Je tiens à dire d'emblée que, bien sûr, je suis très satisfaite de cette mesure. Et je dis ça en tant que bibliothécaire (en recherche d'emploi ok) qui a souvent travaillé en BU.
Par contre il faut bien insister sur le fait que les critiques doivent être adressées aux universités et non pas aux BU ! C'est très compliqué de devoir expliquer aux étudiants que la bibliothèque a tout juste un budget suffisant pour s'abonner aux éditeurs de revues en ligne (hors de prix), acheter de nouvelles ressources physiques, former les chercheurs et les étudiants à la recherche documentaire et à la publication scientifique, créer du contenu, et payer les employés. L'ouverture réduite des BU s'explique principalement par le fait que les universités réduisent massivement les budgets qui leur sont alloués. Dans une des BU pour lesquelles j'ai travaillé, la directrice a dû se battre auprès de la présidence pour pouvoir m'offrir un contrat payé au SMIC (alors que j'ai deux masters, que les compétences que j'ai sont habituellement plus payées qu'un SMIC et que j'aimerais bien toucher plus, mais j'ai conscience de la difficulté de la situation), tout en sachant qu'en plus de la mission que j'ai effectuée, il faudrait s'occuper de certains livres qui commencent à avoir des moisissures dans les réserves à cause de la vétusté de certaines réserves, de réaménager un des seuls fonds anciens existant en BU car les manuscrits prennent la lumière, de proposer de l'action culturelle conséquente aux étudiants pour aller plus loin que l'idée de BU comme lieu de travail et de silence. Cela veut dire qu'ouvrir massivement les BU, c'est génial et les bibliothécaires en seraient ravis, mais ça demande des moyens humains très importants, et donc beaucoup plus de budget que les BU n'en ont actuellement. La loi LRU sur l'autonomie des universités n'a selon moi pas arrangé les choses puisque les présidents d'universités ont une marge de manœuvre plus grande pour la répartition des budgets, et ont tendance à penser que les BU n'ont aucun apport économique immédiat et quantifiable: ça ne rapporte pas d'argent, donc pourquoi leur en donner autant qu'aux relations internationales (par exemple) ? Cette idée peut paraître bête et méchante mais elle est réelle, j'ai travaillé sur la question pour mon mémoire de master pro, des tas de BU en Europe doivent produire des preuves de leur utilité, rendre compte de leur impact.
À quoi sert une BU ? La réponse peut sembler évidente lorsqu'on est bibliothécaire, lorsqu'on est étudiant, mais lorsque l'on travaille à la tête des universités, la nécessité de générer de l'argent, de créer de la rentabilité prend le dessus sur la qualité de ce service élémentaire pour les étudiants, les chercheurs et les profs. C'est malheureux, mais ça explique pourquoi en 2016 on n'est pas plus ouvert que ça dans les BU.