Quand les attentats de janvier ont eu lieu, le samedi matin, certains de mes élèves m'ont expliqué leurs peurs et leurs angoisses, et j'ai dû les rassurer en leur montrant qu'ils ne risquaient rien, et leurs familles non plus, et qu'avoir peur c'était donner raison aux terroristes. Ce qui est bien sûr assez paradoxal, étant donné que j'étais moi-même en proie à une angoisse profonde. Je n'aime pas les grandes villes et je me méfie de la plupart des gens, surtout depuis que j'ai habité seule à Rouen pour mes études et que tout n'a pas été simple. Chaque nouvel évènement de ce type renforce mes "psychoses personnelles". J'admire profondément les gens qui conservent leur foi en l'humanité. Je suis capable de remarquer un comportement admirable (celui qui l'a accompli est d'ailleurs immédiatement classé parmi mes "Justes personnels"), mais je ne parviens plus à croire en l'universalité du bien et du bon. L'humanité est trop souvent hideuse, elle fait trop souvent peur. ça me fait de la peine.