Une main aux fesses en 6ème, une claque en réponse, et une réflexion sur le sexisme

[Lili Liane]

@Sew' hahaha le coup de "fais genre t'es dans ta bulle tu verras ils vont se lasser quand ils verront que ça ne t'atteint pas" ça ne règle tellement rien !
j'ai eu beau subir toutes formes de harcèlement scolaire (rapport à mes taches de rousseur, puis au fait que j'avais des poux, puis des seins, puis des parents divorcés, puis une amie un peu différente, puis que je voyais un psy....) mes parents n'avaient que cette expression à la bouche.
Sans jamais rien faire pour m'aider. Bref

Sur la main au cul, j'y ai eu le droit aussi, en CM2. Et je me souviens qu'à l'époque, ma mère nous disait toujours à mon frère et à moi que le point faible d'un homme c'était ses couilles (au cas où quelqu'un essaie de nous enlever/nous faire monter dans une voiture/nous propose des bonbons).

Du coup quand j'ai senti cette main sur mes fesses (bien insistante), j'ai pas hésité, je me suis retournée et j'ai fichu un grand coup de genou au jeune homme derrière moi. Il s'est écroulé, m'a hurlé dessus, et je me suis retrouvée chez la directrice avec lui. Elle lui a fait un laïus sur "pourquoi c'était mal de toucher les filles sans leur consentement", et m'a fait à moi un laïus sur "pourquoi la violence ne résout jamais rien la prochaine fois parles-en aux surveillants"
Sauf qu'à la fin, quand le garçon est parti, elle m'a avoué: "Je suis obligée de faire passer un message de non-violence à l'école, mais tu as eu la bonne réaction. Si ça t'arrive où que ce soit, dans la rue, dans le bus, tu fais la même chose et tu hurles pour attirer l'attention des gens."
Merci Madame la Directrice

 

[Lioncourt]

Fab t'es un super papa

Moi aussi ça me rappelle une histoire, j'étais au collège (5eme peut être?), pareil je fais la queue pour aller manger, un gamin me met une main au cul, je me suis retournée il s'était enfui et un mec de ma classe qui était là rigolait. Sur le coup de la honte et de la colère je l'ai giflé lui, qui m'a lancé un "mais c'est pas moi!" après quoi je me suis confondue en excuses et de lui dire que j'étais très énervée et j'ai pas aimé qu'il rigole. Idem j'en ai jamais parlé à un adulte j'avais trop honte.
Mais mon pauvre camarade j'avais totalement zappé cette histoire.

 

[helvira]

@Elliana Je l'aime , ta mère, vraiment.
C'est une Maman. Totalement humaine, profondément mammifère, absolument femelle. On touche à un de mes petits ? Ok, 2 minutes, je le pulvérise et je suis à vous.
Vous disiez ? (Quoi ? Ce connard rampe et il pleure ? Et alors ?)

J'aime surtout et je valide+++ le :

et le CPE avait grave peur de ma mere du coup trop d'influence

En tout cas je soutiens toutes les petites fille à peter la gueule des garçons qui les embêtent ou à crever leur ballon de foot (c’est bien relou en plus )

 

[ben quoi ?]

@Fab Moi j'ai bien le bonus : ça rend l'article encore plus vivant...

 

[Fab]

Merci pour vos commentaires ! Je m'en doutais un peu mais c'est flippant de lire toutes vos histoires passées.
Je me demandais : comment faire pour vous inciter, maintenant que vous êtes grandes, à "aider" dans ce sens les jeunes filles qui sont autour de vous ? Vraie question.

 

[Lili Liane]

@Fab
1) Éduquer les petits garçons afin d'éviter ce genre de situation
2) Parler aux filles. En tant que grande soeur j'essaie au maximum d'expliquer et d'avertir mes soeurs, dont l'une à 15 ans, des risques qu'elles encourent (par de l'humour, des vidéos, des remarques par ci par là)
3) Faire des interventions dans les écoles (?) A un moment je voulais me spécialiser et faire des interventions dans les collèges/lycées sur ce genre de problématiques mais apparemment il faudrait mettre ça en place dès la maternelle ou presque...

 

[Sew']

@minachka En fait, ce que j'aurais voulu de ma mère et de mes profs, c'est de conscientiser mes harceleurs. Parce qu'honnêtement, ça a duré trois ans, période durant laquelle ma mère me répétait de me mettre dans une bulle et mes profs que ce n'était pas grave, que des jeux de garçons!

Pour info, c'était durant mes primaires, donc à huit ans, j'avais pas encore la peur de "la petite fifille à sa maman" à cet âge-là, ça me paraissait logique d'aller voir ma mère et d'attendre qu'elle intervienne et me sorte de cette situation malsaine. Et honnêtement, j'ai l'impression que c'est ce qu'à fait @Fab en discutant avec ces garçons, les conscientiser sur le fait que ce n'est pas normal et ce n'est pas drôle pour la personne qui subit ça. Le harcèlement n'est pas un jeu et que la victime se "mette dans une bulle" ne le fait pas passer, loin de là. J'ai même l'impression d'être encore plus vulnérable, vu qu'il n'y a pas de réaction de ma part, dans la tête de mes harceleurs ça donne "C'est chouette, on peut continuer sans conséquences!" O.o

Et quand j'essayais de me mettre à l'abri en allant passer mes récrés à la bibliothèque où j'étais sûre de ne pas me faire embêter parce qu'il fallait être calme et que la bibliothécaire mettait dehors tous ceux qui faisaient trop de bruit, bah mes profs venaient quand même me le reprocher parce que je ne sociabilisais pas ! Mais quand j'étais dehors, je me faisais poursuivre en étant traité de contaminée, pestiférée et autre joyeuseté. Bonus: quand ma mère a été mise au courant que je passais ma vie dans la bibli, elle m'a dit que je devais aller dehors me faire des copains. Alors que dans ma tête de petite fille, j'essayais d'appliquer ses conseils pour ne pas être harcelé et que je tentais juste de me protéger. Bref, paie ton paradoxe et ton cercle vicieux.

En conclusion, non la bulle ça n'aide absolument pas, ça isole plus qu'autre chose, ça envoie un mauvais message et au final, quoi qu'on essaie de faire, de mon expérience, j'ai l'impression qu'on me le reproche. @Lili Liane l'a dit également, c'est pas ça qui apaise les choses. Personnellement, je vote donc pour la conscientisation. Faire prendre conscience le plus tôt possible que le harcèlement, quelque soit sa forme, ce n'est pas normal. S'il y a une situation de harcèlement, en discuter avec tous, faire comprendre que ça fait souffrir l'autre... Bref responsabiliser le harceleur. Pas le culpabiliser, je ne pense pas que la culpabilisation apporte du bon à long terme mais conscientiser et responsabiliser me semblent deux bonnes pistes dans une situation de harcèlement.

Enfin, bien évidemment, en amont, il y a un gros travail d'éducation à faire et qui est à ne pas négliger.

 

[Lili Liane]

@Sew' Un peu H.S mais bon sang quand je te lis j'ai l'impression que tu es moi, c'est fou. Les "pestiférée" "contaminée" et autres j'y ai eu le droit aussi (question bonus: pour quelle raison? Moi, c'était mes taches de rousseur qui ont servi de déclencheur )

La bibli, c'est la vie. S'évader quelques heures dans un livre, dans un silence parfait, loin des insultes et des regards moqueurs. Vivre des aventures dans des pays fantastique, entourée d'elfes et de dragons. Se rêver en héroïne courageuse et respectée. Continuer à se croire dans ce même monde, même quand on retourne en classe, pour rendre la réalité plus acceptable.

Et pareil, quand mes parents s’inquiétaient de me voir trop déconnectée de la réalité, ils n'ont absolument pas cherché à faire quoi que ce soit du côté des harceleurs. Et je suis bien d'accord pour dire que les "ignorer" ne fait que renforcer leur sentiment d'impunité. Même si tu ignores de toutes tes forces, le résultat est là: tu es isolé.e, sans amis, triste et renfermé.e. Comment donner le change et faire croire aux harceleurs que cela ne t'atteint pas?

Non, le mantra "Ignore-les ma chérie ils vont se lasser" c'est juste la phrase bateau que les parents sortent en se persuadant que ça va tout régler, parce qu'ils ne peuvent/veulent pas concevoir la violence et la complexité de ce genre de situations. Parce que, personnellement, j'ai ignoré, sans résultat. J'ai pleuré, me suis mise en colère, ait hurlé sur mes harceleurs toute ma haine et mon ras-le-bol, et n'ai reçu que ricanements en retour...
Bref, il y a tout à faire du côté des harceleurs comme des harceleurs potentiels, et de la masse silencieuse qui laisse faire.
C'est un peu le même combat que pour le harcèlement de rue: oui, on est bien contente d'avoir des cours de self-défense, des bouquins qui donnent des astuces pour faire fuir l'agresseur ou ignorer/clouer le bec aux harceleurs mais ça ne suffit pas: c'est en amont que le problème doit être traité en priorité.
Sinon, c'est comme essayer de soigner une plaie ouverte avec un bout de coton et du sparadrap...
D'ailleurs, j'ai vu qu'un bouquin sur le sujet allait sortir chez Magnard Jeunesse, pour les collégiens, je crois que ça s'appelle "Six contre un" et c'est un garçon qui se fait harceler au collège.

 

[Sew']

@Lili Liane Alors pour te répondre, je ne m'en souviens pas. Plus j'y pense, plus quelque chose me dit qu'il n'y avait en fait pas de raison précise. C'est peut-être ça le plus triste en fait. :/

Et oui, je me souviens aussi de la colère, quand à bout de nerfs tu finis par leur hurler dessus, eux continuent à se moquer de toi, les adultes te punissent (parce qu'"on ne crie pas comme ça sur ses petits camarades") et les rires s'accentuent...

Au fond, plus j'avance, plus je pense que la solution à toute forme de harcèlement passe par un énorme travail en amont. Ne s'axer que sur l' auto-défense des victimes ne résout jamais qu'une infime partie du problème.

Je ne connais pas ce livre. Je vais aller me renseigner.

 

[zazouyeah]

@minachka

Spoiler: réaction des adultes

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A la réflexion, un bon coup de genou à l'entrejambe leur aurait peut-être été salutaire...
@Lili Liane : ta directrice est mon héroïne

 

[Letopi_]

Je trouve ça vraiment choquant, ça ne m'est jamais arrivé et je me rends compte de la chance que j'ai.

 

[Manea]

Souvenir d'une pionne au collège qui m'avait expliqué qu'il fallait ignorer les mecs qui essayaient de me toucher les seins en pleine cours de récré parce que "ils font ça pour que tu réagisses, si tu ne t'énerves pas ça arrêtera de les amuser et ils ne feront plus rien". Bah oui, parce que c'était ma faute, j'étais tellement drôle à les traiter de sales obsédés au passage, j'avais bien précisé de qui il s'agissait et ils n'ont eu aucun problème, pas même un petit topo sur le fait qu'on ne touche pas la poitrine d'une fille sans qu'elle soit d'accord, "boys will be boys"
Un jour une fille de ma classe a collé un coup de genoux en pleins dans l'entrejambe à un de cette bande qui avait pris suffisamment confiance en lui pour se pointer direct en face d'elle et lui attraper un sein (sans honte, pas en mode discret, genre tout allait bien). Si j'avais osé je l'aurais applaudie pendant qu'on l'emmenait chez le principal se faire expliquer que "taper les autres c'est pas bien".

Dans le même style, j'aurai toujours une pensée émue (non) pour ce prof de techno en cinquième qui m'a dit de pas en faire tout un drame quand je suis allée me plaindre que pendant son cours ces mêmes mecs sont allés fouiller dans mon sac pendant que j'avais le dos tourné (j'étais sur un ordinateur et j'avais laissé mon sac à ma place - déjà le prof qui dit rien alors que les gars volent dans les sacs en pleins cours, super !) et en ont sorti mes serviettes hygiéniques avant de venir me les agiter sous le nez à grands coups de "nan mais tu portes des COUCHES ?? aaaah non, c'est pour tes rèèèègles, t'as tes règles là ? haaaan c'est dégueulasse, HEY LES GENS APPROCHEZ PAS MANEA, ELLE A SES REGLES"
Là encore, zéro explication qu'avoir ses règles c'est normal et pas honteux, zéro punition pour eux pour avoir pris mes affaires ou pour avoir exposé mon intimité devant toute la classe, zéro éducation de ces crétins, juste un "nan mais faut pas leur en vouloir, ils comprennent pas". Et moi qui aurait aimé leur exploser à la figure (voir leur exploser la figure direct) et qui ai ravalé ma colère et mes larmes parce que je me serai pris tous les blâmes si j'avais réagi.