@PetitePaille
Mais wesh.
Pardon hein, mais j'ai proposé quelques solutions immédiates quelques pages plus tôt, je comprend juste pas pourquoi tu me dis ça.
Je sais pas, un exemple sur les peines de prison parce que ça me tient beaucoup à coeur. On sait que ce qu'on fait actuellement est très problématique. On sait qu'on obtient de bien meilleurs résultats avec des prisons ouvertes, qui ne sont pas surpeuplées, dans lesquels les détenus peuvent travailler pour un salaire correct, se réintégrer via une éducation accessible et des travaux qui ont du sens. On sait que dans ce genre de prison, la violence a dégringolé.
On sait aussi que les prisons sont surpeuplées de petites peines, de petite délinquance (j'en ai beaucoup parlé ici : dans les prisons statistiquement on trouve surtout des hommes racisés, issus de milieux pauvres, qui sont là pour des petites peines de vol, de deal, de bagarres... souvent quelques mois par ci par là). Seulement, on sait que cette petite délinquance est directement correlée à la précarité, et que loin de régler le problème, elle ne fait que rendre difficile la réintégration des détenus. Typiquement ce qu'il se passe, c'est qu'une premier peine de quelques mois de prison fait reflechir un gars, il se dit qu'il veut pas y retourner, il se met à travailler, parfois à fonder une famille, et paf quelques mois plus tard un autre procès pour un autre truc vieux de plusieurs mois parce que les procédures sont longues le renvoient à l'ombre et font sauter en l'air son plan de réintégration. C'est toute l'histoire qui est racontée dans le lien que j'ai mis il y a quelques pages, avec des jeunes de cité qui témoignent de leur vie. On y voit extremement bien comment les peines de prison sont des cercles vicieux qui enracinent les problèmes et précarisent des personnes dans des situations déjà difficiles.
Les solutions il y en a plein, à court terme et à long terme. Si on applique celles qu'on applique aujourd'hui c'est pas parce qu'on en a pas d'autres, c'est parce que ça correspond à un certain imaginaire (très visible dans le vocabulaire utilisé par la policière "mettre les méchants en prison"), une vision manichéenne de la vie en société, une volonté de faire du mal à celui qui a fait du mal. C'est aussi parce qu'il y a un discours politique qui s'appuie sur la répression, ça permet de cristalliser des trucs, de fracturer la société là où elle devrait être solidaire en créant une figure du mal, de ce que le citoyen lambda n'est pas : le criminel, un peu moins humain que nous.
Tu sais je pense que c'est important de comprendre que la manière dont on voit la société est totalement une construction. Ca ne marche pas que pour le féminisme et tout. Ca marche pour tout ce qui nous entoure. La police en fait partie : sa nécessité est une construction.
Après encore une fois moi je suis ni psy, ni pédagogue, ni sociologue, ni travailleur social, ni rien. Y'a plein de gens qui proposent des trucs, plein de trucs qui sont proposés un peu partout, le soucis c'est qu'on laisse pas la place à ces contre discours
J'veux dire, je sais de quoi je parle, j'ai vécu à Notre Dame des Landes. En dehors du droit, c'était un endroit où y'avait plein de propositions qui se faisaient à tous les niveaux : comment gérer un habitat collectif, comment gérer une parcelle de plusieurs dizaines de kilometres carrés en collectivité, comment manger, comment habiter, comment vivre dans un éco système sans l'écraser, comment créer de la culture etc, etc, etc.
C'était pas parfait mais c'était une matrice formidable de propositions et de solutions pour le monde qui vient. Et qu'est-ce qu'on en a fait ? Bah rien. On l'a détruit.
Ce que je veux dire, c'est que j'ai pas, MOI, à proposer des solutions pour être légitime à dire ce que je dis. La vie collective c'est un processus mouvant, c'est pas "quelqu'un propose un projet mieux que tout ce qu'on connait et on change tout et après ce sera parfait". Non, certainement pas. Une vie collective qui a du sens, c'est une vie collective qui s'interroge sans cesse et est toujours à l'affut du moindre progrès.
Genre on a pas rien, on a des textes, on a les droits de l'homme et tout quand même, commencer par essayer de les respecter au mieux et d'en faire une priorité ce serait déjà pas mal non ? Ou j'suis cinglé ?