À une époque j'étais plutôt modérément pro-GPA, avec l'idée que tant que la mère porteuse prenait une décision informée, en pleine de connaissance des risques potentiels, etc., bah c'est son choix et sa décision, et on ne devrait pas décider à la place des femmes ce qu'elles font de leurs corps, même si ce sont des choses qu'on juge à titre personnel dangereuses + le fait qu'elles seraient probablement mieux protégées par un cadre légal clair que si ça se fait de manière semi-informelle.
Maintenant ce n'est pas que je trouve que ces arguments n'ont pas de poids, mais je trouve que les choses sont plus nuancées, et que quand on parle de GPA, c'est difficile de faire de grandes règles générales et que c'est plutôt quelque chose qui est du cas par cas. Du genre, couple riche qui va trouver une femme pauvre, vulnérable dans un autre pays pour pouvoir devenir parents: nope, clairement pas ok. Mais quid par exemple des histoires où une mère ou une soeur porte le bébé de sa fille/soeur qui a eu un cancer et une hystérectomie? Est-ce que c'est ok, pas ok, pourquoi?
Je vois souvent que c'est problématique si c'est payé, mais personnellement j'ai l'impression que le souci ce n'est pas tellement l'argent, mais le fait que ça peut pousser des femmes à se lancer là-dedans sans intérêt intrinsèque pour le processus, mais par contrainte financière. Mais si c'est quelqu'un qui décide d'être surrogate parce que ça la tente, pour des raisons personnelles, en lien avec ses valeurs, quelles qu'elles soient, etc., est-ce que c'est toujours problématique qu'elle reçoive une compensation financière qui dépasse les simples coûts de la grossesse + le manque à gagner, peut-être en reconnaissance du fait qu'elle est en train de faire un sacré cadeau à quelqu'un. Je sais qu'il y a un peu cette idée que si une mère porteuse ne décidait pas d'être mère porteuse sans être payée, c'est qu'elle ne veut pas vraiment être mère porteuse, mais est poussée par la contrainte financière, mais par exemple, j'adore mon job, il est aligné avec mes valeurs, il m'apporte un sentiment d'accomplissement, mais je ne le ferais certainement pas si je n'étais pas payée, parce que je ne suis pas non plus une sainte et martyre.
Je trouve aussi intéressant que c'est un sujet qui soulève plein de questions que je ne vois généralement pas posées quand il s'agit juste d'un couple qui décide d'avoir un enfant, alors que ça pourrait aussi tout à fait s'y appliquer. Du genre je vois souvent revenir la question: "que se passe-t-il en cas d'anomalies génétiques/si il y a désaccord sur si il faudrait avorter?" quand on parle de GPA, mais je n'ai jamais entendu personne en discuter quand ça arrive dans le cadre d'un couple qui décide d'avoir un enfant, alors que ça a tout autant de chances d'arriver, et qu'on pourrait arguer que vu que ce n'est pas réglementé, et souvent pas réfléchi, il y a beaucoup plus de risques que ça parte en couille que dans une GPA, où il y a plus de chances que ces cas de figures aient été abordés entre les futurs parents et la mère porteuse. Par exemple mon mec et moi on est complètement d'accord que si on décide d'avoir un enfant et qu'on découvre une anomalie pendant la grossesse, j'avorte. Mais que se passe-t-il si au moment où ça arrive, pour une raison x ou y, l'un de nous décide qu'iel voudrait finalement garder l'enfant. Je pense qu'il y a actuellement plus ou moins un consensus pour dire que la décision finale me reviendrait puisqu'il s'agirait de mon corps dans lequel ça se passe. Mais ça ne rendrait pas nécessairement ça ok d'imposer à mon mec la paternité d'un enfant dont il ne voulait pas, et qui a uniquement été conçu parce qu'on était tous les deux d'accords que cet enfant ne naîtrait pas et de le coincer avec toutes les responsabilités légales que ça implique. Mais personne ne s'inquiète de ce cas de figure, parce qu'on part du principe qu'on trouverait une solution ou que les lois actuelles sont suffisantes et raisonnables pour couvrir ce cas de figure. Du coup est-ce que la GPA n'est pas imaginable avec un cadre très clair qui détermine les droits de chacun.e.s, et protège au mieux les mères porteuses ET les enfants à naître, qui dans l'histoire sont ceux qui n'ont rien demandé?
Je précise que toutes ces questions sont de vraies questions que je me pose, et pour lesquelles je n'ai pas forcément de réponse. Je pense qu'il est réalistement peu probable que si des règles sont créées, elles protègent réellement les personnes les plus vulnérables quand on parle de GPA, mais d'un autre côté, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de règles qu'il n'y a pas de GPA, et c'est sûr que sans règles il n'y a pas de protection..