Autant c'est super cool d'avoir un projet pour donner un peu de répit à nos poumons, autant les idées de ce genre me laissent sceptiques, pour une raison très simple : j'ai l'impression qu'on consacre trop d'énergie à normaliser le phénomène et à s'adapter, plutôt qu'à le combattre.
Je m'explique. L'air est pollué et c'est un fléau. C'est générateur d'allergies et de problèmes de santé en tous genre, du plus au moins grave. Ca nuit à la biodiversité. Bref, c'est une catastrophe... mais une catastrophe contre laquelle on peut facilement agir : en prenant le bus, en militant pour des solutions alternatives à la voiture en ville, en sensibilisant son entourage. Il y a plein de trucs à faire contre la pollution. Entre-temps, c'est vrai, il faut qu'on s'adapte. Mais j'ai souvent l'impression que l'adaptation prend le pas sur l'action. Exemple : on évite de planter en ville des plantes génératrices de pollen pour lutter contre les allergies. D'accord, c'est génial, mais au départ, le problème, ce n'est pas le pollen. Ce sont les particules qui nous dégradent l'appareil respiratoire et le rendent plus sensible. En se focalisant sur le pollen, on en oublie le vrai problème.
J'ai du mal à voir ces foulards autrement que comme une expression du même phénomène. La pollution, c'est terrible... alors voilà notre solution : introduire un objet de consommation de plus, quelque chose qu'il faudra produire et acheminer (avec de l'énergie) pour se protéger, et en plus en faire un objet cool et fashion, comme ça on pourra se dire que finalement, la pollution, c'est pas si grave ! Et même si on reconnaît que c'est sérieux, on le prend comme une réalité inéluctable de la vie, une chose à laquelle il faut s'adapter, au lieu de la changer. On évacue le problème en se disant que oui, bien sûr, un jour il faudra penser à vraiment faire quelque chose contre la pollution, mais qu'en attendant c'est bien d'avoir des palliatifs ; sauf qu'au final, une fois le palliatif mis en place, on en reste là. Et, une fois de plus, on se conforte dans nos habitudes de surconsommation de gadgets au lieu de chercher la solution dans la sobriété matérielle et énergétique. Un problème environnemental ? Achetez un truc en plus, vous verrez, ça ira mieux !
Bref, voilà pourquoi j'ai du mal à m'enthousiasmer pour ce genre d'initiatives. On se dit que c'est mieux que rien, certes. Mais est-ce vraiment mieux que rien ?