pas écouter un morceau sous prétexte que c'est commercial ou non, ça s'apparente à du racisme ou de la discrimination, c'est juger le produit à son emballage.

C'est comme ça que je ressens les choses, je vois des notes de musique partout, mais parmis toutes ces mélodies, il y a un cas particulier qui me tracasse, et je parle bien ici de ma chanson préférée.
Tu sais, ce morceau que tu écoutes en boucle quand ça va mal, quand ça va bien, celui qui t'emmène quelque part entre les nuages et le soleil. Pour moi, c'est viene de mi, de la yegros. Tu connais? Je te conseilles de direct l'ajouter à ta playlist "merveilles auditives" (si tu n'as pas de playlist de ce genre, créés en une c'est indispensable). Bref, comme dirait Kyan khloj... Klolan... Le mec de bref, ma chanson préférée c'est celle là depuis un an mais ça n'a pas toujours été le cas, avant c'était la Tortura, de Shakira et avant ça c'était une autre et ainsi de suite. Ça n'est pas un processus de remplacement, ça n'est pas forcément une nouvelles chanson qui prend la place d'une autre, c'est simplement parce que j'ai toujours tendance à tellement kiffer ce son que je me le repasse en boucle du matin au soir, je ne jure plus que par lui, et au bout d'un moment je finit par en être lassée, presque gavée parfois, je ne l'apprécie plus a sa juste valeur. L'amour, avec une majuscule, c'est ça pour moi, et si ça marche pour moi ça marche certainement pour d'autres, c'est ce qui s'est passé avec mon amoureux, il a tellement écouté ma musique qu'elle a fini par devenir un bruit de fond, et il a cessé de m'aimer d'amour, je ne peux pas lui en vouloir ce sont des choses qui arrivent, simplement je suis malheureuse parce qu'il est toujours à mes yeux la symphonie la plus extraordinaire que j'ai jamais entendue et que j'en suis aujourd'hui privée d'écoute.

Tu vois les sentiments c'est comme la musique, de ce son qui te fait saigner les oreilles à celui qui te fait vibrer les miches en passant par ces morceaux que tu n'écoutes qu'en soirée, tous font partie de ta vie, et même si tu n'en aime pas certains, d'autres les aimeront pour toi. Tu ne peux pas affirmer: "la country folk c'est le meilleur son qui soit sur cette terre", mais tu peux spécifier que c'est ton genre de musique préfèré. C'est pareil avec les gens, nous sommes tous convaincus de toujours avoir le bon avis, si je n'aime pas cette personne, c'est que ça n'est pas une bonne personne, si je l'aime, c'est qu'elle est digne de l'être, et quand quelqu'un n'est pas d'accord avec nous on se dit juste qu'il a tort. Or quand je me dit que l'autre se trompe, lui se dit exactement la même chose de moi, alors pourquoi est ce que j'aurais forcément raison? Exemple tout con: quand mes potos de terminale me charriaient parce que selon eux je suçais les boulettes de la petite bourgeoisie (Charlotte), je me disais qu'ils étaient tout bonnement stupides parce que Charlotte apportait quelque chose de positif à ma vie, et eux se disaient que j'étais complètement givrée étant donné qu'elle leur inspirait un sentiment négatif, et peut être finalement que nous avions tous les deux raison, peut être que nous n'entendions simplement pas la même musique, peut être que c'était comme mon père, moi, et rage against the machine, pour lui ça n'était que du bruit et pour moi c'était Mozart.

Bon alors, je suis la seule à voir les choses de cette manière ou non? Et toi c'est quoi ta chanson préférée?

Des poutous.
 

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