J'adore marcher le soir ou la nuit et je me reconnais tout à fait dans ce témoignage et dans l'enchaînement des ressentis qui m'a régulièrement mené à de petites courses nocturnes imprévues:
- T'es penarde dans la rue, tu penses à rien, tu écoute écoute tranquille La Tribu de Dana ( oui j'aime l'épique), c'est beau la ville la nuit
- Un type s'approche, pensant que t'as envie qu'il te parle, alors que clairement t'es au deuxième refrain, au bout de la vallée en entend le son d'une corne, c'est pas le moment quoi
- T'essaie d'être polie (on sait jamais), ça marche pas trop. Môssieur ne comprend pas pourquoi t'as pas envie d'écouter sa vie, son œuvre à 4h du mat, et là tu commence à stresser parce qu'il n'y a pas une multitude de possibilités sur la façon dont les choses vont se dérouler: il peut partir de son côté (yay!), partir de son côté en t'insultant (moyen yay, mais yay quand même!) ou alors faire un truc flippant (comme te suivre) qui devient encore plus flippant parce que t'es seule, parce que la nuit est brusquement devenue super noire, la rue super vide et le trajet jusqu'à chez toi super long.
- Pas de chance ça tombe dans le flippant. T'es plus détendue DU TOUT, la roue tourne trèèèès vite dans ta tête, c'est pas le moment d'être 2 de tension ma grande, tu réfléchis à ton trajet, vite, vite, à tes clés que tu n'as pas mis dans ta poche mais au fond de ton putain de sac et d'un seul coup, bam, t'es en train de courir comme une dératée. Et tu te dis que tu es vraiment conne, à te balader la nuit seule comme ça, comme une imbécile, t'aurais dû écouter les autres, et c'est la dernière fois, la dernière fois.
- et finalement il ne se passe rien, bon t'as le cœur à 100 à l'heure, mais t'es chez toi, tout va bien tu penses,
tout va bien.
Le lendemain matin, tu réfléchis un peu et tu te dis que t'as vraiment été une mauviette, c'était juste un mec bourré, ou un mec lourd pas doué pour s'exprimer, faut pas être parano quand même, t'as dû avoir l'air super con à courir comme ça! Et puis franchement courir c'est vraiment pas un truc de femme forte, t'aurais été forte, tu l'aurais recadré fermement et il n'aurait plus moufté. Mais non, toi t'as couru comme une nonoche.
(Après dans l'après-midi tu lis qu'une femme à Paris s'est fait taillader le visage à coup de couteau pour avoir refusé d'embrasser un parfait inconnu et tu te dis que finalement ton petit sprint de la nuit était ptét pas si con..)
Pourquoi les hommes refusent d'intégrer qu'une femme qu'ils ne connaissent pas et qui est seule de nuit refusera dans quasi 100% des cas de leur parler? C'est excessivement énervant à la fin! Et le mec qui a le culot de te balancer que si t'as peur la nuit t'as qu'à pas te balader. J'AI PAS PEUR DE LA NUIT, CONNARD, C'EST TOI QUI ME FAIT PEUR
Et avec ça le reste du monde qui te conseille régulièrement "de ne pas chercher les ennuis", comme si c'était toi le problème...