"Comme le disait Benoîte, il n'est jamais trop tard pour lire un livre féministe", dans la même lancée je dirais même : Il n'est jamais trop tard Najat, pour ouvrir un livre sur l'intersectionnalité.
Pour moi Benoîte Groult est un exemple, mais un exemple pour une féministe de sa génération. Je trouve qu'elle a aidé à faire avancer les choses à son niveau, que ce pour quoi elle a lutté est loin d'être acquis, et je trouve aussi que son combat pour l'euthanasie était un truc vraiment admirable ; donc je comprends qu'elle puisse être un modèle féministe, mais par contre je ne comprends pas que son féminisme puisse être un modèle pour des féministes en 2016.
Ce que je veux dire, c'est qu'encore une fois on parle d'un féminisme qui est très essentialiste (-> LA Fâme et l'L'HÔme) et qui n'est pas du tout inclusif. C'est bien raccord avec sa génération, mais pour moi maintenant on devrait dépasser ça et pourtant il y en a encore qui s'engluent dedans et qui ne tiennent pas du tout compte de tous les apports qu'il y a eu après elle : surtout l'intersectionnalité et les théories queer, qui existent depuis un moment (plus de 20 ans) et qui justement permettent un féminisme qui soit inclusif. Je ne vois pas l'intérêt qu'il y a à ignorer tous ces apports là, à moins qu'on ait l'intention de faire un féminisme blanc straight et libéral de manière délibérée (Najat je crie ton nom).
C'est pareil pour Simone de Beauvoir et compagnie. Ce sont des sorte de fondements du féminisme, mais il y a plein de choses qui sont super critiquables dans leurs œuvres et que pour moi on aurait dû dépasser depuis très longtemps.
Donc j'ai envie de dire RIP et merci Benoîte parce que t'étais très cool, mais par contre pas merci à toutes les personnes qui font du féminisme à la Benoîte du côté obscur de sa force.