Je voudrais commencer par vous remercier pour cet article, d'une part parce qu'il me parle beaucoup, sur l'aspect "balancement entre espoir et désespoir", et d'autre part parce qu'il présente un certain nombre d'exemples d'actions qui peuvent encore apparaître très "hippie/idéaliste" pour certains mais de manière naturelle, sans culpabiliser, en mettant l'accent sur la mise en marche d'une démarche progressive et complémentaire où tout effort aide (réduire ses déchets, acheter davantage local, réduire sa conso de viande, etc).
Toutefois, je trouve qu'il manque une dimension qui aurait pu être a minima listée en une phrase, je veux parler de la dimension politique. Ici, comme souvent, on reporte la responsabilité du changement sur l'individu, qui est à la fois le problème et la solution potentielle. Bien que je pense que les évolutions de société s'obtiennent par l'engagement "d'en bas", les actions individuelles, et celles des militants, à mon avis elles sont insuffisantes s'il n'y a pas aussi d'engagement "par le haut" - en politique, via le gouvernement et les lois.
J'en profite pour donner en lien ce récent article de Slate :
"Changer le monde ne se résume pas à transformer les individus", qui discute du combat contre les discriminations, notamment sexistes, en expliquant que l'action individuelle et l'éducation ne suffisent pas si la loi ne suit pas (exemple : un garçon élevé au partage des tâches mais n'ayant pas droit à un congé paternité digne de ce nom risque forcément de ne pas pouvoir autant se consacrer à son enfant et donc faire peser davantage ce travail sur sa compagne, dans le cas d'un couple hétéro)
.
C'est tout aussi vrai aussi dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation de l'environnement
... Je suis végé, je mange local, je me mets doucement à réduire mes déchets, je commence à y réfléchir à deux fois quand je choisis mes vacances (rapport aux vols long courrier), mais si rien n'est mis en place au niveau des énergies fossiles, si lors des accords commerciaux rien n'est prévu pour compenser les émissions, si on continue le sur-emballage, si ça coûte moins cher d'acheter un truc qui a fait trois fois le tour du monde avant d'arriver dans notre armoire/noter assiette etc, etc, mes efforts et ceux des autres "individus" resteront une goutte d'eau... (edit : à ce sujet, selon une étude
publiée fin 2013 dans le Journal of Climatic Change, les grandes multinationales seraient la première source d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde. 90 d'entre elles seraient responsables de 2/3 des émissions -
chiffres à tempérer toutefois car ne prenant à priori pas en compte le consommateur final, comme par exemple Exxon- au final c'est nous qui remplissons nos réservoirs d'essence).
Pour revenir sur la dimension politique, cela veut dire par exemple voter pour des programmes qui proposent des mesures fortes sur ce thème, vérifier que ces mesures sont mises en place, interpeller les politiques et les députés, signer des pétitions, travailler également avec les politiques locaux (je pense à cette chercheuse du GIECC, Valérie Masson Delmotte, qui en plus de vulgariser les résultats scientifiques et de les exposer aux gouvernements, est conseillère municipale dans sa commune pour faire bouger les choses à toutes les échelles)...