@Caroline.A Une phrase de l'article me paraît excessive : "Je rappellerai donc que se raser ou non reste un choix..."
Se raser n'est pas un choix dans la société patriarcale actuelle (française)
. Il y a une pression tellement forte de la part de la société pour que les femmes n'aient pas de poils : dans les films, y a t-il un seul personnage féminin positif présenté avec sa pilosité naturelle ? (trouver seule référence de film est-il même possible ?)
D'ailleurs, la sanction en cas de non respect de la norme (femme = glabre) est connue de toutes les femmes, et ce dès 12-13 ans : les remarques, voire les quolibets dans les lieux publics dans le pire des cas.
Éventuellement, si vraiment on veut le voir comme un choix, c'est un choix militant, avec toutes les conséquences que ça entraîne.
Ex : est-ce qu'on peut considérer que c'est un choix si on ne peut pas se rendre non rasée des jambes (hypothèse où on porte une jupe bien sûr) à un entretien d'embauche ?
Si on peut répondre oui à la question, alors je veux bien admettre que c'est un choix. Quelqu'une peut m'affirmer qu'elle s'est rendue à un entretien d'embauche dans un secteur lambda (banque, assurance, bref pas artiste qui peut se permettre de sortir des clous) avec du poil aux pattes et que c'est passé crème ?
Je cite
Mona Chollet sur le sujet (Beauté Fatale, accessible gratuitement sur le site de son éditeur, Zone) :
"Stéphane Rose [journaliste pigiste dans la presse pour adolescentes] constate que, parmi les hommes de moins de vingt-cinq ans, beaucoup n’ont jamais vu de poils sur le sexe de leurs partenaires : pour leur génération, la norme de l’épilation intégrale s’est imposée. Il démonte une à une toutes les idées reçues qui la justifient, de « ce n’est pas féminin » à « ce n’est pas propre ».
Il relève lui aussi l’agressivité normative des médias people : le site de
Voici a recours à une « loupe magique » pour déceler un duvet décoloré, imperceptible à l’œil nu, sur le visage de Madonna lors d’une première, et claironne que la chanteuse y est apparue « plus poilue que jamaisnote ». La sensibilité de chacun(e) à la norme esthétique du corps glabre peut être variable ; mais, ici, on est dans tout autre chose : dans le besoin puéril de nier la vérité élémentaire selon laquelle des poils poussent sur le corps et le visage des femmes comme des hommes. Stéphane Rose souligne d’ailleurs la
honte exprimée par des femmes ayant dû exposer de façon imprévue des parties de leur corps qui n’étaient pas épilées : non pas une petite contrariété, mais un sentiment tout à fait disproportionné d’ignominie, d’humiliation, l’impression d’être dégoûtante. Adolescente, je me rappelle avoir entendu une amie raconter la bévue d’une de nos camarades qui n’avait pas compris qu’il fallait s’épiler aussi l’arrière de ses jambes, et pas seulement le devant (on débutait). Mon amie résumait, pliée en deux : « De face : une bombe ! De dos : un singe ! » On riait, mais on se disait qu’on avait intérêt à faire gaffe, nous aussi. Quelque chose d’essentiel était en jeu."
Je me suis forcée à regarder la pub pour pouvoir parler en connaissance de cause : pareil. À moins de prendre une loupe et de se faire des arrêts sur images, pas de poils visibles, malgré un message soi-disant pro-acceptation. Les pubards qui ont fait cette réclame utilisent le mouvement d'acceptation des corps féminins pour vendre leurs produits.