Je dois avouer que les randos itinérantes font aussi partie de mes meilleurs souvenirs de voyage. Et pourtant, je ne suis pas du tout, du tout sportive. Mon copain est très branché rando et nature, c'est avec lui que j'ai (re)pris l'habitude de randonner. Pourtant, c'est moi qui ait eu l'initiative d'organiser notre première rando de plusieurs jours en autonomie. D'ailleurs, à l'époque, je ne le voyais pas du tout comme tel. On avait juste envie d'aller en Corse, et de pouvoir voir différents endroits en peu de temps. On s'est dit "tiens, on a qu'à randonner là, et après on dort là, ça nous permettra d'aller directement ici". En fait, on n'a pas eu envie de faire de la rando itinérante, c'est plutôt la rando itinérante qui est venue à nous. On est donc allés en Corse pendant 5 jours. Et puis plus tard on est aussi allés dans le Massif Central pendant 4 jours et dans le Vercors pendant 6 jours. Toujours en autonomie totale.
Et même si sur le moment, c'est pas toujours physiquement et moralement évident, au final, que de positif, et de bons souvenirs ! Même en amont, pendant la préparation, je me dis "mais dans quoi je m'embarque, j'ai zéro muscle, je vais souffrir, on va mal dormir dans la tente", et puis souvent pendant, et tout le temps après, je me dis "putain, qu'est-ce que c'était chouette !"
Ça nous fait à chaque fois sortir de notre zone de confort, physiquement (mon hygiène sera douteuse pendant plusieurs jours/je vais demander à mon corps de solliciter ce muscle insoupçonné) et moralement (cette montagne est trop haute, j'y arriverais jamais). C'est assez formateur et révélateur, pas forcément de qui on est, mais de ce qu'on peut faire. On pousse quelques limites et c'est assez enrichissant. On gonfle un peu notre égo aussi. Personnellement, c'est vrai que j'aime me souvenir de ce type de voyage dits compliqués et me dire "je l'ai fait ! moi, je l'ai fait !". On nous répète tout le temps qu'il faut vivre ce type d'expérience pour soi et pas pour les autres, mais étant, à regret, quelqu'un qui se définit souvent en fonction des autres, j'aime bien me dire que j'ai fait un truc dont d'autres n'auraient pas été capables. C'est con hein, mais moi et ma confiance pas souvent au beau fixe, c'est un sentiment qu'on aime bien.
Après, au delà de ça, c'est une super manière de voir des endroits un peu plus sauvages, moins prisés. Souvent, les randos accessibles, faciles à faire en quelques heures, sont très aménagées, avec un petit parking à côté, et forcément très près de la "civilisation", route, magasins, etc. Les randos en itinérance permettent d'aller plus loin, de quitter un peu plus le monde tel qu'on le connait, parfois loin des routes et des connexions internet. En Corse, on n'a pas vu un bout de bitume pendant plus de quatre jours. Comme ça, ça parait pas énorme, mais en réalité, comme c'est quelque chose qu'on voit tout le temps, tous les jours, et bien quatre jours, c'est long.
Je conseille vivement ce type de randonnées. Comme ça a été dit dans l'article, ça peut très bien se faire dans n'importe quel type de paysage ou de relief, mais c'est vrai que les randos dans des milieux compliqués, comme la montagne ou le désert, sont particulièrement enrichissants, parce qu'ils nous imposent pas mal de contraintes dont il faut s'accommoder. Pour ceux qui souhaitent un minimum de confort, il y a parfois des refuges, avec vrai lit, vrai douche et vrai repas. Nous, nous sommes partis à chaque fois en autonomie complète, avec notre tente et notre nourriture. Seulement en Corse, où il est apparemment préférables de ne pas bivouaquer n'importe où, nous avons planté notre tente dans des zones prévues à cet effet, et où il est parfois possible de se laver dans une douche de tout premier confort. Mais dans le Vercors et en Auvergne, nous avons bu l'eau de rivière et nous nous sommes lavés près des sources (quand nous en trouvions, c'est à dire... pas souvent).
Après, la rando en montagne, en autonomie, il faut la préparer. Clémence est parti avec un organisme. Mais quand ce n'est pas le cas, il faut bien s'organiser soi-même. Repérer les sources et si elles coulent tout le temps, ce qui n'est pas forcément le cas en plein mois d'août, prendre des pastilles purifiantes quand on boit l'eau des rivières, repérer les éventuels refuges ou cabanes dans lesquels ont peut s'abriter, ou zones de bivouac (après on peut aussi y aller YOLO et poser sa tenter là où le vent nous mène). Le choix du matériel (pour débuter, Décathlon est ton ami), de la nourriture aussi, privilégier ce qui a un rapport poids dans le sac/apport d'énergie intéressant.
Y'a pas mal de sites et de forums qui parlent de ça (vous tapez "randonner léger" dans Google), et qui donnent plein de conseils utiles. (même s'ils sont un peu extrêmes et sont parfois du genre à couper le manche de leur brosse à dent pour gagner 10 grammes...)
(d'ailleurs, si jamais ça vous intéresse et que ça n'a pas déjà été fait sur Madz, ça me dirait bien d'écrire un article sur comment organiser une rando en autonomie)
Autre bonne raison de faire de la randonnée itinérante : faire caca en pleine nature, franchement, je vous jure que ça vaut le coup de gravir toutes les montagnes du monde. Alors autant, l'aspect du caca est rarement ravissant (en tout cas, dans mon cas, mon corps et ma digestion sont visiblement perturbés par l'effort donné), mais faire ses besoins en regardant les montagnes dans la brume, un coucher de soleil ou des bouquetins qui se baladent, c'est la vie !
Et pour finir, personnellement, je suis contre le fait d'utiliser des mules. D'ailleurs, étant vegan, ça m'étonne que tu cautionnes ça
@Clemence Bodoc. Enfin, j'imagine qu'il y a des endroits dans le monde où ça se fait, où les gens qui vivent là ont besoin de le faire, mais que des touristes, du moins, des gens qui viennent là pour le loisir, le fassent, ça me gène. On en a vu en Corse et dans le Vercors, et franchement, voir ces petits ânes dans des chemins très pentus, étroits, caillouteux, semblant se blesser à chaque pas, porter les bagages de ces randonneurs qui veulent pouvoir profiter de leur petite promenade sans rien sur le dos, ça nous a beaucoup peiné et énervé. Randonner en autonomie, avec tout ce qu'il faut sur son dos, c'est faisable, la preuve, je le fais. Et si je le fais, beaucoup en sont capables. Si t'as des problèmes de dos, si t'as pas envie d'avoir de sacs sur le dos, ou autre raison plus ou moins valable, et bien tu choisis une autre activité, mais tu ne fais pas subir à cette pauvre mule ta flemme ou tes courbatures dorsales.