J'ai trouvé ce documentaire assez révolutionnaire à sa façon.
Filmer ce sujet tabou qu'est le viol de façon aussi peu "spectaculaire", c'est assez nouveau. Pas de gros plans, pas d'images macabres, pas de musique retentissante, de lumières sombres, de plans très rapprochés et très rapides.
Le viol a longtemps été un sujet narratif facile pour donner de l'action et de l'adrénaline aux spectateurs, sans être le coeur du sujet en soi.
Et ici, on a des plans lents, des lumières clairs, on laisse le temps aux protagonistes de parler, de réfléchir, de souffler. ENFIN, on leur donne la parole sans l'instrumentaliser, sans les diminuer.
Faire parler les coupables (les violeurs, mais aussi les harceleurs, les membres policiers, juridiques...), c'est nouveau aussi. Et c'est fait de façon très très neutre, ce qui ne fait que souligner l'indifférence sidérante de leurs propos.
Mais surtout, filmer ces adolescentes comme des vrais personnes, en montrant leurs douleurs, mais en ne les réduisant pas à ce statut de victimes éternelles, ça, c'est révolutionnaire, en terme de le mentalités. Montrer des victimes qui sourient, qui font des tatouages, qui écrivent des messages facebook, qui ont leurs examens, et qui se réunissent entre elles pour se serrer dans leurs bras, je n'avais jamais vu ça. Qu'on reconnaissent aux victimes le fait qu'elles sont toujours humaines, et qu'elles sont toujours en vie.